Lomé, 14 janvier 2025 – Togo, le royaume de Faure Gnassingbé, est en pleine effervescence politique. Une coalition de quatre partis d’opposition et dix organisations de la société civile, déterminée à mettre fin à ce qu’elle qualifie de « festin sans fin » au sommet de l’État, réclame la tenue d’élections présidentielles. Leur argument ? Le quatrième mandat de Faure Gnassingbé doit prendre fin le 20 février 2025. Mais voilà, le gouvernement, en maître d’un banquet parlementaire, n’a pas l’intention de desservir la table si facilement.
Une coalition qui ne mâche pas ses mots
Les partis d’opposition, parmi lesquels l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et le Pacte socialiste pour le renouveau (PSR), sont à couteaux tirés avec le régime en place. Pour eux, les changements constitutionnels de 2024, qui ont introduit la Vᵉ République et instauré un régime parlementaire, ne sont rien de plus qu’un subterfuge pour prolonger l’indigestion démocratique.
En plus, ces partis ont trouvé des alliés de choix dans des organisations de la société civile telles que Novation International, Tournons la Page-Togo et Front Togo Debout. Ensemble, ils entendent mobiliser les citoyens pour un retour à l’ordre constitutionnel. À les entendre, il est temps de nettoyer la vaisselle politique et de servir un nouveau menu électoral.
Un hommage au passé et un pied de nez au présent
Par ailleurs, lors d’une conférence de presse tenue le 13 janvier, la coalition a rendu hommage à Sylvanus Olympio, le premier président du Togo, tout en dressant un parallèle acide entre son idéal démocratique et ce qu’ils perçoivent comme un régime oppressif actuel. Une manière élégante de rappeler que, si Olympio a été le premier à dresser la table de la démocratie togolaise, ses successeurs ont apparemment confondu les sièges du pouvoir avec des chaises longues.
Le professeur David Dosseh, du Front citoyen Togo Debout (FCTD), a prophétisé : « Ce 13 janvier marque le début d’une nouvelle phase de résistance. » Un avertissement que le régime ferait bien de prendre au sérieux, à moins de vouloir se retrouver avec une insurrection servie à la carte.
L’année du grand cru politique selon l’opposition ?
2025 s’annonce donc comme une année charnière pour le Togo. D’un côté, une opposition et une société civile prêtes à en découdre pour obtenir des élections présidentielles ; de l’autre, un gouvernement qui semble avoir troqué l’urne pour un Parlement, espérant ainsi garder la main sur le grand banquet du pouvoir.
Alors que l’opposition brandit la Constitution de 1992 comme une recette sacrée, le gouvernement, lui, s’affaire à préparer un régime parlementaire aux petits oignons. Reste à voir si les citoyens togolais vont se contenter de ce menu politique imposé ou s’ils exigeront aussi une nouvelle carte des plats électoraux. En attendant, le Togo est suspendu à cette intrigue politico-gastronomique. Que le meilleur cuisinier gagne !