La force anti-pandémie Covid-19, est-elle réellement l’auteure de la mort du jeune homme d’Adakpamé ?

Un corps sans vie d’un homme de la quarantaine a été retrouvé mort ce jeudi matin  derrière le centre de santé d’Adakpamé, banlieue ouest de Lomé. La famille confirme une mort  suite aux coups qui lui auraient été infligés  par des éléments de la force mixte anti-pandémie Covid-19. Jusqu’à présent, aucun démenti de la force anti-pandémie sur cette histoire, doit-on alors croire l’anecdote selon laquelle « qui ne dit rien consent ? »

Selon les faits rapportés par la femme du défunt, son mari était sorti la nuit pour faire les besoins, faute de toilette dans leur domicile et n’est plus malheureusement retourné chez lui  jusqu’à la levée du jour où son corps a été retrouvé derrière le CMS du quartier.

« Il n’y a pas de brigand dans notre quartier. Nous sommes tranquille ici. Notre frère a été tué par la patrouille. Les soldats sont venus à plusieurs reprises dans le quartier ces derniers jours. Ils ont battu des gens. Notre frère a senti le besoin au milieu de la nuit, et il est tombé sur eux. Ils ne lui ont pas laissé la vie sauve. Le crime que nous avons commis, c’est d’être pauvre ? », se demande une femme dans une lamentation.

Et un parent de la victime d’ajouter, « Mon fils, comme tout le monde le dit ici, est un homme calme qui ne parle même pas. C’est sa femme qui m’a appelé ce matin, me disant que son mari est sorti la nuit pour aller faire ses besoins, mais n’est plus revenu se coucher auprès d’elle. Et lorsque ce matin nous avons commencé à le chercher, c’est ici par terre que nous l’avons retrouvé ».

Dodji  Koutwati, retrouvé mort  avait un visage ensanglanté avec des hématomes, l’œil droit complètement couvert de sang et de sable. Il était juste dans un slip, étendu au sol.

Avec 24heureinfo.com

A Madagascar, l’armée livre à domicile une potion gratuite censée protéger du Covid

Des militaires malgaches, en uniforme mais sans arme, font du porte-à-porte dans les ruelles de la capitale Antananarivo. Au programme: distribution gratuite à des habitants, médusés mais ravis, d’une tisane vantée par le président malgache Andry Rajoelina pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Cette boisson, conçue par l’Institut malgache de recherche appliquée (Imra), est préparée à base d’armoise, une plante à l’efficacité prouvée contre le paludisme.

« On a fait des tests, deux personnes sont maintenant guéries par ce traitement », a affirmé en début de semaine M. Rajoelina. « Cette tisane donne des résultats en sept jours (…). On peut changer l’histoire du monde entier », a-t-il lancé.

Mardi, c’était au tour de militaires de défendre sur un plateau de la télévision nationale la boisson, lui accordant cette fois-ci des qualités non pas de guérison mais de prévention.

« Il n’y a pas de médicament remède direct contre le coronavirus », a expliqué un médecin de l’armée, le colonel Willy Ratovondrainy. « Mais la seule solution jusqu’ici c’est le renforcement de l’immunité. Et ce remède traditionnel renforce l’immunité », a-t-il insisté.

Son efficacité spécifique contre le Covid-19 n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude scientifique publiée.

Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé qu’il n’existait pour l’heure « aucune preuve que des médicaments actuels puissent prévenir ou guérir la maladie », reconnaissant cependant que des « remèdes traditionnels (…) peuvent soulager des symptômes du Covid-19 ».

A Madagascar, pays très pauvre de l’océan Indien, la population, qui se soigne régulièrement à base de plantes, a accueilli à bras ouverts la distribution inattendue et gratuite de la tisane « Covid-Organics ».

« On a hâte d’en prendre depuis qu’on a vu à la télévision le président Rajoelina en boire », explique Jean-Louis Rakotonandrasana, 58 ans, tireur de charrette, après avoir reçu sept sachets de tisane.

– Interdit aux femmes enceintes –

« Je trouve ça génial que ce soit le médicament qui vienne aux gens et non l’inverse », se réjouit aussi Dominique Rabefarihy, mère de famille, avant de répéter le mode d’emploi donné par les militaires.

