Togo – Côte d’Ivoire : Un ballet diplomatique sous le sceau de l’intégration

Lomé, le 11 février 2025 – Dans le cérémonial immuable des relations internationales, certains gestes portent une gravité feutrée, un poids que seule l’Histoire saura mesurer. Hier, dans l’enceinte solennelle du ministère des Affaires étrangères togolais, un acte d’une portée singulière s’est joué en toute discrétion. Robert Dussey, chef de la diplomatie togolaise, a reçu les copies figurées des lettres de créance de Félix Assiélou Tanon, ambassadeur désigné de la Côte d’Ivoire. Un rituel ancré dans la tradition protocolaire, mais dont la résonance dépasse la simple passation de documents.

Vers une alliance stratégique entre le Togo et la Côte d’Ivoire

Car derrière la courtoisie diplomatique, c’est une dynamique plus profonde qui s’enclenche, un engrenage où chaque mot échangé pèse d’un poids insoupçonné. Faure Essozimna Gnassingbé, président du Togo, entend raffermir les liens séculaires unissant son pays à la terre des Ébriés. Alassane Ouattara, son homologue ivoirien, partage cette ambition : consolider une coopération qui, bien au-delà des discours officiels, incarne une nécessité stratégique.

Dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest demeure en proie à des tensions diffuses  instabilités politiques, défis sécuritaires, fluctuations économiques  l’alliance entre Lomé et Abidjan revêt une signification presque sibylline. La simple nomination d’un ambassadeur devient alors un symbole : celui d’une volonté inébranlable de tisser des passerelles, de dépasser les contingences immédiates pour façonner un avenir où la stabilité ne serait plus une chimère.

L’intégration sous-régionale au carrefour : une ambition commune pour Lomé et Abidjan

L’intégration sous-régionale, souvent évoquée, rarement concrétisée, se trouve à un carrefour. Les promesses de rapprochement économique, d’harmonisation des politiques, de convergence des ambitions ne sauraient rester de vains engagements couchés sur papier glacé. Dans les arcanes du pouvoir, l’heure est à la stratégie, aux décisions qui, sans fracas, sculptent l’ossature d’une Afrique résolument tournée vers sa propre destinée.

À l’aune de cette nomination, Lomé et Abidjan se renvoient un message limpide : la fraternité n’est pas un concept, mais une œuvre de longue haleine, une architecture dont chaque pierre doit être posée avec minutie. Et dans cette fresque en perpétuelle construction, l’arrivée de Félix Assiélou Tanon s’apparente à un nouveau trait de pinceau, discret mais indélébile.

 

Lomé, théâtre d’une révolution des statistiques agricoles

Lomé, le 11 février 2025 – Sous un soleil accablant et l’ombre mouvante des acacias qui bordent les avenues de la capitale togolaise, un conclave d’experts se tient en toute discrétion. À première vue, rien ne laisse présager l’ampleur des desseins qui s’y trament. Pourtant, derrière les murs de la salle de conférence, une bataille se joue : celle des chiffres, des tendances et des projections. Loin du tumulte médiatique, l’atelier d’analyse des données de l’enquête pilote CORE-ILP 2024 s’impose comme un pivot stratégique pour l’avenir de l’agriculture en Afrique.

Statistiques agricoles : un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire en Afrique

Derrière cette initiative, une ambition titanesque : doter les systèmes statistiques agricoles d’une précision chirurgicale, capable d’orienter des décisions vitales pour la sécurité alimentaire. La Banque mondiale, le Fonds international de développement agricole (IFAD) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont orchestré cette croisade numérique dans le cadre de l’initiative 50×2030. Leur dessein est de bâtir un socle de données agricoles fiables dans 50 nations d’ici à 2030, une échéance qui résonne comme une course contre-la-montre.

Lomé, épicentre d’un combat  pour l’avenir des terres nourricières

Au cœur de ce conclave, les experts de l’Agriculture du Togo scrutent les données avec une rigueur d’orfèvre. Chaque chiffre disséqué, chaque courbe analysée, chaque corrélation établie représente une pièce du puzzle géopolitique et économique de demain. Derrière leurs écrans illuminés par des algorithmes impitoyables, ils tracent les lignes d’un futur où les politiques agricoles ne sauraient plus naviguer à vue.

