Eco et BusinessFinance




La BOAD et le Fonds Vert pour le Climat : un pacte financier inédit pour ancrer la résilience climatique au Togo

À l’issue de la 41ᵉ réunion du Conseil d’Administration du Fonds Vert pour le Climat (FVC), un virage stratégique se…

Un don inédit de 27 millions de dollars de la BOAD , le Togo lance un projet pionnier visant à renforcer la résilience climatique

À l’issue de la 41ᵉ réunion du Conseil d’Administration du Fonds Vert pour le Climat (FVC), un virage stratégique se dessine pour le Togo. La Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) a obtenu l’aval du FVC pour déployer un projet pionnier de 27 millions de dollars (17 milliards FCFA) sous forme de dons, destiné à renforcer la résilience climatique des communautés togolaises les plus exposées. Cette enveloppe, la première du genre octroyée individuellement au Togo par le FVC, marque un tournant dans la lutte contre les dérèglements climatiques au Sahel.

Un projet structurant pour anticiper et s’adapter 

Baptisé « Renforcement de la résilience des communautés vulnérables dans les zones à haut risque climatique et de catastrophes », ce programme quinquennal se décline en trois axes majeurs. D’abord, il modernisera les services d’information climatique, transformant les données météorologiques en outils accessibles pour les agriculteurs et les pêcheurs. Ensuite, il déploiera des systèmes d’alerte précoce multi-aléas, capables de prédire aussi bien les inondations que les sécheresses prolongées. Enfin, il financera des mesures d’adaptation locales, comme la restauration de sols dégradés ou l’introduction de semences résistantes. Piloté par l’Agence Nationale de Protection Civile (ANPC), ce projet s’appuiera sur un maillage territorial dense, ciblant prioritairement les régions où la précarité amplifie les chocs climatiques.

La BOAD, architecte d’une solidarité climatique régionale

Ce succès togolais s’inscrit dans une dynamique plus large orchestrée par la BOAD. Moins de quatre mois après avoir mobilisé 30 milliards FCFA pour un mécanisme régional d’adaptation dans l’espace UEMOA, l’institution financière confirme son agilité à canaliser les fonds internationaux vers des projets concrets. Une prouesse rendue possible par son accréditation auprès du FVC depuis 2017 et sa catégorisation environnementale de niveau A/I 1, lui permettant de mobiliser jusqu’à 250 millions de dollars par projet. Grâce à des instruments hybrides de dons, de prêts à taux préférentiels (0 à 1,75 %), de garanties, la BOAD agit comme un catalyseur, transformant les engagements climatiques globaux en actions locales.

 

Sous l’impulsion de son président, Serge Ekué, la Banque a également institué un Fonds d’Études Climat (FEC) et des Programmes d’Investissement Climat (PIC), véritables incubateurs de projets résilients. Ces dispositifs accompagnent les États membres dans la conception de stratégies alignées sur leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN), tout en attirant l’attention des investisseurs internationaux sur les urgences sahéliennes.

Un laboratoire de la résilience ouest-africaine

Au-delà des chiffres, cette approbation symbolise une reconnaissance. Celle de la BOAD comme interlocutrice incontournable du financement climatique, mais aussi celle du Togo comme terrain d’expérimentation de solutions durables. En dotant le pays de systèmes d’alerte sophistiqués, le projet réduit la dichotomie entre savoir scientifique et pratiques communautaires. Il incarne une vision où technologie et tradition coexistent : les prévisions satellitaires viendront épauler les savoirs ancestraux sur les cycles agricoles, tandis que les infrastructures écologiques (haies vives, digues végétales) complèteront les barrages météorologiques.

 Une résilience qui se construit pas à pas.

L’octroi de ces 17 milliards FCFA n’est pas une fin en soi, mais un jalon dans une course de fond contre le réchauffement. Pour le Togo, c’est l’occasion de tester des modèles réplicables à l’échelle régionale, où chaque village résilient devient un maillon d’une chaîne de survie climatique. Pour la BOAD, c’est la confirmation de son rôle de pivot entre financements internationaux et priorités locales.

Dans un monde où les fonds climatiques peinent parfois à quitter les rapports techniques pour atteindre le terrain, ce projet rappelle une évidence : la résilience ne se décrète pas, elle se cultive. À l’image des baobabs, qui puisent dans des racines profondes pour affronter les tempêtes, le Togo et la BOAD esquissent une nouvelle manière de grandir non pas malgré les crises, mais grâce à une anticipation collective. L’Afrique de l’Ouest, souvent perçue comme une victime du climat, montre ici qu’elle peut en être une architecte inspirée.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne WHATSAPP