Les Nations Unies, l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont unanimement condamné le coup d’Etat survenu dimanche en Guinée.Les trois organisations internationales n’ont pas attendu longtemps pour réagir sur la situation en République de Guinée. Dans la matinée de dimanche, le Groupement des Forces Spéciales (GFS), aux ordres du lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, un ancien légionnaire de l’armée française, s’est attaqué à Sékhoutouréya, le palais présidentiel.
Les militaires s’introduisent dans une pièce où ils filment Alpha Condé, 83 ans, assis sur un canapé et surpris du déroulement des évènements. Se murant dans un silence assourdissant, l’air perdu dans un jeans et une chemise à moitié déboutonnée, le chef de l’Etat déchu est arrêté et conduit dans une destination inconnue.
Une situation qui exaspère au plus haut point les dirigeants des organismes internationaux, en premier chef Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l’Organisation des nations unies (Onu).
« Je suis personnellement de très près la situation en Guinée. Je condamne fermement toute prise de pouvoir du gouvernement par la force du fusil et appelle à la libération immédiate du président Alpha Condé », a twitté le diplomate portugais.
L’Union africaine et sa Commission ont également réagi dans un communiqué conjoint de leurs présidents en demandant notamment « la libération immédiate du président Alpha Condé ». Par ailleurs, Félix Tshisekedi et Moussa Faki Mahamat « invitent le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine à se réunir d’urgence pour examiner la nouvelle situation en Guinée et pour prendre les mesures appropriées aux circonstances ».
Au niveau sous-régional aussi, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a suivi « avec une grande préoccupation » les récents développements politiques survenus à Conakry. Comme les deux précédentes organisations, celle dirigée par le président ghanéen Nana Addo Akufo-Addo demande la « libération immédiate et sans condition » de Condé « ainsi que celle de toutes les personnalités arrêtées ».
Si le chef des putschistes Mamady Doumbouya a affirmé devant les médias internationaux que le président déchu se portait bien, la Cedeao tient à exiger tout de même « le respect de (son) intégrité physique ». Elle appelle également au rétablissement de « l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions ».
Mais les meneurs du coup d’Etat, réunis dans le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), ne semblent pas se diriger vers cette voie au vu des premières déclarations de leur leader.
Annonçant la dissolution de la Constitution, Mamady Doumbouya, béret rouge, lunettes de soleil et enveloppé dans un drapeau guinéen, a assuré qu’ils vont « réécrire une Constitution ensemble, cette fois-ci, (pour) toute la Guinée ».
Le nouvel homme fort de Conakry, au physique impressionnant, a dénoncé la « gabegie » et déploré le fait qu’il y ait eu « beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes » qui ont coulé surtout lors de la dernière élection présidentielle d’octobre 2020. Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, avait été réélu dans un bain de sang pour un troisième mandat contesté.