 

Mais dans l’ombre de ces travaux méticuleux, une question demeure : ces statistiques sauront-elles briser l’inertie bureaucratique et inspirer des réformes tangibles ? À travers les méandres des décisions politiques et des intérêts divergents, le destin de millions de paysans pourrait bien dépendre de la précision de ces chiffres et de la sagacité de ceux qui les interprètent.

En ce mois de février, Lomé ne se contente pas d’être le cadre d’une rencontre technique. Elle se transforme en centre névralgique d’une lutte discrète, où les moyens ne sont ni des déclarations passionnées ni des revendications bruyantes, mais des diagrammes et des indices qui, cependant, détermineront le futur des terres nourricières du continent.

 

le MIATO 2025 ouvre ses portes à l’éclat burkinabè

Lomé,10 février 2025 –  À l’orée de la saison des pluies, Lomé, cité balnéaire aux allures de phénix économique, s’apprêtera à dérouler le tapis vermillon de sa quatrième édition du Marché international de l’artisanat (MIATO). En effet, du 23 avril au 4 mai, la capitale togolaise se muera en palais éphémère où se croiseront mains habiles et regards curieux, sous le patronage remarqué du Burkina Faso, nation invitée. Un événement qui, loin de se réduire à une foire commerciale, s’érige en chambre d’échos des mémoires matérielles africaines.

MIATO : une odyssée artisanale aux racines profondes

Créé en 2019, le MIATO s’est imposé comme un symposium incontesté des métiers d’art, transcendant les frontières pour tisser une toile de dialogues entre potiers, tisserands, forgerons et autres gardiens de traditions. Avec une affluence ayant crû exponentiellement, 2 000 exposants et près de 400 000 visiteurs issus d’une vingtaine de pays lors de la dernière édition, cette biennale est bien plus qu’un marché : c’est une agora où se négocient non des prix, mais des héritages.

« Le MIATO incarne une respiration économique pour nos artisans, souvent invisibilisés dans les circuits conventionnels », explique un membre du comité d’organisation, requérant l’anonymat. Par ailleurs, cette année, l’architecture logistique a été repensée pour orchestrer l’affluence : inscriptions dématérialisées via le portail dédié, relais territoriaux via les Chambres Régionales de l’Artisanat (CRM), et un dispositif d’accueil taillé sur mesure pour les délégations burkinabè.

Le Burkina Faso, invité d’honneur : une consécration en forme d’hommage  

En plus, choisir le Burkina Faso comme pays phare n’est pas anodin. Cette nation, souvent surnommée le cœur battant de l’artisanat ouest-africain, apportera sa patte unique : bronzes à la cire perdue de Bobo-Dioulasso, tissage faso dan fani symbolisant l’identité mossi, ou encore sculptures en bois satiné des ateliers de Ouagadougou. Une présence qui résonne comme un pied de nez aux défis sécuritaires récents, rappelant que la culture demeure un rempart contre l’érosion des identités.

« Mettre à l’honneur le Burkina, c’est célébrer une résilience créative. » « Leurs artisans transforment l’argile et le métal en manifestes de persévérance », souligne Koffi Adanlete, commissaire artistique de l’événement. Des ateliers collaboratifs entre artisans togolais et burkinabè sont prévus, promettant des pièces hybrides où se mêleront motifs kente et symboliques batammariba.

Au-delà des étals : MIATO, levier d’un tourisme réflexif

Si l’artisanat est le socle, le MIATO aspire aussi à redessiner la carte touristique du Togo. Lomé, avec ses marchés débordants de couleurs et son littoral envoûtant, devient, le temps de l’événement, un laboratoire de rencontres interculturelles. Circuits de visites chez les artisans locaux, conférences sur les enjeux de la patrimonialisation et démonstrations de techniques ancestrales comme la fonte du bronze à la manière des Dogon ponctueront ces douze jours.

Pour les exposants, l’enjeu est double : valoriser leur savoir-faire tout en s’appropriant des pratiques commerciales innovantes. « Le MIATO nous apprend à voir nos œuvres non comme des artefacts, mais comme des ambassadeurs culturels », confie Aïssata Sow, céramiste venue de Dédougou.

