Les drones « made in Turkey » volent au secours de l’armée turque en Syrie

Les images de cibles pulvérisées tournent en boucle sur les télévisions. Pour venger ses soldats tués en Syrie et inverser le rapport de forces, la Turquie se sert d’une nuée de drones armés, dont elle est l’un des principaux fabricants dans le monde.

Ces appareils télépilotés ont infligé de lourdes pertes en hommes et matériel aux forces du régime syrien dans la province d’Idleb (nord-ouest), où Ankara a lancé de vastes représailles après la mort de 34 de ses soldats jeudi dans des frappes attribuées à Damas.

L’armée syrienne a affirmé avoir abattu au moins trois de ces drones turcs, mais l’allié russe de Damas qui contrôle le ciel dans le nord-ouest de la Syrie ne semble pas être intervenu face aux appareils d’Ankara.

Le recours très médiatisé à ces drones permet à la Turquie non seulement de frapper en Syrie sans risquer la vie de ses pilotes, mais aussi de faire la promotion de ces appareils dont il ambitionne de devenir un exportateur de premier plan.

« L’utilisation de drones par la Turquie lors de cette opération est sans précédent dans son histoire militaire moderne », explique à l’AFP l’analyste de défense Arda Mevlutoglu. « Ce recours efficace aux drones semble avoir changé la dynamique de la guerre civile en Syrie et influé sur les tractations diplomatiques ».

– « Frappes plus efficaces » –

Les drones militaires turcs sont produits par Baykar, une compagnie dirigée par le gendre du président Recep Tayyip Erdogan, Selcuk Bayraktar, et par Turkish Aerospace Industries (TAI).

La Turquie « est le leader d’un groupe de pays qui montent dans ce domaine technologique et essayent d’avoir un impact », estime Dan Gettinger, co-directeur du Center for the Study of the Drone au Bard College à New York.

Ankara a par le passé affirmé avoir éliminé des centaines de combattants de la rébellion kurde dans des frappes de drones, mais le théâtre d’opération syrien lui permet de montrer son savoir-faire dans ce domaine.

Pour Ozgur Eksi, rédacteur en chef du magazine spécialisé C4Defence, le recours massif aux drones ces derniers jours a rendu les frappes turques « plus efficaces ».

Notant que les forces armées turques avaient détruit plus de cent chars du régime syrien en l’espace de quelques jours, il a souligné que « sans drones, une telle entreprise prendrait beaucoup plus de temps et aurait mis en danger la vie de soldats turcs ».

Outre les frappes qu’ils mènent, ces drones servent aussi à marquer des cibles qui sont ensuite visées par l’artillerie ou des avions de combat.

« Cela permet à la Turquie de mener des frappes à distance, contournant ainsi l’espace aérien syrien tout en infligeant de lourdes pertes aux forces syriennes », affirme M. Mevlutoglu, l’analyste de défense.

– « Source de fierté » –

M. Gettinger estime que la Turquie dispose de 94 drones armés de type Bayraktar TB2 fabriqués par Baykar. Bien que de petite taille, cet aéronef est doté d’un système d’armement capable d’éliminer des véhicules blindés.

L’engouement de la Turquie pour les drones n’est pas nouveau. Selon M. Gettinger, Ankara s’est lancé dans le développement de ces appareils dans les années 1990 pour ne pas dépendre d’autres pays pour s’en procurer, notamment les Etats-Unis et Israël, avec lesquels les relations sont souvent tendues.

M. Erdogan répète à l’envi que la Turquie ambitionne de se placer parmi les dix premiers exportateurs d’armes au monde d’ici 2023, année du centenaire de la République turque.

« Si nous sommes en mesure de mener nos opérations (militaires) sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, c’est grâce au travail que nous avons accompli et aux résultats que nous avons obtenus », a-t-il dit dans un discours lundi.

A ce jour, la Turquie a exporté des drones vers le Qatar et l’Ukraine, selon M. Gettinger, et elle en a déployé aussi en Libye en soutien au gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’Est libyen Khalifa Haftar.

La Turquie travaille aussi avec des pays comme l’Indonésie et le Pakistan pour les aider à produire localement des drones avec des moyens technologiques turcs.

« La Turquie essaye inlassablement de promouvoir ses drones à l’étranger, car cette industrie est une grande source de fierté pour elle », souligne M. Gettinger.

A Téhéran, la peur du coronavirus vide les rues et casse le moral

Démoralisées après plusieurs jours passés enfermées chez elles par crainte du nouveau coronavirus, Chahpar Hachémi et sa fille Parmis se sont finalement décidées à sortir faire des courses, dans les rues inhabituellement calmes de Téhéran.

Malgré leur crainte d’attraper la maladie, Mme Hachémi et sa fille de 13 ans battent le pavé dans la capitale iranienne, l’unique masque de protection dont elles disposent sur le visage de Parmis.

Selon le dernier bilan officiel annoncé par les autorités, le virus a fait 77 morts sur un total de plus de 2.300 personnes contaminées. L’Iran est le pays qui recense le plus de morts dues à la maladie Covid-19 après la Chine.

Des écoles ont été fermées à travers le pays, entre autres mesures prises par les autorités pour endiguer la propagation du virus.

« C’est extrêmement dur pour nous mais je ne peux pas prendre un taxi ou un bus même si mes pieds me font mal », dit Mme Hachémi.

« Ma fille était déprimée à la maison, alors je l’ai emmenée faire des courses pour lui remonter le moral ». Les enfants « ne vont plus à l’école et ils ont peur du virus », ajoute cette femme au foyer de 45 ans.

Non loin, des voitures et des bus circulent à intervalles irréguliers sur le rond-point de Vanak, un des grands carrefours de la capitale. Depuis plusieurs jours les embouteillages monstres qui font le quotidien de Téhéran ont disparu.

Le nuage de pollution qui recouvre habituellement la ville de plus de huit millions d’habitants a lui aussi fortement diminué avec la baisse de la circulation.

Un faible réconfort pour Pejman, un architecte de 39 ans, qui partage ses craintes concernant l’épidémie.

– Vies chamboulées –

« La maladie a chamboulé nos vies », dit-il à l’AFP. « Nous avons peur. Il n’y a pas de masque ni de solution hydroalcoolique désinfectante. Les gens en ont besoin mais n’en trouvent pas. »

Les activités commerciales souffrent également. Des collègues de Pejman soupçonnés d’être contaminés ont été contraints de rester chez eux, rapporte l’architecte.

« Cela a eu un effet néfaste sur notre entreprise. Maintenant, ils prennent notre température tous les matins avant d’entrer dans le bureau », ajoute Pejman.

Le ralentissement économique est aussi palpable dans les rues.

