Par Hicham Alaoui — L’Observatoire Africain des Migrations (OAM) a été inauguré, vendredi à Rabat par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita et la Commissaire aux affaires sociales de l’Union Africaine (UA), Mme Amira El-Fadel.Cette structure africaine dédiée aux migrations est de nature à doter le continent d’un outil efficace lui permettant de répondre à son besoin réel et pressant de générer une meilleure connaissance, compréhension et maitrise du phénomène migratoire, de développer la collecte, l’analyse et l’échange de données entre les pays africains, et de favoriser une gouvernance éclairée des migrations africaines.
L’Observatoire devra aider les pays africains à renforcer leurs compétences en vue d’élaborer des politiques migratoires nationales leur permettant une meilleure gestion des flux migratoires. Il constitue une réponse pratique pour pallier au manque des données sur les migrations en Afrique et pour remédier à la problématique des politiques migratoires souvent inefficaces en raison du manque de ces données.
Dans une allocution prononcée à cette occasion, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a fait savoir que la mise en place de l’Observatoire Africain des Migrations est « le fruit de deux ans de travail laborieux et de collaboration fructueuse de notre pays avec la Commission de l’Union Africaine ».
Selon lui, cette inauguration ne pouvait mieux tomber. Elle coïncide avec la célébration de la Journée internationale des migrants (18 décembre), une coïncidence heureuse, qui n’est pas que symbolique, a-t-il dit. L’inauguration de cette structure migratoire « envoie un message fort à la communauté internationale, sur la détermination du Maroc et de l’Afrique à assoir une meilleure gouvernance migratoire à l’échelle du continent », a relevé le ministre.
Pour lui, cette inauguration « intervient, aussi, à quelques jours du 2ème anniversaire du Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières que nous avions adopté à Marrakech, il y a 2 ans ». « Le Pacte de Marrakech et l’Observatoire de Rabat ont cela de complémentaire qu’ils servent la même cause, à des échelles différentes », a estimé M. Bourita.
L’inauguration de l’Observatoire est la démonstration du leadership volontariste du Roi Mohammed VI en tant que Leader de l’Union Africaine sur la question migratoire, a-t-il souligné, ajoutant que cette instance panafricaine est « la proposition phare de l’Agenda Africain sur la Migration, présenté par Sa Majesté le Roi, en janvier 2018, à l’occasion du 30ème Sommet de l’Union Africaine ».
L’Observatoire est une instance pionnière en Afrique. Il est la première instance de l’Union Africaine que le Maroc abrite. Mais plus que pionnier, il doit être novateur aussi, dans son approche et dans son fonctionnement, a expliqué le ministre.
Par un travail efficace de démystification : les stéréotypes sur la migration africaine sont erronés. L’Observatoire est là pour le démontrer ! Par une approche positive : L’Observatoire doit éclairer, par des données objectives, tout le potentiel de la migration au regard du nexus migration-développement, a-t-il encore enchainé.
Pour ce qui est de la mission dévolue à l’Observatoire, le ministre a fait savoir que cette structure doit, ainsi, assurer une « triple fonction » : de compréhension, d’anticipation et de proposition et doit se déployer comme un outil de plaidoyer et d’aide à la prise de décision, une plateforme de dialogue entre experts et parties prenantes africaines et un instrument de renforcement des capacités africaines.
Pour sa part, la Commissaire de l’UA aux affaires sociales, Mme Amira El-Fadel a indiqué que cet Observatoire est la première institution continentale de ce type en Afrique et marque « le début de nos efforts pour fournir des données équilibrées et adaptées aux besoins de l’Afrique dans le domaine des migrations.
Selon elle, la majeure partie de la migration en Afrique est intra-continentale. Une migration bien gérée peut être bénéfique au développement socio-économique à la fois pour les pays d’origine et d’accueil des migrants. « Une migration bien gérée n’est possible que lorsque les pays disposent de données à jour sur le phénomène migratoire, lesquelles sont fondées sur des preuves. Et l’Observatoire va fournir ces preuves au continent », a-t-elle estimé.
Pour elle, une migration gérée de manière cohérente permet aux pays du continent de récolter les fruits des liens entre migration et développement, assurant que la Commission de l’Union africaine ne ménagera aucun effort pour garantir que l’Observatoire africain des migrations soit un centre d’excellence de classe mondiale.
Et d’annoncer que l’Observatoire sera dirigé par la Tunisienne Laila Ben Ali. Diplomate de carrière, Mme Ben Ali a roulé sa bosse dans la sphère diplomatique en occupant de nombreux postes de responsabilités au sein de l’UA. Elle avait été nommée Ambassadeur Représentant de l’UA en Libye et était désignée directeur général de l’Institut Africain des statistiques basé à Tunis.
Sa carrière a été également auréolée par ses fonctions au sein de la Division Genre et Développement à la direction de la Femme, au sein de l’Union africaine, installée ans dans la capitale éthiopienne, depuis 2007, où elle chapeautée cette structure.
Première femme tunisienne ingénieure en statistiques (diplômée du Maroc), Mme Ben Ali s’était spécialisée dans les études démographiques et sociales (en tant que sous-directeur au ministère de la Femme) avant d’embrasser une carrière d’enseignante universitaire à la faculté des Lettres de Sfax.
Sa nouvelle fonction à la tête de l’Observatoire africain des migrations serait de faire ériger cette instance en un mécanisme, qui de par sa nature technique et opérationnelle, permet de générer une meilleure connaissance du phénomène migratoire, de créer un narratif africain sur la migration, de renseigner et de favoriser l’harmonisation de politiques migratoires efficientes.
Par ses activités, cette structure de la migration oeuvrera également à partager les données collectées via un système interconnecté associant différentes politiques et d’améliorer les capacités des pays de l’UA dans une optique d’amélioration de la situation des migrants et la mise en valeur du nexus migration-développement.
En somme, elle devra jouer un rôle important pour fédérer et soutenir des initiatives continentales existantes sur la migration dans le continent.