Nord-est du Nigeria: un infirmier de MSF meurt du Covid-19, le Borno décrète un confinement total

Le gouverneur de l’Etat du Borno, dans le nord-est du Nigeria, une région parmi les plus pauvres du monde décimée par 10 ans de conflit avec les jihadistes de Boko Haram, a annoncé lundi la mise en place d’un confinement total, après la mort d’un infirmer de Médecins sans frontières (MSF) des suites du Covid-19.

« J’ordonne un confinement qui implique la cessation de tout mouvement dans l’Etat du Borno pour une période initiale de 14 jours à compter de mercredi 22 avril 2020 », a fait savoir le gouverneur Babagana Zulum, dans un communiqué.

Plusieurs autres Etats ont déjà pris ces mesures très strictes dans le reste du Nigeria et celles-ci ont entraîné de fortes protestations sociales dans ce pays où près de la moitié de la population vit dans une extrême pauvreté.

Cette mesure a été mise en place à la suite de l’annonce de la mort d’un infirmier nigérian de MSF, testé positif au Covid-19 au cours d’une analyse post-mortem. C’est le premier cas déclaré de coronavirus dans le Borno, mais les Nations unies ont précisé qu’il « n’avait aucun antécédent de voyage en dehors de l’État de Borno ».

Les travailleurs humanitaires et les autorités locales ont mis en garde contre une catastrophe si le virus venait à se répandre parmi les quelque deux millions de personnes déplacées dans la région du lac Tchad, qui souffrent déjà de conditions sanitaires et médicales déplorables.

Cette région, qui est l’une des plus pauvres du monde, est extrêmement vulnérable avec sept millions de personnes dépendant déjà de l’aide humanitaire pour survivre et quasiment tous les services publics ont été anéantis par le conflit.

L’ONG MSF a déclaré qu’elle apportait son soutien aux autorités pour identifier « les personnes qui ont pu être en contact avec lui (le virus, ndlr) ».

MSF « continuera également à apporter son aide » dans cette région où le système de santé est défaillant après une décennie de guerre contre les jihadistes.

« Dans le but de protéger nos équipes et nos patients, MSF a renforcé ses mesures d’hygiène, ses contrôles et a mis en place des espaces d’isolement » pour les patients soupçonnés d’être positifs au coronavirus, selon le communiqué.

« Les acteurs humanitaires ont adapté leur façon de travailler pour empêcher la propagation du virus » dans la région, a tenu à préciser Edward Kallon, le coordinateur humanitaire des Nations unies au Nigeria, dans un communiqué.

« Une installation de traitement du Covid-19 et un laboratoire de tests ont été mis en place à Maiduguri et une deuxième installation de traitement » est en voie de création, a-t-il indiqué.

« Les acteurs humanitaires installent des stations de lavage des mains et assurent l’approvisionnement en eau potable dans les camps de déplacés et les communautés vulnérables », selon le texte.

L’infirmier qui a perdu la vie est la 21e personne à être morte du Covid-19 officiellement recensée au Nigeria, mais les professionnels de santé mettent en garde contre une propagation beaucoup plus importante du virus sur son territoire : 7.000 tests seulement ont été réalisés à ce jour dans ce pays, le plus peuplé d’Afrique avec près de 200 millions d’habitants.

Le Togo enregistre le plus jeune décès lié au Coronavirus à ce jour

Testé positif le 17 avril dernier, un nourrisson de 28 jours est décédé du coronavirus, ont annoncé les autorités togolaise ce 20 avril. Le bébé a été en contact avec une personne contaminé, avaient annoncé les services de prise en charge.
Ce nouveau décès vient rappeler la dangerosité de ce virus. Décédé à 28 jours, le nourrisson togolais devient la plus jeune victime de cette pandémie. On peut être consterné! Ce qui porte désormais à six (6) le nombre de décès dans le pays. Le Togo à ce jour compte 25 personnes sous traitement, 53 personnes guéris. 4381 tests ont été effectués sur toute l’étendue du territoire.

