Le manque de confiance des acteurs financiers envers les PME avec pour corollaires les garanties et taux d’intérêts élevés créé chez les PME une autocensure à l’endroit des institutions financières.D’après une enquête réalisée par le Cabinet ESP en partenariat avec la Cgeci (Patronat ivoirien), dans le cadre de l’Initiative La Finance s’engage, il ressort que l’accès et les coûts élevés du financement demeurent selon les entreprises les principaux obstacles à leur croissance.
Et ce, malgré l’évolution positive du financement. Les PME relèvent toutefois des conditions défavorables imposées par les banques et attribuent la progression de l’accès au crédit aux Systèmes financiers décentralisés qui selon elles « touchent plus de personnes comparativement aux banques ».
Dans le top 3 des contraintes liées à l’accès au financement identifiées par les entreprises figurent notamment le manque de confiance, la demande de garanties, les taux d’intérêts élevés et l’appréciation du risque perçu par les institutions financières et les établissements bancaires.
Les acteurs financiers sont réticents à financer les entreprises devant exécuter les marchés publics principalement en raison du non-respect et de la longueur des délais de paiement de l’Etat, ce qui rend difficile l’accompagnement des fournisseurs de services et de produits dans les marchés publics.
Les structures financières admettent l’existence d’une crise de confiance envers les PME qu’elles justifient d’ailleurs par le manque de fiabilité des états financiers et des déclarations des PME. Selon elles, des PME « maquillent » leurs chiffres afin d’échapper au fisc.
De ce fait, il est impossible d’avoir une véritable appréciation de leur situation financière. En outre, certains Centres de gestion agréés (CGA), censés aider les PME dans l’élaboration de leurs états financiers deviendraient une partie du problème en les aidant à échapper au fisc.
Dans le but de mieux accompagner les PME, certaines structures financières explorent des solutions technologiques. Les acteurs financiers assurent « continuer à accompagner les PME à condition que ces dernières passent à travers un processus de formation assorti d’une certification/notation ».
M. Teddy Roux, directeur Afrique de l’Ouest de ESP note qu’en 2016, le besoin en financement des entreprises en Côte d’Ivoire était de plus de 3.500 milliards de Fcfa, mais l’offre de capital ne couvrait qu’un tiers des demandes de financement.
Aujourd’hui, 50% des PME qui déposent des dossiers auprès des banques sont financées. Cependant, beaucoup de PME n’osent pas exprimer leurs besoins de financement devant les banques, en général, pour des problèmes de gouvernance, mentionne-t-il.
Pour M. Patrick Assi, le président de la Commission développement et financement de la Cgeci, le Patronat ivoirien, les PME doivent tenir des états financiers. Il recommande aux entreprises de faire passer leurs flux dans le système bancaire pour plus de traçabilité.
L’entrée en vigueur dans l’espace UEMOA des réformes Bâle II et III réduit la marge de manœuvre de financements des PME. Les conditions d’accès au financement des banques deviennent plus sévères, car celles-ci devront désormais renforcer leurs fonds propres.
« La mise en œuvre de Bâle II et III rend difficile le financement des PME car cela engage les fonds propres en termes de garanties qu’il faut avoir… », rapportent les acteurs financiers, qui notent qu’aujourd’hui avec cette réforme « après trois impayés » le compte est déclassé.