La junte militaire soudanaise doit rapidement former un gouvernement civil de transition au risque de voir de nouvelles sanctions financières s’abattre sur le pays.La pression s’accélère sur le général Abdel Fattah al-Burhan et ses hommes. De plus en plus contestée par la population, les putschistes ont libéré cette semaine plusieurs prisonniers politiques importants. Malgré tout, la tension est au plus haut au Soudan qui n’a plus de gouvernement depuis plusieurs mois.
A cet effet, une délégation de pays importants de l’Union européenne et les États-Unis a rencontré vendredi 29 avril à Khartoum la junte militaire et l’opposition civile. Au terme de sa visite, un communiqué a appelé à la formation d’un gouvernement civil.
Pour les diplomates occidentaux, la junte militaire doit faire des « progrès immédiats vers la formation d’un gouvernement civil de transition ». Sinon, le Soudan pourrait perdre « des milliards de dollars d’aide au développement de la Banque mondiale », son accord avec le FMI et 19 milliards d’annulation de sa dette.
Dans le communiqué concluant leur visite à Khartoum, les États-Unis, l’Union européenne, la France, le Royaume Uni, l’Allemagne et la Norvège soulignent qu’ils n’accepteront aucun « accord ou gouvernement » qui « manquerait de crédibilité » auprès des Soudanais et de la communauté internationale. Ils rappellent que leur soutien concerne le processus de dialogue initié par les Nations Unies, l’Union africaine et l’Organisation régionale est-africaine (IGAD).
Ces organisations ont annoncé une réunion des acteurs politiques soudanais du 10 au 12 mai même si l’opposition refuse toujours de dialoguer avec les militaires et les forces politiques qui ont soutenu leur coup d’État du 25 octobre.
Une économie à genou
Trois ans après la chute du dictateur Omar el-Béchir, la population soudanaise est redescendue dans la rue pour dénoncer l’exploitation qui a été faite de sa révolution. Depuis octobre 2021, plus de 90 manifestants ont été tués par les forces de sécurité et des centaines détenues en prison.
Au plan économique, le pays est frappé par des sanctions économiques qui le placent au bord de l’effondrement. Plusieurs partenaires ont posé comme condition la formation d’un nouveau gouvernement de transition pour une reprise de l’aide internationale. Ainsi, la devise soudanaise est en chute libre pour avoir perdu un quart de sa valeur depuis le coup d’État. L’inflation est officiellement à 260%. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), neuf millions de Soudanais sur une population de 44 millions souffrent de faim aigue.
Par ailleurs, Abdel Fattah al-Burhan a évoqué en février dernier les conditions pour le retour des civils au pouvoir alors que les Comités de résistance annonçaient un maintien de la mobilisation populaire pour le faire plier.
« S’ils sont d’accord et s’assoient avec nous, nous sommes prêts à les rejoindre et à dialoguer avec eux. Ils peuvent même décider de nous couper le cou et nous serions prêts à cela. Ce qui compte pour nous, c’est l’accord de tous les Soudanais, après quoi nous leur transférerons le +pouvoir confié+ par le biais d’élections ou d’un accord national », avait déclaré le général putschiste de 62 ans au site d’information Sudan Tribune.