Même si la propagation de la pandémie semble être maitrisée comme le martèle les sources sanitaires, on sait qu’il existe encore des centaines de personnes contacts sous surveillance à Lomé mais aussi dans la préfecture de Tchaoudjo notamment.

Seule bonne nouvelle, le nombre de personne guéris maintenant plus élevé que celui des personnes sous traitement.

Avec Fullnews.

Confinement levé au Ghana: la vie normale reprend, l’inquiétude reste

Le Ghana est devenu lundi le premier pays d’Afrique à lever le confinement imposé depuis trois semaines: une décision qui soulage les plus pauvres autant qu’elle inquiéte sur l’avenir de la propagation du coronavirus dans le pays.

C’était comme si Accra était aussitôt revenue à la normale: ses rues et ses marchés bourdonnaient de vie après l’annonce par le président Nana Akufo-Addo, la veille au soir, de lever le confinement dans la capitale et dans la seconde ville du pays, Kumasi.

Le chef de l’Etat a assuré que grâce à une importante augmentation des capacités de dépistage, la traçabilité des personnes en contact avec les malades et l’ouverture de nouveaux centres de quarantaine, le pays était en mesure de retrouver un semblant de vie quotidienne.

Jemima Adwoa Anim était ravie d’être de retour dans son commerce du centre d’Accra. Devant son échoppe, les piétons et les voitures ne désemplissent pas.

« C’est un énorme soulagement. Notre gouvernement nous a entendus », a-t-elle déclaré à l’AFP. « C’était comme pendant une guerre: nous n’avions pas d’argent et en même temps, nous ne pouvions pas travailler pour gagner de quoi manger. Que Dieu bénisse notre président ».

Mais dans la périphérie de la capitale, cette décision a soulevé de nombreuses critiques. Le Ghana enregistrait lundi plus de 1.000 cas officiels de coronavirus, de quoi inquiéter sur sa future propagation.

« C’est totalement ridicule. Comment est-ce possible? », interrogeait Francis Collison, un étudiant de 20 ans. « Nous venons d’enregistrer plus de 1.000 cas positifs de COVID-19 et c’est maintenant que le président décide de lever les mesures de confinement ».

La grande majorité des Ghanéens, bien qu’ils craignent cette décision, n’ont juste pas d’autre choix que de retourner travailler, dépendant bien souvent de l’économie informelle pour survivre.

– Equilibre difficile –

La décision du Ghana de lever le confinement sera surveillée de près à travers l’Afrique.

En effet, sur tout le continent, les autorités sont aux prises avec un difficile équilibre: comment freiner la propagation du virus tout en permettant à des millions de personnes vivant dans la pauvreté de gagner de l’argent et se nourrir?

Le gouvernement ghanéen insiste sur le fait qu’il est en bonne position pour contrôler la pandémie, après avoir appliqué une mise en quarantaine stricte des arrivées de l’étranger le mois dernier.

Le pays a également réalisé de nombreux tests: plus de 68.000 pour une population de près de 30 millions d’habitants.

Malgré la levée du confinement, les frontières du pays et les écoles restent fermées, les rassemblements sont interdits et le président a conseillé le port du masque.

Des mesures largement insuffisantes selon le personnel médical. « Cette décision de lever le confinement a mis à plat tous les efforts que nous avons déployé jusqu’à maintenant », explique à l’AFP, Abigail Sosu, une infirmière.

« J’ai peur. Nous n’avons pas les ressources si une deuxième vague du virus devait se propager dans le pays. »

– « Pari politique » –

Alors que l’élection présidentielle est toujours prévue pour la fin de l’année, la gestion de la crise du coronavirus, qui pour l’instant avait échappé aux querelles politiques, est désormais un argument pour l’opposition.

Peu après l’intervention du chef de l’Etat, le communiqué de l’opposition ne s’est pas fait attendre.