« Un sachet pour quatre litres d’eau, à prendre à raison de deux verres par jour pour un adulte, et un verre pour les enfants. C’est interdit pour les femmes enceintes. »

La présence des militaires ne semble pas perturber outre mesure Dominique Rabefarihy. « Au contraire, je suis rassurée que l’armée se préoccupe de ma santé et de la sécurité de ma famille. »

Avec la distribution de ce remède traditionnel, l’objectif affiché par les autorités malgaches est de « protéger la population à travers une sensibilisation contre le virus et de renforcer son système immunitaire ».

« Nous recommandons fortement la prise de cette tisane à base de plantes », expliquent-elles, alors que le pays compte 121 cas de contamination confirmés, mais aucun décès.

– Distribution dans les écoles –

L’opération tisane lancée cette semaine et qui doit durer plusieurs jours est menée sur l’ensemble du territoire, avec un accent mis sur les régions où des cas ont été enregistrés (Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina), selon la présidence malgache.

Dans la capitale, des points de distribution fixes ont été aussi mis en place.

« Ici, c’est la version liquide prêt à boire qui est mise à disposition de tout le monde, à raison de 33 cl par personne », explique Rufin Rafanomezantsoa, un représentant de la municipalité d’Antananaviro.

Au bord d’une route poussiéreuse, la foule se presse, sans respecter les gestes barrière, pour obtenir la boisson.

« Tant que l’OMS ne peut pas proposer un médicament pour guérir cette maladie, je fais confiance au remède proposé par le président Andry Rajoelina », explique dans la file d’attente Jean-Paul Rakotozafy, 72 ans.

La distribution de tisane coïncide avec le début du déconfinement progressif des trois principales villes du pays.

« Ce déconfinement est permis car on a trouvé une solution contre le coronavirus », a affirmé, avec aplomb, le président Rajoelina.

Doyen de la faculté de médecine de Toamasina (est), le Dr Stéphane Ralandison tire, lui, la sonnette d’alarme, mettant en garde contre les méthodes « pas bien scientifiques » autour de cette tisane qui a commencé à être aussi distribuée dans les écoles.

« Chaque parent est bien évidemment libre de ne pas autoriser son enfant à le prendre », explique la directrice de cabinet du président, Lova Ranoramoro, mais « jusque-là nous n’avons pas eu de refus ».

Golfe: en Iran, le chef des Gardiens promet une « réponse décisive » aux menaces de Washington

Le chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran, a promis jeudi une « réponse décisive » aux Etats-Unis si les menaces du président Donald Trump de « détruire » des embarcations iraniennes dans le Golfe étaient mises à exécution.

« Nous déclarons aux Américains que nous sommes absolument déterminés et sérieux (…), et que toute action sera accueillie avec une réponse décisive, efficace et rapide », a déclaré le général de division Hossein Salami à la télévision d’Etat.

« Nous avons également ordonné à nos unités navales de viser (bateaux et forces américaines) s’ils tentent de mettre en danger la sécurité de nos navires ou embarcations de guerre, » a ajouté M. Salami.

Le regain de tensions entre la République islamique et Washington, ennemis depuis plus de 40 ans, survient une semaine après un nouvel incident dans les eaux du Golfe entre des bâtiments de l’US Navy et des patrouilleurs des forces navales des Gardiens de la Révolution.

Mercredi, tandis que les Gardiens annonçant le lancement avec succès d’un premier satellite militaire, M. Trump a écrit sur Twitter: « J’ai donné l’ordre à l’US Navy d’abattre et de détruire toute embarcation iranienne qui harcèlerait nos navires en mer ».

M. Salami a pour sa part estimé que l’incident de la semaine passée était le résultat d’un « comportement non professionnel et dangereux de la part des Américains dans le Golfe Persique ».

Le commandant des Gardiens a également indiqué que les actions américaines dans cette voie navigable sensible avaient été entravées par l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Lors de l’incident de la semaine dernière, on a constaté l’agitation opérationnelle et le désordre chez les unités navales américaines », a-t-il affirmé.

Selon lui, cela indique que « le commandement et le contrôle de leurs unités militaires peuvent avoir été affaiblis par (…) la maladie du coronavirus ».

L’Iran et les Etats-Unis sont parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie de coronavirus.

Selon des chiffres du Pentagone, plusieurs centaines de cas ont été recensés dans l’US Navy, dont un grand nombre (plus de 400) proviennent du porte-avions USS Theodore Roosevelt, immobilisé à Guam, île américaine du Pacifique.

L’aveu du Cameroun du meurtre de civils par des soldats, un signal positif jugent ONU et ONG

Yaoundé a envoyé un signal positif en admettant — laborieusement et sous pression internationale — que des militaires ont tué des civils dont 10 enfants, en février dans un village du Cameroun anglophone séparatiste, estiment l’ONU et des ONG, même si des zones d’ombre demeurent.