Pour passer le temps, les vendeurs jouent à des jeux, les employés nettoient méticuleusement les portes et fenêtres des restaurants vides et les chauffeurs de taxis, garés sur le côté de la route, attendant inlassablement des clients.

« Les rues sont vides », dit Jamchidi, un chauffeur de taxi. Derrière lui des collègues partagent un repas en plaisantant bruyamment.

– « Plus d’argent pour manger » –

« C’est mon travail d’emmener les gens où ils ont besoin d’aller, mais personne ne quitte sa maison, » déplore-t-il.

« Si cela continue comme ça, nous n’aurons plus d’argent pour manger. Hier j’ai très peu gagné et jusqu’à présent, aujourd’hui, je n’ai eu aucun passager », poursuit-il.

Hamid Bayot, qui tient un commerce de jus de fruits sur le rond-point de Vanak, affirme que ses ventes ont chuté de 80% depuis l’annonce officielle des premiers cas de contamination au nouveau coronavirus, le 19 février. Et ce, malgré les mesures sanitaires prises par les commerçants pour rassurer les clients.

« Nous désinfectons tout trois fois pas jour mais les gens ont peur et ne nous achètent rien », dit Hamid Bayot. « Si ça continue, nous allons faire faillite et nous devrons fermer notre magasin. »

Pour tromper l’ennui des jeunes Iraniens, la chaîne d’informations –habituellement austère– de la télévision d’Etat diffuse des émissions légères, allant de la Panthère rose en dessin animé à un documentaire sur le tournage du film « The Revenant » avec l’acteur américain Leonardo Dicaprio.

« Nous devons rester à la maison et ne rien faire. Nous ne pouvons pas voir nos amis et nous ne sommes plus heureux », déplore Parmis Hachémi, à travers le masque que lui a donné sa mère.

L’armée turque incite des migrants à franchir la frontière grecque, sécurité renforcée avant une visite de l’UE

Des Syriens ont accusé mardi l’armée turque de les avoir poussés en Grèce, alors que la sécurité a encore été renforcée au poste-frontière entre la Grèce et la Turquie où sont attendus la présidente de l’UE et le chef du gouvernement grec.

« Ils nous ont lâchés au bord du fleuve et nous ont juste dit: +Partez!+ Ils nous ont laissé seuls. C’était l’armée turque », témoigne auprès de l’AFP Taisir, 23 ans, un Syrien de Damas réfugié depuis cinq ans à Istanbul.

Le jeune homme, qui ne souhaite pas révéler son nom de famille, fait partie d’un groupe d’une dizaine de personnes, toutes syriennes, interpellées mardi à l’aube par la police grecque qui a confisqué au moins quatre de leurs téléphones portables.

Dans cette zone frontalière longue de 212 kilomètres et qui borde le fleuve Evros (nommé Meritsa côté turc), des milliers de migrants se sont massés côté turc depuis vendredi dans l’espoir de passer en Europe.

Une situation préoccupante pour l’UE qui redoute une « crise » migratoire semblable à celle de 2015.

La sécurité au poste-frontière de Kastanies, dans l’extrême nord-est de la Grèce, a encore été renforcée mardi avant la visite dans la journée de la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, et les présidents du Conseil et du Parlement européens, Charles Michel et David Sassoli.

– Renforts –

D’importants renforts de policiers ont été déployés devant l’entrée de la zone tampon qui sépare les deux pays, a constaté l’AFP sur place.

La tension, toujours vive après des échauffourées dimanche entre migrants et policiers grecs, était descendue d’un cran lundi.

Aucun jet de pierres ni gaz lacrymogène n’ont été constatés lundi par une équipe de l’AFP présente du côté grec, tandis qu’une source gouvernementale grecque sur place assurait que la situation était « plus calme » que samedi et dimanche.

Selon des sources gouvernementales grecques, entre lundi 06h du matin (04h00 GMT) et mardi 6h, les garde-frontières ont empêché l’entrée de 5.183 personnes sur le territoire, le long de la frontière terrestre où est déployé « un contingent policier très important ».

Quarante-cinq personnes ont également été interpellées durant cet intervalle. « La plupart d’entre elles sont originaires d’Afghanistan, du Pakistan, du Maroc ou du Bangladesh », selon cette source.

– ‘Soutien ferme’-

Peu avant sa visite, le chef du gouvernement grec a affirmé attendre un « soutien ferme » de l’UE, selon une source gouvernementale alors que la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a accueilli plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015 et 2016, a dénoncé la pression « inacceptable » de la Turquie « sur le dos des réfugiés ».

« La Grèce ne va pas subir le chantage de ceux qui utilisent des personnes persécutées pour servir leurs propres intérêts », a déclaré le Premier ministre grec, en passant en revue des officiers de l’armée près de Kastanies. Il a répété que « personne n’entrerait illégalement dans le pays ».

Sur la route qui longe la frontière, le groupe de Syriens témoigne de sa colère d’avoir été poussés à quitter Istanbul.

Parmi ces réfugiés figurent deux bébés de cinq mois et un an, protégés du froid dans des couvertures, et deux petites filles en bas âge, apeurées et visiblement épuisées.

« Hier ils nous ont chassés de nos maisons, ils ont pris notre argent, ils ont pris nos téléphones portables », soupire le jeune homme, désemparé alors qu’une des petites filles, en larmes, reçoit un peu d’eau.

Son témoignage, recueilli près du village grec de Lavara est impossible à vérifier mais il vient corroborer les récits de migrants massés devant la clôture côté turc depuis la décision d’Ankara de ne plus retenir les migrants désireux de se rendre en Europe.

Ce groupe de Syriens devrait venir grossir le flot des migrants soumis aux méandres de la justice grecque pour entrée illégale sur le territoire.

Les migrants, qui parviennent à franchir la frontière, sont livrés à eux-mêmes, errant là sur un chemin de terre, là au bord de ruisseau ou en contrebas d’une voie express.

Sur une centaine de kilomètres, tout au long de la frontière, on ne croise aucun bénévole, aucune organisation humanitaire ou ONG pour leur apporter de l’eau, une soupe, une assistance médicale.

Les routes et chemins sont en revanche soumis au ballet incessant des véhicules de l’armée grecque dont des renforts ont été dépêchés depuis le week-end dernier dans cette région rurale parmi les plus pauvres et les plus reculées de Grèce.

Migrations: la Grèce s’attend au « ferme soutien » de l’UE pour protéger ses frontières

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis s’attend au « ferme soutien » de l’Union européenne, selon une source gouvernementale, lors de sa rencontre mardi avec les dirigeants européens à la frontière gréco-turque où des milliers de migrants se sont rués dans la zone tampon avec la Turquie.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est attendue, avec les présidents du Conseil et du Parlement européens, Charles Michel et David Sassoli, à Alexandroupolis, chef-lieu du département frontalier d’Evros, avant une déclaration commune prévue à 15H30 locales (13H30 GMT), au poste frontalier de Kastanies, selon les services de Kyriakos Mitsotakis.

