Can 2022 : déjà quatre pays qualifiés et trois éliminés

Quatre pays viennent de valider leurs billets pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can), prévue du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun, après avoir disputé juste quatre journées dans les éliminatoires.Le quarté gagnant ! Au sortir des troisième et quatrième journées des éliminatoires de la Can, jouées entre le 11 et le 17 novembre, les Lions du Sénégal sont la première équipe à valider leur ticket, pour une 16eme qualification à cette compétition qu’ils n’arrivent toujours pas à remporter malgré leur éternel statut de leader africain dans le classement Fifa. Ils sont suivis dans l’ordre de qualification à Cameroun-2022 par les Aigles du Mali, les Fennecs d’Algérie et les Aigles de Carthage de la Tunisie.

Le Sénégal sera donc à la grand-messe du football continental après sa victoire à Bissau dimanche face aux Djurtus (0-1). Le leader technique Sadio Mané, auteur de deux buts et d’une passe décisive lors de cette double confrontation, a grandement contribué au sans-faute des Lions. A deux journées de fin des éliminatoires, ils ont récolté 12 points dans le groupe I qu’ils partagent avec le Congo (7 points), leur prochain adversaire et candidat à la deuxième place, la Guinée Bissau (3 points) et l’Eswatini (1 point).

Dans le groupe A, le Mali a aussi validé son ticket en ramenant la victoire de Windhoek devant la Namibie 1-2. Après quatre sorties, les Aigles totalisent 10 points contre huit pour la Guinée, qui est en ballotage favorable devant la Namibie. Le Tchad, lanterne rouge, est déjà éliminé de la course.  

L’Algérie tient son rang. Les hommes de Djamel Belmadi, champions en titre, ont validé leur qualification après un nul 2-2 à Harare devant la Zimbabwe. Le second ticket du groupe H se jouera entre le Zimbabwe (5 pts), le Botswana (4 pts) et la Zambie (3 points). Vainqueurs de la Can en 2012, les Chipolopolos sont condamnés à l’exploit face aux Fennecs à Lusaka, en mars prochain, afin de s’offrir une « finale » lors de la dernière journée contre le Zimbabwe.

La Tunisie a pour sa part composté son billet pour le Cameroun après son nul à Dar es Salam devant la Tanzanie 1-1. La deuxième place, loin d’être attribuée, se jouera entre la Guinée équatoriale, dauphine avec 6 points, la Tanzanie troisième avec 4 points et la Libye quatrième avec 3 points.

Ténors ballottés, Togo éliminé

Le Maroc y presque après sa victoire (0-2) en Centrafrique. Toutefois, les Lions de l’Atlas devront négocier leur prochain déplacement à Nouakchott devant la Mauritanie (5 pts) sous la pression du Burundi candidat à la deuxième place. Le Maroc va clôturer sa campagne qualificative par la réception des Hirondelles qu’ils avaient battu 0-3 à Bujumbura, lors de la manche aller.

Le Ghana et l’Afrique du Sud dominent le groupe C avec 9 points. Les deux sélections vont mener la bataille de la première place en mars 2021. Derrière, le Soudan qui s’est relancé en s’offrant les Blacks Stars à Omdurman 1-0, peut rêver de qualification avec la réception du Sao Tomé-et-Principé déjà éliminé.

Dans le groupe L, le Nigeria garde le fauteuil malgré deux nuls lors de ses deux dernières sorties. Les Super Eagles sont néanmoins en ballotage favorable pour se qualifier en compagnie du Bénin (7 points).

Le Burkina Faso fait la course en tête dans le groupe B avec 8 points devant l’Ouganda (7 points), le Malawi (4 pts) et le Soudan du Sud (3 points). Les quatre sélections sont toujours en course pour accrocher les deux tickets qualificatifs. Les Etalons sont en position idéale, puisqu’une victoire voire un nul face à leurs prochains adversaires Sud-soudanais les enverraient au Cameroun, au moment où l’Ouganda, deuxième de la poule, affrontera le Malawi pour le second ticket.

Dans le groupe G, l’Egypte, en tête (8 points), s’est rapprochée de la qualification après son double succès sur les Éperviers du Togo qui ratent à nouveau la qualification. Les Pharaons sont talonnés par la surprenante sélection des Comores (8 points), en passe de décrocher une première qualification historique à la CAN. Ce qui pourrait être une grosse performance pour cette sélection affiliée à la FIFA seulement en 2005. Les Cœlacanthes n’ont besoin que d’un point lors de leurs prochaines sorties face au Togo et l’Egypte pour réussir l’exploit.

