Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre contesté du Lesotho Thomas Thabane a fait descendre samedi l’armée dans les rues du petit royaume pour « restaurer l’ordre », nouvel épisode de la crise politique causée par son implication dans le meurtre de son ex-épouse.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné cet assassinat, M. Thabane, 80 ans, résiste bec et ongles depuis des semaines aux appels à la démission lancés par son propre parti et par l’opposition.

De plus en plus menacé, le chef du gouvernement a repris l’initiative samedi en annonçant avoir « déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation (…) et restaurer l’ordre et la paix ».

Dans un discours surprise prononcé à la radio et à la télévision nationales, il a accusé, sans les citer, « certaines personnes et institutions » de « s’en prendre aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Des soldats équipés de casques et de gilets pare-balle patrouillaient samedi à pied ou à bord de véhicules blindés les rues de la capitale Maseru.

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale. « Ils sont pour l’instant détenus à la caserne de Makoanyane », a-t-elle ajouté.

L’intervention des militaires intervient au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle qui a annulée la suspension des travaux du Parlement ordonnée par le Premier ministre.

– ‘Paix en péril’ –

Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane.

« Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC), qui a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

« Le Premier ministre a perdu le contrôle de la situation car il ne se comporte plus en Premier ministre », a commenté auprès de l’AFP le politologue Motlamelle Kapa, de l’université du Lesotho. « Nous assistons à un combat entre (M. Thabane) et la police et la justice, qui essaient de faire rendre des comptes à l’exécutif ».

La crise qui secoue le Lesotho a débuté il y a plusieurs mois avec la mise en cause de M. Thabane dans l’assassinat, le 14 juin 2017 quelques jours avant son arrivée au pouvoir, de sa femme Lipolelo Thabane, avec laquelle il était en instance de divorce.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution. M. Thabane devait l’être prochainement.

La révélation de l’affaire a suscité une onde de choc politique. Le parti de M. Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), lui a retiré son soutien et exige depuis sa démission. Le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer aussitôt et promis en février de quitter ses fonctions « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge.

Pour hâter son départ, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

– ‘Actes terroristes’ –

Le Premier ministre avait alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Parlement a également adopté une loi lui interdisant d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

Prétextant la lutte contre la pandémie de coronavirus, M. Thabane a ordonné la suspension pendant trois mois de la représentation nationale.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane à l’audience.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été rapporté.

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Algérie/virus: « trop tôt » pour crier victoire (syndicat de la santé)

Si l’Algérie est le pays d’Afrique à déplorer le plus grand nombre de décès sur son sol (364) en raison de la pandémie de Covid-19, des spécialistes assurent néanmoins que le pire de la crise est passé.

Mais pour le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), « il est encore trop tôt pour se prononcer ».

QUESTION: Certains experts affirment que l’Algérie a dépassé le pic de l’épidémie et que la situation s’améliore. Qu’en est-il sur le terrain?

REPONSE: Ceux qui font ces déclarations se basent sur les données recueillies et annoncées pour les dernières 72 heures. Personnellement, je considère qu’il faut plus de recul et de données pour pouvoir évaluer objectivement la situation épidémique.

Certes, la situation s’est légèrement améliorée en termes de nombre de nouveaux cas enregistrés, mais la courbe est toujours ascendante, avec une diffusion sur tout le territoire.

Un autre élément de taille est notre capacité très limitée dans le dépistage, reconnue par le ministre (de la Santé Abderahmane Benbouzid) lui-même.

Cela confirme qu’il y a une sous-estimation de la situation sanitaire par rapport au nombre de cas réels.

En sachant que pour un cas confirmé de maladie Covid-19, il est établi une contagiosité de deux à trois personnes-contacts, qui peut augmenter si les mesures de confinement, de distanciation sociale et d’hygiène ne sont pas respectées.

En résumé, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Q: Vous exercez dans un établissement de santé publique de la wilaya (préfecture) de Blida, près d’Alger, premier foyer de la pandémie et en confinement total. Quelle est la situation?