Le 14 février, au moins 23 civils, dont 15 enfants, avaient été tués à Nargbuh, un village de la région du Nord-Ouest, selon l’ONU. Un massacre qui avait déclenché un tollé au Cameroun et dans nombre de capitales occidentales.

Depuis trois ans, l’armée et des rebelles séparatistes anglophones s’affrontent quasi-quotidiennement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l’immense majorité de la minorité anglophone du pays. Les deux camps sont régulièrement accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre des civils.

Mais pour le massacre de Ngarbuh, Yaoundé niait jusqu’alors farouchement l’implication de son armée, invoquant un « malheureux accident »: pris sous le feu de « terroristes », ses soldats auraient répliqué, un conteneur de carburant explosant dans les échanges de tirs et l’incendie tuant cinq civils.

Un scénario vivement contesté par l’ONU et les ONG, et mis en doute par certains partenaires occidentaux du Cameroun, France et Etats-Unis en tête.

Lundi, plus de deux mois après, les services de l’inamovible président Paul Biya ont finalement admis, au terme d’une enquête selon eux, que deux militaires et un gendarme –en détention aujourd’hui–, épaulés par une milice locale, avaient tué 10 enfants et trois femmes en donnant l’assaut à ce qu’ils assuraient être un repaire de « terroristes », et maquillé leur crime en incendiant les maisons et falsifiant leurs rapports.

– « Une enquête sans précédent » –

Mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme saluait une « étape positive » dans la lutte contre l’impunité, exigeant que « tous les responsables » de cette tuerie soit jugés dans un procès « équitable et transparent ». L’enquête de Yaoundé semble épargner l’institution militaire en attribuant ces « événements tragiques » à trois militaires incontrôlés qui n’en n’avaient pas reçu l’ordre.

« C’est un premier pas qu’il faut souligner », estime l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui avait publié, le 28 février, un rapport accablant l’armée et une milice alliée. « Qu’une enquête ait été lancée, et plus encore que les résultats de cette enquête, qui reconnaissent l’implication de certains militaires, aient ensuite été publiés nous semble être un vrai effort du gouvernement », déclare à l’AFP Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale de HRW, joint au téléphone depuis Libreville.

Enquête et conclusions « sans précédent dans cette crise », abonde l’ONG camerounaise Centre for Human Rights and Democracy in Africa sur Facebook, en espérant qu’il y en aura d’autres. « Une multitude de massacres auraient été commis par des troupes gouvernementales » en toute impunité depuis 2016, selon elle.

– Bilans différents –

C’est cependant une victoire en demi-teinte pour des acteurs de la société civile.

L’enquête ne reconnaît le meurtre que de 13 civils, assurant que l’assaut a aussi tué « cinq terroristes ». Outre le bilan de 23 civils de l’ONU, une coalition de 26 ONG locales assure que « 31 corps » avaient été découverts, dont ceux de 14 enfants et sept femmes.

« Toute la vérité n’a pas été dite car nos chiffres sont différents », plaide Blaise Chamango, un responsable de cette coalition.

Même constat pour HRW qui avait dénombré au moins 21 civils tués, dont 13 enfants.

Le nombre d’assaillants est aussi sujet à caution. Selon les témoins interrogés par HRW, 10 à 15 « militaires » et au moins 30 supplétifs ont attaqué le village. Le communiqué de la présidence parle de trois militaires, deux gendarmes et 17 civils membres d’un comité de vigilance local.

– Excuses publiques –

M. Chamango et d’autres membres de la société civile camerounaise ont demandé aux autorités des « excuses publiques » aux ONG locales et internationales qui avaient été menacées après la publication de leurs propres conclusions.

« Jusqu’ici, le gouvernement niait les conclusions de nos rapports, parlant de mensonges visant à déstabiliser le pays et ses institutions », explique M. Mudge, de HRW. « Nous espérons que ce rapport d’enquête marquera un tournant, un changement dans nos relations ».

Depuis plus de trois ans, les combats, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps, ont fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés dans les deux régions anglophones.

Le tube planétaire sud-africain « Pata Pata » adapté pour lutter contre le coronavirus

Le tube planétaire de la chanteuse anti-apartheid sud-africaine Miriam Makeba, « Pata Pata » a été adapté avec de nouvelles paroles pour aider à combattre la propagation du coronavirus, a annoncé jeudi l’UNICEF.