Dans le groupe K, la Côte d’Ivoire (7 points), Madagascar (7 points) et l’Ethiopie (6 points) se tiennent dans un mouchoir de poche. Les Eléphants, en tête, auront l’opportunité de valider leur billet lors de la réception du Niger (3 points) en mars prochain. Le duel entre les Walya et les Barea s’annonce épique pour la deuxième place.

Le suspense reste entier dans le groupe D après la victoire de la Gambie sur le Gabon à Banjul. Les deux sélections sont désormais à égalité (7 points). La RDC s’est relancée après trois nuls consécutifs en battant l’Angola. Panthères et Léopards, séparés par un seul petit point, se retrouveront à Libreville dans une rencontre décisive pour la qualification. La Gambie, de son côté, ira à Luanda pour chercher son ticket face à l’Angola (1 point) qui est au bord de l’élimination.

Le Groupe F n’attribuera qu’un seul billet puisque le Cameroun pays organisateur est qualifié d’office. Le seul ticket pour la qualification se jouera entre le Mozambique (4 points), le Cap Vert (4 points) et le Rwanda (2 points) qui gardent encore leurs chances de disputer la prochaine CAN.

Initialement prévue au Cameroun en 2021, cette compétition a été reportée en janvier 2022 à cause de la pandémie de Covid-19. Comme en 2019 en Égypte, elle regroupera 24 sélections.

 Classement des équipes après la 4ème journée :

Groupe A : 1er Mali (10 pts), 2ème Guinée (8 pts), 3ème Namibie (3 pts), 4ème Tchad (1 point)

Groupe B : 1er Burkina Faso (8 pts), 2ème Ouganda (7 points), 3ème Malawi (4pts), 4ème Soudan du Sud (3 pts)

Groupe C : 1er Ghana (9 pts), 2ème Afrique du Sud (9 pts), 3ème Soudan (6 pts) 4ème Sao Tomé-et-Principe (0 pt)

Groupe D : 1er Gambie (7 pts) 2ème Gabon (7 pts) 3ème RDC (6 pts) 4ème Angola (1 pt)

Groupe E : 1er Maroc (10 pts), 2ème Mauritanie (5 pts), 3ème Burundi (4 pts), 4ème Rep. Centrafricaine (3 pts)

Groupe F : 1er Cameroun (10 pts), 2ème Mozambique (4 pts), 3ème Cap-Vert (4 pts) 4ème Rwanda (2 pts)

Groupe G : 1er Egypte (8pts), 2ème Comores (8 pts), 3ème Kenya (3 pts), 4ème Togo (1 pt)

Groupe H : 1er Algérie (10 pts), 2ème Zimbabwe (5 pts), 3ème Botswana (4pts), 4ème Zambie (3 pts)

Groupe I : 1er Sénégal (12 pts), 2ème Congo (7 pts), 3ème Guinée-Bissau (3 pts), 4ème Eswatini (1 pt)

Groupe J : 1er Tunisie (10 pts), 2ème Guinée équatoriale (6 pts), 3ème Tanzanie (4 pts), 4ème Libye (3 pts)

Groupe K : 1er Côte d’Ivoire (7 pts), 2ème Madagascar (7 pts), 3ème Ethiopie (6 pts), 4ème Niger (3 pts) 

Groupe L : 1er Nigeria (8 pts), 2ème Bénin (7 pts), 3ème Sierra Leone (3 pts), 4ème Lesotho (2 pts)

Sahara : La Russie appelle à un apaisement dans la région d’El Guergarate

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a eu, mercredi, un entretien téléphonique avec son homologue russe M. Sergueï Lavrov, annonce-t-on à Rabat.Selon un communiqué du ministère russe des Affaires Etrangères publié, à l’issue de cet entretien, la Russie appelle toutes les parties concernées à un apaisement des tensions qui ont surgi ces derniers jours dans la région d’El Guergarat.

La Russie a réitéré à cette occasion sa position en faveur de la résolution de la question du Sahara « ‘exclusivement par des moyens politiques et diplomatiques et sur la base du droit international en vigueur ».

Les entretiens entre les deux parties ont porté sur plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la tenue en décembre à Moscou de la 8ème Commission mixte intergouvernementale pour la coopération économique, scientifique et technique.