R: A Blida, le chef-lieu de la région, on relève que la tension a baissé comparé à il y a deux semaines, d’après les témoignages des médecins dans différents services tels que les urgences, les services d’hospitalisation (dédiés à la maladie) Covid-19 ou de réanimation.

Le flux de malades a aussi légèrement régressé, car une proportion importante des cas confirmés est soumise à un confinement sanitaire à domicile.

Par contre, il faut relever que la contagion est en train de se diffuser, et de manière inquiétante, dans d’autres territoires de la préfecture, à l’ouest et à l’est.

On risque d’avoir à gérer une autre flambée dans la wilaya si les mesures de confinement ne sont pas observées, voire renforcées.

Q: Disposez-vous de moyens suffisants pour faire face, et quid de la réforme du système de santé réclamée par tous?

R: La situation s’est améliorée au plan de la dotation en matériel et équipements de protection pour l’ensemble des personnels de santé. Reste le problème de la régularité dans leur distribution et des quantités, sachant qu’il s’agit généralement de produits jetables.

En outre, une attention particulière doit être accordée aux structures sanitaires extra-hospitalières.

En tant que partenaire social représentant le corps médical du secteur public, nous soulevons le problème de la prise en charge psychologique des personnels de santé mobilisés depuis plus de six semaines dans cette guerre contre la pandémie de Covid-19, avec le risque avéré de la contamination, de la maladie et de la mort.

Quant à la révision du système de santé, la question de la complémentarité et de la solidarité entre services public et privé est posée de manière aiguë dans ces moments de crise sanitaire majeure.

Cette relation a toujours été entretenue dans une logique de maîtrise des dépenses d’investissement et de financement de la structure publique au profit du secteur privé.

Ce dernier s’est installé rapidement et de manière anarchique dans l’espace des soins, créant un déséquilibre dangereux pour le libre accès aux diverses prestations, en l’absence d’un cadre réglementaire qui contractualise la coordination entre malade et médecin, d’une part, et entre les deux secteurs d’autre part.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Le Zimbabwe fête le 40e anniversaire de son indépendance confiné et en crise

Le président Emmerson Mnangagwa a célébré samedi le 40e anniversaire de l’indépendance du Zimbabwe en assurant ses compatriotes que le pays triompherait de la crise économique et de la pandémie de coronavirus.

« A l’heure où nous célébrons le passé et embrassons l’avenir, je vous assure qu’ensemble nous traverserons cette épreuve », a lancé M. Mnangagwa lors d’un discours diffusé à la radio et à la télévision nationale.

« Bien que séparés physiquement, nous sommes unis en esprit », a-t-il ajouté, « dans l’unité, l’amour et la détermination commune, rien ne peut nous abattre ».

Le Zimbabwe est plongé quasiment à l’arrêt depuis deux semaines par de strictes mesures de confinement sanitaire ordonnées pour ralentir la progression du Covid-19. Les autorité ont jusque-là rapporté 24 cas de contamination, dont deux mortels.

Le gouvernement comme sa population redoutent l’impact désastreux de la crise sanitaire mondiale sur le pays, usé par vingt ans d’une crise économique catastrophique.

« Pour nos pères fondateur et nos vaillants héros et héroïnes, le devoir patriotique consistait à combattre pour la liberté. Aujourd’hui, notre tâche consiste, à cause du Covid-19, à rester chez nous, à garder nos distances et à nous laver les mains », a déclaré le chef de l’Etat.

« Nous devons en outre produire, produire et produire. C’est ainsi que nous célébrons notre indépendance, en sauvant des vie et notre économie », a-t-il poursuivi.

Les 15 millions de Zimbabwéens peinent à assurer le quotidien dans un pays frappé par le chômage de masse, l’inflation galopante et les pénuries de produits de base.

– Mugabe oublié –

Plusieurs années de sécheresse ont encore aggravé la situation. Selon l’ONU, près d’un tiers de la population (4,4 millions d’habitants) se trouve aujourd’hui dans une situation « d’insécurité alimentaire aigüe » qui requiert une aide d’urgence des pays donateurs.

Samedi, M. Mnangagwa a exhorté les pays occidentaux à lever les sanctions économiques imposées à son pays par les pays occidentaux en raison des violations des droits humains sous le règne de Robert Mugabe.