Les paroles de cette chanson au refrain lancinant, sortie en 1967 et devenue un des symboles de la lutte de libération sud-africaine, ont été revisitées pour encourager la distance sociale et les règles d’hygiène, comme se laver régulièrement les mains.

« Autrefois surnommée +la chanson la plus joyeusement provocante au monde+, elle a été réenregistrée, a indiqué l’UNICEF, « pour diffuser des informations et de l’espoir au temps du coronovirus ».

Née au Bénin, Angelique Kidjo, qui a eu pour mentor Miriam Makeba, chante cette nouvelle version, a précisé l’UNICEF dans un communiqué.

« Pata Pata » signifie « touche touche » dans plusieurs langues sud-africaines.

Des couplets de la version modifiée de la chanson s’élèvent en musique pour dire désormais: « En cette époque de coronavirus, ce n’est pas le temps du toucher… Tout le monde peut aider à combattre Covid-19. Restez à la maison et attendez… Ce n’est pas du pata-pata … Nous devons garder nos mains propres ».

L’original de la chanson a été l’un des plus grands succès de Miriam Makeba.

Connue affectueusement sous le nom de « Mama Africa », elle est décédée à l’âge de 76 ans en novembre 2008, après un concert en Italie.

Elle avait remporté un Grammy Award du meilleur enregistrement folklorique avec le chanteur américain Harry Belafonte en 1965. Mais sa musique avait été interdite dans son pays natal après une apparition dans un film anti-apartheid.

Angélique Kidjo a déclaré que la chanson lui rappelait un ami, le vétéran de l’Afro-Jazz Manu Dibango, décédé au début du mois après avoir contracté le coronavirus.

« Manu m’a inspirée. Miriam m’a inspirée. Et Pata Pata m’a donné de l’espoir », a déclaré Angélique Kidjo dans un communiqué. « Pata Pata a toujours été là pour le peuple dans une période de lutte. J’espère que (cette chanson) va aider de nouveau », a-t-elle ajouté.

Total se renforce dans un projet controversé en Ouganda

Total a annoncé jeudi qu’il allait renforcer sa participation dans un grand projet pétrolier en Ouganda, dénoncé par des ONG de défense de l’environnement et des droits humains.

Le groupe français va acquérir l’ensemble des intérêts de la société pétrolière britannique Tullow dans le projet de développement du Lac Albert en Ouganda et dans le projet d’oléoduc East African Crude Oil Pipe Line (EACOP), qui doit traverser la Tanzanie.

Total doit verser à Tullow 575 millions de dollars ainsi que des paiements conditionnels, indexés sur la production et les cours du pétrole.

« Cela s’inscrit pleinement dans notre stratégie d’acquisition de ressources long-terme à bas coût », a salué le PDG de Total, Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué.

Ces deux projets géants, menés avec la compagnie chinoise CNOOC, sont critiqués par des ONG qui les accusent de ne pas prendre en compte les impacts sur les populations et l’environnement.

Six ONG françaises et ougandaises ont ainsi assigné Total pour l’obliger à revoir son « plan de vigilance », une disposition imposée à toutes les multinationales par une loi française de 2017. « Il est question de graves atteintes aux droits humains et à l’environnement », avaient estimé Les Amis de la Terre et Survie.

Fin janvier, le tribunal judiciaire de Nanterre (proche de Paris) s’était déclaré incompétent et avait renvoyé l’affaire devant le tribunal de commerce.

Total estimait alors que « son plan de vigilance est conforme aux dispositions de la loi sur le devoir de vigilance et s’attache à identifier les risques répondant aux préoccupations des associations ».

Le groupe considère en outre s’être « assuré que sa filiale en Ouganda avait bien appliqué les plans d’actions adaptés afin de respecter les droits des communautés locales ».

L’opération annoncée jeudi avait jusqu’à présent coincé sur des questions fiscales et la taxation du produit de la vente.

« Les conditions de la transaction ont été discutées avec le gouvernement ougandais et les autorités fiscales compétentes, et un accord de principe a été conclu sur le traitement fiscal de la transaction », a précisé Total.

« Cet accord avec Tullow et le gouvernement ougandais, fruit d’un bras de fer fiscal, va permettre à Total de relancer de plus belle son méga-projet pétrolier », a regretté jeudi Juliette Renaud, des Amis de la Terre France. « Comme toujours, Total est guidé par un objectif de maximisation des profits sans souci pour les conséquences dramatiques pour les populations, l’environnement et le climat », a-t-elle réagi.