Présidentielle burkinabè : treize candidats à l’assaut du palais de Kossyam

Douze prétendants tenteront, le 22 novembre prochain, de battre Roch Marc Christian Kaboré qui brigue un second mandat à la tête du Burkina Faso.A moins d’une semaine du Jour-J, la campagne électorale bat son plein. Roch March Kristian Kaboré, élu en 2015 après l’insurrection qui a chassé Blaise Compaoré de la présidence, va de nouveau solliciter les voix de ses compatriotes. S’il est le favori de ce scrutin, le président sortant devra tout de même batailler dur pour convaincre ses concitoyens très affectés par la dégradation de la situation sécuritaire depuis son arrivée au pouvoir.

Et c’est justement sur cette question que comptent notamment s’appuyer certains candidats pour le malmener. Parmi eux, figure Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, arrivé deuxième à la présidentielle de 2015.

L’ancien ministre de l’Economie et des Finances des années 90, dans le gouvernement Kaboré, est le leader de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) créé en 2010. Il promet une révolution dans trois secteurs : l’industrie, l’agriculture et l’éducation.

Originaire de la province du Zoundwéogo (centre-sud), cet ancien fonctionnaire international, 61 ans, s’est fait remarquer en 2015 par son opposition à la modification de l’article 37 de la Constitution qui devait permettre à Compaoré de se maintenir au pouvoir.

Deux autres participants à la présidentielle de 2015 vont également retenter leur chance. Il s’agit de Tahirou Barry et d’Ablassé Ouedraogo. Le premier, classé 3e il y a cinq ans avec 3 % des suffrages exprimés, avait claqué la porte du premier gouvernement du président Kaboré. A 45 ans, ce juriste de formation espère tirer profit de cet acte politique, surtout dans la zone du Sahel d’où il est originaire.

Ablassé Ouedraogo est, quant à lui, présenté comme le plus expérimenté de tous. En effet, l’ancien Directeur Général adjoint de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a derrière lui une riche carrière internationale. A 67 ans, l’ex-ministre des Affaires étrangères vise le fauteuil présidentiel pour la seconde fois.

Exclus de la course en 2015 pour avoir soutenu le projet de modification de la Constitution voulu par Blaise Compaoré, Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), l’ex-parti au pouvoir, et Gilbert Noël Ouédraogo de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération-Rassemblement Démocratique (ADF/RDA) effectuent leur come-back.

Homme d’affaires, M. Komboïgo est parvenu à s’imposer face aux caciques du CDP. Grâce à ses importants moyens financiers, le fondateur du cabinet comptable Kafec-KA rêve d’un destin à la Patrice Talon (président du Bénin). Pour ce faire, l’implantation solide de son parti est un atout de taille.

Gilbert Noël Ouédraogo veut également rebondir. A 51 ans, il bénéficie de l’assise traditionnelle de l’ADF/RDA. Principalement dans le nord du pays.

Figure de l’aile dissidente du CDP, Kadré Désiré Ouédraogo a affûté ses armes dans les institutions de la sous-région puisqu’il a été vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) et président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Le candidat d’Agir ensemble a aussi occupé la fonction de Premier ministre dans son pays.

En exil au Canada depuis 2016, Yacouba Isaac Zida est aussi en lice. L’ancien Premier ministre de la transition est sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « désertion en temps de paix et refus d’obéissance ». En son absence, les cadres du Mouvement du Peuple pour le Salut (MPS) entendent œuvrer pour sa victoire.

Quelques novices vont essayer de jouer les trouble-fêtes. C’est le cas de Do Pascal Sessouma, président de Burkina vision. Cet ancien journaliste de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB, publique) et de Télé Québec (Canada) propose un projet de société qui place le citoyen au cœur de ses préoccupations.

De son côté, Claude Aimé Tassembedo est l’unique candidat indépendant. Originaire de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du pays, il dirige depuis 2007 un Cabinet de conseil en Ressources Humaines nommé Africa Knowledge.

Ségui Ambroise Farama porte les couleurs de l’Organisation des peuples africains-Burkina Faso (Opa-BF). Cet avocat de formation dit incarner la rupture et ambitionne de donner corps au panafricanisme.

Abdoulaye Soma, leader de Soleil d’Avenir, est le benjamin des postulants. A 41 ans, l’avocat constitutionnaliste mise sur le vote des jeunes pour se distinguer.

Enfin, Monique Yeli Kam du Mouvement pour la Renaissance du Burkina (MRF) est la seule femme engagée dans la course présidentielle. Elle promet, si elle est élue, de réduire les inégalités à travers une politique éducative.