« Elles sont illégales et font souffrir notre peuple, le Zimbabwe ne les mérite pas », a-t-il estimé.

Décédé en septembre dernier, M. Mugabe a été contraint à la démission fin 2017 après trente-sept ans de règne par un coup de force de l’armée, qui a installé Emmerson Mnangagwa dans son fauteuil de président.

Ce dernier a rendu samedi hommage aux « vaillants combattants » de la guerre d’indépendance sans citer le nom de Robert Mugabe.

L’opposition a répondu samedi au discours du chef de l’Etat, qu’elle accuse d’avoir perpétué le régime autoritaire de son prédécesseur, en dénonçant son bilan.

« Il est triste de constater aujourd’hui que, si le Zimbabwe est politiquement indépendant, son peuple n’est pas libre », a déploré Luke Tamborinyoka, un porte-parole du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

« Nous restons enchaînés à des pénuries gigantesques, prisonniers et incapables de nous exprimer librement dans notre pays censé être indépendant », a-t-il ajouté.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Coronavirus: plus de 5.000 morts annoncés en Iran

Le nouveau coronavirus a fait plus de 5.000 morts en Iran, selon les chiffres officiels annoncés samedi à Téhéran, où les petits commerçants commencent à rouvrir après une longue fermeture imposée par la crise sanitaire.

Les autorités ont dénombré 73 décès supplémentaires depuis vendredi midi, ce qui porte à 5.031 le nombre total de morts dus à la maladie dans la République islamique, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour à la télévision.

L’Iran est de loin le pays le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient, mais les chiffres du gouvernement sont jugés largement sous-estimés à l’étranger ainsi qu’à l’intérieur du pays.

Selon les statistiques officielles, le nombre de nouveaux décès provoqués par le virus est apparu en baisse samedi pour le septième jour d’affilée et la propagation ralentit sa progression depuis le début du mois.

Avec 1.374 personnes infectées au cours des dernières 24 heures, le nombre de cas confirmés de contamination déclarés en Iran s’élève désormais à 80.860.

M. Jahanpour a affirmé, sans fournir de détails, que les sanctions américaines visant la République islamique avaient empêché Téhéran d’acheter des tests de dépistage à la Corée du Sud, en dépit des « affirmations mensongères (de Washington) selon lesquelles le commerce médical n’est pas visé par les sanctions ».

Mardi, un rapport du Centre de recherches du parlement iranien notait que le bilan réel des décès liés au nouveau coronavirus pourrait être supérieur de 80% aux chiffres annoncés par le gouvernement et le nombre d’infections « huit à dix fois » plus important.

Une autre critique des chiffres gouvernementaux a été publiée mercredi par le quotidien Charq citant une élue du conseil municipal de Téhéran, Nahid Khodakarami, chargée des affaires de santé publique. Selon cette dernière, le nombre de personnes qui meurent de l’épidémie serait compris, chaque jour, entre « environ 70 et plus de 100 » dans la capitale.

Le même article de Charq comprend un démenti officiel selon lequel « toute maladie respiratoire n’est pas le (nouveau) coronavirus ».

Pour éviter que l’économie iranienne ne soit anéantie par le double effet des sanctions américaines et de la crise sanitaire, le gouvernement a autorisé le 11 avril la réouverture des petits commerces dans les provinces.

La mesure est étendue depuis samedi matin à Téhéran, où nombre de petites échoppes ont rouvert, ont observé des journalistes de l’AFP.

Coronavirus: le désarroi des migrants africains à Istanbul

Liste de noms dans la main, le Sierra-Léonais Alfa Barrie prend des directions au téléphone auprès d’un ouvrier africain clandestin à Istanbul pour lui livrer une aide humanitaire distribuée aux migrants les plus vulnérables au moment où le coronavirus se propage dans la ville.

« Elle se trouve où la maison? Envoie-moi la localisation. J’arrive », intime-il à son interlocuteur.

Alfa Barrie travaille avec un réseau de volontaires turcs, le Tarlabasi Solidarity Network, créé il y a huit ans pour venir en aide aux toxicomanes et aux sans-abri mais qui à présent met ses moyens en oeuvre pour protéger les migrants face à l’épidémie de Covid-19 qui a fait près de 1.800 morts en Turquie sur plus de 78.000 cas recensés, dont près de la moitié à Istanbul.