A Moscou, un hôpital public « modèle » en première ligne contre le virus

Une aile entière de l’hôpital public moscovite de Spassokoukotski a été reconvertie en service de maladies infectieuses. Moins d’une semaine après son ouverture, la quasi-totalité des lits y sont occupées par des malades du Covid-19.

« Ioura », « Masha »… Seuls les diminutifs griffonnés dans le dos permettent de distinguer les soignants emmitouflés dans leurs combinaisons de protection complètes, alors qu’ils s’apprêtent à passer le sas conduisant à la « zone rouge », où se trouvent les patients infectés par le nouveau coronavirus.

Moscou est le principal foyer épidémique du pays, avec 33.940 des 62.773 cas enregistrés et 288 des 555 morts, selon le bilan publié jeudi.

Dans l’établissement défraîchi de Spassokoukotski, les patients occupent déjà 406 des 434 lits mis à disposition il y a une semaine. Et déjà les cernes des soignants sont profondes.

Habituellement chirurgien gastrique, Dmitri Alaïev, 35 ans, est désormais responsable d’une section accueillant une quarantaine de malades. Après sept heures de service, il s’accorde une pause d’une demi-heure, avant d’y retourner.

« Le travail n’est pas facile, avec les combinaisons, les masques etc. Mais les chirurgiens ont l’habitude de travailler dans ces conditions », dit-il.

« Ce qui est difficile, c’est d’être loin de sa famille, en isolement », raconte le jeune médecin, buvant de grandes gorgées d’une bouteille d’eau.

Le personnel traitant le Covid-19 a en effet été relogé dans des hôtels, afin d’éviter la contamination des proches.

– Peur de la contamination –

Moscou, avec ses moyens financiers inégalés en Russie, est présenté par les autorités comme le modèle de la lutte contre l’épidémie.

A Spassokoukotski, les équipements de protection ne manquent pas, assurent les médecins lors d’une visite supervisée organisée pour l’AFP par le département de la Santé de la capitale russe.

Ici, des palettes entières chargées de masques, lunettes, combinaisons, couvre-chaussures sont stockées.

Mais ce n’est pas le cas partout en Russie. Selon des témoignages recueillis par l’AFP et des syndicats, de nombreux médecins font état de pénuries graves, qui risquent de faire d’eux des victimes et des vecteurs de contagion.

Le docteur Alaïev assure que lui et ses camarades restent « très optimistes malgré les circonstances », mais admet néanmoins avoir peur: « quand on voit le taux d’infection des médecins (…), je pense que la situation sera assez grave ».

Le ministère de la Santé n’a publié aucune statistique à ce sujet. Mais des dizaines de cas ont été rapportés par des soignants et des médias.

Ne souhaitant pas s’exprimer sur les conditions de ses collègues ailleurs en Russie, le médecin en chef de l’hôpital, Alexeï Pogonine se veut rassurant.

« Ici, des conditions uniques ont été créées pour accueillir les patients », déclare le responsable de 45 ans, également chef-adjoint des services de santé de Moscou. « Le personnel est à la fois psychologiquement et physiquement bien protégé ».

– Questions sur la capacité en lits –

Un protocole strict est en place. Une fois équipés, les soignants attendent devant le sas de sécurité l’heure exacte de leur prise de service, inscrite sur leur poitrine au feutre rouge. Liberté personnelle: certains agrémentent leurs combinaisons blanches de dessins de fleurs.

Les patients aussi sont, dit le Dr. Pogonine, dans des conditions de confort rares pour les hôpitaux publics russes, réputés décrépis après des années de coupes budgétaires: deux malades par chambre, des toilettes attitrées.

Les soignants disposent d’aires de repos où, vêtus de leurs pyjamas à carreaux de service, il prennent leurs repas ou piochent dans les livres disponibles, de Dostoïevski aux romans de gare.

Mais l’on ne s’y prononce pas sur l’avenir: que va-t-il se passer si l’hôpital et Moscou venaient à manquer de lits ?

Au rythme actuel, les 80.000 places disponibles en Russie seront occupées dans trois à quatre semaines, selon les autorités.

A Spassokoukotski, sur un canapé, deux infirmières se reposent adossées l’une à l’autre, comparent leurs manucures défraîchies, les traits tirés, la peau marquée par les masques et les cheveux en bataille.

Face à l’avenir incertain et loin de leurs proches, les soignants doivent se « soutenir émotionnellement », remarque l’infirmière en chef Oksana Barichnikova, 43 ans.