Perspectives 2025 : entre défis et euphorie 

En somme, malgré l’enthousiasme, les organisateurs gardent un œil vigilant sur les écueils logistiques, la gestion des flux, la sécurisation des œuvres, tout en caressant l’ambition de dépasser le cap des 500 000 visiteurs. Un pari audacieux, mais porté par une conviction : dans un monde en quête d’authenticité, l’artisanat reste un langage universel.

En guise de prélude, des nuées d’artisans s’affairent déjà dans les ateliers, polissant, teignant, martelant. Leurs créations, encore invisibles, formeront bientôt une mosaïque tangible de ce que l’Afrique a de plus précieux : sa capacité à réinventer, sans jamais renier, ses racines.

Brigitte Adjamagbo Johnson : Une icône du leadership féminin honorée à Addis-Abeba

L’Afrique vient de célébrer l’une de ses figures les plus emblématiques du militantisme et de la politique. En effet, le 7 février dernier, à Addis-Abeba, Brigitte Adjamagbo Johnson a reçu le prestigieux prix « African Woman Pioneer » lors du 41ᵉ pré-sommet du Gender Is My Agenda Campaign (GIMAC). Cette distinction, d’une rare portée symbolique, consacre une trajectoire marquée par un engagement indéfectible pour l’égalité des sexes et la justice sociale.

Une militante infatigable, une voix incontournable

Depuis plusieurs décennies, Brigitte Adjamagbo Johnson incarne une force motrice dans la lutte pour l’autonomisation des femmes. Son nom résonne bien au-delà des frontières togolaises, tant son action a influencé les politiques de genre en Afrique de l’Ouest et sur le continent dans son ensemble.

Par ailleurs, en qualité de coordinatrice du réseau WiLDAF Afrique de l’Ouest depuis 1997, elle a été l’architecte de réformes majeures visant à ancrer l’égalité des sexes dans les législations nationales. Son engagement dépasse le cadre du plaidoyer ; il s’incarne dans des actions concrètes qui ont transformé le quotidien de milliers de femmes africaines.

Brigitte Adjamagbo Johnson : une femme d’État au parcours d’exception

Si son militantisme l’a propulsée sur la scène publique, Brigitte Adjamagbo Johnson est aussi une figure politique de premier plan. Titulaire d’un doctorat en droit privé, elle siège aujourd’hui à l’Assemblée nationale togolaise et assure la secrétairerie générale de la CDPA (Convention Démocratique des Peuples Africains).

En 2010, elle brise un plafond de verre en devenant la première femme à briguer la présidence du Togo – un exploit qui demeure inégalé à ce jour. Ce moment historique a posé les jalons d’une nouvelle ère où les femmes africaines, longtemps reléguées aux seconds rôles sur la scène politique, revendiquent désormais leur place dans les plus hautes sphères de décision.

Un engagement multiforme pour une Afrique équitable

En plus, Brigitte Adjamagbo Johnson n’a jamais limité son combat aux seules sphères institutionnelles. Son activisme s’étend à plusieurs fronts :

  • L’éducation des filles, convaincue qu’elle est le socle incontournable du développement.
  • L’accès des femmes aux postes de responsabilité, un levier essentiel pour briser les inégalités structurelles.
  • La lutte contre les violences basées sur le genre, un fléau qu’elle combat avec une détermination inébranlable.

Le prix « African Woman Pioneer » décerné par le GIMAC n’est pas une simple reconnaissance honorifique ; il symbolise l’aboutissement d’années de lutte opiniâtre pour une Afrique plus inclusive et plus juste.

Une distinction, un héritage en construction

En somme, au-delà des hommages, cette distinction vient rappeler l’urgence de poursuivre le travail entamé. Brigitte Adjamagbo Johnson incarne une génération de femmes leaders qui ouvrent la voie à celles qui prendront le relais. Son combat est celui d’un continent en mutation, où les barrières tombent progressivement sous l’impulsion de figures visionnaires et résolues.

En honorant son parcours, Addis-Abeba n’a pas simplement célébré une femme, mais tout un mouvement qui, peu à peu, façonne l’avenir de l’Afrique.

Rencontre traditionnelle à Atakpamé : Un dialogue ancré dans la culture et la cohésion sociale

Atakpamé, 10 février 2025 – Dans un monde en constante mutation, où les traditions semblent parfois vaciller sous le poids de la modernité, certaines rencontres rappellent la nécessité de préserver le socle identitaire d’une nation. C’est dans cet esprit qu’a eu lieu, hier à Atakpamé, une grande réunion entre les autorités locales, les dignitaires traditionnels et les représentants de divers cantons de l’Ogou, de l’Anié et de l’Est-Mono.

