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Kpalimé, carrefour de l’espoir : un dialogue interjeunes pour contrer l’extrémisme violent

Hier, la ville de Kpalimé, située au milieu des collines luxuriantes du Togo, est devenue un emblème d'espoir et de…

À Kpalimé, un dialogue réunissant des jeunes du Bénin, du Burkina Faso et du Togo, s’attaque à la prévention du terrorisme

Hier, la ville de Kpalimé, située au milieu des collines luxuriantes du Togo, est devenue un emblème d’espoir et de ténacité. Sous l’égide des Nations Unies, via le Fonds pour la consolidation de la paix (UN Peace building), un dialogue inédit a réuni des jeunes issus des zones transfrontalières du Bénin, du Burkina Faso et du Togo. Ces régions, marquées par les stigmates de conflits ou menacées par la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent, ont vu leurs fils et leurs filles se rassembler pour esquisser un avenir plus apaisé.

En présence de figures clés, le Secrétaire général du Ministère chargé du Développement à la base, de l’inclusion financière, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes (Devbase Togo), le préfet de Kloto et la représentante onusienne Coumba D. Sow, cette initiative ambitionne de poser les jalons d’une prévention durable face à des fléaux qui ébranlent le Sahel et ses voisins.

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À Kpalimé, un dialogue réunissant des jeunes du Bénin, du Burkina Faso et du Togo,  s’attaque à la prévention du terrorisme Une jeunesse au cœur des enjeux transfrontaliers

Kpalimé, située dans la région des Plateaux, n’a pas été choisie au hasard. À proximité des frontières poreuses qui relient le Togo au Bénin et au Burkina Faso, cette ville incarne un point de convergence stratégique. Les zones transfrontalières, souvent laissées en marge des politiques nationales, sont devenues des terreaux vulnérables où prospèrent les groupes armés et les idéologies radicales. Le Burkina Faso, en proie à une crise sécuritaire sans précédent depuis 2015, voit son instabilité déborder vers ses voisins côtiers, tandis que le nord du Bénin et du Togo enregistrent une recrudescence d’attaques attribuées à des factions liées à Al-Qaïda ou à l’État islamique. Face à cette menace grandissante, les jeunes, fréquemment perçus comme des proies faciles pour les recruteurs extrémistes, ont été placés au centre de ce dialogue.

Coumba D. Sow, figure éminente de l’ONU, a ouvert les échanges avec une conviction affirmée : « La jeunesse n’est pas seulement l’avenir, elle est aussi le présent. En lui donnant la parole, nous brisons le cycle de la violence avant qu’il ne s’enracine. » Aux côtés du secrétaire général du ministère Devbase Togo, chargé des questions de développement de base, et du préfet de Kloto, garant de l’ordre local, elle a insisté sur la nécessité d’une approche inclusive et transnationale pour endiguer un fléau qui ne connaît pas de frontières.

À Kpalimé, un dialogue réunissant des jeunes du Bénin, du Burkina Faso et du Togo,  s’attaque à la prévention du terrorisme Des voix pour panser les plaies et prévenir les fractures à  Kpalimé,

Les participants, venus des confins du Bénin, des provinces burkinabè déchirées par la guerre et des villages togolais en alerte, ont partagé des récits aussi bouleversants que révélateurs. Certains ont évoqué la perte de proches dans des attaques, d’autres la destruction de leurs moyens de subsistance par des groupes armés qui exploitent les ressources locales: or, bétail, ou encore voies de trafic. Mais au-delà des traumatismes, une volonté commune a émergé : celle de transformer leur vulnérabilité en force collective. « Nous ne voulons pas être les instruments de la haine, mais les artisans de la paix », a déclaré un jeune Burkinabè, dont la famille a fui les violences dans la région du Sahel.

Ce dialogue, soutenu par le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies, s’inscrit dans une dynamique plus large de prévention de l’extrémisme violent. En février 2024, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient déjà lancé la phase 2 du programme PEV (Prévention de l’Extrémisme Violent) dans cette même zone tri-frontalière. À Kpalimé, on met l’accent sur l’écoute et l’autonomisation : des ateliers de formation à l’entrepreneuriat, des espaces de médiation communautaire et des campagnes de sensibilisation doivent aider les jeunes à résister aux sirènes de la radicalisation.

À Kpalimé, un dialogue réunissant des jeunes du Bénin, du Burkina Faso et du Togo,  s’attaque à la prévention du terrorisme Une réponse régionale face à un défi global

Les autorités présentes n’ont pas manqué de souligner l’urgence d’une coopération renforcée. Le préfet de Kloto, représentant l’État togolais, a rappelé que « la sécurité d’un pays ne peut être garantie sans celle de ses voisins ». Un écho aux appels répétés de l’Union africaine et de la CEDEAO pour une réponse régionale coordonnée face à l’expansion des groupes extrémistes depuis le Liptako-Gourma – cette zone charnière entre Burkina Faso, Mali et Niger – vers les États côtiers. Le secrétaire général du Ministère chargé du Développement à la base, de l’inclusion financière, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes (Devbase Togo) a, quant à lui, plaidé pour des investissements massifs dans l’éducation et l’emploi, considérant que « la pauvreté et l’oisiveté sont les meilleurs alliés des recruteurs ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon le Global Terrorism Index 2023, le Burkina Faso est devenu le pays le plus touché par le terrorisme au monde, avec des violences qui ont déplacé plus de deux millions de personnes. Le Togo, jusqu’alors épargné, a subi ses premières attaques en 2021, tandis que le Bénin voit ses parcs nationaux du nord, comme la Pendjari, devenir des refuges pour les insurgés. Dans ce contexte, le dialogue de Kpalimé apparaît comme une lueur d’optimisme, un pari sur la capacité des jeunes à inverser la spirale de la désolation.

Vers un horizon prometteur à Kpalimé,

Kpalimé a été le théâtre de promesses audacieuses, portées par la voix de sa jeunesse. Mais les défis, les ressources limitées, les tensions, l’extrémisme sont bien réels. Ce dialogue n’est qu’un début, une graine plantée dans un sol difficile. Il appartient maintenant à tous de s’engager, de soutenir ces jeunes artisans de paix, pour que l’histoire de Kpalimé s’écrive sous le signe de l’espoir.

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