Kinshasa – Au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo (RDC) est aux prises avec une épidémie de MPOX qui défie les autorités sanitaires. Le pays, épicentre de cette résurgence, se retrouve démuni face à un virus en constante évolution, manquant cruellement des outils nécessaires pour le contenir et le traiter.
MPOX mutante: Un diagnostic difficile, un traitement incertain
Depuis plusieurs années, le virus sévit dans le pays, mais il a récemment muté, rendant la situation encore plus alarmante. Les autorités sanitaires congolaises, débordées et sous-équipées, peinent à endiguer cette menace.
Identifier les cas de MPOX en RDC est un véritable parcours du combattant. Le manque cruellement de moyens de diagnostic, notamment de tests rapides et fiables. Les laboratoires, peu nombreux et mal équipés, sont souvent saturés. De plus, le nouveau sous-type du virus, plus insidieux, complique encore le diagnostic. Car il s’est adapté et se transmet désormais plus facilement par contact sexuel, ce qui complique encore davantage la tâche. « Nous pensions que l’OMS nous aiderait davantage », déplore le Dr Jean-Jacques Muyembe-Tamfum, éminent virologue congolais.
Le manque de traitements antiviraux efficaces et de médicaments pour soulager les symptômes douloureux. Le système de santé, déjà fragile, peine à fournir des soins de base aux patients. « Nous avons besoin de moyens pour tester le plus grand nombre possible de personnes », insiste le ministre de la Santé, le Dr Samuel-Roger Kamba.
Une population vulnérable
La population congolaise est particulièrement vulnérable à cette épidémie. Le système de santé, déjà fragilisé par des années de conflits et de sous-investissement, est incapable de faire face à une telle crise. Les populations rurales, souvent isolées et méfiantes à l’égard des autorités, sont les plus touchées.
Les enfants sont particulièrement à risque, car ils sont plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie et de décéder. La malnutrition, le paludisme et d’autres maladies infectieuses aggravent encore leur vulnérabilité. En plus, au cours de l’année dernière, le MPOX , une maladie auparavant peu observée dans la région de l’est du Congo , a commencé à se répandre parmi les jeunes adultes de .
MPOX mutante : Un nouveau sous-type, des défis s’accumulent
Les chercheurs ont identifié un nouveau sous-type du virus, le clade 1b, qui se propage rapidement chez les jeunes adultes, notamment dans les communautés minières. Cette nouvelle forme, plus insidieuse, peut se manifester uniquement par des lésions génitales, incitant certains patients à ne pas consulter, par peur de la stigmatisation.
Le Dr Placide Mbala, à la tête de l’épidémiologie et de la santé mondiale au NIBR de Kinshasa, a souligné que certains patients ne sont pas soignés ou identifiés. D’après le ministre de la Santé, Dr Samuel-Roger Kamba, seulement 30 % des cas présumés de MPOX au Congo sont vérifiés par des analyses moléculaires, les autres étant évalués d’après leurs symptômes cliniques, qui peuvent parfois être confondus avec d’autres maladies comme la varicelle ou des infections sexuellement transmissibles.
Le Dr Kamba insiste sur la nécessité de disposer des ressources nécessaires pour tester un maximum de cas suspects et ainsi assurer l’identification de tous les porteurs du virus.
MPOX mutante : Des tests coûteux et inaccessibles
Les tests PCR, indispensables pour confirmer les cas, sont précieux et peu accessibles dans un pays où les infrastructures de santé sont fragiles. « Nous avons besoin d’au moins un laboratoire par province », plaide le Dr Dieudonné Mwamba. Les tests rapides, pourtant essentiels pour une réponse rapide, sont encore en développement et leur coût reste prohibitif.
Des traitements inefficaces et des vaccins inaccessibles
Le tecovirimat, un antiviral prometteur, s’est révélé inefficace dans un essai clinique mené au Congo. Les chercheurs estiment que des soins de base de qualité pourraient améliorer la survie des patients, mais ces sont difficiles à mettre en œuvre dans le contexte congolais.
Quant aux vaccins, bien qu’autorisés, ils sont rares et leur distribution est lente. « Nous aurions déjà dû penser à protéger les Africains », déplore le ministre de la Santé.
En plus, le prix des tests MPOX est considérablement élevé : pour réaliser un test sur l’appareil PCR GeneXpert, il faut utiliser deux cartouches à usage unique qui coûtent approximativement 11 dollars chacune. En comparaison, les tests effectués dans un laboratoire national sont moins onéreux, leur coût variant de 5 à 10 dollars par test.
Un manque de soutien international
La communauté internationale s’est mobilisée pour lutter contre la pandémie de Covid-19, mais l’épidémie de MPOX en RDC semble avoir été oubliée. Les pays riches ont concentré leurs efforts sur la vaccination de leurs propres populations, laissant les pays africains se débattre seuls.
Le Congo a du mal aux vaccins, aux traitements et aux équipements nécessaires pour faire face à cette crise. Les financements sont insuffisants et les procédures administratives complexes ralentissent le cheminement de l’aide.
Un cercle vicieux
En conclusion, le manque de ressources, la méfiance de la population et la complexité de la maladie forment un cercle vicieux. Les populations hésitent à se faire soigner, ce qui favorise la propagation du virus. Les autorités sanitaires, débordées, peinent à mettre en place des stratégies de prévention efficaces. L’épidémie de MPOX en RDC est bien plus qu’une simple crise sanitaire. Elle a mis en lumière les inégalités en matière d’accès aux soins, les fragilités des systèmes de santé dans les pays en développement et l’importance de la solidarité internationale face aux menaces sanitaires mondiales. La RDC a besoin d’un soutien international urgent pour renforcer ses capacités de diagnostic, de traitement et de vaccination. L’épidémie de MPOX mutante est un rappel brutal de l’importance de garantir l’accès à la santé pour tous, où qu’on soit dans le monde.