Un rendez-vous avec l’histoire et les valeurs ancestrales

Mme Yawa A. Kouigan, Ministre de la Communication, des Médias et de la Culture, également porte-parole du gouvernement togolais et Maire d’Atakpamé, a souligné l’importance de ces moments de concertation, où les gardiens des us et coutumes Olou, Tagbé, Togbé et Mama viennent partager leur sagesse et exprimer les préoccupations de leurs communautés.

Par ailleurs, ces rencontres ne se limitent pas à de simples échanges formels. Elles s’inscrivent dans une dynamique de continuité entre les générations, où la parole des anciens éclaire les décisions du présent. À travers un dialogue ouvert et respectueux, les problématiques locales ont été soulevées, les solutions esquissées et les engagements réaffirmés.

Atakpamé : un espace de dialogue et de construction collective

D’ailleurs, Loin d’être un simple cadre protocolaire, cette réunion a été marquée par une profonde volonté d’écoute mutuelle. Les chefs traditionnels, porteurs d’une mémoire collective inestimable, ont exprimé leurs attentes face aux défis socio-économiques et culturels actuels.

Les discussions ont notamment porté sur :

  • La préservation des traditions face à l’évolution rapide des modes de vie.
  • Le renforcement de la cohésion sociale, dans un contexte où les tensions communautaires peuvent émerger.
  • Le développement local, avec une attention particulière portée aux infrastructures, à l’éducation et à l’emploi des jeunes.
  • Mme Kouigan et les élus présents ont pris note de ces préoccupations, réaffirmant l’engagement du gouvernement à accompagner les collectivités locales dans leur quête de bien-être et de progrès.
  • Une fraternité scellée autour d’un repas partagé

Au-delà des discussions et des engagements pris, la rencontre s’est clôturée sur un moment de communion authentique : un repas partagé, symbole fort de l’unité et du respect mutuel. Dans la culture togolaise, partager un repas ne se résume pas à une simple habitude alimentaire, c’est un acte qui traduit la solidarité, la reconnaissance et l’attachement aux valeurs communautaires.

Un modèle de gouvernance participative à préserver

Ces rencontres régulières témoignent d’une gouvernance qui intègre la voix des communautés locales, en reconnaissant le rôle fondamental des chefferies traditionnelles dans la régulation sociale. Elles illustrent aussi la volonté du gouvernement togolais de conjuguer modernité et ancrage culturel, en veillant à ce que chaque décision politique soit en harmonie avec les réalités du terrain.

En somme, dans un monde dans lequel l’accélération des transformations sociales tend parfois à effacer les repères identitaires, Atakpamé vient de démontrer que tradition et modernité ne sont pas antinomiques, mais complémentaires. La pérennisation de ces rencontres constitue une réponse pertinente aux défis contemporains, en assurant que le développement du pays repose sur un socle à la fois inclusif et respectueux des héritages ancestraux.

 

Karrou Wawim : Le dernier souffle d’un résistant sous les ténèbres du régime de Faure

Lomé, 10 février 2025 — Dans l’étouffante chaleur de janvier, alors que Lomé suffoquait sous le poids d’un silence complice, Karrou Wawim arrêté à Lomé le 21 décembre 2018, visage oublié des geôles togolaises, entamait une agonie silencieuse.

Les murs du CHU Sylvanus Olympio à Lomé, témoins glacés de son calvaire, ont vu défiler ses derniers sursauts : un corps brisé, incapable d’avaler le moindre morceau de vie, vomissant des flots écarlates. » Monsieur Karrou Wawim, admis depuis plusieurs mois au cabanon du CHU Sylvanus Olympio à Lomé, vomit avec des caillots de sang, présente de sérieuses difficultés hépatiques et gastriques, en plus d’une fatigue générale. « Il est actuellement en réanimation », avait alerté la Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO).  Des sources intimes murmurent que ses mains, encore menottées au lit d’acier, dessinaient des signes incompréhensibles, comme pour graver dans l’air l’ultime témoignage de sa détresse.