« Nous avons vraiment compris que nous sommes une grande équipe, une famille ».

Brésil: Manaus, en Amazonie, plongée dans le chaos avec le coronavirus

« On se croirait dans un film d’horreur », lance le maire de Manaus, métropole amazonienne du nord du Brésil submergée par la lame de fond de la pandémie de coronavirus.

Hôpitaux saturés, cadavres entassés dans des camions frigorifiques, fosses communes dans les cimetières: la capitale de l’Etat d’Amazonas est plongée dans le chaos.

Les 50 lits de soins intensifs de Manaus — un chiffre dérisoire pour cette ville de 1,7 million d’habitants — sont déjà occupés alors que le Brésil n’a pas encore atteint le pic de la pandémie, attendu en mai, voire en juin.

« On ne peut plus parler d’état d’urgence, c’est un état de calamité absolue », insiste le maire Arthur Virgilio Neto auprès de l’AFP.

En temps normal, entre 20 et 30 personnes meurent chaque jour à Manaus, une ville étendue dont plusieurs centaines de milliers d’habitants vivent dans des habitations précaires sur pilotis au bord de l’Amazone.

Mais le nombre de décès a explosé à cause de la pandémie, à raison de plus de 100 par jour, selon la mairie. Le taux de mortalité est le plus haut des 27 capitales d’Etats du Brésil.

« Beaucoup de gens meurent chez eux, certains n’ont pas pu bénéficier d’une assistance médicale », déplore le maire.

– Embouteillages de corbillards –

L’Etat d’Amazonas, gigantesque territoire d’1,5 million de kilomètres carrés, près de trois fois la France métropolitaine, est le cinquième le plus touché du Brésil, avec 2.479 cas confirmés et 207 décès selon le dernier bilan officiel.

Aux abords des hôpitaux, les familles ont toutes les peines du monde à retirer les corps des défunts.

« Personne n’est encore venu me donner une réponse et je ne sais pas comment je vais faire pour enterrer ma grand-mère », raconte à l’AFP Rita Alencar.

Au cimetière public de Parque Taruma, des fosses communes ont été creusées pour inhumer les victimes de Covid-19.

La mairie a fixé à cinq le nombre maximum de personnes autorisées à assister aux obsèques.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des embouteillages de corbillards attendant leur tour pour entrer dans le cimetière.

« Plusieurs fossoyeurs sont tombés malades et certains sont même morts du coronavirus », révèle le maire, qui a réclamé des fonds supplémentaires au gouvernement fédéral. Les besoins sont tels qu’il envisage même de lancer un appel pour obtenir de l’aide d’autres pays.

Un hôpital de campagne bâti par la mairie a été inauguré la semaine dernière, un autre destiné aux populations indigènes doit être construit prochainement avec des fonds fédéraux et des médecins de tout le pays ont été appelés en renfort.

Bernardo Albuquerque, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université d’Amazonas (UFAM), juge la situation « extrêmement préoccupante » en raison de l' »incapacité du système de santé » à faire face à l’afflux de patients en état grave.

Outre les lits en soins intensifs, les hôpitaux manquent aussi cruellement d’équipements de protection, de médicaments et d’appareils de radiographie.

– Les indigènes en danger –

Autre problème de taille: le système de santé de l’Etat d’Amazonas est très centralisé, avec l’ensemble des unités de soins intensifs à Manaus, qui concentre également 80% des médecins habilités à traiter des patients atteints du virus.

Cela oblige les malades d’autres localités à se faire soigner dans la capitale, certains devant endurer de longues journées de voyage en bateau.

« La plupart des villages ne sont reliés à Manaus que par voie fluviale, les liaisons aériennes sont très limitées », explique Bernardo Albuquerque.

« Quand le patient parvient à arriver en vie, il se trouve souvent dans un état déplorable, sans aucune garantie de pouvoir être soigné. C’est une situation dramatique », souligne le maire.

La situation est encore plus préoccupante pour les peuples indigènes, particulièrement vulnérables aux virus venus de l’extérieur.

Les maladies amenées par les colonisateurs européens ont décimé près de 95% des autochtones d’Amérique.

Trois indigènes brésiliens sont déjà morts du Covid-19 et près de la moitié des 31 cas confirmés se trouvent actuellement à Manaus.

Le premier procès d’exactions du régime syrien s’est ouvert en Allemagne

Le procès de deux membres présumés des services de renseignement syriens, le premier au monde des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad, s’est ouvert jeudi matin devant la justice allemande.

