Au cœur du Togo, dans le district sanitaire de Mô, une course contre-la-montre s’est déployée du 24 février au 1ᵉʳ mars. Objectif : enrayer une épidémie de rougeole qui, depuis janvier, menaçait les plus jeunes. Avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette campagne de vaccination ambitionne de protéger près de 2400 enfants âgés de 9 mois à 14 ans. Dès la troisième journée, les chiffres donnaient le ton : 76 % des petits ciblés avaient reçu leur dose, un élan porteur d’espoir dans cette région centrale du pays.
La rougeole n’est pas un mal anodin. Ce fléau viral, d’une contagiosité redoutable, peut métamorphoser une fièvre banale en un drame irréversible, surtout chez les enfants. Ses complications, pneumonies, encéphalites, frappent là où les défenses sont fragiles. Pourtant, un vaccin existe, simple bouclier d’une efficacité prouvée. Mais dans des contrées comme le Togo, où les ressources sanitaires dansent souvent sur un fil, la maladie reste une ombre persistante.
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C’est dans ce contexte que le district de Mô, touché par une flambée en janvier, est devenu le théâtre d’une mobilisation exemplaire. La campagne, fruit d’une alliance entre les autorités togolaises et l’OMS, s’inscrit dans une stratégie mondiale : briser les chaînes de transmission par une immunisation massive. Car chaque enfant vacciné est une brèche colmatée dans le rempart que la rougeole tente de percer.
Une opération au cœur des villages contre la rougeole
Sur le terrain, l’effort est titanesque. Infirmiers, volontaires, chefs communautaires : tous se sont unis dans un ballet d’aiguilles et de sourires. Sous un ciel parfois implacable, ils ont sillonné les sentiers poussiéreux, frappant aux portes des cases les plus reculées. Les familles, conscientes de l’enjeu, ont répondu présentes, offrant leurs enfants à cette parade salvatrice. À mi-parcours, 76 % de couverture : un score qui galvanise, mais qui murmure aussi le défi des derniers mètres. Ces 24 % restants, souvent nichés dans des hameaux isolés ou freinés par des réticences, exigent un sursaut final.
Un combat aux enjeux colossaux
Derrière ces chiffres, c’est une bataille pour la vie qui se joue. La rougeole, malgré son vaccin, fauche encore trop de destins dans les pays à faible revenu. Au Togo, cette campagne n’est pas qu’une piqûre dans un bras ; c’est un manifeste d’espoir, un refus de baisser les armes face à une ennemie évitable. Les 76 % atteints en trois jours ne sont pas une fin, mais une promesse : celle d’aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que chaque enfant soit hors de danger.
Une lueur pour demain
Alors que les derniers jours de la campagne s’égrènent, une question flotte dans l’air brûlant de Mô : comment transformer cette victoire en un rempart durable ? La réponse se dessine dans des programmes de vaccination pérennes, dans des écoles dans lesquelles l’on enseigne la confiance en la science, dans des communautés soudées par un même rêve de santé. Car si aujourd’hui le Togo repousse la rougeole, c’est pour que demain elle ne soit plus qu’un écho fané.
Dans cette lutte, chaque enfant vacciné est une étoile rallumée, chaque village protégé un pas vers la lumière. Le district de Mô, porté par cet élan de solidarité, écrit une page d’histoire. Et si la rougeole recule, c’est pour laisser place à une mélodie plus douce : celle des rires d’enfants libres de grandir, sous un ciel enfin apaisé.