La Mauritanie qualifie d' »injustifié » le retrait du Mali du groupe du Sahel

 Le gouvernement mauritanien a qualifié mercredi d' »injustifié » le retrait du Mali du groupe des cinq pays du Sahel (G5), estimant que cette décision malienne affecterait la situation sécuritaire dans la région. »Ce n’est un secret pour personne que lorsque le groupe des pays du Sahel a été créé, les problématiques majeures qui se dressaient devant le groupe, se trouvaient dans l’Etat du Mali », a déclaré le ministre mauritanien de l’Education nationale et de la Réforme du Système éducatif, porte- parole du gouvernement, Mohamed Melainine Ould Eyih, lors de la conférence de presse hebdomadaire tenue à l’issue du Conseil des ministres.

Selon lui, la Mauritanie mettra tout en œuvre pour que le G5 Sahel surmonte les obstacles qui se dressent devant lui, en coopération avec d’autres partenaires, soulignant que Nouakchott reste toujours attachée à l’importance du G5 et de ses dimensions militaires et de développement.

Dimanche dernier, le Mali a annoncé son retrait du G5 Sahel et de sa force militaire de lutte contre le terrorisme, pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger.

« Le gouvernement du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe » de lutte contre le terrorisme, indiquait un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères.

Le porte-parole du gouvernement a déclaré que la Mauritanie mettra tout en œuvre pour que le G5 Sahel surmonte les obstacles qui se dressent devant lui, en coopération avec d’autres partenaires du groupe.

Dans le même contexte, le président nigérien, Mohamed Bazoum a estimé que la force conjointe des pays du G5 qui combat les groupes armés en Afrique de l’Ouest « est morte » après que le Mali ait annoncé son retrait.

Dans une interview au journal français La Croix, publiée ce mercredi, le chef de l’Etat du Niger a relevé que « l’isolement de Bamako en Afrique de l’Ouest est une mauvaise chose pour toute la sous-région… Le G5 Sahel est mort », ajoutant que « si ce pays était dans une situation normale, nous serions en mesure de développer notre coopération en relation avec Barkhane. »

Africités 2022 : les élus locaux invités à s’approprier les réseaux sociaux

Les nouveaux médias doivent être des outils de communication prisés des collectivités territoriales pour vulgariser leurs actions, suggèrent des panélistes.De nos jours, le pouvoir des réseaux sociaux ne se dément pas. Les élus locaux, qui peinent souvent à communiquer, gagneraient à les utiliser. C’est l’avis d’Omar Hejira, vice-président de la région de l’Orientale du Maroc.

« Aujourd’hui, le monde connait des changements notables avec les réseaux sociaux. Avant, on allait chercher l’information. Aujourd’hui, c’est elle qui vient vers nous. Avec cette transformation du monde de l’information, l’élu local a un atout formidable pour communiquer sur ses activités », s’est félicité M. Hejira, par ailleurs député.

Il présidait un panel sur les liens entre médias et collectivités territoriales dans le cadre du 9e Sommet d’Africités qui se tient du 17 au 21 mai 2022 à Kisumu, dans l’Ouest du Kenya, à environ 400 kilomètres de Nairobi.

Insistant sur le « rôle essentiel des médias surtout des réseaux sociaux » dans la promotion du travail des élus locaux, Omar Hejira a invité ces derniers à créer des comptes sur les réseaux sociaux.

« Chaque collectivité territoriale doit absolument être sur les réseaux sociaux pour partager son travail, les informations avec ses populations et communiquer sur ce qu’il est en train de faire. Il faut de la bonne publicité pour sa collectivité territoriale. L’élu doit tisser des relations avec ses populations. Aujourd’hui, les relations se font à travers les réseaux sociaux », a poursuivi le parlementaire marocain.

