Tchaoudjo, 21 janvier 2025 – Tchaoudjo, préfecture de l’éveil citoyen, a récemment été le théâtre d’un acte d’une générosité rarissime. Le député ADOYI A. Esso-Wavana, tel un héros des temps modernes, a distribué fièrement 200 certificats de nationalité à des élèves nécessiteux, dans le cadre de la 2ᵉ phase du projet « Un élève, un certificat de nationalité ». Ce geste, immortalisé avec la ferveur médiatique qui s’impose, a déclenché une vague de réactions, oscillant entre consternation et sarcasme.
Certificat de nationalité : Quand un droit devient une faveur…
Dans un pays où l’accès à la citoyenneté devrait être aussi naturel que de respirer, cette initiative a surpris plus d’un. « Vous vous rendrez compte que nous sommes au 21ᵉ siècle ? », s’interroge, non sans indignation, Momo Kanku. Cet internaute indigné rappelle que les enfants nés de parents togolais n’ont pas à batailler pour un document qui leur revient de droit. Mais dans cette République de l’improvisation, il semblerait qu’obtenir son certificat de nationalité soit désormais une faveur, presque un privilège, que l’on offre à grands renforts de cérémonies.
La distribution de certificats : un spectacle de mauvais goût ?
Kokou Nouwozan LANGUEH, consultant en développement durable, n’a pas mâché ses mots : « C’est le comble du ridicule. » « Un certificat de citoyenneté est un droit, pas une faveur ! » Pour ce dernier, le fait de filmer la remise de ces documents, comme s’il s’agissait d’une médaille olympique, est indigne d’un intellectuel. Il souligne également que cette mise en scène traduit un mépris implicite des fondements mêmes de l’État de droit, où l’administration est censée garantir l’accès aux documents de citoyenneté sans passer par la case « charité ».
Un État en congé prolongé ?
Et si le véritable problème résidait dans l’absence criante de l’État ? Nombreux sont ceux qui pointent du doigt le dysfonctionnement des institutions qui, par leur inertie, forcent ainsi les citoyens à dépendre d’initiatives individuelles pour obtenir ce qui devrait être une formalité. L’État togolais serait-il en congé prolongé, laissant des élus transformés en bienfaiteurs combler ses lacunes ?
Une victoire électorale déguisée ?
Derrière cet élan de générosité, certains y voient une stratégie de communication à peine voilée. « Une pierre, deux coups », dirait-on : soigner son image tout en consolidant sa base électorale. Car, dans cette chorégraphie bien orchestrée, le véritable message semble être : « Regardez ce que je fais pour vous, alors que d’autres ne font rien. »
Le débat continue…
Dans ce tohu-bohu d’indignation et de moqueries, une question persiste : à quand un État dans lequel la citoyenneté ne sera plus transformée en spectacle ? Car si l’intention est louable, le fond demeure problématique. Après tout, offrir un droit n’est ni un privilège ni une faveur, mais une obligation.
En attendant, la scène politique togolaise nous rappelle aussi que parfois, la réalité dépasse la fiction… Et la satire n’a qu’à bien se tenir.