« Nous leur distribuons des coupons alimentaires, des désinfectants, des masques et des gants », explique le volontaire de l’AFP.

Précautions sanitaires obligent, Alfa Barrie n’entre jamais dans les logements auxquels les aides sont destinées. Le sac est laissé à l’entrée et l’un de ses occupants du foyer sort le récupérer.

Les volontaires, portant des masques ou des visières de protection, arpentent des quartiers d’Istanbul à bord d’une voiture dont le siège arrière et le coffre sont remplis de produits qu’ils distribuent aux destinataires figurant sur une liste pré-établie. Trois-cents adresses devaient être desservies rien que pour la journée de vendredi.

– « On essayera de vous aider » –

Selon le Tarlabasi Solidarity Network, quelque 80.000 migrants africains, pour la plupart des clandestins, vivent à Istanbul, la tentaculaire capitale économique turque qui compte quelque 16 millions d’habitants. La Turquie abrite près de 4 millions de réfugiés, en grande majorité des Syriens.

Arrivé à destination à l’aide de la localisation reçue sur son téléphone portable, Alfa Barrie, accompagné de deux autres volontaires du groupe, attend au pied d’un immeuble dans le quartier populaire d’Aksaray.

Idriss Camara, lui aussi de Sierra Leone, descend récupérer son aide mais avant d’en prendre possession il a droit à un discours des volontaires sur les moyens de se protéger du virus.

« Toutes les précautions à prendre sont inscrites ici, c’est en français et en anglais », dit Yasir, un autre volontaire, en distribuant une brochure à un groupe d’Africains rassemblés dans la rue.

« Vous trouverez aussi un numéro Whatsapp que vous pouvez appeler ou y envoyer un message si vous ou vos amis ne vous sentez pas bien. On essayera de vous aider », leur assure-t-il.

Content de recevoir l’aide offerte par les volontaire, Idriss Camara n’en reste pas moins inquiet en l’absence d’un soutien de l’Etat après avoir perdu son emploi dans le textile en raison de la pandémie.

« Nous avons besoin de beaucoup de choses pour vivre. je ne travaille plus. Tout est fermé, comment pourrai-je survivre », soupire-t-il.

– « Pas beaucoup de nourriture » –

Les mêmes préoccupations hantent Kouna Mori, un Guinéen qui habite lui aussi à Aksaray.

« Ils viennent de nous donner des masques et des gants et aussi du désinfectant, donc c’est pour éviter le truc là, le coronavirus », dit-il.

Mais « pendant le confinement, on ne travaille pas, donc on a un problème, surtout pour manger. Comme on est un peu nombreux à la maison, il faut que l’on s’associe pour manger entre nous », ajoute-il.

Et il pense déjà au ramadan, le mois de jeûne musulman qui commence dans une semaine. « Si on n’a pas à manger à la maison cela va nous créer des problèmes ».

Le Tarlabasi Solidarity Network, financé par des donations, prévoit de distribuer de l’aide à 5.000 bénéficiaires. « Nous avons livré près d’un quart d’entre eux », affirme l’un de ses responsables, Muhammed Siddik.

« Les migrants vivent en groupes de cinq ou six personnes dans de petits appartements. Si la pandémie se répand parmi eux, il nous sera difficile de trouver une solution », avertit-il.

Selon lui, un migrant africain est décédé du Covid-19 la semaine dernière chez lui faute de pouvoir se faire admettre à l’hôpital.

Dans le même quartier, neuf migrants africains vivent dans un appartement insalubre dans le sous-sol d’un immeuble.

Une bouteille de désinfectant est disposée sur un meuble à chaussures à l’entrée, mais se protéger contre le virus n’est pas le seul souci des occupants du taudis.

