Politique




Togo à l’heure de la révolution identitaire avec e-ID Togo

Alors que l’aube de 2025 se profile, le Togo s’engage dans une entreprise inédite : cartographier son humanité. Depuis la…

Le Togo lance une campagne de recensement biométrique, e-ID Togo, visant à établir une identité légale pour chaque résident,

Alors que l’aube de 2025 se profile, le Togo s’engage dans une entreprise inédite : cartographier son humanité. Depuis la fin novembre 2024, une campagne de recensement biométrique, baptisée e-ID Togo, déploie méthodiquement ses ailes sur le territoire. En effet, premier acteur de cette épopée technico-civique, la région des Savanes, située au nord du pays, sert de laboratoire à cette opération d’envergure.

Cependant, Initialement prévue pour clore son chapitre fin janvier, l’Agence nationale d’identification (ANID) a octroyé un sursis de six jours aux habitants, prolongeant les inscriptions jusqu’au 13 février. Une décision pragmatique, visant à englober les ultimes récalcitrants ou les âmes éloignées des centres d’enrôlement.

L’architecture d’un projet pharaonique 

Conçu pour s’étirer sur huit lunes, ce projet vise à ciseler une identité légale pour chaque résident, qu’il soit natif ou hôte du territoire. Par ailleurs, le gouvernement togolais, par cette initiative, ambitionne de tisser un filet administratif sans faille, où chaque individu devient un maillon reconnu, apte à revendiquer droits et services essentiels. « Il s’agit de combler les brèches de l’inclusion », souligne un porte-parole de l’ANID, insistant sur la dimension sociale d’un dispositif souvent perçu comme froidement technocratique.

Dans les Savanes, cette démarche se mue en test crucial. Les défis ? Concilier impératifs logistiques et acceptation populaire. Les centres d’opérations, parfois implantés dans des zones reculées, doivent surmonter des écueils matériels : énergie capricieuse, connexions intermittentes, tout en rassurant des populations parfois méfiantes face à l’empreinte numérique. « L’enjeu est double : capturer des données infaillibles et instaurer un dialogue de confiance », explique un agent de terrain, arpentant villages et quartiers pour démystifier le processus.

e-ID Togo : une chronologie en escargot, mais déterminée

Si les Savanes ouvrent le bal, les autres régions emboîteront le pas selon un calendrier échelonné. Cette progressivité, loin d’être un aveu de lenteur, répond à une stratégie dematuration contrôlée. Chaque phase sera scrutée, ajustée, avant de déployer l’effort vers le sud. « On ne bâtit pas une identité nationale en un claquement de doigts. « C’est une mosaïque qui exige patience et précision », commente un expert en gouvernance numérique.

L’extension des délais dans les Savanes illustre cette philosophie : plutôt que de contraindre, l’ANID préfère éduquer. Des médiateurs locaux, formés aux enjeux techniques, sillonnent les marchés et les lieux de culte pour vanter les mérites d’une identité biométrique, sésame futur pour l’accès à la santé, à l’éducation ou même aux aides sociales.

Au-delà des chiffres : une quête de légitimité

Ce recensement dépasse la simple collecte de données. Il incarne une volonté politique de redéfinir le contrat entre l’État et le citoyen. Dans un pays où près de 40 % des habitants vivent en zone rurale, souvent sans papiers officiels, l’e-ID Togo promet de sortir des limbes administratives des milliers d’anonymes. « C’est une renaissance civique », s’enthousiasme une enseignante de Dapaong, venue s’enregistrer avec ses élèves.

Cette ambition tiendra-t-elle le choc face à la réalité du terrain ? Néanmoins, les observateurs internationaux saluent l’initiative, tout en appelant à la vigilance : protection des données, formation des agents, pérennité des infrastructures… Autant de défis qui transformeront cette odyssée biométrique en véritable cas d’école pour l’Afrique de l’Ouest.

En attendant, dans les Savanes, les machines à capturer les iris et les empreintes continuent de bourdonner. Chaque enregistrement réussi est un pas vers un Togo où l’identité, enfin, ne sera plus un privilège, mais un droit intangible.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP