Le Togo et le Burkina Faso brisent les frontières numériques avec un accord historique de free roaming
Dans une démarche audacieuse vers une intégration régionale renforcée, le Togo et le Burkina Faso ont scellé un accord de free roaming qui promet de révolutionner les communications transfrontalières en Afrique de l’Ouest. Officialisé le vendredi 18 avril 2025 à 11 h 00 heure locale (GMT) à Lomé, cet accord permettra, dès le 30 mai 2025, aux citoyens des deux nations de communiquer sans les entraves des frais d’itinérance, tissant ainsi un lien numérique inédit entre Lomé et Ouagadougou.
Une connexion sans faille pour les citoyens
L’accord, fruit d’une collaboration méticuleuse entre les Autorités de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP) des deux pays, offre des avantages concrets aux abonnés mobiles. Dès leur entrée en vigueur, les utilisateurs pourront conserver leur carte SIM d’origine lorsqu’ils franchiront la frontière, bénéficiant d’une réception gratuite des appels pendant les 30 premiers jours dans le pays hôte. Les appels émis vers des numéros locaux seront facturés aux tarifs nationaux du pays d’accueil, tandis que les données internet et les SMS bénéficieront de tarifications réduites, rendant les échanges transfrontaliers plus fluides et accessibles.
Cette initiative répond à un défi de longue date dans la région, où la libre circulation des personnes, facilitée par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), contrastait avec des coûts prohibitifs de roaming. En éliminant ces barrières, le Togo et le Burkina Faso tracent une voie nouvelle pour une connectivité régionale inclusive, essentielle dans une ère dominée par le numérique.
Une signature sous le signe de la coopération
Par ailleurs, la cérémonie de signature, tenue au siège de l’ARCEP Togo, a réuni des figures clés des deux nations. Cina Lawson, ministre de l’Économie Numérique et de la Transformation Digitale du Togo, et Aminata Zerbo-Sabane, ministre de la Transition Digitale, des Postes et des Communications Électroniques du Burkina Faso, ont présidé l’événement, symbolisant l’engagement politique des deux gouvernements. Le texte a été paraphé par Michel Yaovi Galley, directeur général de l’ARCEP Togo, et Wendlassida Patrice Compaoré, secrétaire exécutif de l’ARCEP Burkina Faso, dans une atmosphère empreinte de solennité.
Cet accord découle d’un travail diplomatique et technique amorcé lors d’une visite récente d’une délégation burkinabè à Lomé, les 10 et 11 avril 2025. Cette mission, visant à s’inspirer des pratiques de régulation numérique togolaises, a jeté les bases d’une collaboration fructueuse. Selon des sources proches de l’ARCEP Togo, les discussions ont porté sur l’harmonisation des cadres réglementaires et l’adoption de technologies permettant une gestion efficace du roaming.
Un partenariat stratégique pour l’avenir
Au-delà du free roaming, les deux pays ont signé un partenariat stratégique de long terme, destiné à pérenniser leur collaboration. Ce cadre prévoit un partage d’expertise, un renforcement des capacités des régulateurs et une mutualisation des outils de supervision pour garantir la qualité des services télécoms. Ce partenariat s’inscrit dans une vision ambitieuse de modernisation numérique, portée par le Togo, qui s’est imposé comme un leader régional en matière de régulation des communications, et par le Burkina Faso, engagé dans une transformation digitale accélérée.
L’accord s’aligne également sur les objectifs de la CEDEAO, qui, dès 2017, avait adopté un règlement sur le roaming pour promouvoir des tarifs abordables dans la région. Si des progrès ont été réalisés, notamment entre le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali, le Togo et le Burkina Faso se distinguent par la rapidité et l’ampleur de leur initiative, saluée sur les réseaux sociaux comme un « pas décisif vers une Afrique connectée ».
Une étape vers une intégration régionale
Cette avancée intervient dans un contexte où le Togo et le Burkina Faso, voisins et partenaires historiques, cherchent à approfondir leurs relations économiques. Les échanges commerciaux, déjà dynamisés par l’axe routier Lomé-Ouagadougou, devraient bénéficier de cette connectivité accrue, facilitant les communications entre commerçants, entrepreneurs et communautés transfrontalières. Selon un rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) publié en mars 2025, les coûts élevés du roaming freinent l’inclusion numérique en Afrique, où seuls 36 % de la population utilisent régulièrement internet. En brisant ces barrières, les deux pays posent un jalon pour une région plus intégrée.
Un horizon à dessiner
L’accord de free roaming entre le Togo et le Burkina Faso, célébré comme une prouesse diplomatique et technique, ouvre des perspectives prometteuses pour les citoyens et les économies des deux nations. Cependant, son succès dépendra de sa mise en œuvre effective et de son éventuelle extension à d’autres pays de la CEDEAO. Dans quelle mesure cette initiative inspirera-t-elle une harmonisation plus large des politiques télécoms en Afrique de l’Ouest ? Alors que Lomé et Ouagadougou tracent la voie, l’avenir de la connectivité régionale reste un chantier ouvert, porté par l’espoir d’une Afrique unie par le numérique.