Pour sa part, Evra Aka assure que « les collectivités territoriales travaillent au quotidien pour les populations », mais si elles ne communiquent pas, « personne ne le fera » à leur place. Ce journaliste ivoirien a créé un site Internet en 2009 pour rapprocher, explique-t-il, les collectivités territoriales et les populations en pleine crise politique. Une façon également pour lui d’offrir une autre alternative aux populations qui étaient entre le marteau de la presse étrangère et l’enclume de la radio onusienne et de la presse ivoirienne partisane voire politisée.

D’après M. Aka, les collectivités territoriales ont intérêt à avoir des sites Internet et à être présentes sur les réseaux sociaux : « Elles seront des sources d’informations pour les médias classiques qui deviendront les amplificateurs de leurs actions ».

Organisée par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA), en partenariat avec le gouvernement kényan, la 9e édition du Sommet Africités réunit cette année environ 5000 participants. Le thème général est « Le rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ».

Le Sommet Africités, qui se tient tous les trois ans pendant cinq jours, alternativement dans les différentes régions d’Afrique, est selon ses organisateurs, le plus grand rassemblement démocratique organisé sur le continent noir. Pour la première fois, l’évènement a lieu dans une ville intermédiaire. Kisumu, située sur les bords du Lac Victoria, est la troisième ville du Kenya après Nairobi et Mombasa.

Africités 2022 : plaidoyer pour la planification des systèmes alimentaires

Les villes africaines doivent nouer des partenariats financiers efficaces pour une alimentation saine de leurs populations, selon Gareth Haysom d’African Risk Capacity.Comment faire pour nourrir leurs habitants ? Pour résoudre cette équation, les villes africaines, notamment celles dites intermédiaires, devront « tenir compte des systèmes alimentaires. Ces derniers sont connectés aux systèmes sanitaire et éducatif », à en croire Gareth Haysom.

L’expert d’African Capacity Risk, une mutuelle panafricaine de gestion des risques,  s’exprimait lors d’un panel sur le thème « Nourrir les villes intermédiaires » tenu ce mercredi à Kisumu, une ville de l’Ouest du Kenya qui accueille du 17 au 21 mai 22 la 9e édition du Sommet Africités.

Organisé par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA), en partenariat avec le gouvernement kényan, cet évènement réunissant environ 5000 participants, porte sur le thème : « Le rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ».

Dans son exposé, M. Haysom a souligné que les questions liées aux systèmes alimentaires étaient jusqu’à récemment occultées dans la planification des villes. « Or, a-t-il indiqué, les systèmes alimentaires sont essentiels pour une ville. C’est pourquoi, en dehors des partenaires financiers extérieurs, les villes doivent nouer des partenariats entre elles pour avoir de bons systèmes alimentaires ».

Partageant l’expérience du Sénégal, Adama Diouf, président de l’Union des Associations des Elus Locaux (UAEL), a indiqué que son pays a augmenté le budget du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural. Celui-ci est passé de 133 à 155 millions de dollars pour la campagne agricole 2021 – 2022.

« Cette enveloppe doit permettre de subventionner le matériel agricole et les semences pour parvenir à une production de qualité et de quantité au profit des populations », a précisé M. Diouf. Selon lui, les villes intermédiaires sont des zones de production agricole par excellence d’où leur importance.

Economies africaines : la relance passe par plus de « dépenses productives » (experte)

Les Africains doivent davantage mettre leurs ressources financières au service du développement de leur continent, selon Mama Keïta, Directrice du bureau de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en Afrique de l’Est, interrogée par APA en marge de la 54e Conférence des ministres des Finances, de l’Economie et du Plan de la CEA tenue au Sénégal du 11 au 17 mai 2022.1.
Que peut-on retenir de l’évènement de la CEA ?

La conférence a observé que la structure des économies africaines rend celles-ci très vulnérables à toutes sortes de chocs car n’étant pas très diversifiées. Elles sont très dépendantes du reste du monde et sont durement affectées par le moindre choc. Il faut nécessairement les diversifier en mettant l’accent sur les produits de première nécessité pour le continent. Même en cas de chocs extérieurs, la livraison des biens essentiels, les aliments de base, les produits pharmaceutiques, les engrais… ne sera pas interrompue.

