En Côte d’Ivoire, où les intrigues politiques se tricotent avec l’habileté d’un tisserand du marché de Treichville, une nouvelle péripétie vient pimenter la course à la présidence. Tidjane Thiam, l’étoile montante du PDCI-RDA, cet homme au curriculum vitæ si rutilant qu’il pourrait éblouir jusqu’aux étoiles, se retrouve empêtré dans un imbroglio judiciaire aussi savoureux qu’un attiéké trop pimenté. Le tribunal de première instance d’Abidjan, dans une ordonnance datée du 10 avril 2025, a décidé de suspendre la délivrance de son certificat de nationalité. Motif ? Une contestation de son ivoirité, cette notion aussi floue qu’un horizon brumeux sur le littoral d’Assinie, qui revient hanter la scène politique comme un refrain entêtant.
Ivoirité : un certificat en otage, un président en embuscade
Imaginez la scène : Tidjane Thiam, costume impeccable, sourire affûté, prêt à défier le titan Alassane Ouattara, dont le règne semble s’étirer comme une journée sans électricité à Yopougon. Mais voilà, la présidente du tribunal, dans un élan de prudence digne d’un funambule, décrète qu’aucun certificat ne sera délivré tant que la « position légale » de Thiam n’aura pas été clarifiée. Ses documents, pourtant dûment présentés, se heurtent à un mur d’incertitudes, comme si la justice elle-même jouait à cache-cache avec la vérité. Et pendant ce temps, le calendrier électoral, impitoyable, avance à grands pas, tel un éléphant dans une plantation de cacao.
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Thiam, homme d’affaires aguerri, ancien patron de Credit Suisse, a pourtant tenté de désamorcer la polémique en renonçant à sa nationalité française, un geste qui aurait dû apaiser les esprits chagrins. Mais non ! La machine judiciaire, avec une lenteur savamment orchestrée, ravive le spectre de l’ivoirité, ce concept qui, hier encore, divisait la nation et semait des vents de discorde. Qui tire les ficelles de ce théâtre d’ombres ? Serait-ce une main invisible, tapie dans les couloirs feutrés du pouvoir, qui craint l’ascension d’un rival trop brillant ? Ou simplement le zèle d’un système judiciaire soucieux de ne pas froisser les puissants ? Les hypothèses dansent, et les Ivoiriens, perplexes, se grattent le menton.
Ouattara, l’éternel maestro ?
Et que dire d’Alassane Ouattara, cet habile chef d’orchestre qui, à 83 ans, continue de diriger la partition nationale avec une assurance déconcertante ? Lui qui, jadis, fut lui-même victime des accusations d’« être un étranger », semble aujourd’hui contempler la tempête avec un sourire énigmatique. Ses partisans jurent qu’il n’a rien à voir avec ce coup de théâtre judiciaire, mais comment ne pas s’interroger ? Après tout, faire trébucher un adversaire sans lever le petit doigt est un art que bien des stratèges envieraient. Et si Ouattara, tel un joueur d’échecs, laissait ses pions avancer seuls pour mieux protéger son roi ?
Le président, dont le bilan oscille entre routes flambant neuves et grogne populaire, a encore confirmé qu’il briguerait un quatrième mandat. Mais à Abidjan, où les rumeurs courent plus vite qu’un gbaka sur la voie express, on murmure qu’il n’aime guère l’idée d’un Tidjane Thiam en embuscade, prêt à séduire les foules avec son éloquence et ses promesses de renouveau. Alors, quoi de mieux qu’une bonne vieille querelle sur la nationalité pour freiner l’élan de ce « revenant » trop parfait ? L’histoire, ironiquement, a des airs de déjà-vu : hier Ouattara, aujourd’hui Thiam. L’ivoirité, décidément, est une arme à double tranchant.
Ivoirité: une nation face au miroir
Mais au-delà du feuilleton, c’est une question plus profonde qui se pose, sournoise comme une termite dans une charpente. Pourquoi, à l’approche de chaque élection, la Côte d’Ivoire se replonge-t-elle dans ces débats sur l’identité, au risque de rouvrir des blessures mal cicatrisées ? Thiam, né à Abidjan, issu d’une famille ayant donné ministres et dignitaires à la nation, doit-il vraiment prouver son « ivoirité » sous les néons d’un tribunal ? Et si ce n’était qu’un prétexte, une diversion pour détourner les regards des vrais enjeux : l’emploi, la santé, l’éducation, ces promesses qui s’effilochent comme un pagne usé ?
Le peuple ivoirien, habitué aux joutes politiques où l’ironie le dispute à la tragédie, observe, commente, plaisante. Dans les maquis, on parie sur l’issue du procès ; dans les marchés, on s’interroge sur les intentions des « grands ». Et si, derrière ce rideau de fumée judiciaire, se jouait une partie bien plus vaste ? Une partie où les ambitions d’un homme, aussi talentueux soit-il, se heurtent aux réflexes d’un système qui n’aime pas qu’on bouscule ses habitudes.
Un doute semé, une réflexion éveillée
Ainsi va la Côte d’Ivoire, entre grandeur et chausse-trappes, où chaque pas vers le progrès semble exiger un détour par les sables mouvants de la politique. Tidjane Thiam, entravé mais non abattu, attend son heure, tandis qu’Alassane Ouattara, maître du temps, savoure peut-être l’ironie d’un destin qui se répète. Mais au fond, c’est à vous, Ivoiriens, de trancher : ce feuilleton n’est-il qu’une farce bien montée ou le signe d’un jeu plus trouble ? Regardez bien, réfléchissez et méfiez-vous des évidences : dans ce pays, la vérité a souvent le goût d’un secret bien gardé.