Le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, le Premier ministre croate Andrej Plenković et son ministre de l’Intérieur Davor Božinović, doivent également participer à cette réunion, selon la même source.

Kyriakos Mitsotakis s’attend au « ferme soutien » de ses partenaires européens, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.

Ursula von der Leyen a déjà exprimé lundi « le soutien entier » de l’Europe à la Grèce. « Le défi que doit relever la Grèce est un défi européen », a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse à Bruxelles lundi.

L’Union européenne a annoncé que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, se rendait à Ankara mardi et mercredi pour des discussions de « haut niveau » sur la situation dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

Kyriakos Mitsotakis s’est entretenu lundi au téléphone avec le président américain Donald Trump de la situation à la frontière gréco-turque. Ce dernier a exprimé « son soutien à la Grèce et l’a encouragé à protéger ses frontières », selon une source gouvernementale.

Depuis que la Turquie, en quête d’un appui en Syrie, a annoncé vendredi l’ouverture de ses frontières avec l’Europe, des milliers de migrants et réfugiés ont afflué dans la zone tampon entre la Grèce et la Turquie réclamant leur passage en Europe.

Qualifiant d' »invasion » et de « menace asymétrique » ce déplacement massif de migrants, le gouvernement conservateur grec a décidé de renforcer la sécurité du poste frontalier de Kastanies avec d’importantes forces de l’armée et de la police, qui ont fait usage à plusieurs reprises ces derniers jours de gaz lacrymogènes pour repousser les migrants.

« Entre samedi et lundi soir 24.203 tentatives d’entrées illégales ont été évitées, 183 personnes ont été arrêtées », s’est félicité le gouvernement dans un communiqué.

Toutefois, de nombreuses ONG de défense des droits de l’homme ont mis en garde l’Europe et la Grèce contre la violation des droits des demandeurs d’asile.

Lotte Leicht, directrice de la section européenne de Human Rights Watch, a appelé mardi l’UE à « prendre des mesures efficaces à la frontière gréco-turque qui respectent le droit à l’asile et à la dignité des gens ».

La bataille d’un couple gay croate pour accueillir des enfants

Éduqués, employés, calmes, attentifs: Ivo et Mladen réunissent toutes les caractéristiques idéales pour accueillir des enfants dans le cadre de la procédure de placement familiale en Croatie, où environ 1.000 d’entre eux ont désespérément besoin d’un foyer.

Seulement voilà, être gay dans un pays conservateur sous large influence de l’église catholique est un problème. De longues années durant, les préjugés les ont empêchés de réaliser leur rêve d’accueillir des enfants.

Début février, une lueur d’espoir s’est profilée à l’horizon lorsque la justice locale a tranché, sur fond de débat houleux : les couples de même sexe en Croatie ont le droit d’accueillir des enfants. La Cour constitutionnelle a estimé que la législation en vigueur produisait « des effets discriminatoires » à l’égard des homosexuels.

« Nous sommes ravis », a déclaré à l’AFP Ivo Segota, un biologiste moléculaire de 37 ans, attablé dans un café de Zagreb avec son compagnon Mladen Kozic, un sociologue de 38 ans.

« Avec cette décision (…) plus personne ne devrait avoir à endurer ce que nous avons enduré », ajoute-t-il.

Leur parcours du combattant avait commencé il y a plusieurs années : après le rejet immédiat de la demande d’adoption qu’ils avaient déposée, ils se sont empressés de déposer une demande d’accueil d’enfants en 2017.

« Notre désir d’enfants (…) n’est pas différent de celui des autres couples souhaitant entendre les rires d’enfants dans leurs foyer », dit Ivo.

Puisqu’ils ne sont pas autorisés à se marier, Ivo et Mladen ont enregistré un « partenariat de vie », un statut qui leur accorde presque les mêmes droits.

Si le niveau de tolérance envers la communauté LGBT a augmenté en Croatie au cours des dernières années, les groupes conservateurs proches de l’église s’efforcent de maintenir le mariage gay hors-la-loi et bataillent pour empêcher l’adoption ou l’accueil d’enfants dans les familles homoparentales.

– « Rejeté » –

Pour le couple, la procédure a vite tourné à un cercle administratif vicieux de demandes rejetées, de plaintes et de décisions de la justice, leur faisant faire la navette entre le Centre de soutien social à Zagreb, le ministère des Affaires sociales et les tribunaux.

Pourtant, le couple avait des arguments, et le Centre de soutien social s’était montré très enthousiaste après les entretiens des deux partenaires, assure Ivo.

La majorité des couples candidats à l’accueil d’enfants étant des personnes âgées pour la plupart d’une cinquantaine d’années, Ivo et Mladen sortaient du lot.

Le centre a néanmoins douché leur espoirs, invoquant un manque de législation sur laquelle s’appuyer pour répondre à leur demande. Par la suite, l’institution a ignoré une décision du tribunal de Zagreb lui demandant de réexaminer la demande du couple provoquant l’indignation parmi des groupes de défense des droits de l’Homme.

« Mladen et moi étions choqués », indique Ivo en se rappelant sa réaction après avoir lu le mot « rejeté » dans la lettre adressée par le centre.

La récente décision de la Cour constitutionnelle a fait renaître leurs espoirs.

Le couple s’attèle à terminer la construction d’une maison à proximité de Zagreb qui deviendra, espère-t-il, d’ici la fin de l’année, le foyer de deux ou trois enfants.

– Opposition musclée –

Assumer son homosexualité n’est pas chose facile en Croatie, mais Ivo et Mladen, en acceptant que leur vie soit exposée dans les médias, veulent montrer que les couples de même sexe ne sont pas « des monstres importés de l’Occident ».

Selon les derniers sondages, 64% des Croates sont opposés à ce que des couples de même sexes accueillent des enfants.

La raison la plus fréquemment avancée ? Un enfant a besoin « d’une mère et d’un père » pour être convenablement élevé.

Vice Batarelo, patron de l’association ultra-catholique Vigilare, a qualifié la Cour constitutionnelle de « honte de l’Etat croate », ajoutant « nous avons fait des enfants des cobayes ».

Un autre groupe, « Au nom de la famille », entend remettre en cause la décision « inacceptable » de la Cour « contraire aux intérêts des enfants ».

En province, à Imotski, des poupées de carnaval représentant un couple gay tenant un enfant ont été incendiées durant un carnaval pour défendre, selon les organisateurs, « les valeurs traditionnelles », un incident condamné par le gouvernement.