Burkina : la menace jihadiste, un enjeu électoral

Au pays des hommes intègres, la situation sécuritaire s’est beaucoup dégradée ces dernières années au point que les élections présidentielle et législatives du 22 novembre prochain ne se tiendront pas sur toute l’étendue du territoire national.L’extrait des minutes du Greffe du Conseil constitutionnel en dit long sur la déliquescence du Burkina. Sur saisine du président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, la plus haute juridiction du Faso a considéré que « la non couverture de 17,70 % du territoire national par l’opération d’enrôlement constitue un cas de force majeur ».

En fait, le Conseil constitutionnel s’est basé sur un rapport concluant que « six régions touchées par le phénomène d’insécurité n’ont pu être couvertes entièrement par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ». Ainsi, il n’y aura pas de vote dans près de 1500 villages (sur plus de 8000) et dans 22 communes (sur plus de 300).

Mais comment en est-on arrivé là ? « La situation sécuritaire est délétère. Elle n’est pas très bien maîtrisée par les autorités. Il n’y a pas de réponses adaptées à la crise. Donc, elle ne fait qu’évoluer négativement et se complexifier davantage », explique Mahamoudou Savadogo, chercheur sur les questions de l’extrémisme violent au Sahel.

Tout récemment, le chef de l’Etat a dû suspendre sa campagne électorale pendant deux jours en hommage aux soldats tués, le 11 novembre dernier, dans « l’embuscade » survenue à Tin-Akoff (nord).

Depuis 2015, le Burkina est souvent la cible d’attaques jihadistes ayant causé plus d’un millier de morts et forcé le déplacement d’un million de personnes. Malgré tout, soutient M. Savadogo, ce pays ouest-africain peut juguler la menace terroriste « pour deux raisons essentielles ».

En premier lieu, « le Burkina n’est pas aussi grand que le Mali ou le Niger. C’est un territoire (274.220 km²) qui peut être surveillé par les forces de défense et de sécurité ». En second lieu, « puisque la situation est encore nouvelle, on peut réussir à la cerner. On connaît les zones sous contrôle et celles qui sont menacées. Dès lors, on peut trouver des solutions pour que ça ne se propage pas ».

Au centre des préoccupations

Après l’élection de Roch Marc Christian Kaboré, la capitale burkinabè a subi une série d’attentats meurtriers contre l’hôtel Splendid, le café Capuccino, le café-restaurant Aziz Istanbul, l’état-major des armées et l’ambassade de France.

Logiquement, des candidats en lice pour la présidentielle de cette année se sont emparés de la problématique pour discréditer le président sortant. Ce dernier s’en est offusqué : « Faire de la lutte contre le terrorisme un enjeu politicien de campagne n’est ni correct ni sérieux ».

Pourtant, « lorsqu’on lit le phénomène terroriste comme étant le corollaire de la pauvreté, du manque d’emplois, on peut en faire un thème de campagne. Car le terrorisme se nourrit de la misère. Celle-ci fournit des candidats aux mouvements jihadistes », tempère Daniel Kéré, Maître-assistant à l’Université Thomas Sankara de Ouagadougou.

C’est clairement un enjeu pour la classe politique mais, selon Mahamoudou Savadogo, cette question « ne doit pas être traitée sur le terrain de la propagande ou dans les meetings. Elle doit être discutée sérieusement. La lutte contre le terrorisme doit être menée de façon stratégique ».

Dans ce débat public, certains adversaires de Kaboré comme Monique Yeli Kam du Mouvement pour la Renaissance du Burkina (MRF) pensent qu’ « une négociation avec les terroristes est indispensable pour le retour de la paix ». Pour l’actuel locataire du palais de Kossyam, il est hors de question de discuter « avec ceux qui ont pour projet de démanteler le Burkina Faso et de mettre à mal (son) vivre-ensemble ».

Pour sa part, M. Savadogo a une opinion moins tranchée : « Négocier ne veut pas dire capituler. Lorsqu’il y a des violences, des pertes en vies humaines, on ne doit faire l’économie d’aucune solution. Cela permettra à l’Etat de mieux comprendre le phénomène pour se réajuster. Si nous refusons, nous allons toujours nous cantonner à des suppositions sans avoir de certitudes ».

Les premiers remparts

Pour affronter les jihadistes, une loi promulguée autorise des civils, appelés « volontaires pour la défense de la patrie », à prendre les armes principalement dans le monde rural. Cette initiative vise, à en croire le chef de l’Etat, à « anticiper sur les attaques des terroristes dans les villages ».