 

Karrou, militant infatigable de la Coalition C14, avait osé défier les mâchoires d’un pouvoir sans pitié. Arrêté il y a des années pour avoir brandi l’étendard de la liberté, il fut jeté dans les entrailles obscures des services de renseignement. Là, sous les projecteurs aveugles des interrogatoires, son corps devint un parchemin de douleur : des cicatrices racontaient des nuits de supplices, des os fracturés chuchotaient des méthodes d’un autre âge. En 2024, la Chambre d’accusation de la cour d’appel de Lomé, ébranlée par l’évidence de la barbarie, exigea une enquête. La Cour de justice de la CEDEAO, dans un élan rare, ordonna sa libération. Mais les décrets, ici, se dissolvent comme des larmes dans l’océan.

Un lit d’hôpital, cercueil de métal

Aujourd’hui, l’hôpital devient son sépulcre aseptisé. Les menottes, symbole d’une cruauté méthodique, claquent contre les barreaux du lit, accompagnant chaque râle. Les médecins, muets, détournent le regard. Les autorités, sourdes, invoquent des « procédures en cours ». Pendant ce temps, Karrou s’efface, cellule par cellule, sous les yeux d’une nation paralysée.

Hier, un murmure a traversé la ville : l’homme qui défiait les ténèbres aurait rendu son dernier souffle. Les proches, étouffés par le chagrin, parlent d’un week-end funèbre, où la douleur eut enfin raison de sa résistance. L’Association des Victimes de la Torture au Togo (ASVITTO), voix tremblante de colère, dénonce une « mort programmée ». « Ils l’ont tué deux fois : une fois par les coups, une fois par l’indifférence», lance un membre, sous couvert d’anonymat.

Karrou Wawim : l’héritage d’un silence

Karrou Wawim rejoint désormais la cohorte des ombres qui hantent l’histoire togolaise. Son crime ? Avoir cru que les mots « justice » et « dignité » pouvaient survivre sous les bottes. Son combat, réduit à un dossier poussiéreux, illustre l’implacable mécanique d’un système dans lequel la torture est un langage administratif.

Pourtant, dans les ruelles de Lomé, certains murmurent encore son nom. Des visages se crispent, des poings se serrent. Car chaque goutte de sang versée par Karrou est devenue une graine, enfouie dans la terre aride de l’impunité. Et l’on sait, dans l’ombre, que les graines finissent toujours par germer.

Togo et Côte d’Ivoire : une symbiose stratégique à l’aune du numérique

L’horizon technologique africain se redessine à la faveur d’un dialogue inédit entre deux phares de l’innovation ouest-africains.  En effet, jeudi, l’hôtel des institutions togolaises a servi de théâtre à une concertation d’envergure, où Cina Lawson, ministre de l’Économie Numérique et de la Transformation Digitale du Togo, a accueilli son homologue ivoirien, Kalil Konaté, et sa suite. Loin d’être un simple échange protocolaire, cette rencontre a cristallisé les ambitions d’une Afrique unie par les fils invisibles du progrès numérique.

Un modèle togolais érigé en étendard

Sous le prisme d’une pédagogie appliquée, le Togo a dévoilé les arcanes de sa mutation digitale, érigée en laboratoire continental. Par ailleurs, la délégation ivoirienne a été initiée à un écosystème où la cybervigilance – néologisme désignant une sécurité numérique proactive – côtoie des systèmes d’identification biométrique à la capillarité remarquable. « Notre approche est holistique : chaque citoyen, connecté et identifié, devient un maillon actif de la chaîne de valeur numérique », a exposé Mme Lawson, insistant sur l’imbrication entre infrastructures critiques et inclusion sociale.

La connectivité, qualifiée de « sang numérique » par les experts locaux, s’étend désormais aux zones les plus enclavées, portée par des partenariats public-privé audacieux. Quant à la digitalisation des services publics, elle transcende la simple automatisation : plateformes unifiées, interfaces intuitives et recours à l’intelligence prédictive (une déclinaison de l’IA axée sur l’anticipation des besoins des citoyens) en font un modèle de sobriété efficace.

