Mali : les putschistes appellent à une transition du pouvoir

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et forcé le président Ibrahima Boubacar Keïta à la démission, promettent d’organiser dans un « délai raisonnable » des élections générales.Près de quatre heures après la déclaration du président déchu, des hommes en uniforme sont apparus à leur tour tard dans la nuit de mardi à mercredi à la télévision publique ORTM pour s’adresser aux Maliens et à la communauté internationale.

« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire d’assurer la continuité de l’État et des services publics », a déclaré le colonel-major Ismaël Wagué, présenté comme le porte-parole des militaires mutinés.

Au terme d’une folle journée du 18 août débutée par une minuterie au camp de Kati, à 15 km au nord de Bamako, des militaires ont procédé à des arrestations de plusieurs autorités dont le chef de l’Etat et des membres de son gouvernement, avant de prendre le pouvoir. Tout cela s’est passé sans effusion de sang et avec l’acclamation d’une partie du peuple, qui demandait depuis plusieurs mois le départ du président IBK.

Entouré de quatre autres frères d’armes, le colonel Wagué précise : « Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes ».

Dans cette perspective, « la société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau ».

Par ailleurs, les militaires putschistes demandent aux organisations internationales et sous-régionales de les « accompagner pour le bien-être du Mali ».

« La Minusma, la force +Barkhane+, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité », a souligné l’officier, assurant que « tous les accords passés » seront respectés. Il affirme que les militaires sont « attachés au processus d’Alger », l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays, parce que « rien ne doit entraver l’unité malienne ».

Toutefois la Cedeao avait plus tôt communiqué dans la nuit pour condamner l’action des « militaires putschistes » tout comme l’Union africaine (UA), les Nations unies (ONU) ainsi que plusieurs autres organisations et grandes puissances.

D’ores et déjà, la Cedeao leur « dénie catégoriquement toute forme de légitimité (…) et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel », ainsi que « la libération immédiate » du président malien et « de tous les officiels arrêtés ». Elle « suspend » également le Mali de tous ses organes de décision « avec effet immédiat » et lui ferme ses frontières.

Cette dernière décision a été reprise par le CNSP à compter de ce mercredi 19 août 2020 « jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est (également) instauré de 21 heures à 5 heures du matin jusqu’à nouvel ordre ».

L’objectif affiché des militaires mutins est de remettre leur pays sur les rails de la stabilité : « Le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », déplore le colonel Wagué.

« Le Mali est un vaste pays riche de par sa diversité culturelle, riche de son sous-sol, riche de ses hommes, riche de sa faune et de sa flore, mais dont l’existence en tant que pays, nation, est menacée dans tous ses fondements ».

Le colonel-major a dénoncé le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».

Ces maux ont pour lui « fini de tuer toute opportunité de développement dans le peu qui reste encore de ce beau pays ».

Le coup d’Etat au Mali tient en haleine les quotidiens sénégalais

La démission sous contrainte du président malien Ibrahima Boubacar Keita est le sujet le plus en vue dans les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA.La crise sociopolitique au Mali aboutit à la prise du pouvoir par l’armée, note L’AS dans sa Une avant de préciser que le président IBK « démissionne sous contrainte ».

« IBK désespéré », souligne Le Quotidien, soulignant que l’Armée malienne obtient la démission du chef de l’Etat et la dissolution de l’Assemblée nationale.

Par ailleurs, la Cedeao met le Mali « en quarantaine » après le « putsch militaire » là où le Sénégalais Macky Sall et d’autres chefs d’Etats sont attendus « à Bamako demain ». Pour l’analyste politique Yoro Dia, « IBK a fait perdre 7 ans à son pays » qui n’a plus le contrôle sur une grande partie de son territoire à cause de terroristes et de rebelles.

Toutefois, EnQuête note un « saut vers l’inconnu » après la démission du président et la situation confuse au Mali. Le journal fait en même temps le récit « d’une folle journée marquée de scènes de liesse populaire » et l’arrestation d’IBK, du président de l’Assemblée nationale, des ministres et généraux de l’armée.