« La décision du président Akufo-Addo de lever le confinement à ce moment crucial de l’épidémie est un pari politique imprudent qui laisse présager un grand danger pour cette nation », a déclaré le Congrès national démocrate, principal parti d’opposition, dirigé par l’ex-président John Mahama.

Un pari que pour l’instant, la majorité la plus pauvre semble toutefois soutenir, en sortant dans les rues et en retrouvant une vie normale malgré les dangers de contamination.

Benny Gantz, le « bon soldat » face à la crise en Israël

L’ancien chef de l’armée Benny Gantz a surfé sur une image de « Monsieur Propre » face à un Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption avant de pactiser, en « bon soldat », avec son ennemi, dans « l’intérêt » supérieur d’Israël face à la pandémie de Covid-19.

Grand, baraqué et yeux azur, cet ex-militaire à l’attitude décontractée et abordable, n’avait pourtant aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-Blanc »), les couleurs du drapeau israélien.

A 60 ans, M. Gantz a mené trois batailles électorales en moins d’un an contre Benjamin Netanyahu, sans jamais véritablement triompher de lui.

Il a bien gagné l’une des batailles mais n’a jamais la guerre, c’est-à-dire qu’il n’a pas réussi à détrôner celui que ses partisans nomment le « Roi Bibi ». A défaut de le vaincre, il a pactisé avec lui afin de mener ensemble une autre « guerre »: contre le nouveau coronavirus.

En pleine pandémie, M. Gantz a créé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec M. Netanyahu, reniant ainsi son engagement à ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant qu’il n’aura pas réglé ses démêlés avec la justice.

Dans le cadre de leur accord pour un gouvernement « d’union », l’ancien chef de l’armée retournera à ses premiers amours héritant du ministère de la Défense.

Et dans 18 mois, si le gouvernement tient toujours, il gravira les marches du pouvoir pour succéder à Benjamin Netanyahu, avec lequel il partage à peu de choses près la même vision sécuritaire, à la tête du gouvernement.

– « Honnêteté » –

Pur « sabra » -terme désignant les juifs nés en Israël-, M. Gantz, fils d’immigrants rescapés de la Shoah, est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

A 18 ans, il rejoint l’armée dont il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015, dirigeant ainsi l’armée pendant deux guerres contre le mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

Sa décision de tendre la main à Benjamin Netanyahu pour former un gouverner d’unité lui a valu des critiques acerbes dans son camp ayant d’ailleurs mené à la scission de son parti. Mais des commentateurs ont vu dans ce geste le caractère d’un « bon soldat » au service avant tout de son pays et non de sa personne.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques à partir de Gaza.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa (nord) et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Il est marié et père de quatre enfants.

Burkina: 31 civils tués par les forces de l’ordre, selon HRW

L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le Nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.

« Les forces de sécurité burkinabè ont apparemment exécuté 31 hommes lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre », selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, citée dans un communiqué de l’organisation transmis à l’AFP.

L’ONG appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».

Le ministère de la Défense a indiqué lundi avoir ouvert une enquête dès le 10 avril.

« Ce type d’allégations avait été rapporté au ministre de le Défense nationale (…) qui dès le 10 avril 2020 a adressé une lettre au directeur de la Justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir par ses services une enquête judiciaire afin d’établir la vérité des faits », a réagi le ministère dans un communiqué.

HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.

Le Burkina fait face depuis 2015 – comme ses voisins le Mali et le Niger – à des violences meurtrières croissantes perpétrées par des groupes jihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, qui ont fait plus 800 morts et près de 860.000 déplacés.

Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.

« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales et GMT) avec les arrestations, pour s’achever vers 13h30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.

« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au coeur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques jihadistes.

– « Une scène terrifiante » –

Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».

« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.

« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille.

« C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.

Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ».

Dans son communiqué, le ministère de la Défense assure que « les forces armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple burkinabè, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles. Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales ».

