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Érudite alliance entre Lomé et Kindia : quand les savoirs traversent les frontières

Sous les auspices d’une diplomatie intellectuelle inédite, l’Université de Lomé et son homologue guinéenne de Kindia ont scellé, vendredi dernier…

Les universités de Lomé et de Kindia ont scellé un pacte pédagogique ambitieux, établissant une collaboration quinquennale pour renforcer

Sous les auspices d’une diplomatie intellectuelle inédite, l’Université de Lomé et son homologue guinéenne de Kindia ont scellé, vendredi dernier à Lomé, un pacte pédagogique aux ramifications prometteuses. En effet, paraphée par Adama Mawulé Kpodar, figure tutélaire de l’enseignement supérieur togolais, et Akoye Massa Zoumanigui, pilier académique guinéen, cette convention quinquennale dessine les contours d’une transhumance des savoirs entre deux pôles éducatifs d’Afrique de l’Ouest.

Lomé et Kindia : Les architectes de la connaissance transfrontalière

Par ailleurs, Adama Mawulé Kpodar, président de l’Université de Lomé, incarne une génération réformatrice. Ancien doyen de la faculté des Sciences Économiques, il a insufflé une dynamique d’excellence disruptive depuis sa prise de fonction en 2020 : numérisation des bibliothèques, création de laboratoires interdisciplinaires et partenariats avec 12 universités européennes. Son credo est que l’éducation est un écosystème, non un cloître.

Face à lui, Akoye Massa Zoumanigui, recteur de Kindia, porte l’héritage d’une institution née en 2015 pour répondre à l’explosion démographique estudiantine guinéenne. Géographe de renom, il a piloté la création de filières en agroécologie et gestion des ressources minières, alignées sur les défis locaux.

Les quatre piliers de l’accord : au-delà des mots

En plus, la convention paraphée par Adama Mawulé Kpodar, président de l’Université de Lomé, et Akoye Massa Zoumanigui, recteur de l’Université de Kindia, est loin de se limiter à un simple échange protocolaire. Elle déploie une feuille de route ambitieuse, structurée autour de plusieurs axes :

  1. Mobilité circulaire : un programme Erasmus sahélien permettant à enseignants, chercheurs et étudiants de migrer temporairement entre les deux institutions, avec validation mutuelle des crédits.
  2. Laboratoires jumelés : des unités de recherche verront le jour en biotechnologie et en sciences sociales, grâce à un financement binational.
  3. Archivage numérique collaboratif : une plateforme bilingue (français-anglais) sera mise en place pour faciliter l’accès aux publications des deux universités, y compris les thèses inédites portant sur les migrations en Afrique de l’Ouest.
  4. Événements hybrides : un cycle de conférences intitulé « Savoirs Décloisonnés » sera organisé en alternance à Lomé et à Kindia, avec une diffusion en réalité virtuelle pour un public élargi.

Mécanismes opératoires : le souffle derrière les engagements entre Lomé et Kindia 

D’ailleurs, pour transcender les vœux pieux, les signataires ont institué un comité de vigilance académique. Composé des directeurs de la coopération des deux universités, ce corps veillera à :

  • Désamorcer les lourdeurs bureaucratiques : visa académique accéléré, reconnaissance automatique des diplômes.
  • Évaluer par indices tangibles : nombre de co-publications indexées, taux de réussite des étudiants mobiles.
  • Adapter les axes : révision annuelle des priorités via des états généraux impliquant étudiants et société civile.

Enjeux sous-jacents : un pont au-dessus des stéréotypes

Derrière l’enthousiasme officiel entourant cet accord, des défis structurels importants se profilent :

  • Asymétrie des moyens : l’université de Lomé, qui bénéficie de 23 % du budget alloué à l’éducation au Togo, dispose de laboratoires à la pointe de la technologie. Ces équipements font défaut à l’Université de Kindia, ce qui pourrait créer un déséquilibre dans la mise en œuvre des projets de recherche.
  • Barrière linguistique : si le français demeure la langue véhiculaire dans les deux institutions, l’intégration des langues locales, telles que l’éwé au Togo et le soussou en Guinée, dans les échanges académiques et de recherche reste une question en suspens. Cette dimension pourrait entraver la participation de certains acteurs et limiter la portée des travaux.
  • Pressions politiques : des observateurs expriment des inquiétudes quant à une possible instrumentalisation politique des recherches entreprises en commun, particulièrement dans le domaine des sciences politiques. Ils soulignent la nécessité de garantir l’indépendance et l’intégrité des travaux pour préserver la crédibilité de cette collaboration.

Les universités de Lomé et de Kindia ont scellé un pacte pédagogique ambitieux, établissant une collaboration quinquennale pour renforcerPerspectives : vers un hub francophone ?

Ce partenariat pourrait catalyser une nouvelle géopolitique académique. En connectant Lomé, plaque tournante de l’UEMOA à Kindia, porte d’entrée de la CEDEAO anglophone, il esquisse ainsi un corridor de connaissances panafricain. Déjà, l’Université Félix-Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire a exprimé son intérêt à rejoindre ce réseau.

L’audace des semeurs d’idées

En somme, alors que le comité de suivi tiendra sa première réunion le mois prochain, cet accord rappelle une évidence trop souvent oubliée : les universités africaines, longtemps en rivalité mimétique avec l’Occident, détiennent les clés d’une renaissance par l’intelligence collective. Reste à voir si cette alliance saura résister aux vents contraires, bureaucratie, sous-financement, agendas politiques, pour incarner une nouvelle ère de pédagogie libérée.

 

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