C’est « le retour des coups d’Etat au Mali », note Vox Populi soulignant que cette issue a eu lieu après des semaines de manifestations du Mouvement du 5 juin contre IBK. « Je ne veux pas que du sang soit versé pour mon maintien aux affaires », a déclaré tard dans la nuit de mardi à mercredi ce dernier, détenu au camp militaire de Kati, à 15 km au nord de Bamako.

Mais avant cette déclaration, la Cedeao avait décidé de fermer ses frontières et menacé les militaires putschistes de sanctions, rapporte le journal.

« La Cedeao suspend le Mali de tous les organes de décision », barre dans sa Une le quotidien national Le Soleil. L’institution communautaire « exige la libération immédiate de IBK, décide de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ». Elle prévoit en outre des « sanctions » contre tous les putschistes et leurs collaborateurs.

Au plan national, le secteur privé « loue la confiance de Macky » Sall qui a demandé à tous les adjudicataires sénégalais qui répondent aux critères de se regrouper pour gérer ensemble la concession de la plateforme logistique pétrolière lancée par le Port autonome de Dakar (PAD).

Par ailleurs, L’Observateur note que « le Port de Dakar (est) sous une menace explosive » pour cause de transit et stockage de « marchandises dangereuses ». Il s’agit de 3050 tonnes de nitrate d’ammonium arrimées au Môle 3, « soit plus que les 2700 tonnes qui ont explosé au port de Beyrouth ». L’évacuation du produit est « suspendue à un agrément du ministère de l’Environnement » là où les experts en sécurité disent leurs « inquiétudes ».

Sur la Covid-19, Le Quotidien note que les jeunes ne sont « pas à l’abri » là où L’AS souligne que « l’OMS s’inquiète sur les cas âgés entre 20-40 ans ».

En fait divers, Libération rapporte que l’ancien policier arrêté pour braquage d’un magasin chinois à Dakar « essaie encore de se faire la belle » à la prison du Cap Manuel où il est détenu. C’est « une tentative d’évasion spectaculaire », parce que Mouhamed Gassama et son complice Adama Diouf, « inculpés hier », « avaient réussi à franchir le premier obstacle du mûr de clôture de la prison ».

En football, Stades salue la « victoire en toute maîtrise » du Paris Saint-Germain face à Leipzig (3-0). Ainsi le PSG est « à un match d’une première étoile européenne ». Record note pour sa part que le milieu sénégalais du club francilien est « sur les pas de Sadio » Mané.

Ce dernier, élu meilleur joueur de la saison par les fans de Premier League, promet de « pousser plus fort pour être meilleur ».

Jeunesse, santé et sport au menu des quotidiens marocains

Les quotidiens marocains parus ce mercredi se focalisent sur nombre de sujets notamment le potentiel de la jeunesse, les apprentissages de la crise pandémique et la mise en quarantaine des joueurs du championnat marocain de football.+l’Economiste+ relève que les jeunes d’aujourd’hui, connectés au monde, ont soif d’apprendre, de s’engager et d’être écoutés pour trouver leur place dans une société qu’ils veulent aussi construire.

« Les écouter c’est déverrouiller notre regard non seulement sur leur avenir mais aussi sur leur devenir », souligne le quotidien, ajoutant que les écouter, c’est les respecter, leur faire confiance, guider leurs pas.

La pandémie du coronavirus a révélé tout le potentiel et toute l’ingéniosité enfouis en eux, note-t-il, expliquant qu’elle a agi comme un véritable révélateur et catalyseur d’innovation scientifique et technologique.

De son côté, +Aujourd’hui le Maroc+ relève que  « 2020 aura été et restera incontestablement une année d’apprentissage collectif  l’échelle de l’humanité », notant qu’au Maroc, une chose est sûre : on ne pourra plus aborder des questions et des secteurs comme la santé et l’éducation avec les mêmes grilles de lecture qu’avant.