Le principal suspect, Anwar Raslan, 57 ans, portant moustache et lunettes, est présenté comme un ancien colonel de la Sûreté d’Etat. Il est poursuivi pour crime contre l’humanité.

La justice lui reproche d’être responsable de la mort de 58 personnes, de la torture d’au moins 4.000 autres, d’un viol et d’un sévice sexuel aggravé entre le 29 avril 2011 et 7 septembre 2012 dans le centre de détention d’Al-Khatib à Damas, dont il avait la charge.

Également dans le box des accusés à Coblence, Eyad al-Gharib, 43 ans, le visage en partie couvert à l’audience par un masque, comparaît pour complicité de crime contre l’humanité pour avoir participé à l’arrestation de manifestants emmenés dans cette prison, entre les 1er septembre et 31 octobre 2011.

– Sous haute sécurité –

Les deux hommes, en détention provisoire depuis leur arrestation le 12 février 2019, avaient fui leur pays avant de rejoindre l’Allemagne où ils ont demandé l’asile comme des centaines de milliers de Syriens depuis neuf ans.

Anwar Raslan affirme avoir fait défection fin 2012 et, selon plusieurs médias, avoir rejoint les rangs de l’opposition en exil avant son arrivée en Allemagne le 26 juillet 2014. Il encourt la prison à perpétuité.

Le procès, placé sous haute sécurité et qui se tiendra au moins jusqu’à la mi-août devant le tribunal de grande instance de Coblence, constitue « un pas important, c’est le début d’un examen des crimes (du régime syrien) devant une haute Cour allemande », affirme à l’AFP Wolfgang Kaleck, secrétaire général de l’ONG allemande ECCHR, qui a notamment apporté son soutien à 16 victimes rescapées dont certaines se sont constituées parties civiles.

Pour juger les deux Syriens, l’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes quels que soit leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

C’est actuellement la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie car la perspective d’une saisine de la Cour pénale internationale est rendue impossible par les veto de la Russie et de la Chine, selon des ONG, saluant la tenue de ce procès.

Ce procès devrait « servir d’avertissement fort pour ceux qui commettent actuellement des abus en Syrie: personne n’est au dessus de la justice », a souligné Human Rights Watch (HRW). Amnesty International juge que c’est une « étape majeure dans la lutte contre l’impunité liée aux atteintes aux droits de l’Homme gravissimes commises en Syrie ».

Les enquêteurs se sont notamment appuyés sur les témoignages des victimes qui ont survécu aux conditions de détention « inhumaines et dégradantes », selon la justice, et sont parvenues à rejoindre l’Europe.

Quelques photos parmi les dizaines de milliers prises par un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », et montrant des corps torturés et suppliciés, devraient être présentées au cours du procès où témoins et victimes syriennes se succèderont pour témoigner.

– Sévices brutaux –

Dans la prison d’Al-Khatib dite aussi de la division 251, les détenus, qui pour beaucoup avaient participé aux manifestations réclamant liberté et démocratie en Syrie dans le cadre du Printemps arabe à partir de mars 2011, ont reçu « des coups de poing, bâton, câble, fouet » et subi « des électrochocs », selon le parquet.

Ces « sévices brutaux psychiques et physiques » visaient à extorquer « des aveux et des informations sur l’opposition », précise l’acte d’accusation.

On ne parle « pas d’un quelconque gardien de prison », rétorque M. Kaleck, « mais de quelqu’un qui selon le parquet a eu une fonction de direction » au sein de l’appareil d’Etat syrien.

Les avocats des deux accusés n’ont pas voulu s’exprimer avant le procès.

En revanche, Bachar al-Assad, interrogé en novembre 2019 par la chaîne russe proche du Kremlin RT sur la procédure contre Anwar Raslan, avait nié toute pratique de la torture.

Pourtant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime.

« 24 heures en quête d’eau » au Mexique

Au Mexique, l’eau est une denrée rare. La saison des pluies n’y dure que de mai à septembre.

Les deux tiers de son territoire sont considérés comme arides ou semi-arides avec des précipitations annuelles inférieures à 500 mm. Dans le tiers sud, moins peuplé et plus humide, elles atteignent une moyenne de 2.000 mm.

Pourtant, dans ce pays de 120 millions d’habitants, grand comme quatre fois la France, obnubilé par ses problèmes économiques, le trafic de drogue, la violence, la pollution et les tremblements de terre, la quête de l’eau n’apparaît pas comme une priorité des dirigeants.

