La politique protectionniste de l’administration Trump, marquée par l’imposition de droits de douane sur les produits canadiens, a déclenché une réaction sans précédent au nord du 49ᵉ parallèle. En guise de représailles, plusieurs provinces canadiennes ont décidé d’ôter des rayons des magasins les boissons alcoolisées en provenance des États-Unis. Une mesure radicale que Lawson Whiting, directeur général de Brown-Forman, maison mère du célèbre Jack Daniel’s, qualifie de bien plus néfaste qu’une simple surtaxe commerciale.
Un coup de filet économique aux conséquences dévastatrices
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L’Ontario, province la plus peuplée du pays, s’est érigée en fer de lance de cette riposte en imposant un embargo sur les spiritueux américains dans les magasins de la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO), l’un des plus importants acheteurs d’alcool au monde. Selon Doug Ford, premier ministre ontarien, cette décision représente un coup de frein majeur pour les ventes américaines, privant leurs producteurs d’un marché d’un milliard de dollars annuel.
Ce bannissement dépasse largement l’impact d’une taxation additionnelle. « Un tarif douanier engendre une hausse des prix, mais n’élimine pas la possibilité d’achat. » « Or, dans ce cas, nos produits sont tout bonnement évincés du marché », déplore M. Whiting. Une mesure jugée sévère par l’industrie des spiritueux, d’autant que le Canada ne se limite pas à une réplique proportionnée, mais opte pour une exclusion totale de certaines marchandises américaines.
Un bras de fer économique au cœur d’un conflit diplomatique entre le Canada et les Etats unis
La tension ne cesse de monter entre les deux voisins nord-américains. Justin Trudeau, chef du gouvernement canadien, a vivement dénoncé la politique protectionniste de Washington, la qualifiant de « manœuvre insensée ». Il va même plus loin en accusant Donald Trump d’œuvrer à un « affaiblissement économique délibéré du Canada » dans le but de favoriser une annexion implicite par les États-Unis.
Cette escalade verbale s’accompagne d’actes concrets. En plus de l’alcool, Ottawa a imposé des taxes de 25 % sur une variété de marchandises américaines, y compris la bière, les spiritueux et le vin. Certaines provinces, comme la Nouvelle-Écosse, ont également pris des initiatives indépendantes, durcissant un peu plus la riposte canadienne.
De son côté, Washington persiste dans sa politique de taxation punitive, incluant désormais le Mexique dans son viseur. Si les constructeurs automobiles mexicains et canadiens bénéficient d’un sursis temporaire, l’industrie des spiritueux n’a pas cette chance.
Un impact commercial relatif, mais une portée symbolique importante
du marché canadien demeure relativement insignifiante, ne représentant que 1% de son chiffre d’affaires total. Toutefois, l’enjeu dépasse la seule sphère économique. La décision canadienne marque un tournant dans les relations bilatérales et met en exergue la capacité du pays à répondre avec fermeté aux mesures protectionnistes américaines.
Alors que les consommateurs canadiens sont invités à privilégier les alcools locaux, la stratégie de représailles adoptée par le Canada pourrait bien inspirer d’autres nations victimes des politiques commerciales de l’administration Trump. Ce bras de fer économique met en lumière l’interconnexion des marchés et la fragilité des relations commerciales face aux velléités protectionnistes. Dans un monde où le commerce international repose sur un équilibre délicat, la moindre secousse peut provoquer des répliques aux conséquences imprévisibles.