Pour le secteur de la santé, la configuration et le déploiement de l’offre de soins sur le terrain ne pourront plus rester les mêmes, estime la publication, faisant observer qu’il a été démontré que les petites structures de proximité et dans les quartiers peuvent jouer un rôle central voire décisif en situation de pandémie.

Idem pour l’éducation où les anciens schémas qui ont prévalu jusqu’avant la pandémie ne fonctionnent plus totalement, ajoute-t-il, notant que les écoles, les classes et le processus d’apprentissage dans sa globalité sont appelés à se réinventer.

Au registre sportif, +Al Akhbar+ rapporte que la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) a organisé mardi une réunion d’urgence avec les présidents des clubs du championnat. Au menu des discussions, l’application d’un nouveau protocole sanitaire strict pour éviter aux effectifs des clubs d’être affectés par le Covid-19 qui a touché plusieurs joueurs, informe le quotidien.

Parmi les décisions importantes de la LNFP, l’obligation pour les clubs de loger les joueurs et le staff technique dans des hôtels pour leur éviter ainsi tout contact avec l’extérieur, et ceci jusqu’à la dernière journée du championnat.

Cette mise en quarantaine a été décidée suite aux investigations de la LNFP qui ont démontré que les joueurs infectés par le Covid-19 ont été en contact avec des individus en dehors des stades et qu’ils ont infecté à leur tour leurs coéquipiers, indique la publication.

L’autre mesure phare concerne l’organisation de la vie des joueurs lors de leur séjour dans les hôtels, ainsi qu’un suivi qui leur sera consacré en coordination avec les autorités sanitaires.

La bonne nouvelle dans ce confinement, c’est que la Fédération royale marocaine de football (FRMF) prendra en charge une partie importante des frais inhérents aux séjours des clubs de D1 et D2 dans les hôtels. Le but étant d’éviter qu’un club refuse ce nouveau protocole sous prétexte qu’il ne dispose pas des moyens financiers pour le mettre en pratique.

Crise malienne : « C’était prévisible sauf pour IBK » (analyste)

Le chercheur malien, Bréma Ely Dicko, explique pourquoi l’arrestation par l’armée du président Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas une surprise.Qui sont les militaires ayant arrêté le président Ibrahim Boubacar Keïta et le Premier ministre Boubou Cissé ? Et quelles sont leurs motivations ?

Ce sont des officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la garde nationale malienne qui ont effectué ce coup de force. Leur acte trouve sa première raison dans le contexte social et politique favorable avec les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), un regroupement d’opposants politiques, de la société civile et de figures religieuses comme le célèbre Imam Mahmoud Dicko. Depuis le 5 juin dernier, ce mouvement organise régulièrement des manifestations de rue réclamant le départ du chef de l’Etat. L’intervention de ces militaires pour arrêter le président, son Premier ministre et plusieurs dignitaires du régime peut aussi avoir un lien avec le limogeage lundi, par le président Ibrahim Boubacar Keïta, de son deuxième aide de camp. Ce dernier est un officier habitant au camp militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako d’où les mutins sont partis ce mardi pour arrêter le chef de l’Etat et ses collaborateurs. L’étincelle d’où tout est parti est une tentative d’arrestation dans le camp de Kati de l’aide de camp démis de ses fonctions. Mais ses proches se sont opposés. Par la suite, il y a eu des tirs de sommation et ces militaires ont saisi cette occasion pour descendre sur la capitale et en découdre avec le pouvoir.

Un tel évènement était-il prévisible ?

C’était un scénario que tout le monde craignait depuis quelques temps, sauf peut-être le président IBK et son entourage. Ils pensaient que le mouvement populaire réclamant le départ du locataire de Koulouba allait s’essouffler avec le temps ou qu’un compromis politique était encore possible, même si cela devait se faire avec quelques-uns seulement des animateurs de la contestation qui accepteraient une entrée dans un gouvernement d’union nationale.

