En ce mois de février 2025, le Togo traverse une période de turbulences énergétiques, marquée par des coupures d’électricité récurrentes. Ces perturbations, bien que temporaires, révèlent une réalité plus profonde : celle d’un continent africain aux prises avec une crise énergétique aux multiples ramifications. Cependant, loin de se contenter de subir cette situation, le Togo s’est engagé dans une transformation audacieuse visant à réinventer son paysage énergétique.
Une crise énergétique aux multiples racines
La Compagnie d’Énergie Électrique du Togo (CEET) a pointé du doigt les travaux de maintenance sur le gazoduc Ouest-africain comme cause immédiate des coupures actuelles. Ce gazoduc, essentiel pour l’acheminement du gaz naturel vers les centrales thermiques du Bénin, du Ghana et du Togo, est en effet un maillon crucial dans la chaîne énergétique régionale. Cependant, cette explication technique ne saurait masquer une réalité plus large : la crise énergétique mondiale, exacerbée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, a des répercussions palpables jusqu’aux portes de l’Afrique subsaharienne.
Les coûts de production ont grimpé en flèche, les ressources se sont raréfiées et les défis climatiques ajoutent une couche de complexité à une situation déjà tendue. Ces éléments combinés ont plongé plusieurs pays africains dans une situation de vulnérabilité énergétique, où les coupures d’électricité ne sont plus des exceptions, mais des réalités quotidiennes.
Une réponse ambitieuse face à la crise énergétique : le plan togolais pour 2030
Face à ces défis, le Togo a choisi de ne pas se contenter de solutions temporaires. Le gouvernement a lancé un plan ambitieux visant à assurer l’accès universel à l’électricité d’ici à 2030. Ce projet, loin d’être une simple promesse électorale, s’appuie sur une stratégie bien définie, centrée sur la diversification des sources d’énergie et la modernisation des infrastructures.
Parmi les initiatives phares, la centrale solaire de Blitta se distingue par son efficacité. Actuellement capable de produire 70 MW, elle devrait bientôt atteindre une capacité de 100 MW, avec un système de stockage intégré. Cette installation, qui capte l’énergie abondante du soleil togolais, symbolise la transition vers des sources d’énergie renouvelable, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles.
De même, la centrale électrique à haut rendement de Kékéli, d’une capacité de 65 MW, illustre l’engagement du Togo à améliorer l’efficacité énergétique tout en minimisant l’impact environnemental. En réduisant les émissions de carbone, cette centrale s’inscrit dans une démarche de développement durable, alignée sur les objectifs internationaux de lutte contre le changement climatique.
L’électrification rurale : un enjeu de taille
Au-delà des grands projets infrastructurels, le Togo a également mis en œuvre des initiatives visant à électrifier les zones rurales, souvent laissées pour compte dans les plans de développement énergétique. Le projet CIZO, par exemple, a déjà permis à plus de 240 000 ménages ruraux d’accéder à l’électricité grâce à des kits solaires individuels. Cette approche décentralisée, bien que modeste en apparence, a un impact profond sur la qualité de vie des populations locales, tout en contribuant à réduire la pression sur le réseau national.
Parallèlement, le projet KAMADAMA, qui développe une ligne électrique de 161 kV reliant les principales infrastructures énergétiques, vise à améliorer la distribution d’électricité à l’échelle nationale. En modernisant le réseau et en réduisant les pertes d’énergie, ce projet s’inscrit dans une logique d’optimisation des ressources existantes.
Vers un avenir énergétique durable
Le Togo, malgré les défis actuels, semble avoir trouvé une voie prometteuse pour surmonter la crise énergétique. En misant sur les énergies renouvelables, en modernisant ses infrastructures et en électrifiant ses zones rurales, le pays s’engage sur la voie d’un développement durable et inclusif.
Cependant, la route vers 2030 reste semée d’embûches. Les coûts financiers, les défis techniques et les aléas climatiques constituent autant d’obstacles à surmonter. Mais avec une volonté politique affirmée et une population engagée, le Togo a toutes les cartes en main pour transformer cette crise en opportunité.
En définitive, la crise énergétique actuelle, bien que douloureuse, pourrait bien être le catalyseur d’une transformation profonde, non seulement pour le Togo, mais pour l’ensemble de la région. Car, comme le disait l’écrivain Albert Camus, « dans les profondeurs de l’hiver, j’ai finalement appris qu’il y avait en moi un été invincible« . Le Togo, en pleine tempête énergétique, semble avoir trouvé son été.