Est-ce un aveu d’impuissance ? Pas forcément pour le spécialiste de l’extrémisme violent dans l’espace sahélien : « Ces communautés maîtrisent mieux les zones où l’armée n’a, peut-être, jamais mis les pieds. Ça peut être une bonne stratégie pour peu qu’on ait un contrôle absolu sur ces groupes d’autodéfense. Sinon ils vont devenir la prochaine menace que l’Etat aura à combattre ».

En effet, le recours à la formation et à l’armement des civils dans un pays en proie à des heurts intercommunautaires pourrait revenir en pleine figure à Kaboré. C’est pourquoi le premier président civil démocratiquement élu de toute l’histoire du Faso a multiplié les messages à ce sujet. Sur son compte Twitter, il a invité ses concitoyens à « éviter la stigmatisation et le repli identitaire. Le Burkina Faso s’est construit sur l’entente entre toutes les communautés. Certes nous devons rester vigilants face au terrorisme mais nous devons être tolérants ».

De l’avis de Mahamoudou Savadogo, « les groupes terroristes opposent deux communautés afin de récupérer l’une d’elles. C’est un mode de recrutement qui a fait ces preuves.
Les conflits communautaires s’expliquent également par la rareté des ressources minéralières et fauniques. Il y a des problèmes autour des mines d’or artisanales ».

Quelle que soit l’issue du scrutin présidentiel, la riposte face au jihadisme sera toujours l’un des principaux défis du Burkina Faso durant le prochain quinquennat.

Roch Marc Christian Kaboré, cinq ans en demi-teinte

Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), candidat à sa réélection à la présidentielle du dimanche 22 novembre, présente un bilan mitigé dans un contexte sécuritaire angoissant.A deux jours de la fin de la campagne, le président sortant a déjà pris date. Comme en 2015, il promet de réaliser un « coup K.O. » en dépit d’un quinquennat qui semble plus marqué d’échecs que de réussites.

A 63 ans, RMCK se considère comme l’homme de la situation au Burkina Faso. Pourtant, sous son magistère, le pays des hommes intègres a fortement été éprouvé par la menace terroriste. Et cette année, la Covid-19 a davantage compliqué sa tâche.

L’analyste politique Lionel Bilgo note que le tableau « est moins lumineux » au plan social où le chef de l’Etat n’a pas su, dès l’entame de son mandat, recoller les morceaux fragmentés sous le poids des crises ayant émaillé le pays avant son accession au pouvoir.

« Le climat social s’est vite dégradé avec des grèves à répétition tant les attentes sociales étaient nombreuses. Dépassé, me semble-t-il, ses gouvernements n’ont pas su asseoir une confiance avec les acteurs du monde syndical. Un autre point noir c’est la lutte contre le terrorisme qui vient entacher le quinquennat par des chiffres macabres : plusieurs millions de déplacés internes, des milliers de morts et des attentats jusqu’au cœur du commandement militaire à Ouaga. Pour finir, la corruption qui s’est amplifiée sous sa gouvernance et cela contre toute attente », a listé le directeur Afrique de Teminiyis Media.

Insécurité permanente

Les exactions jihadistes dans le pays, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait depuis 2015 plus de 1200 morts, majoritairement des civils, et un million de déplacés. Le dernier épisode est intervenu mercredi 11 novembre. En pleine campagne électorale pour la Présidentielle et les Législatives du 22 novembre. Quatorze soldats ont péri dans une embuscade dans le nord. C’est l’une des plus graves attaques contre l’armée depuis cinq ans.

Malgré tout, le président du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) promet de ramener « la paix » sans convaincre son principal opposant, Zéphirin Diabré. « Comment peut-on parler développement s’il n’y a pas de sécurité ? Il y a là un enjeu très important auquel il va falloir s’attaquer de manière frontale et réussir à renverser définitivement la tendance », a déclaré le candidat de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC).

Avant l’apparition du nouveau coronavirus, la santé économique du pays avait pris un coup du fait de l’insécurité. « Le Burkina n’était plus recommandable et plusieurs chancelleries mettaient en garde leurs ressortissants. Les investisseurs restaient dubitatifs pour s’engager ouvertement sur certains projets. Heureusement que la production de l’or, dont le cours n’a pas beaucoup chuté, a permis de garder le pays sur une pente en progression. La Covid-19 est venue accentuer la morosité économique qui se faisait déjà sentir poussant l’Etat à faire des bandages pour limiter l’hémorragie dans certains secteurs », analyse M. Bilgo qui appelle à « se pencher sur les leviers pour donner de l’oxygène » à l’économie nationale après cette parenthèse électorale.