Cet aveuglement du camp présidentiel n’avait pourtant aucune raison objective. Le climat général qui règne dans le pays devait le pousser à la prudence. L’échec de la médiation initiée par la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et confiée à l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan, aurait dû servir de signal. Le mécontentement maintes fois exprimé par les familles de militaires engagés sur le terrain contre les groupes jihadistes et qui subissent régulièrement des attaques meurtrières aurait dû pousser IBK et son entourage à être plus souples avec leurs adversaires et se méfier d’un éventuel coup de force d’une partie au moins de l’armée.

Quelles sont les conséquences éventuelles de cette intervention militaire sur la situation politique dans le pays ?

Aux premières heures du mouvement de ces militaires vers la capitale, leur action a été condamnée par la France, les Etats-Unis et la Cedeao. S’ils ne trouvent pas rapidement un accord avec le président IBK, on peut s’attendre à des sanctions politiques et économiques contre le Mali. Un pays pauvre, aux ressources limitées et confronté depuis bientôt dix ans à divers groupes jihadistes. L’hypothèse est à prendre très au sérieux, surtout que le Mali se trouve dans une région où plusieurs pays sont menacés par l’instabilité en raison de crises impliquant les chefs d’Etat. En Guinée et en Côte d’Ivoire voisines, la volonté des présidents actuels de briguer un troisième mandat crée une situation dangereuse. Dans ces pays, des militaires pourraient s’inspirer de leurs frères d’armes maliens et prendre le pouvoir par la force.

Les militaires maliens n’ont pas le choix. Ils doivent engager au plus vite un dialogue avec la majorité présidentielle et les dirigeants de la contestation qui souhaitaient la chute d’IBK. Le but de ce dialogue est d’aboutir à une solution de sortie de crise qui doit déboucher sur une sorte de gouvernement chargé de réformer le pays. Car le problème majeur du Mali sous règne d’IBK est avant tout un problème de gouvernance.

Mali : Ibrahim Boubacar Keïta jette l’éponge

Le président de la République du Mali a annoncé, dans la nuit du mardi au mercredi, sa démission quelques heures seulement après son arrestation par des mutins du camp militaire de Kati.Il est minuit. L’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM, public) interrompt abruptement ses programmes pour une édition spéciale. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) s’adresse à ses concitoyens.

Epuisé par l’enchaînement des évènements, le président de la République s’est finalement fait une raison : « Je voudrais, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement durant ses longues années et de la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions ».

Dans cette déclaration enregistrée à Kati, une localité située à quinze kilomètres de la capitale Bamako, le chef de l’Etat affirme s’être soumis à la volonté d’une frange de la population car « (il) ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour (son) maintien aux affaires ».

L’ancien locataire de Koulouba, le palais présidentiel, tourne la page non sans regrets puisque pendant sept ans, il a eu « le bonheur d’essayer de redresser ce pays ». Avec lucidité, Ibrahim Boubacar Keïta reconnaît que « chaque moment (a sa propre) vérité » d’où sa décision de quitter le pouvoir.

De facto, l’Assemblée nationale et le gouvernement restreint récemment mis en place sont dissouts. « Ai-je rééllement le choix  » ? C’est la question que s’est posée IBK après l’intervention de frondeurs de l’armée qui ont indubitablement précipité sa chute et celle de son régime.

Malgré tout, il jure n’éprouver « aucune haine vis-à-vis de personne » car, dit-il, « mon amour pour mon pays ne me le permet pas ». En outre, le président malien a promis que son compagnonage « avec les forces armées ne va jamais cesser ». Concluant son propos, Ibrahim Boubacar Keïta regrette que « les semaines de turbulence » aient coûté la vie à des Maliens.

Le Maroc suit avec préoccupation les évènements en cours au Mali

Le Maroc suit avec « préoccupation » les évènements en cours depuis quelques heures au Mali, a affirmé mardi le ministère des Affaires étrangères.Attaché à la stabilité dans ce pays, le Royaume appelle les différentes parties à un « dialogue responsable, au respect de l’ordre constitutionnel et à la préservation des acquis démocratiques, afin d’éviter tout retour en arrière préjudiciable au peuple malien », a indiqué la même source.

