Plusieurs personnalités et organisations des médias continuent d’exprimer leur sentiment de colère et de mépris après la destruction matérielle subie hier lundi par le quotidien privé sénégalais « Les Echos ».Dans des vidéos devenues virales, huit ordinateurs et un téléviseur de marque de la rédaction des Echos se retrouvent à terre, « complètement endommagés ». C’est ainsi que le souligne ledit journal dans sa parution du mardi sous le titre : « Les Moustarchidines perpètrent un +attentat+ à +Les Echos+ ».
Les Moustarchidines sont un mouvement religieux de la communauté tidiane de Tivaouane et dont le guide moral est Serigne Moustapha Sy, par ailleurs président d’honneur du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), arrivé quatrième à la dernière présidentielle avec plus de 4% des voix.
De présumés disciples se sont offusqués après avoir découvert dans la Une de la veille des Echos une nouvelle faisant état de l’hospitalisation de leur guide pour Covid-19. Ils ont décidé ainsi de se faire justice, se rendant dans le siège du journal où ils auraient saccagé le matériel.
Dans un communiqué, le secrétaire national de la jeunesse du PUR, Habib Ndiaye, a dénoncé des « mensonges éhontés » et affirmé que le président du PUR « est bien portant et se trouve quelque part sur la planète Terre en train de vaquer à ses occupations ».
Dénonçant une « campagne de déstabilisation », il prévient le journal : « Laissez-le tranquille si vous voulez la paix (…) Un homme averti en vaut deux ». Par ailleurs, le communiqué ne mentionne pas l’attaque qui a visé la rédaction des Echos.
Selon des informations du groupe Emedia, six personnes ont été arrêtées dans l’affaire et seront auditionnées à la Section de recherches de la gendarmerie, en attendant que l’enquête se poursuive.
Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) a annoncé sur sa page Facebook que « les organisations des médias seront au journal Les Echos pour dire leur indignation ». Pour le syndicat, les jeunes du PUR n’ont pas nié l’objet de leur attaque, qui « était d’intimider ou de museler la presse sénégalaise ».
Le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS) a condamné « avec fermeté » le saccage du siège du journal là où le ministre de la Culture et de la Communication l’a qualifié d’«actes irresponsables ». Pour lui, les auteurs « auraient pu aboutir, autrement, à une situation beaucoup plus grave ».
Aussi indignée par la « rédaction vandalisée » des Echos, Reporters sans frontières (RSF) a demandé ce 4 août « une réaction ferme et rapide des autorités » sénégalaises pour « que cette attaque ne reste pas impunie ».