« Le sujet nous touche, mais touche aussi à la politique, aux opinions et aux dogmes », a estimé Mladen. « Ce sont les 1.000 enfants qui devraient être au centre de l’attention. Eux qui perdent leur avenir en raison du mauvais travail des institutions ».

Après sa « grande victoire » électorale, Netanyahu bien placé pour mener un gouvernement

Malgré son inculpation pour corruption, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se dirige mardi vers une victoire convaincante aux élections législatives le plaçant en position de force pour former le prochain gouvernement et se présenter à son procès.

Avec 90% des votes dépouillés mardi dans la matinée par la commission électorale, le Likoud (droite) de M. Netanyahu obtient 29,3% des voix, contre 26,3% pour la formation centriste « Bleu-Blanc » de son principal rival Benny Gantz.

Dans le système israélien, ce score se traduit par environ 36 sièges pour le Likoud, contre 32 pour les troupes de l’ancien général Benny Gantz.

Avec ses alliés de la droite radicale et des partis juifs ultra-orthodoxes, le Likoud pourrait compter, à l’issue de ces troisièmes législatives en moins d’un an, sur un total de 59 sièges, à deux députés de la majorité parlementaire, selon ces pronostics.

« Bientôt nous trouverons dans l’autre bloc les voix manquantes », a affirmé le porte-parole du Likoud Jonathan Urich sur la radio de l’armée. « Nous sommes déjà en contact avec un certain nombre de députés de l’autre camp », a-t-il assuré.

M. Netanyahu, Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël avec 14 ans au pouvoir, s’est félicité dans la nuit d’avoir remporté « la plus importante victoire de sa vie », devant une foule de partisans réunis à Tel-Aviv qui l’ont accueilli par un concert de vivats et de « Bibi roi d’Israël ».

Si le score du Likoud se maintient au-delà des 35 sièges, il s’agira du meilleur résultat du parti sous Benjamin Netanyahu, qui compte aussi sur de bonnes performances de la droite en général.

« C’est une victoire… contre toute attente » et aux dépens de ceux qui avaient prédit « la fin de l’ère Netanyahu », a ajouté le Premier ministre, inculpé pour corruption, dont le procès doit s’ouvrir le 17 mars.

– Défiance –

« Une nouvelle fois, une majorité de l’électorat a exprimé son immense défiance vis-à-vis de la justice », a estimé l’éditorialiste Amnon Lord dans les colonnes du quotidien de droite Israel Hayom.

« Netanyahu serait parti depuis longtemps » si les Israéliens accordaient de l’importance aux chefs d’inculpation retenus contre lui, à savoir corruption, malversation et abus de confiance, selon M. Lord.

Mardi matin, la Cour suprême israélienne a toutefois reçu une pétition du « Mouvement pour un gouvernement de qualité » contre la possible désignation, par le président Reuven Rivlin, de M. Netanyahu pour mettre un cabinet sur pied.

« Un prévenu inculpé de corruption, malversation et abus de confiance ne peut assumer la tâche de former un gouvernement », fait valoir ce mouvement. « Un homme comme lui ne peut pas servir de modèle et être Premier ministre. »

– « Seule solution logique » –

A l’issue des élections d’avril et de septembre, M. Netanyahu avait échoué à forme un gouvernement d’union nationale.

C’est pourtant « la seule solution logique » pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve Israël depuis près d’un an, selon l’influent commentateur politique Ben Caspit, critique du Premier ministre.

Un gouvernement d’union pourrait permettre à M. Netanyahu de « rester un an de plus au pouvoir et de négocier (avec le procureur) en étant dans une position confortable », écrit M. Caspit dans les pages du quotidien Maariv.

Le Premier ministre clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières » des services du ministère public et des médias.

Les partisans de Benny Gantz espèrent eux voir les résultats officiels resserrer l’écart entre les deux camps. « Nous nous attendions à un autre résultat », a admis l’ancien chef d’état-major des armées dans la nuit.

Son parti « Bleu-Blanc » misait sur le soutien des partis de gauche, qui s’étaient unis pour ce scrutin, mais dont les premiers résultats sont décevants (6 ou 7 sièges au total). Le chef de la gauche, Amir Peretz, a accusé M. Gantz d’avoir mené « une campagne irresponsable » qui a « miné » l’ensemble de leur bloc.

Benny Gantz avait notamment durci le ton dans cette campagne à l’égard de la « Liste unie » des partis arabes israéliens, des alliés potentiels, qui avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium et pourraient cette fois atteindre 15 sièges, un record.

Kim a supervisé un « tir d’artillerie de longue portée »

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a supervisé un « tir d’artillerie de longue portée », ont annoncé mardi des médias d’Etat nord-coréens, après que Pyongyang a menacé de faire la démonstration d’une nouvelle arme.

La veille, la Corée du Sud avait indiqué avoir détecté le tir par Pyongyang de deux « missiles balistiques ».

Kim Jong Un « a supervisé » l’exercice lundi, et « lorsqu’il a donné l’ordre aux unités sous-marines de tirer, les hommes chargés des pièces d’artillerie de longue portée ont tiré tous ensemble », a rapporté l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA.

De son côté, le journal officiel Rodong Sinmun publiait des clichés de batteries de lance-roquettes multiples, ainsi que plusieurs photographies d’une roquette de large calibre tirée dans une forêt. On y voit également Kim, vêtu d’un manteau de cuir noir, jumelles à la main.

Selon KCNA, le dirigeant a exprimé sa « grande satisfaction » et appelé ses troupes à conserver « une volonté d’acier et un patriotisme ardent ».

L’armée sud-coréenne avait affirmé lundi que Pyongyang avait tiré deux projectiles, quelques semaines après avoir mis fin à son moratoire sur les essais de missiles longue portée et menacé de tester une « nouvelle arme stratégique ».

– Mobiliser l’opinion –

Il s’agissait « vraisemblablement de missiles balistiques de courte portée », selon un responsable l’état-major interarmes sud-coréen (JCS), ce qui serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les deux engins identifiés par Séoul ont été tirés en direction de l’est, au-dessus de la mer du Japon, depuis la région de Wonsan, sur la côte orientale, avait précisé le JCS dans un communiqué. Les projectiles ont parcouru 240 km à une altitude maximale de 35 km.

Toujours selon le JCS, la Corée du Nord aurait également conduit des exercices de tir vendredi.

Ces lancements surviennent alors que les négociations entre Washington et Pyongyang sur les programmes nucléaire et balistique nord-coréens sont dans l’impasse, un an après l’échec du sommet de Hanoï entre les deux puissances. La Corée du Nord avait donné aux Etats-Unis jusqu’à fin 2019 pour faire de nouvelles propositions.

Pyongyang cherche à « normaliser » les tests de nouveaux armements en les mêlant à ses systèmes de tir existants, afin de « les faire passer pour une simple extension de ses exercices de tirs de roquettes », estime Joseph Dempsey, expert de l’Institut international d’études stratégiques à Londres.