« Si ces allégations étaient avérées, des sanctions seront prises à l’encontre des auteurs », affirme le ministère.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

Israël: Netanyahu et Gantz s’entendent enfin sur un gouvernement d’union

Fumée blanche à Jérusalem! Après seize mois d’une crise politique sans précédent dans l’histoire d’Israël, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz se sont entendus lundi soir pour former un gouvernement d’union en pleine pandémie de Covid-19.

Le signal est venu de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu au grand soulagement de nombreux Israéliens, dont beaucoup craignaient la tenue de nouvelles élections pour résoudre la crise.

Après trois scrutins législatifs en un an, des rebondissements les plus improbables et parfois les plus désespérants pour certains Israéliens, MM. Netanyahu, 70 ans, et Gantz, 60 ans, se sont retrouvés dans la soirée avant le début de Yom Hashoah, le « jour de la Shoah », qui se tient du coucher du soleil lundi à la tombée de la nuit mardi en Israël.

Ces entretiens avaient pour but de sceller l’union entre les deux anciens rivaux après de nombreuses tentatives ayant échoué. Les sceptiques ont été confondus car cette fois a finalement a été la bonne.

Des milliers d’Israéliens, respectant scrupuleusement les règles de distanciation sociale, avaient manifesté dimanche soir à Tel-Aviv dans l’espoir de barrer la route à une alliance entre MM. Netanyahu et Gantz.

« Un accord pour la formation d’un gouvernement national d’urgence a été signé » par MM. Netanyahu, chef du Likoud (droite), et Gantz, le dirigeant du parti Bleu-Blanc (centriste), ont indiqué les deux formations politiques dans un communiqué.

Leur pacte, d’une durée de trois ans, vise la formation d’un gouvernement « bipartisan » avec pour Premier ministre M. Netanyahu pour les 18 premiers mois et M. Gantz pour les 18 mois suivant. Il prévoit aussi un nombre égal de ministres pour les deux camps et la possibilité pour des partis de se joindre à eux afin de sortir le pays de la crise.

– Covid et annexion? –

Lors des élections du 2 mars – les troisièmes en moins d’un an, qui devaient enfin départager les deux hommes – Benjamin Netanyahu avait réussi son meilleur score à la tête du Likoud (36 sièges) mais n’avait pas réussi à obtenir la majorité avec ses alliés de la droite radicale et des partis ultra-orthodoxes.

Les parlementaires avaient plutôt recommandé au président de choisir Benny Gantz, un ancien chef d’état-major de l’armée à la tête de la coalition centriste Bleu-Blanc, pour tenter de former le gouvernement.

Incapable de rallier une majorité au moment où de surcroît le pays affronte la crise du coronavirus, M. Gantz avait causé la surprise en ouvrant la voie à un gouvernement « d’union et d’urgence » avec Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption. Il était ainsi revenu sur son engagement de ne pas partager le pouvoir avec le Premier ministre sortant tant que ce dernier n’aurait pas réglé ses démêlés avec la justice.

L’espoir d’un gouvernement d’union pointait à l’horizon pour de nombreux Israéliens, mais d’autres ont toutefois reproché au général Gantz d’avoir rendu les armes face à Benjamin Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire du pays, passé maître dans l’art de la survie politique.

Mais des pourparlers entre les deux camps, jusque tard dans la nuit, avaient échoué la semaine dernière faisant craindre la tenue d’un quatrième round électoral anticipé.

Selon l’accord conclu lundi, les deux parties mettront finalement sur pied un gouvernement d’urgence qui oeuvrera à combattre le coronavirus, qui a contaminé plus de 13.000 personnes en Israël et provoqué plus de 170 décès, et ses conséquences notamment sur l’économie avec un chômage qui a explosé ce dernier mois alors que l’économie tournait à plein régime avant la crise.