Croissance et chômage

La Banque africaine de développement (Bad) évaluait le taux de croissance du PIB au Burkina Faso à 6% pour 2019 contre 6,8% en 2018. Le Produit Intérieur Brut est tiré principalement par le dynamisme du secteur secondaire (8,3%), des services (6,6%), de la progression soutenue de la consommation privée (7,5%) et de la consommation publique (6%), mentionnait l’institution financière.

Deux ans auparavant, le chômage concernait 6,6% de la population active. Mais à la décharge du président Kaboré, l’éditorialiste Dieudonné Zoungrana fait remarquer que « les attaques terroristes peuvent bien expliquer pourquoi il n’a pas pu réaliser certains chantiers. Ce n’est pas une excuse absolutoire, mais une raison valable ».

Au-delà du bilan sécuritaire, Lionel Bilgo retient que le chef de l’Etat a fait « de certaines promesses une réalité ». Après avoir succédé à Blaise Compaoré après 27 ans de règne, le « président des grandes premières au Burkina » a instauré le vote des Burkinabè de l’étranger et la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, a-t-il illustré.

Banquier de formation, Roch Marc Christian Kaboré a été plusieurs fois ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale et chef de l’Etat. A l’image de Macky Sall en 2012 au Sénégal, le candidat du MPP avait, en mars 2015, effectué une tournée dans les treize régions du Faso pour aller à la rencontre des populations et présenter son programme. Il s’était engagé lors de la campagne à valoriser le capital humain afin d’améliorer les conditions de vie de ses compatriotes en boostant les secteurs porteurs de l’économie et les emplois.

Embellies

« Malgré que son quinquennat soit lesté par la problématique sécuritaire, la fronde sociale avec les grèves, le président sortant peut se prévaloir de la prime au sortant. Tout n’a pas été que noir », a relativisé Dieudonné Zoungrana. En guise d’illustration, le Directeur de publication du quotidien Aujourd’hui au Faso énumère « les infrastructures routières, la gratuité des soins pour les enfants de zéro à cinq ans et les femmes indigentes, la construction des lycées scientifiques, et (l’ancrage) de la démocratie ».

Pour cette élection, le chef de l’Etat peut tirer profit de la division de l’opposition. D’ailleurs, c’est l’une des raisons qui font que les militants du MPP croient à la victoire dès le premier tour là où leurs adversaires répètent que « c’est impossible ». « Les deux scénarios sont possibles. Si Rock (Kaboré) passe au premier tour, personne ne crierait au scandale. S’il y a ballotage aussi, c’est un scénario possible », a fait savoir M. Zoungrana.

Toutefois, Lionel Bilgo prévient que ces élections « sont particulières en ce sens que l’exclusion en 2015 de certains partis politiques n’est plus de mise. En plus, des candidats sérieux (13 au total) dotés d’atouts forts il y en a ». Par ailleurs, l’éventualité d’un second tour « est risquée » pour RMCK en raison de l’accord de l’opposition consistant à soutenir le candidat qualifié pour le dernier round.

Réformes

Quoi qu’il en soit, le Burkina Faso a besoin d’un « toilettage structurel », surtout au niveau de l’administration publique et des institutions. C’est d’ailleurs une promesse de campagne du président sortant. « Ce sont des réformes impopulaires qui demandent du courage et de la rigidité pour être appliquées. Ce mandat est le dernier pour lui et s’il veut vraiment marquer l’histoire du Burkina, faire des réformes structurelles est l’un des moyens. Je ne sais pas s’il aura le courage et les coudées franches pour parvenir à de telles réformes », se perd en conjectures M. Bilgo.

Comme pour répondre à cette préoccupation, l’analyste Dieudonné Zoungrana déclare de manière lapidaire : « Il faut attendre de voir, comme on dit (au Burkina Faso), le maçon au pied du mur ».

Des entreprises primées pour leurs «solutions innovantes» contre l’érosion côtière en Afrique de l’ouest

Cinq entreprises dont les «solutions» ont été considérées comme les plus innovantes en matière de lutte contre l’érosion côtière en Afrique de l’ouest, ont été primées mercredi à l’issue d’un concours « d’appel à innovation » co-organisé par la Banque mondiale et le Programme de gestion du littoral ouest-africain ( WACA).Il s’agit des entreprises ayant proposé les projets dénommés « Trans-Sand», « Wac-App», « Besand», « Coastalprotectafrica,» et « Sa-Pod». L’objectif de cette compétition était de trouver des idées innovantes d’ingénierie, de gestion et de partenariats public-privé qui permettront un développement durable et une résilience côtière en Afrique de l’ouest.