Ces tirs interviennent par ailleurs alors que la Corée du Sud et les Etats-Unis ont décidé de reporter leurs exercices militaires conjoints en raison de l’ampleur de l’épidémie du nouveau coronavirus dans la région.

Cette suspension d’exercices qui hérissent Pyongyang n’a cependant provoqué en réaction « aucun geste de bonne volonté » de la part du régime nord-coréen, observe Leif-Eric Easley, professeur de l’Université Ewha à Séoul.

Le Nord « signifie clairement qu’il continuera à renforcer ses capacités militaires et à afficher des exigences exorbitantes (sur la scène internationale), en dépit des préoccupations politiques et de santé publique émises par Pékin, Séoul et Washington », a-t-il souligné.

Ces tirs d’artillerie pourraient être surtout destinés à « mobiliser l’opinion publique nord-corénne à des fins politiques », indique pour sa part à l’AFP Ahn Chan-il, transfuge nord-coréen devenu chercheur à Séoul, en particulier après le récent limogeage de deux hauts responsables du Parti des Travailleurs au pouvoir.

Rumba et politique, un cocktail congolais explosif

Les Parisiens et les autorités françaises ont découvert une spécialité bien congolaise: le mariage explosif entre deux passions nationales, la rumba et la politique, avec des manifestations violentes en marge du concert de la star Fally Ipupa.

Au moins quatre personnes seront jugées pour les incidents et les incendies vendredi gare de Lyon à Paris près de la salle de concert où le crooner de Kinshasa a tout de même pu communier avec 20.000 fans.

Les manifestants se présentaient comme des « combattants » de la diaspora, à savoir des opposants installés en Europe qui accusent notamment le pouvoir de Kinshasa de passivité face aux tueries à Beni, dans l’est de la RDC.

Les « combattants » voulaient perturber le grand retour en Europe de Fally Ipupa, 43 ans, l’accusant d’être à la solde des autorités en place à Kinshasa.

Les leaders de la droite nationaliste française, Marine Le Pen en tête, ont réagi en dénonçant les auteurs de ces troubles étrangers à l’actualité française (gilets jaunes, réforme des retraites…).

Comme de nombreux Parisiens médusés par ces violences venues d’ailleurs, ils étaient bien en peine d’identifier l’objet de la colère des « combattants », parlant d’un simple « chanteur congolais ».

Fally Ipupa est pourtant l’une des plus grandes stars d’Afrique francophone, avec Youssou N’Dour ou Tiken Jah Fakoly.

Ancien du Quartier latin, groupe de Koffi Olomidé, il modernise la traditionnelle rumba au contact du rap et des musiques urbaines (featuring avec Naza et Booba), de l’afro-beat, du folk.

A Kinshasa, Fally Ipupa est une star qui n’a pas besoin du pouvoir pour exister. Le chanteur a suffisamment d’argent pour se mettre « à l’abri des sollicitations des politiciens », affirme le spécialiste congolais de l’histoire des mentalités, Zacharie Bababaswe.

La star « n’a jamais chanté pour des politiciens congolais lors des campagnes électorales » (2006, 2011 et 2019), ajoute M. Bababaswe.

En fait d’engagement, l’artiste est surtout connu pour sa défense de nobles causes très consensuelles: lutte contre les enfants-soldats et soutien au prix Nobel de la Paix 2018 Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes » victimes de violences sexuelles au Congo.

– « Indépendance cha cha » –

En RDC, le coup de force contre l’icône pop congolaise n’a trouvé aucun soutien.

« Nous condamnons avec force les violences, casses et incendies injustifiables des soi-disant +combattants+ en marge du concert de #FallyIpupa. C’est un mauvais combat, mené de la mauvaise manière, contre les mauvaises personnes », a réagi le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), guère tendre avec le pouvoir.

Les « combattants » avaient obtenu l’annulation d’un précédent concert de Fally Ipupa en juin 2017 dans une autre salle parisienne.

Depuis, les temps ont changé. Issu de l’opposition, Félix Tshisekedi a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de décembre 2018, au prix d’un accord de coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila.

En Europe, le mouvement des « Combattants » s’en est trouvé affaibli, avec la défection des militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du nouveau président.

La musique et le pouvoir dansent ensemble au Congo depuis l’indépendance célébrée il y a bientôt 60 ans.

En 1960, l’African Jazz de Grand Kalle pose ses valises à Bruxelles pour accompagner et distraire la délégation congolaise qui négocie l’indépendance avec la Belgique.

Grand Kalle compose la chanson « Indépendance cha cha », tube panafricain et hymne des multiples indépendances célébrées cette année-là.

« Indépendance cha cha » cite le nom des héros de l’indépendance congolaise, en commençant par celui de Patrice Lumumba.

En 2020, les nombreux chanteurs de rumba continuent de citer dans leurs chansons le nom des « Excellences » ou des officiels qui veulent bien leur donner quelques billets de 100 dollars.

Dans les années 1970, les musiciens congolais (« zaïrois » à l’époque) ont été mobilisés par le dictateur Mobutu Sese Seko dans la mise en oeuvre de son retour à l' »authenticité » africaine.

Le chanteur-guitariste Franco Luambo « prit la tête d’une nouvelle instance publique destinée à soutenir la musique populaire », note l’écrivain David Van Reybrouck dans sa somme « Congo, une histoire ».

Fin 1970, le grand chanteur congolais Tabu Ley Rochereau se produit à l’Olympia, à Paris, avec le soutien de Mobutu. Une première pour un artiste africain. Et il n’y avait pas eu d’incidents sur les grands boulevards.

Chili: manifestations et violences pour commencer un mois de mars tendu

Des affrontements ont opposé lundi au Chili protestataires et forces de l’ordre et un bâtiment a été incendié à Santiago, à l’orée d’un mois de mars où sont prévues plusieurs manifestations, avec un regain de violence redouté par les autorités.

Une manifestation s’est tenue à Santiago sur la Plaza Italia. A la tombée de la nuit, des personnes encapuchonnées ont affronté les policiers anti-émeutes dans les rues adjacentes de cette « Place de la Dignité », comme les manifestants ont rebaptisé l’épicentre de la contestation qui secoue le pays depuis plus de quatre mois, la pire crise sociale depuis le retour de la démocratie en 1990.

Un bâtiment ancien a été incendié pour la deuxième fois.

Les troubles se sont étendus à d’autres quartiers de la capitale, où des manifestants ont érigé et brûlé des barricades, bloquant d’importantes avenues, avant d’être dispersés par la police qui a utilisé des gaz lacrymogènes et des lances à eau.

