Sous le ciel paisible du Togo, une transformation feutrée, mais profonde s’opère depuis 2019, portée par une volonté de réinventer la gestion des richesses enfouies dans son sol. Le Système de Cadastre Minier (SCM), ce répertoire des entrailles nationales, a été métamorphosé sous l’égide du Projet de Développement et de Gouvernance Minière (PDGM), un chantier ambitieux financé avec l’appui de la Banque mondiale. Loin des projecteurs, cette réforme s’impose comme une clé de voûte pour une gouvernance éclairée, où la transparence, l’efficacité et la durabilité deviennent les piliers d’un secteur minier en quête de renouveau.
Le cadastre minier : un sanctuaire de clarté
Mais qu’incarne au juste ce cadastre minier ? C’est un sanctuaire d’informations, un écrin où se recueillent les titres miniers, les identités de leurs détenteurs, les étendues exploitées et les autorisations délivrées. Tel un cartographe scrupuleux, il trace les contours d’un domaine stratégique, prévenant les querelles de frontières et dévoilant les arcanes d’une activité souvent drapée de mystère. En 2022, pas moins de 131 permis actifs, couvrant des trésors comme le phosphate, le calcaire, l’or ou le manganèse, ont été consignés dans ce registre désormais ouvert au regard public – une avancée qui redessine les rapports entre l’État, les exploitants et les citoyens.
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Les enjeux d’une modernisation salutaire
Pourquoi, dès lors, s’atteler à une telle refonte ? Les réponses fusent aussi limpides que nécessaires. D’abord, la transparence, ce phare dans la nuit des pratiques opaques : en publiant en ligne les permis, leurs bénéficiaires et leurs périmètres, le Togo invite la confiance des investisseurs et la vigilance populaire. Puis, l’efficacité, fruit d’une digitalisation qui dépoussière les rouages administratifs, rendant les procédures aussi rapides qu’un souffle de vent. Ensuite, l’intégrité, avec une traçabilité qui écarte les spectres de la fraude et de la corruption. Enfin, un suivi méticuleux des obligations écologiques et sociales garantit la pérennité, empêchant le pillage du sous-sol au détriment de la surface.
Cadastre minier : une vision au-delà de l’extraction
Ce projet ne se borne pas à une prouesse technique ; il s’ancre dans une aspiration plus haute, celle d’une gouvernance qui transcende l’extraction brute pour embrasser l’équité et l’inclusion. Le Togo, dont les phosphates hissent le drapeau parmi les grands producteurs mondiaux, voit dans ce cadastre modernisé une chance de conjuguer richesse et responsabilité. Soutenu par le PDGM, le pays s’efforce de dépasser la malédiction des ressources qui, ailleurs, a trop souvent rimé avec désolation, offrant au contraire un modèle où la clarté devient un gage de prospérité.
La richesse véritable d’une nation
Et pourtant, derrière les écrans et les bases de données, c’est un récit plus vaste qui se tisse, celui d’une nation qui refuse de laisser ses joyaux souterrains n’être qu’un écho du passé ou un butin disputé. À Lomé comme dans les campagnes, cette réforme murmure une promesse : celle d’un Togo qui, en ordonnant ses mines, ordonne aussi son destin. Car dans ces lignes numérisées, dans ces permis révélés au grand jour, se joue une alchimie rare : transformer la pierre en lumière, l’invisible en évidence, le silence en dialogue. Ainsi, au cœur de ce discret bouleversement, une leçon s’élève, douce et souveraine : la vraie fortune d’un peuple ne réside pas seulement dans ce qu’il extrait, mais dans la manière dont il choisit de le contempler et de le léguer.