L’opposition ivoirienne envisage de soumettre le rapport final sur la troisième phase du dialogue politique aux anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, leurs chefs de file, afin d’apporter des « éclairages » avant le paraphe du document.L’information a été donnée, mardi, par MM. Niamkey Koffi et Armand Ouégnin, les représentants de la plate-forme de l’opposition, lors d’un point de presse conjoint, après la clôture de la troisième phase du dialogue politique ivoirien.
Ce dialogue politique a réuni une délégation du gouvernement ivoirien, des organisations de la société civile et partis et groupements de partis politiques, proches du pouvoir et de l’opposition. Et ce, dans l’optique de débattre des prochaines élections législatives.
« Nous n’avons signé aucun document » relatif du rapport final de ce dialogue, a déclaré M. Armand Ouégnin, président de Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), une plate-forme dont le référent politique est Laurent Gbagbo.
« Il est évident que certains l’ont fait, mais nous ne l’avons pas fait » car « nous avons reçu la mouture finale en début d’après-midi et nous avons dit que nous réservons notre signature après des éclairages sur certains points », a-t-il indiqué.
Ces éclairages devraient être apportés par MM. Gbagbo et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié, a soutenu M. Ouegnin, mentionnant que l’opposition s’est rendue à ce dialogue politique « par souci de bonne foi ».
Pour sa part, M. Niamkey Koffi, un cadre du Pdci, « lorsqu’on va à des assises, le rapport final doit faire l’objet d’une adoption, or ce n’est pas le cas aujourd’hui ». De ce fait, l’opposition a pris connaissance de ce rapport et a demandé qu’on diffère sa signature.
« Nous ne pouvons pas apposer notre signature sans un examen préalable », a relevé M. Niamkey, évoquant des « ambiguïtés et des équivoques (qui) devront faire l’objet d’éclaircissement à travers la poursuite de ce dialogue entre Alassane Ouattara, MM. Bédié et Gbagbo ».
« C’est au terme de ces éclaircissements que la plateforme de l’opposition va apposer sa signature au bas de ce document », a fait savoir M. Niamkey qui a suivi tous les débats avec les autres représentants de l’opposition.
Le Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, qui a présidé cette session du dialogue politique tenue du 21 au 29 décembre 2020, a assuré que le rapport a fait l’objet d’un « large consensus » entre les parties prenantes.
Interrogé à l’issue des travaux de restitution du rapport final, Adama Bictogo, le directeur exécutif du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, pouvoir), a noté que « la plateforme de l’opposition a des réserves,mais ne s’est pas retirée du dialogue ».
« Elle a juste exprimé quelques réserves, ce qui de mon point de vue, n’est pas une remise en cause de la dynamique qui a été engagée », a ajouté M. Bictogo, déclarant que « les élections auront bel et bien lieu en mars 2021 ».
Pour lui, « c’est à l’opposition de prendre toutes ses dispositions pour se mettre dans le convoi qui nous amène aux élections législatives. Mais, en tout état de cause, c’est net, nous irons aux élections législatives en mars ».
« Ceci étant, des dispositions ont été notées dans le document pour qu’ il y ait un apaisement qui prend la composante politique, la composante juridique, la composante électorale qui relève de la CEI (Commission électorale indépendante) », a-t-il poursuivi.
M. Bictogo a estimé que « le plus important est que l’opposition prenne l’opinion à témoin et qu’ elle aille à ces élections, (car) on ne peut pas chaque fois marchander. Sortons du marchandage et des chantages ».
Il a admis toutefois que « l’opposition a fait la preuve de son engagement en venant à ces réunions ». Ce qui pourrait permettre à la nation de retrouver la paix et comme le Rhdp le souhaite « une Côte d’Ivoire rassemblée ».