Après une mutinerie ce mardi des militaires à Kati, une localité proche de la capitale malienne, Bamako, le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita et son premier ministre, Boubou Cissé ont été arrêtés par des mutins en révolte.

Un peu tôt dans la journée, à travers un communiqué, la CEDEAO a exprimé sa préoccupation face à la crise malienne, se disant s’opposer à la prise du pouvoir par les armes.

Médias ivoiriens: des monitorings dévoilent des fautes d’éthiques et de déontologie

Deux monitorings de l’Observatoire de la liberté de la presse, l’éthique et de la déontologie (OLPED) en Côte d’Ivoire, à paraître le 1er septembre 2020, révèlent des fautes d’éthiques et de déontologie dans des publications de la presse écrite et audiovisuelle, a annoncé mardi le président de l’organisation, Zio Moussa, face à des journalistes.« Ces deux monitorings montrent bien que les fautes d’éthiques et déontologiques continuent encore à essaimer dans les pages des journaux en Côte d’Ivoire, mais aussi sur les antennes de l’audiovisuelle de service public », a dit M. Zio Moussa, le président de l’OLPED. 

Le résultat de ces monitorings « sera présenté à travers un journal dont le premier numéro va paraître le 1er septembre 2020 », a annoncé M. Zio Moussa, faisant remarquer que « le contenu des médias ivoiriens s’est amélioré, mais les fautes lourdent continuent encore ».

Ces fautes ont notamment « les injures à la puissance publique, les irrévérences, les incitations à la révolte, à la violence, parfois même l’appel au meurtre ou l’apologie de la guerre », s’est-il offusqué, face des journalistes à Abidjan. 

Toutes ces fautes lourdes reviennent mais sur le plan quantitatif, a-t-il souligné,  avant d’ajouter que « si ces fautes lourdes persistent, nous ne pouvons pas dire que la presse ivoirienne s’est totalement améliorée, mais nous pouvons constater qu’il y a eu une juste petite amélioration ». 

« Nous pensons que cette presse peut se professionnaliser » avec ces genres de monitorings qui apportent une « sanction morale », qui recadre parfois plus relativement aux jugements des tribunaux, a estimé M. Zio Moussa, un éminent journaliste.

Il a indiqué que ces deux analyses de contenus ont été effectués grâce au soutien de l’Académie Deutsche Welle qui a financé le monitoring de sept journaux et des journaux télévisés de la Rti 1 (télévision publique) et à l’appui financier du Fonds de soutien et de développement de la presse (FSDP) qui a permis de faire le monitoring des Unes de 10 journaux ivoiriens.

« Nous avons presque fini ces deux travaux de monitoring », a fait observer le président de l’OLPED qui souhaite « négocier avec l’audiovisuelle de service public mais aussi avec les journaux ivoiriens et certainement l’audiovisuelle privée des espaces pour présenter les résultats du travail « .

Pour lui, l’OLPED devra prendre sa place d’instance d’autorégulation qui en appelle à la liberté des journalistes et des medias mais aussi et surtout à leur responsabilité. L’organisation a produit plusieurs monitorings grâce à l’appui de partenaires avec pour objectif d’interpeller les médias sur les fautes déontologiques.

L’OLPED fête ses 25 ans le 24 septembre 2020. Cette entité d’autorégulation veut amener les journalistes à plus de professionnalisme et assainir le secteur sur le plan éthique et déontologique en vue de la publication d’offres éditoriales et des contenus de qualité.

La Côte d’Ivoire compte deux instances d’autorégulation de la presse. Il s’agit de l’OLPED pour la presse imprimée et audiovisuelle, et de l’Observatoire des médias numériques de Côte d’Ivoire (OMENCI) mise en place par le Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI) pour autoréguler la presse numérique.