Le négociateur en chef de M. Netanyahu, Yariv Levin, a lui indiqué que ce gouvernement avait aussi pour objectif d’appliquer la « souveraineté » d’Israël dans les « implantations en Judée et Samarie », expression souvent utilisée pour évoquer l’annexion des colonies et de territoires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’Etat hébreu.

Benjamin Netanyahu, maître dans l’art de la survie politique

Détenteur du record de longévité au poste de Premier ministre de toute l’histoire d’Israël, Benjamin Netanyahu est un « magicien » de la survie politique, passé maître dans l’art d’être reconduit à son poste malgré les rivaux et les ennuis judiciaires.

Souvent surnommé « Roi Bibi » par ses partisans, Benjamin Netanyahu, 70 ans, s’est entendu lundi avec Benny Gantz pour former un gouvernement d’union et d’urgence qu’il dirigera en premier, pendant 18 mois, avant de laisser la place à son ex-rival.

Après 16 mois d’un gouvernement de transition, trois élections législatives et des rebondissements les plus improbables, les deux hommes ont ainsi mis fin à la plus longue crise politique de l’histoire d’Israël, en pleine pandémie de Covid-19.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur chemise blanche, le seul Premier ministre à être né après la création d’Israël en 1948 est un fin stratège habitué au louvoiement.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, M. Netanyahu a hérité d’un bagage idéologique musclé par son père Benzion, qui était l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite « révisionniste », favorable à un « Grand Israël ».

M. Netanyahu prône une vision d’Israël comme « Etat juif » avec des frontières s’étendant au nord-est jusqu’à la Jordanie. D’où sa promesse d’annexer la vallée du Jourdain située en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé.

– Plus jeune Premier ministre –

Le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux. Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.

En 1976, le frère aîné de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné par deux organisations palestinienne et allemande en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.

Ce décès ébranle profondément Benjamin Netanyahu qui fera de la « lutte contre le terrorisme », qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière.

Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud (droite), dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.

Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles irakiens, il défend le point de vue israélien sur la chaîne américaine CNN. A l’aise devant la caméra, il connaît les codes médiatiques et maîtrise l’anglais, ayant fait ses études au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, M. Netanyahu triomphe alors du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.

Son règne est de courte durée: trois ans. Mais, après une brève retraite, il retourne à sa passion, la politique, et reprend la tête du Likoud. En 2009, il redevient Premier ministre.

– « Guerre personnelle » –

Depuis, Israël n’a connu que « Bibi ».

Il se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel « Amalek », ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.

Marié et père de trois enfants, il a aussi décroché un autre titre, moins glorieux, en étant le premier chef de gouvernement à être inculpé dans l’exercice de ses fonctions.

Mais son procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation, prévu initialement le 17 mars a été reporté en raison de l’épidémie du coronavirus.

Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu a droitisé son discours depuis ses ennuis judiciaires.

« Il est plus (…) enclin au populisme. Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle. »

Coronavirus au Burkina : le grand marché de Ouagadougou rouvre

Les affaires vont enfin pouvoir reprendre au marché central de Ouagadougou, considéré comme le poumon économique du Burkina Faso, rouvert lundi près d’un mois après sa fermeture pour cause de coronavirus, au grand soulagement des commerçants.

L’épidémie qui a causé 36 morts pour 576 cas dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest, selon le dernier bilan officiel dimanche, avait entraîné la fermeture du grand marché et d’une quarantaine d’autres dans la capitale burkinabè de 3 millions d’habitants, le 25 mars, deux semaines après l’apparition de la maladie.

« C’est une joie de voir le marché rouvrir ses portes. La situation commençait à être difficile pour nous », réagit Boureima Compaoré, un marchand de pagnes (tissus), venu assister à la réouverture.

En pratique, les boutiques n’ouvriront effectivement que mardi, après la cérémonie officielle, pour donner le temps aux commerçants de reprendre possession de leurs étals.

