En 2020, le continent noir a connu une saison des pluies particulièrement violente avec des centaines de morts et des milliers de sinistrés. Tour d’horizon.Du Sénégal au Cameroun, en passant par le Mali, le Niger ou encore le Burkina, de fortes intempéries ont affecté plus de 760.000 personnes. Rien qu’au Soudan, traversé par le Nil, les précipitations ont tué 124 personnes et blessé 54 autres. Plus d’un demi-million d’individus sont concernés par les inondations dans la quasi-totalité du pays, selon l’Organisation des nations unies (Onu).
Dans un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) daté de septembre 2020, on note que « 557.130 personnes étaient affectées par les inondations dans 17 des 18 Etats qui composent le Soudan ».
Pour sa part, le Cameroun a enregistré au moins 64 morts et plus de 160.000 sinistrés. L’Extrême-Nord, en proie à la montée des eaux, est la partie la plus touchée.
Au Sahel, les inondations ont fait au moins 112 morts et affecté plus de 700.000 personnes. Surtout au Niger et au Tchad, d’après un décompte du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Au Niger, 34.000 maisons et cases ont été détruites et 5768 hectares de cultures submergés. Près de 9000 maisons se sont également effondrées dans une dizaine de villages riverains du fleuve éponyme.
Le Burkina Faso, autre pays de la bande sahélienne, n’a pas échappé à ces catastrophes naturelles. Au pays des Hommes intègres, au moins treize personnes sont mortes et 19 ont été blessées dans des inondations depuis août. Face à l’ampleur des dégâts, Ouagadougou avait même décrété l’état de catastrophe naturelle.
Au Sénégal, Dakar et plusieurs autres régions se sont retrouvées sous les eaux après un week-end rythmé par des pluies ininterrompues. Ces dernières ont notamment causé la mort de sept personnes.
Si le changement climatique est indexé comme étant la principale cause des déluges, dans un article intitulé « Afrique : derrière les inondations, une nouvelle ère hydroclimatique » publié dans le journal Le Point Afrique, les chercheurs Thierry Lebel, Gérémy Panthou et Théo Vischel affirment que « l’attribution d’inondations hors normes au seul réchauffement climatique est un sujet plus délicat ».
A en croire les auteurs de la publication, « les précipitations ne sont pas seules en cause. (Car) les dynamiques sociodémographiques et les changements d’usage des sols jouent aussi un rôle. C’est donc une problématique de changements globaux dont le réchauffement climatique n’est qu’une composante ».
Toutefois, le changement climatique peut accroître la fréquence des pluies torrentielles. « Les inondations de 2020, pour exceptionnelles qu’elles soient, s’inscrivent par ailleurs dans un contexte de recrudescence de ces phénomènes sur toute l’Afrique de l’Ouest depuis une quinzaine d’années. Recrudescence que l’on peut attribuer à l’effet conjugué de l’intensification pluviométrique et des changements d’usage des terres », poursuivent-ils.
Cette hypothèse pousse Zeinedinne Nouaceur, chercheur au département de Géographie de l’Université de Rouen (France), à affirmer dans son article intitulé « La reprise des pluies et la recrudescence des inondations en Afrique de l’Ouest sahélienne » que « ces évènements sont imputables, d’une part, à l’intensification des pluies et, d’autre part, à un développement urbain mal maîtrisé ».
Pour prévenir d’éventuelles inondations, les universitaires de Rouen invitent les Etats à mettre en œuvre des politiques d’adaptation déjà largement identifiées. Celles-ci vont de l’agroforesterie aux petits ouvrages en zone rurale pour faciliter l’infiltration de l’eau, sans oublier la révision des schémas d’assainissement dans les villes et, de manière plus générale, l’actualisation des normes hydrologiques qui servent de base au dimensionnement des infrastructures.