Dans ce contexte, l’AFP a mobilisé plusieurs de ses photographes et vidéastes pendant 24 heures afin de montrer comment des Mexicains vivent au quotidien ce manque d’eau.

Entretiens, photos et vidéos ont été réalisés au début de l’épidémie de Covid-19 au Mexique.

– « L’eau a le goût de la terre » –

A Juanacatlan, dans l’Etat de Jalisco, l’eau n’est pas potable. Elle arrive dans les maisons par des tuyaux tirés depuis le fleuve Santiago. Pour Rodrigo Saldaña, 65 ans, qui se bat pour une eau potable dans sa région, le gouvernement ne fait rien pour la rendre propre à la consommation.

« Boire de l’eau courante ? C’est risqué ici », confie Rodrigo à l’AFP.

« Il y a quelques années, un garçon du coin, nommé Miguel Lopez Rocha, est tombé dans le canal de l’Ahogado en essayant de récupérer son ballon. Il est mort empoisonné. Quiconque avale l’eau de cette rivière s’expose à la mort », prévient-il.

Virginia Lozano Romo, 51 ans, vit depuis neuf ans dans le quartier Esperanza de la localité de Tonala, également dans le Jalisco. Elle ne sait pas ce qu’est vivre avec de l’eau courante et n’a jamais bu d’eau minérale.

« Ici, l’eau a le goût de la terre », dit-elle.

« Ma fille et moi nous transportons de l’eau chaque jour du puits. Et nous savons qu’elle est contaminée, qu’elle rend les enfants malades », déplore-t-elle.

– La couleur d’un mauvais café –

Dans le même Etat coule la source de Mintzita, qui approvisionne la ville de Morelia. Une grande usine à papier fait vivre ses habitants. Ici, en raison des déchets qu’elle déverse dans le conduit qui relie la source à la ville, l’eau, constate le photographe, a une forte odeur et la couleur d’un mauvais café.

Mais, à Ciudad Juarez, Chihuaha, à quelques enjambées du mur de la frontière sud des Etats-Unis, l’eau a le goût du sel. Lorsqu’elle coule. Sinon, pour Fabiola, mère de deux jeunes enfants, c’est plus compliqué.

« Pour boire, nous avons deux bidons de 20 litres que le gouvernement nous fournit. Parfois, nous allons nous-mêmes chez le fournisseur. Cela nous coûte 22 pesos (environ 1 dollar). Parfois, un petit camion passe. Là, c’est 15 pesos (environ 70 cents) », explique-t-elle.

« Depuis que le gouvernement a installé l’eau ici, il y a 15 ans, le problème existe », observe la jeune femme. « Ils ont toujours su que cette eau ne pouvait pas être consommée et ils ne font rien ».

« Des fois, il faut des bidons pleins d’eau pour pouvoir laver la vaisselle, se baigner, on ne peut pas laver les vêtements car on en consomme beaucoup. Et j’ai essayé une fois de prendre un petit verre du robinet. C’est mauvais. Du sel pur. Imbuvable », dit-elle.

Selon elle, « lorsque l’eau sort, elle est noire, avec beaucoup de terre, une couleur de fer rouillé. Il faut attendre trois ou quatre heures avant de pouvoir commencer à l’utiliser ».

– Système D –

Parfois, il faut aussi recourir au système D. C’est le cas de Salomé Moreno, 47 ans, du quartier de Lazaro Cardenas à Tijuana, qui vit sans eau dans sa maison depuis 26 ans et ne sait pas pour quelle raison.

Elle montre au photographe de l’AFP le tuyau qu’elle a bricolé et qui part d’une habitation voisine de la sienne. « J’achète l’eau à un voisin. Lui en a. Cela me coûte très cher », déplore-t-elle.

María de la Luz Alonso, 53 ans, vit dans le même quartier. Elle a disposé des bassines d’eau sur une table pliante. « Je n’aime pas vivre comme ça, mais on s’adapte à tout, je suis ici depuis 3 ans. Moi aussi, j’ai mon tuyau qui vient de chez un voisin. C’est un tuyau long de 100 mètres ».

Mercedes Bocanegra, 54 ans, vit à San Juan Cadereyta, une ville de l’Etat de Nuevo Leon. Face au niveau de la rivière qui baisse, elle se lamente. « Il n’y a plus d’eau pour irriguer la terre. Il ne pleut plus. La sécheresse est terrible cette année ».