Par exemple, lors de la crise de la Covid-19, nous avons vu que l’Afrique était obligée d’attendre que les autres se servent en vaccins avant de lui transférer le surplus. Au-delà de la diversification, la conférence a souligné la nécessité de trouver d’autres sources de financement et d’améliorer l’environnement des affaires pour attirer des Investissements Directs Etrangers (IDE).

La CEA a également recommandé à tous les Etats de faire des efforts pour la mise en place effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Ce faisant, nous renforçons l’intégration régionale et réduisons la vulnérabilité face aux chocs exogènes. En outre, cela permettra au continent de commercer et de produire plus.

Quand l’Afrique produit plus, elle crée plus d’emplois et les Etats collectent davantage de taxes. Nous avons aussi demandé aux administrations d’améliorer la collecte des recettes publiques en faisant recours à la digitalisation. Les administrations digitalisées perdent moins de recettes. Par ailleurs, il faut que les Etats luttent mieux contre les flux financiers illicites. Chaque année, on estime que 83 milliards de dollars quittent illégalement l’Afrique.

Un appel a été lancé à la communauté internationale pour qu’elle accroisse les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) en faveur des pays africains. Nous avons invité les pays avancés, disposant de DTS dont ils n’ont pas besoin, de les réorienter vers l’Afrique comme l’a fait la Chine.

De plus, nous souhaitons la reconfiguration de l’architecture financière mondiale. En ce moment, les pays africains sont très mal évalués. Les agences de notation financière attribuent à nos pays des notes basées sur des risques surélevés. Les Africains ne sont donc pas bien côtés. Cela fait qu’ils n’ont pas accès aux crédits ou y ont accès, mais avec des coûts super élevés. Nous avons donc dit aux pays africains de s’organiser et de trouver des partenaires pour promouvoir une reconfiguration de cette architecture financière internationale.

2.
Comment faire pour que ces recommandations soient suivies d’effets ?

Les ministres eux-mêmes ont appelé à beaucoup de coordination entre eux. Ils ont demandé à la CEA et à ses partenaires panafricains de ne pas se relâcher. Il faut à chaque fois organiser, même en ligne, des réunions avec les ministres des Finances pour rappeler les recommandations et suivre avec chacun son niveau d’exécution et aussi aider ceux qui rencontrent des difficultés.

Certains pays sont parfois lents parce qu’ils n’ont pas les capacités requises. Ils ont ainsi appelé la CEA et d’autres partenaires à accentuer l’appui technique et le renforcement de capacités pour mettre en œuvre toutes ces recommandations.

3.
La nécessité de mobiliser les ressources domestiques pour financer la relance est souvent revenue dans les débats. On dirait que c’est là que le bât blesse ? 

Une économie doit d’abord pouvoir compter sur ses propres ressources internes. L’aide au développement, c’est bien. Mais elle n’est pas durable. Lorsque les pays qui donnent ont leurs propres défis, vous êtes dans des problèmes.

Par conséquent, mobiliser les ressources internes doit être la première source de financement du développement. C’est extrêmement important. Après, il y a les IDE et d’autres types d’investissements qui existent comme les fonds de pensions sur lesquels nous pouvons nous appuyer.

Il faut mettre en place une gouvernance, une politique et une régulation afin d’utiliser ces ressources de manière sécurisée. Il faut aussi amener les citoyens à épargner et à diriger leurs ressources vers le développement. Moins de dépenses non productives et plus de dépenses productives.

C’est le secteur privé qui, en investissant, crée la richesse et la croissance dans tous les pays. Le secteur privé africain ne doit pas se fatiguer de mener un dialogue continu avec les pouvoirs publics pour exprimer ce dont il a besoin pour investir et produire.