Mali : le président IBK sous le contrôle de mutins

Le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Boubou Cissé ont été arrêtés par des militaires ce mardi à Bamako avant d’être conduits au camp Soundiata Keïta de Kati.C’est un coup de théâtre au Mali. Tout porte à croire que l’on assiste à une mutinerie. Tôt ce matin, des coups de feu ont retenti au camp militaire de Kati où se trouve une garnison.

Les frondeurs, composés entre autres, d’officiers se sont ensuite dirigés vers Bamako, distante de 15 kilomètres, pour procéder à l’arrestation de hauts gradés de l’Armée nationale ainsi que des ministres.

Dans la mi-journée, de nombreux jeunes conduisant des motos ont pris d’assaut la Place de l’indépendance pour manifester leur soutien aux militaires.

Depuis quelques mois, ce lieu accueille les rassemblements du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) qui réclame avec insistance la démission du chef de l’Etat. Des vidéos d’une colonne de militaires applaudis par des Maliens visiblement satisfaits circulent sur les réseaux sociaux.

L’un des deux canaux de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) a momentanément cessé d’émettre et les agents ont été priés de rentrer chez eux. La chaîne publique a récemment été la cible de manifestants agités qui ont incendié des véhicules dans la cour de l’ORTM.

Pour l’heure, les mutins n’ont pas officiellement exprimé les réelles motivations de leurs actes. Sur son compte Twitter, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union Africaine (UA) a condamné « énergiquement l’arrestation du président Ibrahim Boubacar Keïta, du Premier ministre et d’autres membres du gouvernement malien et appelle à leur libération immédiate ».

Le président français Emmanuel Macron dit suivre « attentivement la situation et condamne la tentative de mutinerie en cours ».

A la tête du Mali depuis 2013, Ibrahim Boubacar Keïta a vu son crédit s’effriter au fil des mois. Malgré ses appels incessants au dialogue et la médiation entreprise par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), ses pourfendeurs ne relâchent pas la pression.

Création à Abidjan de l’Union des journalistes de la presse libre africaine

L’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA) a été portée mardi, à Abidjan, sur les fonts baptismaux, à l’issue d’une Assemblée générale constitutive, à la Maison de la presse et par visioconférence qui a réuni plusieurs journalistes notamment de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de l’Angola, de la RDC , du Cameroun, du Burkina Faso, de la Tanzanie, de la Zambie, du Benin, de la Sierra Leone et du Nigeria.Les membres ont adopté à l’unanimité les statuts de l’association, régie par la loi (N° 60-315 du 21 septembre 1960) du droit ivoirien, et fixé le siège social à Cotonou, au Benin. Ce siège peut être transféré en cas de besoin en tout autre lieu du continent africain par décision de l’Assemblée générale.

Le journaliste ivoirien, Noël Yao, a été élu président de l’UJPLA pour un mandat de six ans à la tête de l’association dont l’objet est de « défendre la liberté et la sécurité physique, morale, matérielle, sociale, économique, culturelle, politique, démocratique et les intérêts des journalistes ».

Et ce, « en tout lieu et en toutes circonstances, partout sur le continent  africain, et hors d’Afrique lorsque le sort des journalistes africains y est en jeu,  concerné et mêlé ou lié », indiquent les statuts de l’UJPLA. 

Interrogé en marge de l’Assemblée générale constitutive, M. Noël Yao qui a été le premier président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) a souligné que la prochaine étape est l’installation du siège de l’association à Cotonou,  où il sera procédé au lancement des activités de l’organisation.

« En pourparlers avec les autorités du Bénin, nous allons installer l’union et procéder au lancement de ses activités», a relevé M. Yao avant d’ajouter qu’ à Cotonou, l’UJPLA va « lancer un vibrant appel à tous pays africains pour la sécurité des journalistes en Afrique ». 

L’association est notamment composée de « journalistes, membres actifs, tous ayant pour activité principale, régulière, la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, et qui y tirent l’essentiel de leurs revenus  ou qui en ont fait leur métier et carrière ».