Des manifestations se sont également produites jusqu’à l’aube dans d’autres villes du pays comme Valparaiso (centre) et Concepcion (sud), avec là aussi des violences.

Les autorités chiliennes craignent une escalade de la violence en mars, un mois au cours duquel plusieurs manifestations ont été programmées, notamment dès dimanche prochain, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

La crise sociale a commencé le 18 octobre suite à la hausse du prix du ticket de métro de Santiago, entraînant des protestations, des pillages et des incendies, pour un bilan de 31 morts.

Ouverture attendue du procès de deux chercheurs français détenus en Iran

Le procès de deux chercheurs français détenus en Iran, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, devrait s’ouvrir ce mardi à Téhéran, mais leur avocat estime que l’audience risque d’être reportée.

Anthropologue franco-iranienne réputée, spécialiste du chiisme, Mme Adelkhah est détenue depuis juin en Iran, tout comme son compagnon français, M. Marchal, africaniste dévoué à l’analyse des guerres civiles en Afrique subsaharienne.

Leur avocat, Saïd Dehghan, et leur comité de soutien en France ont fait part récemment d’une détérioration de l’état de santé des deux chercheurs et émis de vives craintes à ce sujet, liées notamment à l’épidémie de nouveau coronavirus qui frappe l’Iran de plein fouet.

Le procès à huis clos de Mme Adelkhah et M. Marchal doit s’ouvrir à 9h00 (5h30 GMT) devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, avait indiqué Me Dehghan le 18 février.

Mais ce dernier émet désormais des doutes sur la tenue de cette audience.

« Le procès de mardi risque d’être reporté. Pour connaître la date exacte, il faut attendre jusqu’à mardi matin », a-t-il déclaré dimanche à l’AFP, sans détailler les raisons de ses craintes.

En France, certaines sources estiment que le sort de Mme Adelkhah et de M. Marchal pourrait être intimement lié à celui d’un ressortissant iranien, Jalal Rohollahnejad, détenu en France et menacé d’extradition aux Etats-Unis.

– Iranien détenu en France –

Alors que l’Iran a procédé récemment à des échanges de détenus avec les Etats-Unis et l’Allemagne, la Cour de cassation française est censée se prononcer le 11 mars sur le pourvoi de cet ingénieur en vue d’éviter son extradition.

Si son pourvoi en cassation venait à être rejeté, comme cela semble probable au vu des préconisations de l’avocat général de la Cour de cassation, il reviendra en dernier ressort au Premier ministre Edouard Philippe de statuer sur son cas.

Selon Me Dehghan, Mme Adelkhah est poursuivie pour « propagande contre le système » politique de la République islamique d’Iran et « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ». Seul ce dernier chef d’accusation, passible de deux à cinq ans de prison, est retenu contre M. Marchal.

La « propagande contre le système » est, elle, passible de trois mois à un an d’emprisonnement.

« Notre demande auprès du tribunal est que, s’ils ont l’intention de reporter le procès, ils (ordonnent) immédiatement (…) la libération temporaire de mes clients », sous caution, a déclaré Me Dehghan dimanche.

Leur maintien en détention prolongée, en cas de report du procès, les exposerait à des « circonstances dangereuses et incertaines », dit-il, « compte tenu (…) du coronavirus » qui, selon lui, menacerait les deux Français davantage « dans un environnement carcéral fermé ».

Mme Adelkhah et M. Marchal sont détenus à la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, province du pays où les autorités disent avoir relevé le plus grand nombre de personnes touchées par la maladie Covid-19.

Des membres de leur comité de soutien ont estimé lundi que les deux chercheurs étaient en « danger de mort », notamment en raison de l’épidémie.

– « En mauvais état » –

Selon Me Dehghan, Mme Adelkhah, née en Iran en 1959, a regagné samedi « la section pour femmes de la prison » après avoir été admise pendant plusieurs jours pour des soins dans l’hôpital du centre de détention.

Fortement affaiblie par une grève de la faim qu’elle a menée de fin décembre à mi-février, la chercheuse « continue de se plaindre de graves douleurs aux reins », a ajouté son avocat.

Me Dehghan ne cache pas craindre que Mme Adelkhah ait pu être contaminée par le nouveau coronavirus lors de son passage à l’hôpital.

Quant à M. Marchal, âgé de 64 ans, il « est malade et en mauvais état, mentalement et physiquement », a-t-il poursuivi.

Néanmoins, les deux chercheurs prévoient de se présenter au tribunal mardi, a indiqué Me Dehghan, qui compte plaider non-coupable.

Le comité de soutien des deux universitaires estime que les charges retenues contre eux sont fabriquées de toutes pièces et ne cesse de réclamer leur libération immédiate.

Les autorités françaises ne cessent également de réclamer la libération de ces deux membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Il dénonce régulièrement comme une ingérence les appels à libérer les deux chercheurs.

Biden ou Sanders: 14 Etats choisissent leur champion démocrate

Face au favori Bernie Sanders, l’ancien vice-président Joe Biden se présente mardi renforcé pour le « Super Tuesday », étape déterminante des primaires démocrates aux Etats-Unis, après le ralliement de trois anciens rivaux centristes.

Cette « super » journée électorale, lors de laquelle 14 Etats sont invités à voter pour choisir le rival de Donald Trump en novembre, marque aussi l’entrée en lice d’un nouveau protagoniste: le milliardaire Michael Bloomberg, qui avait renoncé aux quatre premiers scrutins pour cause de candidature tardive.

« La presse et les commentateurs avaient déclaré cette campagne pour morte (…) Les Etats du Super Tuesday vont avoir quelque chose à dire à ce sujet », a lancé Joe Biden lors d’un meeting à Dallas, au Texas, à la veille du scrutin.

Depuis quelques jours, les bonnes nouvelles s’enchaînent pour l’ancien bras droit de Barack Obama. Après une large victoire en Caroline du Sud samedi, il a bénéficié lundi du soutien de trois anciens candidats: la sénatrice Amy Klobuchar, le Texan Beto O’Rourke, et le benjamin de la course Pete Buttigeg.

Tous espèrent que leurs désistements permettront à Joe Biden de se présenter comme un rempart à Bernie Sanders, jusque-là super-favori de la course. Les idées marquées très à gauche du sénateur du Vermont, qui prône notamment une couverture médicale universelle, inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Bernie a toujours eu face à lui cette énorme bataille. S’il décroche l’investiture ça serait énorme », a confié à l’AFP Jessica Chadwell, 24 ans, qui prévoit de voter mardi pour M. Sanders depuis Burlington dans le Vermont, où il a été maire.

– Bloomberg en embuscade –

Mais avant que la primaire ne se résume à un duel Biden-Sanders, deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis composera mardi avec un troisième homme: Mike Bloomberg.

