Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) se dit consterné par le meurtre de 849 civils en 2020 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).Parmi les civils tués lors d’attaques imputables aux Forces alliées démocratiques, 381 ont été tués entre dans la première moitié de l’année dernière, rapporte le HCDH.
Ces drames ont eu lieu dans les provinces d’Ituri et du Nord Kivu en 2020. Il s’agit généralement de meurtres commis par des combattants rebelles des Forces alliées démocratiques (ADF) dans les territoires de Beni (province du Nord-Kivu), d’Irumu et de Mambasa (province de l’Ituri). Ce groupe armé, originaire de l’Ouganda, sévit depuis plus de vingt ans dans l’est de la RDC.
« Étant donné la nature étendue et systématique de l’attaque dirigée contre la population civile, certaines des violations des droits de l’homme documentées peuvent constituer des crimes contre l’humanité », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, une porte-parole du HCDH, Marta Hurtado.
Ces violences se sont d’ailleurs poursuivies au début de cette année. Le 13 janvier dernier, à Walese Vonkutu, dans le territoire d’Irumu, un « groupe d’hommes inconnus » a attaqué la communauté Twa et tué au moins 14 personnes, dont deux femmes enceintes. Cette attaque a fait suite à une autre attaque à Walese Vonkutu un mois plus tôt, où 10 personnes ont été tuées et 30 autres ont été kidnappées.
Selon le HCDH, 468 autres victimes ont été recensées entre juillet et décembre 2020. Au cours du second semestre, quatre femmes ont été victimes d’abus sexuels de la part de combattants des ADF.
La seconde moitié de 2020 a été aussi caractérisée par un certain nombre d’attaques de représailles des ADF contre la population civile dans des territoires précédemment contrôlés par ce groupe armé. Ces attaques ont entraîné des déplacements massifs de population dans la région.
Au moins 47 civils tués en 2020 par les forces de sécurité et de défense congolaises. « On a également constaté une augmentation du nombre de civils enlevés pour effectuer des travaux forcés », a ajouté Mme Hurtado, relevant que 534 civils ont été kidnappés l’année dernière, dont 457 sont toujours portés disparus.
Face à ce sombre tableau décrit par le rapport, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) demandent aux autorités congolaises de tout faire « pour garantir que les forces de sécurité agissent en conformité avec les standards des droits de l’homme et du droit international humanitaire ».
Le rapport souligne la nécessité de faciliter l’accès à la justice pour les victimes, et l’aide humanitaire pour les survivants, y compris ceux qui sont déplacés par les violences.
L’ONU encourage également les autorités de Kinshasa à s’engager, par le biais du cadre de coopération judiciaire, à freiner la criminalité transfrontalière. Il s’agit de faire en sorte que « les auteurs de crimes affiliés aux ADF et à d’autres groupes armés qui cherchent refuge dans les pays de la région, en particulier en Ouganda, soient traqués et traduits en justice ».