« Depuis la fermeture, c’était la misère. On vivait au jour le jour, sans aucune économie », explique Souleymane Sawadogo, un vendeur de vêtements. « Maintenant nous sommes soulagés. On espère que les clients aussi ne vont pas avoir peur de venir faire des achats » dit-il, affirmant que les commerçants sont « prêts à se plier à aux mesures les plus rigoureuses pour garder le marché ouvert ».

Fruits, légumes, viandes, épices, mais aussi tissus, vêtements, quincaillerie, électroménager, informatique, pièces détachées pour deux-roues, et même oeuvres d’art… On trouve de tout dans cet marché animé sept jours sur sept, de l’aube au crépuscule.

Entre 25.000 et 30.000 personnes y travaillent, selon l’Agence de développement urbain de Ouagadougou. Organisé autour d’un énorme bâtiment de deux étages, occupant une place centrale de la capitale, le grand marché compte près de 3.000 boutiques.

L’Etat a décidé sa réouverture « pour soulager les commerçants, leur permettre de poursuivre leur activité et participer à la relance de l’économie nationale », selon le maire de Ouagadougou Armand Béouindé.

« Le grand marché, c’est le poumon économique de la capitale. Les autres marchés, même à l’intérieur du pays, se ravitaillent à partir du grand marché », souligne le président du Conseil national du secteur informel, Salifou Kaboré.

– « Changer de comportement » –

La pandémie met à rude épreuve la fragile économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par la lutte contre les groupes jihadistes depuis cinq ans. La croissance devrait chuter à 2%, au lieu des 6,3% initialement prévus, selon le gouvernement.

Les frontières sont fermées, et les grandes villes, dont Ouagadougou, placées en quarantaine, désorganisant le commerce.

Autour du grand marché, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes. « Pour nous, les affairent reprennent », sourit Alassane Kaboré, gérant de l’un des parkings, affairé à ranger quelques engins.

« Il était temps car on ne savait plus quoi faire pour survivre. Nous n’avons pas bénéficié d’aide ou d’accompagnement pour tenir pendant la durée de la fermeture », relève-t-il.

Avant la réouverture, le marché central a été entièrement nettoyé et désinfecté, explique le ministre du Commerce Harouna Kaboré, alors que des haut-parleurs diffusent des messages sur les mesures barrières contre le coronavirus. Les mêmes opérations sont en cours pour les autres marchés.

« Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d’entrée et la prise de température est systématique. A l’intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale », assure le maire.

« Nous avons augmenté le nombre de policiers sur le site du marché pour aider les usagers et s’assurer que les gestes barrières seront respectés. Près de 500 bénévoles ont également été mobilisés pour poursuivre la sensibilisation et veiller au respect des consignes », détaille-t-il.

Commerçants et acheteurs devront porter un masque, et seulement deux clients en même temps seront autorisés par boutique, précise Halidou Sanfo, représentant des commerçants. « Nous sommes tous appelés à changer notre comportement. On ne peut plus fréquenter les marchés comme on le faisait avant et nous allons y veiller », promet-il.

Parmi les badauds, certains Ouagalais s’inquiètent de cette réouverture.

« La maladie n’est pas encore maîtrisée. Les cas ne font qu’augmenter », note Awa Zoungrana, professeur du secondaire.

« C’est sûrement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché, sinon rien ne justifie une telle précipitation », soutient Albert Nana, fonctionnaire à la retraite, pas rassuré par les mesures de sécurité. « Je fréquente régulièrement le marché, mais je vais éviter d’y aller pendant quelques temps ».

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.

Tuerie au Canada: au moins 18 morts, toujours pas de mobile apparent

De multiples scènes de crime, un tueur au mobile inconnu: l’enquête sur la pire tuerie de l’histoire du Canada, une « tragédie » qui a fait au moins 18 morts en Nouvelle-Ecosse selon Justin Trudeau, s’annonce complexe alors qu’émergent les premières révélations sur son auteur présumé.