Ces solutions permettront de résoudre les problèmes de dégradation côtière et surtout, l’impact des grands ports commerciaux sur le mouvement des sédiments et l’érosion du littoral.

« Mon pays la Côte d’Ivoire, comme ses voisins, souffrent depuis plus d’une décennie des effets néfastes de l’érosion côtière exacerbés par les changements climatiques, mettant en péril le fort potentiel socioéconomique, environnemental et culturel qu’offrent les zones côtières », a fait remarquer Pr Ochou Abe Delfin, le coordonnateur du programme WACA en Côte d’Ivoire au cours de cette cérémonie de remise de prix retransmise par visioconférence.

 Se félicitant de cet appel à innovation, Pr Ochou a soutenu que le secteur privé est « essentiel » dans la problématique de la gestion intégrée des zones côtières.

« (…) Il est important de préciser que littoral est un énorme atout économique avec ses lagunes, îles barrières, mangroves qui attirent nos touristes», a par ailleurs souligné Pr Ochou appelant à l’engagement des jeunes et des étudiants dans la recherche de solutions innovantes pour lutter contre l’érosion côtière.

En 2017, la  Banque mondiale relevait que l’érosion côtière a coûté environ 5% du PIB en Côte d’Ivoire. Le projet WACA est un projet régional  dont l’objectif général  est de renforcer la résilience des communautés et des zones ciblées de la zone côtière ouest-africaine. En Côte d’Ivoire, le projet a été lancé en 2018 pour une durée de cinq ans (2018-2023) et d’un coût d’environ 16 milliards FCFA.

Covid-19/Maroc : les essais cliniques sur les 600 volontaires sont « très positifs » (ministre)

Les résultats des essais cliniques auxquels ont participé 600 volontaires marocains se sont avérés « très positifs », ce qui dénote de la sécurité, de l’efficacité et l’immunité du vaccin anti-Covid19, a révélé le ministre marocain de la Santé, Khalid Ait Taleb.

 Le ministre, qui intervenait en séance parlementaire, a expliqué que tous les indicateurs affirment que les essais cliniques ont permis d’obtenir des « résultats positifs, confirmant la sécurité, l’efficacité et l’immunité du vaccin sur lequel le Royaume a misé ».

La convention-cadre signée pour participer aux essais sur le vaccin ouvre la voie pour le transfert au Maroc d’expertises en la matière surtout que, « pour la première fois dans l’histoire, sont menés des essais cliniques sur un vaccin contre le coronavirus », a-t-il indiqué, notant que ce vaccin sera produit au Maroc dans un futur proche.

Selon le responsable gouvernemental, il sera procédé à l’organisation de campagnes de communication en vue de sensibiliser les citoyens quant à cet éventuel vaccin et qu’il s’agit « d’un produit similaire aux vaccins accrédités précédemment ». Il s’agit d’un vaccin qui répond à toutes les conditions de sécurité, puisque les phase I et II ont démontré son efficacité.

Il a également fait savoir qu’une commission scientifique marocaine de haut niveau accompagne dès le début le processus visant à développer le vaccin attendu.

Le gouvernement ivoirien réduit les dotations de quatre fonds de soutien

Le gouvernement ivoirien, soumis à des contraintes budgétaires dues à la Covid-19, a réduit au titre de l’année 2020 les dotations au profit de quatre fonds de soutien, a annoncé mercredi son porte-parole Sidi Touré, à l’issue d’un Conseil des ministres. »Compte tenu des contraintes budgétaires, les dotations au profit des fonds de soutien au titre de l’année 2020 ont été révisés », a expliqué le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, face à la presse.

Il a indiqué que le Fonds de soutien aux grandes entreprises (FSGE) a été fixé à 38 milliards Fcfa contre 50 milliards Fcfa initialement prévus, tandis que le Fonds de soutien aux PME (FSPME) à 40 milliards Fcfa contre 50 milliards Fcfa initialement prévus.   

En outre, le Fonds de solidarité et de soutien d’urgences humanitaires (FSS) a été arrêté à 60 milliards Fcfa contre 90 milliards Fcfa initialement prévus, et le Fonds d’appui des acteurs du secteur informel (FASI) à 20 milliards Fcfa contre 40 milliards Fcfa prévus auparavant.

Évoquant la situation détaillée des opérations réalisées à fin octobre 2020, il a relevé que 55 grandes entreprises ont bénéficié du fonds de soutien du FSGE pour un montant total de 14,39 milliards Fcfa soit 75,5% des ressources disponibles pour les prêts directs.