 Le Togo et la Côte d’Ivoire tissent une symbiose numérique inédite, mariant cybersécurité, IA et gouvernance data pour forger un laboratoire Data et diplomatie : les nouveaux leviers panafricains

En outre, l’entretien a mis en exergue la valorisation data-centrique, où les informations, jadis dormantes, deviennent un bien commun stratégique. Le Togo a illustré comment l’analyse algorithmique des données agricoles a optimisé les rendements dans la région des Savanes, un cas d’école présenté comme transférable. « La donnée est le nouvel or noir africain. » « Encore faut-il en maîtriser l’extraction et le raffinage », a métaphorisé Kalil Konaté, saluant une gouvernance numérique à triple détente, transparente, éthique et lucrative.

Les deux nations envisagent désormais une coopération articulée autour de cybercorridors sécurisés, facilitant les étransactions transfrontalières, et d’un incubateur commun dédié aux startups agritech. Cette alliance, teintée de réalisme ambitieux, s’appuie sur un constat partagé : l’autonomie technologique du continent passera par des synergies micro-régionales avant de s’épanouir à l’échelle macro.

Vers une archipelisation numérique africaine ? 

Au-delà des ententes techniques, c’est une philosophie commune qui émerge. Les deux ministres ont plaidé pour une solidarité algorithmique, concept novateur où les États mutualiseraient leurs avancées en open source, tout en protégeant leurs souverainetés numériques. « L’Afrique ne doit pas être un consommateur passif de technologies exogènes, mais un coconcepteur de solutions endogènes », a martelé Cina Lawson, rappelant que le Togo a réduit de 40 % ses importations logicielles grâce à des développements locaux.

En guise de conclusion, les délégations ont esquissé une feuille de route incluant des ateliers de cyberrésilience conjoints et une mutualisation des compétences en intelligence artificielle distributive. Cette collaboration, à la fois terrienne et virtuelle, incarne une nouvelle grammaire diplomatique où le code informatique se mue en lexique de l’unité.

L’Afrique à l’heure des confluences numériques  

Si les mots ont un poids, ceux échangés le jeudi pèseront lourd dans la balance technologique africaine. En tissant des réseaux de confiance et d’expertise, le Togo et la Côte d’Ivoire écrivent une page où le progrès numérique n’est ni un mirage ni un luxe, mais le terreau d’une renaissance collective. À l’ère des géants du numérique globalisés, l’Afrique semble avoir choisi de répondre par la densité de ses maillages locaux, preuve que la fragmentation peut engendrer la force, pourvu qu’elle soit orchestrée avec clairvoyance.

Togo : une formation innovante pour façonner l’entrepreneuriat numérique de demain

Dans un monde en constante mutation, où la transformation numérique redéfinit les paradigmes économiques et sociaux, le Togo fait un pas de plus vers l’accompagnement des talents émergents. En effet, le Ministère de l’Économie Numérique, en partenariat avec Co-Creation Hub (CcHub), initie un programme de formation intensif à destination des entrepreneurs et des étudiants.

Prévue les 21 et 22 février 2025 au Djanta Tech Hub, cette initiative vise à inculquer aux participants des méthodologies modernes de conception centrée sur l’humain (CCH), afin de les outiller pour concevoir des solutions numériques innovantes, pragmatiques et alignées aux attentes du marché.

De la théorie à la pratique : une immersion dans l’innovation centrée sur l’humain

En plus, au cœur de cette formation, une approche avant-gardiste : le design thinking, un processus structuré qui favorise la créativité fonctionnelle en mettant l’utilisateur final au centre du développement de produits et de services.

Les sessions seront axées sur :

L’idéation de produits : identification des besoins réels du marché et conceptualisation de solutions adaptées.

L’optimisation des services : analyse des expériences utilisateurs pour perfectionner les offres existantes.

La viabilité économique des innovations : intégration d’une approche durable et scalable pour assurer la pérennité des projets.

Grâce à des ateliers interactifs, les participants auront l’opportunité de transformer des idées embryonnaires en projets concrets et exploitables, bénéficiant ainsi d’un cadre propice à l’expérimentation et au perfectionnement.

Un format accessible et inclusif

Par ailleurs, L’un des atouts majeurs de cette formation réside dans son accessibilité plurielle. Deux cohortes de 50 participants seront accueillies en présentiel, tandis qu’une diffusion en ligne via Zoom garantira une participation étendue au-delà des murs du Djanta Tech Hub. Cette hybridation du programme témoigne de la volonté des organisateurs de rendre le savoir accessible à une large audience, indépendamment des contraintes géographiques.

