Paris, 4 novembre 2024 – Une affaire secouant le monde numérique prend une nouvelle dimension en France. Sept familles ont décidé de porter plainte contre TikTok, le géant des réseaux sociaux, accusant la plateforme d’avoir exposé leurs enfants adolescents à des contenus dangereux qui auraient conduit deux d’entre eux au suicide.
Selon l’avocate des familles, Laure Boutron-Marmion, l’algorithme de TikTok aurait orienté les adolescents vers des vidéos promouvant des comportements autodestructeurs tels que le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires. Cette exposition répétée à des contenus aussi sombres aurait eu des conséquences dramatiques sur la santé mentale des jeunes utilisateurs.
Une première en Europe
Cette plainte, déposée devant le Tribunal judiciaire de Créteil, marque un tournant dans la manière dont les plateformes sociales sont tenues responsables des contenus qu’elles hébergent. Il s’agit de la première procédure de ce type à être intentée en Europe, et elle pourrait faire jurisprudence.
Les familles espèrent que cette action en justice permettra de reconnaître la responsabilité juridique de TikTok dans ce drame. Elles estiment que l’entreprise, en tant que fournisseur de services, a une obligation de protéger ses utilisateurs, notamment les mineurs.
L’avocate Laure Boutron-Marmion a déclaré que « les parents souhaitent la reconnaissance de la responsabilité juridique de TikTok devant les tribunaux ». Elle a ajouté que « TikTok est une entreprise commerciale qui propose un produit à des consommateurs, qui sont souvent mineurs. » « Ils doivent donc répondre des manquements du produit. »
TikTok dans le viseur
Cette affaire vient s’ajouter à la longue liste de polémiques qui entourent TikTok. La plateforme, à l’instar d’autres réseaux sociaux, fait face à des accusations récurrentes pour ne pas protéger adéquatement ses utilisateurs, surtout les plus jeunes.
Aux États-Unis, TikTok, ainsi que d’autres géants du numérique comme Meta (META), propriétaire de Facebook et Instagram, font l’objet de centaines de procès. Les utilisateurs les accusent de créer une dépendance chez les adolescents et de compromettre leur bien-être mental.
Réaction de TikTok
TikTok n’a pas encore réagi officiellement à ces nouvelles accusations. L’entreprise a toutefois affirmé à plusieurs reprises s’engager à protéger la santé mentale de ses utilisateurs, notamment les adolescents. Le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, a déclaré devant le Congrès américain que l’entreprise avait mis en place de nombreuses mesures pour sécuriser l’application.
En somme, cette affaire soulève de nombreuses questions sur la responsabilité des plateformes sociales dans la vie de leurs utilisateurs, et plus particulièrement des jeunes. Comment concilier la liberté d’expression avec la protection des plus vulnérables ? Quel rôle les parents doivent-ils jouer dans la surveillance de l’activité en ligne de leurs enfants ? Ces questions vont sans doute continuer à alimenter le débat .