« Nous mangeons en faisant attention car nous n’avons pas beaucoup de nourriture. Je m’inquiète pour le paiement de nos factures d’eau et d’électricité car nous ne travaillons pas en ce moment », dit l’un d’eux, Chris, lui aussi Sierra-Léonais.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane a ordonné samedi le déploiement de l’armée dans les rues du petit royaume, nouvel épisode de la grave crise qui l’oppose à ses adversaires politiques depuis sa mise en cause dans le meurtre de son ex-femme.

Lors d’un discours surprise à la radio et à la télévision nationales, M. Thabane a annoncé l’intervention des militaires afin de « rétablir la paix et l’ordre ».

« Nous sommes surpris que certaines personnes et institutions (…) s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie dans le pays », a-t-il déclaré. « Nous avons donc déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation et prendre les mesures nécessaires contre ses éléments ».

Des soldats armés et équipes de casques et de gilets pare-balles patrouillaient samedi matin à pied ou à bord de véhicules blindés dans les rues de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le chef de la police et ses deux adjoints ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source officielle.

Aucun ministre, responsable du parti au pouvoir ou de l’opposition n’a pu être joint immédiatement.

– Démission attendue –

Ces mesures « ont été prises pour éviter de mettre la Nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d’endiguer l’épidémie de Covid-19 », a également justifié le Premier ministre.

Le Lesotho traverse une sérieuse crise politique depuis la mise en cause il y a plusieurs mois de M. Thabane, 80 ans, dans l’assassinat le 14 juin 2017 de son épouse de l’époque, Lipolelo Thabane, avec laquelle il était alors en instance de divorce.

A la tête du petit royaume depuis plus de deux ans, M. Thabane devrait être bientôt formellement inculpé pour sa participation à cette affaire.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a déjà été formellement accusée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution.

Privé du soutien de son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), depuis que l’affaire a éclaté sur la place publique, Thomas Thabane avait annoncé en février sa démission « d’ici à la fin juillet ».

Le Parlement a récemment adopté une loi interdisant à M. Thabane d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

– « Actes terroristes » –

Pour hâter le départ du chef du gouvernement, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

Le Premier ministre a alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été officiellement rapporté.

Dans le cadre de ces mesures, Thomas Thabane avait ordonné la suspension des travaux du Parlement pour trois mois.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane lors de l’audience, « le Parlement peut continuer ses travaux ».

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux du Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie pour les manifestations de 2019

La police de Hong Kong a mené samedi une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

– Mise en scène –

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».

Virus: Trump appelle à la révolte contre le confinement, 150.000 morts dans le monde

Le président américain Donald Trump a appelé à la rébellion contre les règles de confinement, semant la consternation alors que son pays est devenu le premier foyer mondial de la pandémie de coronavirus avec près du quart des 150.000 morts recensés sur la planète.

Pendant que plus de la moitié de l’humanité reste à domicile afin de limiter la propagation du covid-19, qui poursuit sa course mortelle à travers le monde, Donald Trump a ouvertement appelé à braver les règles de confinement.

« Libérez le Minnesota! », « Libérez le Michigan! », « Libérez la Virginie! », a-t-il tweeté alors que des militants parfois armés s’apprêtaient à défier samedi les autorités de ces Etats démocrates en se rassemblant dans la rue.

« Et sauvez votre formidable deuxième amendement. Il est assiégé! », a ajouté le bouillonnant milliardaire, en référence au droit des Américains à porter des armes.

M. Trump a par ailleurs renouvelé ses attaques contre la Chine, qu’il accuse d’avoir « dissimulé » la gravité de la pandémie. Le président français Emmanuel Macron et le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, ont eux aussi mis en doute la transparence de Pékin.

Moscou et Paris ont évoqué la possibilité d’un sommet en visioconférence des dirigeants des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, lequel est paralysé par le différend sino-américain.

– Craintes de « violences » –

Avec près de 3.000 morts par jour et plus de 34.600 décès au total, les Etats-Unis sont devenus le pays le plus durement touché par la pandémie partie fin 2019 de Wuhan, en Chine.

Alors que la marque globale des 150.000 morts a été franchie, les dirigeants mondiaux font face à un double défi sanitaire et économique: une récession sans précédent depuis 1929 menace, a prévenu le Fonds monétaire international (FMI).