Le dialogue avec le secteur public permet de créer l’environnement propice à une meilleure production. Si le secteur privé ne produit pas, il n’y a pas de richesses. Il doit être en mesure d’entrer en compétition parce que les économies africaines sont ouvertes et les biens fabriqués ailleurs peuvent inonder leurs marchés. Les Etats doivent travailler à renforcer le secteur privé.

Encore une fois, il est important d’être autonome sur un certain nombre de produits essentiels parce que lorsqu’il y a crise, les pays qui ont les capacités de les produire arrêtent d’exporter et nous nous retrouvons face à des pénuries pouvant coûter la vie à plusieurs milliers de personnes.

Le Zimbabwe, pays hôte d’une conférence sur les éléphants d’Afrique

Du 23 au 26 mai, le Parc national de Hwange, dans l’Ouest du Zimbabwe, va abriter des discussions sur la protection du pachyderme dans le continent noir.En Afrique, l’éléphant est l’une des espèces animales menacées d’extinction à cause du braconnage. Ses défenses en ivoire coûtent une fortune sur le marché noir. Des ministres et défenseurs de la nature vont se retrouver, en début de semaine prochaine, au Parc national de Hwange, un sanctuaire naturel du Zimbabwe, pour évoquer l’équilibre délicat à trouver entre la conservation des éléphants et le commerce de l’ivoire.

Les échanges devraient aboutir à la rédaction de la Déclaration de Hwange sur les éléphants. En Afrique australe, le Zimbabwe, le Botswana et la Namibie s’opposent à l’interdiction du commerce de l’ivoire. En 2019, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, sigle en anglais) avait refusé que ces trois pays vendent leurs stocks d’ivoire.

Pour Monica Mutsvangwa, la ministre zimbabwéenne de l’Information, les pays où les éléphants sont trop nombreux devraient pouvoir exercer un commerce durable de l’ivoire dans le but notamment de diminuer les conflits entre l’homme et l’animal. Le passage d’un troupeau d’éléphants dans un champ laisse souvent pantois les cultivateurs. Au Zimbabwe, l’Autorité de gestion des parcs nationaux et de la faune sauvage évalue le nombre d’éléphants à 90.000 alors que le pays ne peut en contrôler que 45.000.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

Présidentielle nigériane : le président de la BAD renonce

Le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Dr Akinwumi Adesina, a décliné les appels qui lui ont été lancés pour qu’il présente sa candidature à l’élection présidentielle de 2023 au Nigeria.Dans une déclaration signée par lui et publiée le mardi 17 mai 2022, le Dr. Adesina, (qui était un ancien ministre nigérian de l’Agriculture), a déclaré que l’énormité de sa responsabilité actuelle ne lui permettrait pas d’accepter cet appel.

Il a noté qu’il reste pleinement engagé et dévoué à la mission que le Nigeria, l’Afrique et tous les actionnaires non africains de la Banque africaine de développement lui ont confiée pour le développement de l’Afrique.

« Je reste pleinement concentré sur la mission de soutenir le développement accéléré et l’intégration économique de l’Afrique. J’ai été extrêmement honoré par plusieurs appels de Nigérians dans mon pays et à l’étranger m’invitant à envisager de me présenter au poste de président de la République fédérale du Nigeria » a-t-il déclaré

« Je suis très touché par tous ceux qui ont fait des sacrifices énormes, de leur propre chef, pour me considérer comme digne d’être proposé pour un examen potentiel. Les groupes de coalition de jeunes, de femmes, d’agriculteurs, de handicapés physiques et de Nigérians bien intentionnés qui ont fait cela ont exprimé leur véritable volonté, leur droit politique, leur liberté d’expression et d’association pour que je sois pris en considération, dans l’intérêt du Nigeria » indique-t-il

« Bien que je sois profondément honoré, humble et reconnaissant pour toute cette incroyable bonne volonté, cette gentillesse et cette confiance, mes responsabilités actuelles ne me permettent pas d’accepter d’être considéré. Que Dieu bénisse la République fédérale du Nigeria, que Dieu bénisse l’Afrique », ajoute le dcoument.

