Eco et BusinessEnergie




Black-out en vue : le Togo retient son souffle

Alors que l’Afrique de l’Ouest retient son souffle, le Togo se prépare à naviguer deux semaines en eaux électriques troubles.…

Face à deux semaines de perturbations électriques dues à la maintenance critique du gazoduc ouest-africain jusqu'au 2 mars,

Alors que l’Afrique de l’Ouest retient son souffle, le Togo se prépare à naviguer deux semaines en eaux électriques troubles. La Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET) a annoncé ce lundi une série de courants erratiques jusqu’au 2 mars, liés à des travaux de maintenance critiques sur le gazoduc ouest-africain (WAGP). Un chantier aussi indispensable que redouté, révélateur des défis d’une région suspendue aux aléas d’une infrastructure énergétique vieillissante.

Un gazoduc sous scalpel : urgence technique ou bombe à retardement ?

Élément vital pour les centrales thermiques du Togo, du Bénin et du Ghana, le WAGP, artère gazière régionale, subira enfin une cure de jouvence technique après des reports successifs qui ont accru les risques d’instabilité. Une opération chirurgicale préventive, différée malgré son cycle quinquennal recommandé, reconnaît la CEET. Conséquence immédiate : l’interruption du flux gazier, plongeant les centrales dans une dépendance improvisée aux combustibles liquides, solution d’appoint coûteuse et polluante.

La quadrature du réseau : un ballet d’urgence entre fossiles et renouvelables

Face à cette parenthèse énergétique, le Togo déploie une stratégie en trois temps, mêlant pragmatisme et innovation. Première parade : le recours aux hydrocarbures liquides, bouée fossile permettant aux centrales thermiques de maintenir un minimum opérationnel. Deuxième levier : l’importation ciblée de 35 MW depuis les réseaux voisins, une goutte d’électricité dans un océan de besoins. Enfin, l’accélération de la mise en service de la turbine WAPG, dont les 25 MW symbolisent l’espoir d’une autonomie future.

Mais cette valse d’ajustements ne masque qu’imparfaitement les vulnérabilités structurelles d’un pays encore tributaire à 60 % des importations électriques. Cette crise est un électrochoc qui rappelle l’urgence de notre transition, confie un ingénieur de la CEET sous couvert d’anonymat.

Lumière au bout du pylône : les renouvelables en embuscade 

En toile de fond, le Togo cultive discrètement sa révolution verte. Ces perturbations surviennent alors que le pays accélère ses investissements dans l’énergie solaire avec des parcs comme celui de Blitta, l’éolien et l’hydroélectrique. Une diversification saluée par les experts, mais qui peine encore à infléchir la courbe de dépendance. Les renouvelables représentent 8 % de notre mix. C’est insuffisant, mais la trajectoire est encourageante, tempère un cadre du ministère de l’Énergie.

Appel à la sobriété : les citoyens en première ligne

Dans l’attente du retour à la normale, la CEET enjoint ménages et entreprises à adopter une discipline énergétique : débrancher les appareils fantômes, limiter la climatisation ou reporter les usages non essentiels. Chaque watt économisé est un watt gagné pour éviter le black-out, résume une campagne de sensibilisation diffusée sur les réseaux sociaux.

L’heure des choix : maintenance ou modernité ?

Si certains dénoncent un band-aid énergétique sur une infrastructure à bout de souffle, d’autres y voient l’occasion de repenser en profondeur le modèle togolais. « Le WAGP reste indispensable, mais son rôle doit évoluer vers un filet de sécurité, non un pilier exclusif », analyse Koffi Agbémégnon, expert en politiques énergétiques.

Alors que les techniciens s’activent sur le gazoduc, le Togo fait office de laboratoire des contradictions africaines : comment concilier urgence technique, impératifs économiques et transition écologique ? La réponse, attendue d’ici au 2 mars, ne sera qu’une étape dans un marathon bien plus long, celui de l’indépendance énergétique.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP