Dans un tournant décisif pour la diplomatie ouest-africaine, Faure Gnassingbé et Diomaye Faye, présidents respectifs du Togo et du Sénégal, ont été nommés co-facilitateurs par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans une mission délicate et potentiellement transformatrice. Leur tâche: engager un dialogue constructif avec les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois nations qui ont récemment amorcé un retrait de la CEDEAO pour former l’Alliance des États du Sahel (AES), une nouvelle entité régionale qui soulève des questions quant à l’unité et la stabilité de la région.
Mission délicate Gnassingbé et Faye : convaincre les dirigeants de l’AES de reconsidérer leur sécession
La décision, prise lors de la 65e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le 7 juillet 2024, à Abuja, confère à Gnassingbé et Faye la responsabilité de convaincre les dirigeants de l’AES de reconsidérer leur sécession. La création de l’AES le 6 juillet 2024, suite à une crise prolongée avec la CEDEAO, qui a critiqué les prises de pouvoir militaires au Burkina Faso, au Niger et au Mali, marque un point de friction significatif dans les relations intra-africaines.
Faure Gnassingbé, en particulier, n’est pas étranger à la médiation régionale, ayant précédemment joué un rôle clé dans les pourparlers entre la CEDEAO et les autorités militaires des pays concernés. Ses efforts ont contribué à des avancées notables, telles que la libération de soldats ivoiriens détenus au Mali et la gestion de la situation du fils de l’ancien président du Niger, Mohamed Bazoum.
Crise intra-africaine : la création de l’AES remet en question l’unité et la stabilité de la région
Cependant, la mission de Gnassingbé et Faye s’annonce ardue. Les dirigeants de l’AES, déterminés à consolider leur nouvelle alliance, pourraient se montrer réticents à un retour sous l’égide de la CEDEAO. Le succès ou l’échec de cette mission de co-facilitation aura des répercussions profondes, non seulement sur l’avenir immédiat de l’AES et de la CEDEAO, mais aussi sur le paysage politique et économique plus large de l’Afrique de l’Ouest. La capacité de la CEDEAO à maintenir son influence et à promouvoir la coopération régionale est en jeu, tout comme la viabilité de l’AES en tant que force politique émergente.
Dans ce contexte complexe, les prochaines semaines seront cruciales. Les observateurs internationaux et les acteurs régionaux attendent avec impatience de voir si Gnassingbé et Faye pourront naviguer avec succès dans ces eaux diplomatiques troubles et rétablir un sentiment d’unité au sein de la CEDEAO. Leur diplomatie, alliant fermeté et souplesse, pourrait bien définir le cours de la coopération régionale en Afrique de l’Ouest pour les années à venir.