« Un homme armé a pris la vie à au moins 18 personnes » lors du week-end, a annoncé le Premier ministre lors de son point-presse quotidien. Le tireur a ensuite été abattu par la police.

« La tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays », a-t-il jugé.

M. Trudeau a annoncé qu’un hommage « virtuel » aux victimes serait rendu vendredi à 19h sur un groupe Facebook: « ce sera l’occasion pour nous de célébrer la vie des victimes et d’être là pour leurs familles et leurs proches », a-t-il dit.

Pourquoi un tel carnage, se demandait lundi matin un pays encore sous le choc, où les fusillades de masse sont rares.

Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) tentaient de déterminer les circonstances et les motivations de Gabriel Wortman, un prothésiste dentaire de 51 ans qui a tué au moins 18 personnes entre samedi soir et dimanche matin, pour une raison encore mystérieuse.

Il a été abattu par la police dimanche en fin de matinée près d’Halifax, la capitale, à l’issue d’une cavale meurtrière de plus de 12 heures et de 100 km.

Les victimes ont été tuées en plusieurs endroits. La presse canadienne a commencé à les identifier: outre la policière Heidi Stevenson, une infirmière, une institutrice et plusieurs couples avec enfants ont été tués.

« Un monstre a assassiné ma mère aujourd’hui. Il l’a assassinée, sans réfléchir. La douleur va et vient par vagues. J’ai l’impression d’être en dehors de mon propre corps. Ca ne peut pas être vrai », a déploré sur Facebook Darcy Dobson après la mort de Heather O’Brien, une infirmière.

Wortman les connaissait-il ? Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », avait expliqué la veille un porte-parole de la GRC lors d’une conférence de presse.

Selon des témoins cités par les médias, l’homme a mis le feu à sa maison et a tué par balle plusieurs personnes qui sortaient dans la rue. Il aurait également abattu le conducteur d’une voiture lors de son périple meurtrier.

La cheffe de la GRC, Brenda Lucki, estime qu’il a sans doute eu une « motivation » initiale avant de partir dans une folle poursuite meurtrière de nature « aléatoire ».

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans une maison de la paisible commune rurale et côtière de Portapique, qui compte une centaine d’âmes. Appelée par des voisins qui avaient entendu des coups de feu, la police a découvert sur place plusieurs cadavres, à l’intérieur et devant une maison. Le tueur présumé était introuvable et plusieurs incendies ont été signalés dans les parages peu après.

Commençait alors une chasse à l’homme qui allait durer toute la nuit et la matinée, sur plus d’une centaine de kilomètres.

Gabriel Wortman circule dans un premier temps à bord d’une voiture ressemblant à celles utilisées par la GRC. Ce collectionneur d’équipements de police, selon des témoignages, portait au moins une partie d’un uniforme de la GRC.

-« Un de ces gars bizarres »-

Lundi matin, des premières informations commençaient à filtrer sur l’auteur présumé du carnage.

Wortman, possédait deux belles propriétés proches de la mer à Portapique, ainsi qu’une clinique de prothèse dentaire à Dartmouth, près de la capitale Halifax.

Des voisins ont expliqué au quotidien Globe and Mail qu’il avait un problème avec l’alcool et que sa clinique avait souffert des contraintes liées à l’épidémie de coronavirus.

Mais selon le responsable des enquêtes de la GRC de Nouvelle-Ecosse, Chris Leather, il était inconnu de la police et n’avait aucun passé violent.

Wortman avait une passion pour les équipements et voitures de police, qu’il rachetait aux enchères puis restaurait, ont raconté des témoins.

L’une de ses propriétés à Portapique était un véritable « sanctuaire » dédié à la GRC, selon un homme qui le connaissait cité par le Globe and Mail.

« C’était un de ces gars bizarres, il était vraiment branché objets de collection de la police », selon Nathan Staples.

Ce drame constitue la pire tuerie de masse de l’histoire récente du Canada.