Elle est dotée de trois organes, à savoir l’Assemblée Générale (AG), l’organe suprême de décision de l’organisation (composée des membres du bureau exécutif, des commissaires aux comptes et des membres actifs), le Bureau exécutif et le Commissariat aux comptes. 

L’Assemblée générale se réunit une fois par an en session ordinaire. Elle se réunit extraordinairement à la demande des 2/3 de ses membres ou du Bureau exécutif pour délibérer sur un ordre du jour bien précis, rapportent les statuts de l’association. 

Le président de l’association est élu pour un mandat de six ans, renouvelable une seule fois. Il dirige le Bureau exécutif qui comprend 5 vice-présidents sur la base des zones géographiques du continent, un secrétaire général ; un secrétaire général adjoint ; un trésorier général, un porte-parole et un secrétariat permanent.

Selon les statuts, les ressources de l’association proviennent essentiellement des droits d’adhésion fixés à 50 000 Fcfa ; des cotisations annuelles qui sont fixées à 25 000 fcfa ; des subventions, aides et des dons et des produits des autres activités.

Un règlement intérieur fixant les modalités d’application des présents statuts a été adopté à l’unanimité par les membres de l’Assemblée générale constitutive. L’association se compose de membres actifs (qui ont adhéré aux statuts et à jour de leur cotisation) et de membres d’honneur.

Mali : la Cedeao appelle à la fin de la mutinerie

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) engagée depuis le début comme médiatrice dans la crise sociopolitique au Mali, n’est pas restée insensible à la mutinerie en cours dans ce pays.Dans un communiqué publié ce mardi après-midi sur son site internet, elle appelle les militaires mutins « à regagner sans délai leurs casernes ».

Dans un contexte sociopolitique « déjà très complexe », des tirs ont été entendus cette matinée du 18 août au camp militaire de Kati, situé à 15 km au nord de la capitale Bamako.

« Des pick-up en provenance de Bamako, lourdement armés, ont pénétré dans le camp Soundiata-Keïta et les hommes à bord ont tiré en l’air. Il y a eu riposte de militaires présents, qui ont cru à une attaque », a affirmé à Jeune Afrique un officier malien, sous couvert d’anonymat. Les échanges de tirs ont ensuite cessé.

Selon rfi.fr, l’accès du camp proche de Koulouba, le Palais présidentiel malien, est impossible puisque la route est bloquée par les militaires.

Cette fronde d’une partie de l’armée malienne serait dirigée par des officiers qui n’expliquent toujours pas les raisons de leur mécontentement et leurs intentions.

L’arrestation de plusieurs personnalités du gouvernement peine encore à être confirmée là où les autorités ne se sont pas encore officiellement exprimées. Si la piste du coup d’Etat militaire est fortement avancée, d’autres sources bottent en touche et précisent que le malaise serait lié à une histoire de primes.

Pour le moment, la situation dans la capitale est « très tendue », selon Maciré Diop, journaliste malien contacté par APA. Selon lui, aucune victime n’est déplorée pour le moment même si l’atmosphère « peut dégénérer à tout moment ».

Toutefois, la Cedeao dit suivre « avec une grande préoccupation les développements en cours au Mali » et rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

« En tout état de cause, elle condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ».

La Cedeao demande également « à toutes les parties prenantes maliennes de privilégier le dialogue pour résoudre la crise que traverse le pays ».

Embourbée dans une crise sécuritaire sur fond de terrorisme, le Mali vit en même temps une tension sociopolitique depuis trois mois. Sous la conduite du Mouvement du 5 juin du célèbre imam Mahmoud Dicko et du Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), des manifestations sont régulièrement organisées pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.

La médiation de la Cedeao avant celle de chefs d’Etat de cette région, avait abouti à la formation d’un gouvernement restreint de six ministres autour du Premier ministre Boubou Cissé. Il avait pour principale mission de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale.