L’arrestation mardi de l’ancien Premier ministre, Agbéyomé Kodjo, est unanimement condamnée par la classe politique de l’opposition et la société civile togolaises.
Dans une réaction officielle ce mercredi 22 avril, l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) du Professeur Aimé Gogué « dénonce avec fermeté et rigueur les manœuvres armées utilisées depuis plus d’un mois et ayant conduit à une violation brutale et violente d’un domicile privé pour non seulement arrêter M. Gabriel Messan Agbéyomé KODJO, mais également des membres de sa famille biologique, des membres d’associations des droits de l’homme, d’au moins un journaliste et de plusieurs de ses amis présents sur place ». Même son de cloche au Parti des Togolais de Nathaniel Olympio.
« En procédant à son arrestation pour des faits de contestation des résultats de l’élection présidentielle du 22 février 2020, le régime togolais confirme l’instrumentalisation qu’il fait de l’institution judiciaire dans le but de neutraliser les acteurs politiques s’insurgeant contre son accaparement du pouvoir », relève dans un communiqué le parti qui parle de « méthodes déshonorantes ».
« Fidèle à ses principes de respect de l’Etat de droit et des libertés fondamentales », l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de l’ancien chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, « condamne les conditions de cette interpellation caractérisées par l’usage excessif de la force » et « déplore que les autorités togolaises refusent obstinément d’engager notre pays sur la voie d’un Etat de droit, protecteur des libertés ». « Enlèvement de Gabriel Agbeyomé Kodjo, encore une illustration du perpétuel gangstérisme d’Etat et de « démocrature » togolaise.
Par quelle alchimie un contentieux électoral se retrouve-t-il en instruction dans un service d’investigation criminelle de la Gendarmerie nationale ?», a tweeté François Boko, l’ancien ministre togolais de l’Intérieur aujourd’hui avocat au Barreau de Paris. « Le régime de Faure Gnassingbé en mal de légitimité gagnerait en crédibilité en ouvrant un dialogue politique pour solder le contentieux électoral de la présidentielle à la hussarde du 22 février 2020 », a martelé Me Boko.
L’Eglise catholique a, quant à elle, regretté le refus fait à deux de ses dignitaires de porter assistance à Mgr Philippe Fanoko Kpodzro au domicile d’Agbéyomé Kodjo la nuit précédant l’arrestation.
En condamnant « la brutalité et la récurrence de la violence dont les autorités font preuve dans la gestion d’une situation avant tout politique », les évêques estiment que « chaque citoyen a le droit et le devoir d’exprimer sa désapprobation devant l’injustice manifeste et l’oppression ».
« Les violences physiques et autres traitements inhumains et dégradants infligés aux citoyens à cette occasion sont une négation de leurs droits et libertés », ajoutent-ils.
Presque toute la classe politique exige la libération immédiate du candidat de la dynamique Kpodzro à la présidentielle du 22 février 2020 qui continue de réclamer sa victoire à ce scrutin.
Agbéyomé Kodjo est poursuivi par le ministère public pour « mise en danger de la sécurité nationale, actes subversifs, dénonciations calomnieuses, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat », entre autres griefs.
Son immunité parlementaire a été levée le 16 mars dernier pour le livrer à la justice.
Avec le Journal du Cameroun