Par ailleurs, 325 PME ont bénéficié de soutien du FSPME pour un montant total de 13 milliards Fcfa. Pour le seul mois d’octobre 2020, 168 dossiers ont été adoptés et ont bénéficié d’un montant de 7,137 milliards Fcfa soit 54,8% de la totalité des montants octroyés aux PME.

M. Sidi Touré a souligné que 48 152 acteurs ont bénéficié de l’appui du FASI pour un montant total de 10, 7 milliards Fcfa. Les bénéficiaires notamment issus des secteurs de l’artisanat, du commerce, de la restauration, du transport, de la culture, des loisirs et des services.

Le montant global des interventions du FSS, lui, s’élève à 24,24 milliards Fcfa, a-t-il poursuivi, mentionnant que les opérations réalisées ont notamment porté sur les transferts monétaires au profit de 143 424 ménages vulnérables dont 124 245 bénéficiaires issus du Grand Abidjan et 19 139 de l’intérieur du pays.

Des soutiens ont été aussi apportés à 15 857 personnes licenciées ou mises en chômage sur une cible de 20 706 travailleurs, soit un total de 76,58% de prise en compte de la cible, a fait savoir le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré. 

Entretien téléphonique entre Ramaphosa et Biden

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a eu un entretien téléphonique avec le président élu des Etats-Unis, Joe Biden, mardi soir, pour discuter des moyens de renforcer les relations entre les USA et l’Afrique et de surmonter la pandémie de Covid-19, a appris APA mercredi.Selon l’Agence de presse publique, M. Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine (Ua), a déclaré à M. Biden qu’il espère que la nouvelle administration américaine s’efforcera de renforcer le partenariat entre les États-Unis et le continent africain, en promouvant la paix et la stabilité dans les relations internationales et en faisant progresser le multilatéralisme.

Les deux dirigeants sont revenus sur la visite de Biden en Afrique du Sud pendant les jours sombres de l’apartheid, au cours de la laquelle, le nouveau président américain avait démontré son engagement en faveur des droits de l’homme et de la dignité de tous les Sud-Africains.

Biden a exprimé son admiration pour ce que l’Afrique du Sud démocratique a accompli.

M. Ramaphosa a déclaré qu’il se réjouit d’un partenariat solide au niveau bilatéral et entre les États-Unis et le continent africain.

Le FMI et l’Etat ivoirien d’accord sur une croissance de 1,8% en 2020 et 6,5% en 2021

Le gouvernement ivoirien et le Fonds monétaire international (FMI) ont convenu d’une croissance économique de 1,8% à fin 2020 en Côte d’Ivoire contre 6,5% en 2021 et un déficit budgétaire de 5,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020, dans un contexte marqué par la Covid-19, selon le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré.M. Sidi Touré a indiqué ces données suite à l’adoption par le Conseil des ministres d’une communication relative à une mission du FMI portant sur la 7e et la 8e revue du Programme économique et financier, tenue du 15 septembre au 4 octobre 2020 par visio-conférence.

« La croissance économique devrait atteindre 1,8% en 2020 et 6,5% en 2021 malgré l’environnement international toujours marqué par la Covid-19, (tandis que) l’inflation devrait être maîtrisée en dessous du seuil de 3% de la norme communautaire de l’Uemoa », a dit M. Sidi Touré.

Au terme de l’évaluation du portefeuille du pays, le FMI a salué les efforts fournis par le gouvernement ivoirien dans la mise en œuvre du programme en dépit de la situation de la pandémie de Covid-19.  

Pour faire face aux défis importants, les parties ont convenu d’un déficit budgétaire de 5,9% du PIB en 2020″, un taux qui devrait être réduit à 4,6% du PIB pour converger vers la norme communautaire de l’Uemoa de 3% du PIB en 2023, a-t-il ajouté.  

Ces deux dernières missions du FMI ont relevé une « performance satisfaisante du programme à fin décembre 2019 », selon la communication qui note un cadre macroéconomique « solide » en dépit de l’impact négatif de la pandémie sur plusieurs secteurs économiques. 

La réponse rapide et adéquate du gouvernement et la solidité des fondamentaux de l’économie ont toutefois permis une croissance plus résiliente, avec des perspectives macroéconomiques qui demeurent favorables à moyen terme. 

La croissance économique de la Côte d’Ivoire s’était établie à 7,2% en 2019. Malgré, la chute du Produit intérieur brut, le pays affiche toujours un taux de croissance positif (1,8%) contrairement à plusieurs économies du monde impactées par la Covid-19.