Une chaîne de télévision privée nigériane, Channels TV, avait rapporté qu’une coalition d’environ 28 groupes avait acheté les formulaires présidentiels du parti au pouvoir, le ‘All Progressives Congress’ (APC), d’une valeur de 100 millions de nairas pour le Dr Adesina.

Selon le rapport, la coalition comprend le Youth Arise Movement, les Nigérians de la diaspora, le ‘One Nigeria Group,’ la Prudent Youth Association of Nigeria, des groupes de femmes, des agriculteurs et d’autres groupes de la société civile.

De même, un ancien président nigérian, le Dr. Goodluck Jonathan, avait également rejeté les formulaires d’expression d’intérêt achetés pour lui pour 100 millions nairas par les pasteurs nomades Fulani et les communautés Almajiri dans le nord du Nigeria afin qu’il puisse participer aux élections présidentielles de 2023 au Nigeria.

Togo : réouverture des frontières après deux ans de fermeture

Depuis mardi 17 mai à minuit, toutes les frontières terrestres du Togo sont de nouveau ouvertes aux voyageurs.

 

Elles étaient fermées depuis 2020, après la découverte du premier cas du Covid-19. Pendant deux ans, les usagers ont dû payer ou subir moult tracas pour traverser les frontières.

Les abords de la frontière de Kodjoviakopé, à quelques kilomètres de la capitale Lomé, sont encore clairsemés. Le petit marché s’anime à peine. On compte très peu de voyageurs en ce début d’après-midi. Pour plusieurs commerçants et cambistes, les voyageurs venant du Ghana n’auraient pas encore appris l’ouverture des frontières et continueraient à emprunter les passages clandestins. Quelques femmes commerçantes qui arrivent racontent.

« Moi, j’ai traversé sans problème, personne ne m’a interrogé. Nous avons recommencer à traverser par ici ce matin. Ceux qui arrivent derrière moi ont quelques difficultés, mais je ne sais pas pourquoi », affirme l’une d’elle. Une autre ajoute : « On a ouvert la frontière mais c’est toujours difficile. Ils exigent de payer. Pourtant, on a dit que le Togo a ouvert aussi. Ils exigent cinq cédis, je ne sais pas pourquoi. »

Le gouvernement togolais a décidé d’ouvrir les frontières, prenant ainsi en compte le ralentissement de la propagation du Covid-19. Il y a une condition pour permettre aux voyageurs de circuler librement : la présentation d’une preuve vaccinale. Pour Joseph, habitué a traversé la frontière deux voire trois fois par semaine, c’est un soulagement :

« Il fallait voir combien on allait payer avant de traverser la frontière. Ce n’était pas qu’une question d’argent. Il fallait voir aussi combien il était pénible de traverser la frontière entre les bandits, les policiers, les douaniers… Tous voulaient prendre des sous sur nous. »

Les tracas sont derrière et les affaires vont reprendre. À la frontière de Kodjoviakopé, c’est un nouveau départ, affirment les commerçants.

Rapprochement entre Kagamé et Museveni

Le Rwanda et l’Ouganda ont signé un protocole d’accord sur le partage de renseignements militaires.Ces accords surviennent un mois après une nouvelle visite du président rwandais Paul Kagame chez le voisin ougandais. Le mois dernier, Kagamé s’est déjà rendu à Kampala, la capitale ougandaise pour la première fois depuis 2018, après le différend qui a conduit à la fermeture de la frontière entre les deux pays.

Au cours de cette visite, le dirigeant rwandais a également tenu une réunion avec  le président ougandais Yoweri Museveni sur la paix et la coopération régionales.

Selon les rapports, après quatre jours de délibérations fructueuses, les deux pays sont parvenus à de bonnes résolutions sur la manière de travailler ensemble.

Le texte, signé tôt lundi par le chef des renseignements militaires rwandais, le général de brigade Vincent Nyakarundi, et le numéro deux des renseignements militaires ougandais, prévoit que les deux agences échangent des informations sur diverses questions de sécurité.

