Une nouvelle étude montre comment transformer l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) en un instrument de promotion du commerce durable de la biodiversité.L’Afrique dispose d’une des plus riches biodiversités de la planète. Pourtant, jusque -là les négociations qui se déroulent dans le cadre de l’accord historique sur la Zlecaf font à peine référence à l’environnement.
Il s’agit là d’une occasion manquée de parvenir à un développement durable grâce à l’intégration commerciale en Afrique, tel que prévu par l’Agenda 2063 pour l’Afrique. C’est ce que souligne une nouvelle étude de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) intitulée « Implications of the African Continental Free Trade Area for Trade and Biodiversity : Policy and Regulatory Recommendations ».
L’étude porte sur le lien entre le commerce et la biodiversité et les engagements des parties prenantes à l’accord sur la Zlecaf.
Elle recommande des moyens de transformer l’Accord en un catalyseur du commerce durable de la biodiversité et en un moteur essentiel du redressement et du développement de l’Afrique après la pandémie de Covid-19.
« L’Initiative BioTrade pourrait jouer un rôle central dans l’établissement d’une voie de développement vert pour les pays africains et ainsi assurer une reprise respectueuse de l’environnement après la pandémie de Covid-19 », a déclaré David Vivas, juriste de la CNUCED travaillant sur les questions de commerce et d’environnement.
BioTrade englobe les activités liées à la collecte, à la production, à la transformation et au commerce de biens et de services issus de la biodiversité qui respectent des critères de durabilité environnementale, sociale et économique, connus sous le nom de Critères et Principes BioTrade.
L’étude identifie des points d’inclusion potentielle de considérations environnementales dans le texte juridique de l’Accord actuellement en cours de négociation. Elle met en évidence les incitations économiques positives pour le commerce durable des produits de la biodiversité afin de contribuer aux objectifs environnementaux tels que la conservation des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique.
Le commerce des produits issus de la biodiversité constitue une part importante des exportations des pays africains. En 2017, près de 78 milliards de dollars de produits d’origine biologique ont été exportés par les membres de l’Union africaine, soit 3,5 % de leur PIB combiné. Le capital naturel représente entre 30 et 50 % de la richesse totale de la plupart des pays africains.
En outre, l’Afrique abrite huit des 36 points chauds de la biodiversité mondiale – des régions biogéographiques présentant des niveaux importants de biodiversité – et près d’un cinquième de toutes les espèces de mammifères, d’oiseaux et de plantes y vivraient.
« L’avantage comparatif dont disposent de nombreux pays africains en matière de ressources biologiques et de produits dérivés représente une opportunité économique énorme », a poursuivi M. Vivas.
Selon lui, alors que les pays progressent dans les négociations de l’Accord sur la Zlecaf, les prochaines étapes doivent se concentrer sur ces opportunités, y compris sur la nature et les solutions basées sur la biodiversité comme BioTrade.
Outre les considérations relatives au développement durable, l’étude préconise également l’inclusion dans l’Accord sur la Zlecaf d’un protocole supplémentaire liant le commerce aux considérations.