Après avoir déjà dépensé plus d’un demi-milliard de dollars de sa fortune personnelle pour financer ses publicités de campagne, l’ancien maire de New York va pour la première fois affronter le verdict des urnes.

M. Bloomberg, qui compte parmi les dix plus grosses fortunes mondiales, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats à se prononcer dans la primaire (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud).

Un premier débat raté et une deuxième performance peu convaincante ont fait baisser sa courbe dans les sondages, mais il figure toujours en troisième place, derrière Bernie Sanders et Joe Biden.

Une contreperformance de sa part laisserait à l’ancien vice-président un boulevard au centre. Joe Biden se positionnerait comme seul rempart modéré face au « socialiste » revendiqué Bernie Sanders, dans un pays où ce terme évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.

– Sanders favori –

Depuis la pointe nord-est des Etats-Unis jusqu’au milieu du Pacifique, les primaires démocrates organisées mardi couvrent un immense territoire: 14 Etats, ainsi que les îles Samoa américaines et les électeurs démocrates vivant à l’étranger.

La Californie, Etat farouchement progressiste aux 40 millions d’habitants, pèsera de façon décisive lors de cette journée électorale. Le Texas avec ses 30 millions d’habitants sera l’autre poids lourd à surveiller.

Plus encore que le nombre d’électeurs, c’est surtout le fait que plus d’un tiers des délégués seront distribués d’un coup qui fait de cette journée un moment clé dans le calendrier électoral américain.

Les sondages pour ce « Super Mardi » sont largement favorables au sénateur du Vermont. Il y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

M. Sanders était aussi en tête dans le Massachusetts. Un mauvais score d’Elizabeth Warren dans cet Etat, dont elle est la sénatrice, pourrait signer la fin de sa campagne.

La Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden. Comme un pied de nez à ses rivaux, Donald Trump a tenu un meeting électoral dans cet Etat à la veille du vote. Entouré d’une marée de casquettes rouges, il a promis de battre « les socialistes radicaux ».

Plus tôt dans la journée, le milliardaire républicain, qui aime s’immiscer dans la campagne démocrate, avait affirmé que les dés de la primaire étaient « pipés » en défaveur de Bernie Sanders.

Virus: risque élevé dans l’UE, reflux confirmé en Chine

Des nouvelles infections en recul en Chine mais qui bondissent ailleurs dans le monde: l’Union européenne a relevé le niveau de risque lié au coronavirus tandis que l’épidémie s’accélère notamment aux Etats-Unis, jusqu’ici plutôt préservés.

Depuis plusieurs jours, l’épidémie semble faiblir en Chine, où des mesures de quarantaine draconiennes visent plus de 50 millions de personnes depuis fin janvier.

Mais la province orientale du Zhejiang (est) a annoncé que sept Chinois de retour d’Italie étaient porteurs du virus, confirmant les craintes d’une recontamination du pays par importation.

Nationalement, les autorités ont recensé mardi un total de 125 nouveaux cas de contamination. Il s’agit du chiffre quotidien le plus faible depuis le 21 janvier, avant même la mise en quarantaine de la ville de Wuhan (centre), au coeur de l’épidémie.

Selon les autorités chinoises, le Covid-19 a fait 31 nouveaux décès, tous situés au Hubei, la province dont Wuhan est la capitale. Le bilan s’élève ainsi à 2.943 morts dans l’ensemble du pays.

L’épidémie a dépassé lundi les 3.000 morts dans le monde et connaît une accélération hors de Chine.

En Corée du Sud, deuxième pays le plus touché après la Chine, le nombre total de contaminations avoisinait mardi les 5.000, alors que les autorités ont annoncé 477 nouveaux cas. Deux décès supplémentaires ont en outre été annoncés, portant le total à 28 morts.

L’Arabie saoudite, qui était jusque-là le seul pays du Golfe à n’avoir annoncé aucun cas sur son sol, a signalé lundi un premier cas de coronavirus. Il s’agit d’une personne testée positive après son retour d’Iran, pays où l’on recense désormais le plus grand nombre de décès liés à la maladie après la Chine (66 morts).

L’Union européenne a relevé son évaluation du risque de « modéré à élevé », avec un dernier bilan de 2.100 cas confirmés dans 18 pays membres.

Les ministres de la Santé de l’UE ont été convoqués pour une réunion extraordinaire vendredi à Bruxelles.

En Italie, pays le plus touché en Europe, la barre des 50 morts a été franchie lundi. Le pays est désormais officiellement divisé en trois zones. La « zone rouge » placée sous quarantaine, qui couvre 11 communes du Nord, représente plus de 50.000 habitants.

– Un vaccin « d’ici à l’automne »? –

En France, où plusieurs événements ont été annulés et le musée du Louvre est resté fermé, une troisième personne est décédée du nouveau coronavirus.

Il s’agit d’une femme de 89 ans testée en post-mortem à l’hôpital de Compiègne, qui « avait d’autres pathologies », a précisé le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Aux Etats-Unis, qui étaient jusqu’ici plutôt préservés, quatre nouveaux décès ont été enregistrés lundi, portant à six le nombre de morts sur le territoire américain.

Plus de 90 malades ont été recensés, dont la moitié rapatriés de l’étranger.

Plusieurs patients diagnostiqués ces derniers jours n’avaient aucun lien connu avec un foyer de l’épidémie, ce qui laisse à penser que la maladie commence à se propager sur le sol américain.

Se voulant rassurant, le vice-président Mike Pence, qui coordonne la lutte contre l’épidémie, a annoncé qu’un traitement pourrait être disponible « d’ici l’été ou le début de l’automne ». Les premiers essais cliniques pour un vaccin pourraient avoir lieu « dans les six prochaines semaines », a-t-il dit.

– Menace sur l’économie –

Les banquiers centraux et ministres des Finances du G7 doivent s’entretenir mardi par téléphone pour coordonner leur action face à l’impact du nouveau coronavirus sur la croissance mondiale.

Cette mobilisation intervient à un moment où la croissance mondiale, déjà fragilisée par la guerre commerciale Chine-Etats-Unis, subit de plein fouet le ralentissement de l’économie chinoise et l’impact du coronavirus sur l’économie.

La semaine dernière, la Bourse de New York a connu sa pire semaine depuis la crise financière de 2008. Mais lundi, Wall Street a connu un rebond spectaculaire, les investisseurs espérant que les autorités monétaires des plus grands pays mettront au point une réponse coordonnée pour atténuer l’impact économique du nouveau coronavirus.

Dans la foulée, les principales Bourses asiatiques ont ouvert mardi dans le vert: à Tokyo, le principal indice Nikkei grimpait de 0,84% tandis que dans les premiers échanges la Bourse de Shanghai gagnait 1,21%.