Après des années de tension durant lesquelles les deux pays s’accusaient mutuellement de tentatives de déstabilisation, Kigali et Kampala ont opté pour la voie diplomatique pour résoudre leur différend.

Cette deuxième visite de Kagamé en l’espace de quelques semaines marque un rapprochement entre les deux pays. Elle s’est traduite par la réouverture des frontières fermées depuis 2019.

Kenya : carte postale de Kisumu, capitale des Africités 2022

La ville kényane qui accueille le 9e Sommet Africités a connu de nombreuses mutations dans un passé récent en tant que centre économique, culturel et politique.Africités est l’événement panafricain phare de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique, un sommet des dirigeants des villes et des gouvernements locaux et de leurs associations, sous l’égide de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-A).

Son ambition est de faire progresser la décentralisation et la gouvernance locale du continent dans le but d’améliorer le niveau de vie de ses citoyens.

Depuis Abidjan en 1998, ces sommets ont lieu tous les trois ans, les autres villes hôtes étant Johannesburg en Afrique du Sud, Dakar au Sénégal et Marrakech au Maroc (deux fois).

Alors que les délégués d’Africités descendent à Kisumu, une grande attention sera portée sur cette ville portuaire et sur la manière dont elle s’inscrit dans l’agenda continental défini par les CGLU-A.

Dans les années 1960, Kisumu a été le témoin de certains des événements politiques les plus marquants du Kenya, l’un des plus inoubliables étant le début d’une querelle dynastique prolongée entre les familles de l’actuel président Uhuru Kenyatta et son rival historique de longue date Raila Odinga. Des tensions qui auront des répercussions considérables sur le pays au cours des décennies à venir.

Kisumu est une altération anglaise du mot sumo en langue luo, qui signifie littéralement « lieu de troc » à l’époque précoloniale, coloniale et postcoloniale, ce qui souligne l’importance de la ville en tant que capitale économique de la région d’Afrique de l’Est.

Sa fortune économique a décliné à la fin des années 1970, alors que des villes kényanes plus importantes, comme Nairobi, devenaient des centres économiques et culturels de l’Afrique de l’Est. Ce n’était qu’une question de temps avant que cette ville portuaire située à l’ouest du Kenya ne se relève du marasme.

Troisième plus grande ville du Kenya après Nairobi, la capitale, et Mombasa, la ville côtière à valeur touristique, la population plutôt modeste de Kisumu, moins de 400 000 habitants selon le recensement de 2019, doit son importance en tant que centre d’affaires qui dépasse désormais les frontières nationales du Kenya.

En fait, dans le contexte géographique de la région des Grands Lacs, Kisumu est la troisième plus grande ville après la ville tanzanienne de Mwanza et Kampala en Ouganda et a acquis une certaine importance internationale en tant que centre urbain le plus proche de Kogelo, la célèbre ville natale du père de l’ancien président américain, Barack Obama.

Comme par le passé, de nombreux admirateurs d’Obama qui se rendent en pèlerinage à Kogelo font un rite de passage à Kisumu pour s’y rendre, créant ainsi sa réputation croissante d’escale touristique et l’un des principaux centres industriels et commerciaux du Kenya.

Il n’est donc pas surprenant que les organisateurs d’Africités aient choisi, pour la première fois, Kisumu comme ville intermédiaire pour accueillir leur sommet phare, qui réunit les autorités locales du continent afin qu’elles puissent réfléchir et façonner le destin de leurs villes.

Le thème de cette édition, « Le rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine », évoque les projets d’infrastructure en cours à Kisumu.

Les organisateurs et les participants, qui se sont intéressés de près à l’urbanisme au cours des sommets Africités successifs, seront intéressés de savoir comment une ville dite intermédiaire comme Kisumu connaît une sorte de rajeunissement en améliorant sa façade sur le lac, en décongestionnant ses principales artères et en les rendant plus conviviales pour les piétons.