Djanta Tech Hub : un épicentre d’excellence pour l’entrepreneuriat numérique

En outre, le choix du Djanta Tech Hub comme lieu d’accueil n’est pas anodin. Véritable incubateur de talents, ce centre d’excellence bilingue s’impose comme un acteur clé de l’écosystème numérique togolais, en proposant un accompagnement structuré aux porteurs de projets innovants. Son rôle dépasse la simple mise à disposition d’infrastructures : il constitue un pont entre les idées et leur matérialisation sur le marché, en favorisant les synergies entre entrepreneurs, investisseurs et experts du digital.

Un tournant stratégique pour le développement du numérique au Togo

Au-delà de l’événement, cette formation traduit une ambition plus vaste : positionner le Togo comme un hub technologique en Afrique de l’Ouest. En cultivant une culture de l’innovation ancrée dans les réalités locales, le pays entend stimuler la compétitivité de ses start-ups et renforcer leur impact à l’échelle nationale et internationale.

Ce programme constitue ainsi une rampe de lancement pour une nouvelle génération d’entrepreneurs, mieux préparés aux défis du numérique et aptes à proposer des solutions adaptées, viables et évolutives. Une étape déterminante vers un éco-système numérique dynamique, capable de répondre aux exigences d’un marché en perpétuelle évolution.

Togo à l’heure de la révolution identitaire avec e-ID Togo

Alors que l’aube de 2025 se profile, le Togo s’engage dans une entreprise inédite : cartographier son humanité. Depuis la fin novembre 2024, une campagne de recensement biométrique, baptisée e-ID Togo, déploie méthodiquement ses ailes sur le territoire. En effet, premier acteur de cette épopée technico-civique, la région des Savanes, située au nord du pays, sert de laboratoire à cette opération d’envergure.

Cependant, Initialement prévue pour clore son chapitre fin janvier, l’Agence nationale d’identification (ANID) a octroyé un sursis de six jours aux habitants, prolongeant les inscriptions jusqu’au 13 février. Une décision pragmatique, visant à englober les ultimes récalcitrants ou les âmes éloignées des centres d’enrôlement.

L’architecture d’un projet pharaonique 

Conçu pour s’étirer sur huit lunes, ce projet vise à ciseler une identité légale pour chaque résident, qu’il soit natif ou hôte du territoire. Par ailleurs, le gouvernement togolais, par cette initiative, ambitionne de tisser un filet administratif sans faille, où chaque individu devient un maillon reconnu, apte à revendiquer droits et services essentiels. « Il s’agit de combler les brèches de l’inclusion », souligne un porte-parole de l’ANID, insistant sur la dimension sociale d’un dispositif souvent perçu comme froidement technocratique.

Dans les Savanes, cette démarche se mue en test crucial. Les défis ? Concilier impératifs logistiques et acceptation populaire. Les centres d’opérations, parfois implantés dans des zones reculées, doivent surmonter des écueils matériels : énergie capricieuse, connexions intermittentes, tout en rassurant des populations parfois méfiantes face à l’empreinte numérique. « L’enjeu est double : capturer des données infaillibles et instaurer un dialogue de confiance », explique un agent de terrain, arpentant villages et quartiers pour démystifier le processus.

e-ID Togo : une chronologie en escargot, mais déterminée

Si les Savanes ouvrent le bal, les autres régions emboîteront le pas selon un calendrier échelonné. Cette progressivité, loin d’être un aveu de lenteur, répond à une stratégie dematuration contrôlée. Chaque phase sera scrutée, ajustée, avant de déployer l’effort vers le sud. « On ne bâtit pas une identité nationale en un claquement de doigts. « C’est une mosaïque qui exige patience et précision », commente un expert en gouvernance numérique.

L’extension des délais dans les Savanes illustre cette philosophie : plutôt que de contraindre, l’ANID préfère éduquer. Des médiateurs locaux, formés aux enjeux techniques, sillonnent les marchés et les lieux de culte pour vanter les mérites d’une identité biométrique, sésame futur pour l’accès à la santé, à l’éducation ou même aux aides sociales.