Touchés de plein fouet en l’absence de dispositif de protection sociale, des millions d’Américains sont contraints de se tourner vers les banques alimentaires, dont les salariés sont débordés face à l’explosion de la demande.

« Nos employés sont à bout », décrit Dan Flowers, le responsable d’une banque alimentaire de l’Ohio. « Ils travaillent tellement dur. On aimerait bien en voir la fin. »

Dans ce contexte, le gouverneur démocrate de l’Etat de Washington, Jay Inslee, s’est indigné des tweets présidentiels car ils encouragent, selon lui, « des actes dangereux et illégaux ».

« Il met des millions de personnes en danger d’attraper le covid-19. Ses tirades déséquilibrées et ses appels à +libérer+ des Etats pourraient aussi mener à des violences », a-t-il tweeté.

Avec plus de 190 pays et territoires touchés, la pandémie a gagné l’ensemble de la planète.

La barre des 1.000 morts officiellement recensés a été franchie en Afrique, dont les trois quarts en Algérie, en Egypte, au Maroc et en Afrique du Sud.

Or il manque toujours 44 milliards de dollars pour financer la lutte immédiate contre la crise sanitaire et économique en Afrique, ont estimé la Banque mondiale et le FMI.

– « Plus isolée sur Terre » –

Au Brésil, la situation sanitaire apparaît particulièrement préoccupante dans les favelas.

« Il y a de grands risques de propagation du virus dans la favela, environ 40 à 50% des tests qu’on fait ici sont positifs », s’alarme Tiago Vieira Koch, un directeur de clinique qui intervient à Rocinha, à Rio, la plus grande favela du Brésil.

C’est une planète en plein confinement qu’ont ainsi retrouvée vendredi deux astronautes américains et un cosmonaute russe, premiers à avoir quitté la Station spatiale internationale (ISS) depuis que l’OMS a déclaré en mars la pandémie.

« Je pense que je me sentirai plus isolée sur Terre qu’ici », a tweeté l’une des astronautes, Jessica Meir, avant de quitter l’ISS.

Une semaine après les catholiques et les protestants, le monde orthodoxe vit à son tour un week-end pascal confiné, les fidèles roumains étant par exemple appelés à le célébrer depuis leur balcon.

En Russie, encore au stade préliminaire de la pandémie avec seulement 32.000 cas recensés, le Patriarcat de Moscou a recommandé de célébrer Pâques à la maison, sans se rendre à l’église. Mais de nombreux lieux de culte resteront ouverts.

En Malaisie, un habitant a eu l’idée d’effectuer des rondes nocturnes, déguisé en fantôme, pour inciter ses concitoyens à rester confinés.

« Je regardais les infos et comme je voyais que de plus en plus de gens mouraient, j’ai décidé de faire peur aux habitants », a expliqué Muhammad Urabil à l’AFP.

– Les Stones en mondovision –

En Europe, quelques pays se sont engagés dans la voie d’un prudent déconfinement comme l’Autriche, où les commerces non-essentiels ont rouvert, ou le Danemark, où l’école a partiellement repris.

Berlin a pour sa part jugé la pandémie désormais « sous contrôle » en Allemagne, qui apparaît comme le grand Etat européen à avoir le mieux géré la crise (moins de 4.000 morts), grâce notamment à un large recours aux tests.

Le pays compte rouvrir prochainement ses magasins, et à partir du 4 mai écoles et lycées. Elle fabriquera à partir d’août quelque 50 millions de masques par semaine, selon les autorités.

Mais pour l’OMS, la pandémie est loin d’être jugulée, avec des « chiffres constants ou accrus » dans l’est du continent européen et au Royaume-Uni, où le gouvernement a décidé jeudi de prolonger le confinement « pour au moins trois semaines ».

Après les Etats-Unis, l’Italie (22.745 morts), l’Espagne (19.478), la France (18.681) et le Royaume-Uni (14.576) sont les pays les plus durement frappés.

En signe « d’unité mondiale dans la lutte contre le covid-19 », une brochette de stars mondiale, des Rolling Stones à Celine Dion en passant par Taylor Swift et Billie Eilish, devaient donner samedi un concert virtuel diffusé partout dans le monde.