Au-delà des chiffres : une quête de légitimité

Ce recensement dépasse la simple collecte de données. Il incarne une volonté politique de redéfinir le contrat entre l’État et le citoyen. Dans un pays où près de 40 % des habitants vivent en zone rurale, souvent sans papiers officiels, l’e-ID Togo promet de sortir des limbes administratives des milliers d’anonymes. « C’est une renaissance civique », s’enthousiasme une enseignante de Dapaong, venue s’enregistrer avec ses élèves.

Cette ambition tiendra-t-elle le choc face à la réalité du terrain ? Néanmoins, les observateurs internationaux saluent l’initiative, tout en appelant à la vigilance : protection des données, formation des agents, pérennité des infrastructures… Autant de défis qui transformeront cette odyssée biométrique en véritable cas d’école pour l’Afrique de l’Ouest.

En attendant, dans les Savanes, les machines à capturer les iris et les empreintes continuent de bourdonner. Chaque enregistrement réussi est un pas vers un Togo où l’identité, enfin, ne sera plus un privilège, mais un droit intangible.

Le ministre de la Santé s’engage pour revitaliser le Centre médical de Siou

Dans une gestuelle empreinte de solennité, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, le professeur Tchin Darre, a récemment arpenté les couloirs du Centre médical de Siou, situé dans le district de Doufelgou. En effet, cette visite, bien plus qu’une simple formalité protocolaire, s’est muée en une véritable palette didactique sur les défis sanitaires contemporains, mêlant éloges, introspection et promesses d’actions futures.

Lors de sa visite au Centre médical de Siou, le ministre de la Santé, Professeur Tchin Darre, a loué la propreté exemplaire Centre médical de Siou : Un éden hygiénique en terre rurale

Dès son arrivée, le ministre a été saisi par l’ordonnancement méticuleux des lieux. Les allées, libres de toute entrave visuelle ou olfactive, et les espaces verts chorégraphiés comme une verdoyante symphonie, ont valu au Centre médical de Siou un éloge appuyé. « Cette propreté n’est pas une fin en soi, mais un socle éthique », a-t-il déclaré, soulignant que l’asepsie morale des pratiques devait épouser celle des murs. Pour lui, la salubrité n’est pas seulement une question de protocole, mais une allégorie vivante du respect mutuel et de la convivialité organique entre soignants et patients.

Lors de sa visite au Centre médical de Siou, le ministre de la Santé, Professeur Tchin Darre, a loué la propreté exemplaire Le Vivre-Ensemble : une pharmacopée sociale 

Lors des échanges avec les responsables locaux, le professeur Darre a distillé une réflexion sur l’alchimie relationnelle nécessaire au bon fonctionnement des structures sanitaires. Il a plaidé pour un ciment déontologique renforcé, où l’éthique professionnelle et l’empathie institutionnalisée seraient les piliers tératologiques d’un système résilient. « L’hôpital n’est pas un isolat technique, mais un écosystème humain », a-t-il asséné, appelant à une symbiose des compétences et des sensibilités.

Doléances : entre urgences et méditations stratégiques  

Les requêtes des acteurs locaux, exposées avec une franchise candide, ont trouvé écho auprès du ministre. Les responsables ont identifié la réactivation de l’unité d’ophtalmologie, mise en veille faute de moyens, comme une priorité majeure. Par ailleurs, le ministre a accueilli avec une gravité réfléchie la demande d’un groupe électrogène indispensable pour pallier les caprices énergétiques ainsi que la question épineuse du logement du médecin nouvellement affecté. « Ces enjeux ne seront pas relégués aux limbes de l’oubli », a promis le ministre, évoquant une réflexion administrative préalable à toute concrétisation.

Lors de sa visite au Centre médical de Siou, le ministre de la Santé, Professeur Tchin Darre, a loué la propreté exemplaire En quittant les lieux, Tchin Darre a laissé derrière lui un sillage d’espoir tempéré. Si son passage a révélé les failles ténues d’un système en quête d’équilibre, il a aussi mis en lumière les germes d’une renaissance sanitaire. Entre les lignes de ses promesses se dessine une cartographie d’actions futures où l’hygiène, l’éthique et l’humain devront s’accorder comme les notes d’une partition inédite.

Cette descente ministérielle, trait d’union entre le terrain et les hautes sphères décisionnelles, rappelle que la santé publique est une tapisserie en perpétuel tissage, où chaque fil technique, humain ou logistique doit trouver sa juste tension.