La banque centrale australienne a toutefois abaissé mardi ses taux d’intérêt à un niveau historiquement bas, passant son taux directeur à 0,50%, contre 0,75% précédemment, pour amortir l’impact économique de l’épidémie.

L’équipementier Nike a annoncé lundi fermer jusqu’à mercredi son siège européen, situé près d’Amsterdam, après qu’un cas de Covid-19 a été détecté chez un membre du personnel.

Le siège européen de Nike, qui se trouve à Hilversum, à une trentaine de kilomètres de la capitale néerlandaise, compte quelque 2.000 employés originaires de 80 pays.

burx-sbr/bar/ybl

Elections au Guyana: accusations de fraude, résultats en suspens

Des accusations de fraude électorale ont terni le scrutin législatif lundi au Guyana, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, où les résultats sont attendus dans la semaine.

Le futur gouvernement de ce membre du Commonwealth, entre Venezuela, Brésil et Suriname, devra gérer la manne pétrolière tirée de l’exploitation de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le président David Granger, du Partenariat pour l’unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), cherche à consolider sa majorité d’un seul siège au Parlement, dont les 65 sièges sont à renouveler. Dans une vie politique largement guidée par les divisions ethniques, il est soutenu par la communauté afro-guyanaise, les descendants d’anciens esclaves.

Ses opposants du Parti progressiste du peuple (PPP) sont populaires auprès de la communauté indo-guyanaise, formée par les descendants d’émigrés indiens amenés par l’ancien colon britannique.

L’ANPU-AFC a accusé le PPP d’avoir fraudé dans un de ses bastions, Mon Repos, en banlieue de la capitale Georgetown, en faisant voter des électeurs non inscrits. La police anti-émeutes s’y est déployée pour empêcher toute violence.

Globalement dans le pays, le scrutin s’est tenu sans incident, selon la commission électorale du Guyana (GECOM).

Le chef de la mission d’observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA), le Jamaïcain Bruce Golding, a appelé les autorités à proclamer des résultats dès que possible.

« Ce n’est pas bon d’avoir une élection le lundi et plusieurs jours qui peuvent s’écouler sans que le peuple du Guyana ne sache quel est le résultat du scrutin », a-t-il déclaré. « Cela offre un terreau fertile aux rumeurs et aux théories du complot ».

Les autorités estiment qu’au vu des difficultés logistiques dans un pays en bonne partie recouvert par la forêt vierge, les premiers résultats devraient tomber mercredi ou jeudi.

Onze partis étaient en lice pour ces législatives, au scrutin proportionnel, alors que deux seulement étaient représentés dans le Parlement sortant, avec 33 sièges pour l’ANPU-AFC et 32 pour le PPP. Le chef du parti arrivé en tête devient président.

Ce pays de 750.000 habitants doit afficher une croissance économique record de 85% pour 2020, selon les prévisions du Fonds monétaire international, en faisant progressivement passer sa production pétrolière de 52.000 barils par jour à 750.000 barils/jours en 2025. Mais il n’y est pas préparé, manquant d’experts du secteur et de cadre législatif adapté.

Nouvelle-Zélande: enquête sur des menaces contre une des mosquées de Christchurch

La police néo-zélandaise enquête pour retrouver l’auteur de menaces formulées cette semaine contre une des mosquées de Christchurch, où 51 fidèles avaient péri dans le carnage perpétré il y a un an par un suprémaciste blanc australien.

Ces menaces contre la mosquée al-Nour ont été postées cette semaine sur la messagerie Telegram, au moment où Christchurch se prépare à commémorer le premier anniversaire de la tuerie.

Des médias rapportent que ce message montrait un homme portant une cagoule assis dans une voiture devant la mosquée, avec un texte menaçant et un émoji représentant un pistolet.

« Nous suivons des pistes et je suis convaincu que nous établirons qui est cette personne », a déclaré à Radio New Zealand John Price, un des responsables de la police de Canterbury, la région de l’Île du Sud où se trouve Christchurch. « Nous sommes très près. »

On ignore encore les détails de la cérémonie censée être organisée pour le premier anniversaire du carnage.

La Première ministre Jacinda Ardern, qui devrait y assister, a estimé mardi qu’il était difficile de croire que la communauté musulmane néo-zélandaise puisse encore être la cible de messages haineux.

Le tireur, Brenton Tarrant, qui s’était filmé lors de la tuerie, sera jugé à partir du 2 juin.

Cameroun: 10 séparatistes « neutralisés » selon le gouvernement, qui dément la mort de civils

Le gouvernement camerounais a assuré lundi avoir « neutralisé 10 terroristes » séparatistes lors d’une opération militaire samedi dans une localité de l’ouest anglophone du Cameroun, et dément avoir tué des civils comme l’affirment plusieurs médias en ligne camerounais.

« Dix terroristes sécessionnistes ont été neutralisés, dont trois femmes », lors d’un affrontement entre des militaires et des séparatistes dans la localité de « Small Babanki », dans la région du Nord-Ouest, a affirmé le ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué.

Il a précisé qu’un commandant séparatiste connu sous le sobriquet de « général Fire man » fait partie des personnes abattues.

Depuis le week-end, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ainsi que des médias en ligne accusent l’armée camerounaise d’avoir tué une dizaine de civils, notamment des femmes et des enfants, lors de cette opération.

Des photographies montrant des cadavres, dont celui d’un enfant en bas âge, ont largement circulé sur les réseaux sociaux, sans que l’AFP ne parvienne à les authentifier.

Le gouvernement parle « d’une propagande mensongère » et « d’allégations totalement infondées et contraires à la réalité des faits ».

Il a assuré aussi dans le communiqué qu’au cours de cette opération, « un fusil d’assaut de type AK47 » et du matériel de combat ont été retrouvés, ainsi qu’un homme « otage » libéré.

Depuis près de trois ans, l’armée et des groupes séparatistes armés s’affrontent dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les deux camps sont accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre des civils.

La 14 février dernier, 23 civils dont 15 enfants (neuf de moins de 5 ans) et deux femmes enceintes, sont morts lors d’une opération militaire à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l’ONU.

Selon plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, les forces gouvernementales ainsi qu’une milice peule alliée sont les responsables de cette tuerie.

L’armée dément et assure qu’il s’agit des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’évoque la mort que de 5 civils.

Le drame a provoqué l’émoi au Cameroun, mais aussi à l’international.

Interpellé le 22 février par un activiste camerounais à Paris, le président français Emmanuel Macron avait promis de mettre « le maximum de pression » sur le président Paul Biya pour que cessent des violences « intolérables ».

Selon l’Elysée, M. Macron et M. Biya ont échangé dimanche au téléphone, et « se sont accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale » pour faire la lumière sur les violences de Ntumbo.

Chez les partisans de Netanyahu, le bonheur se mélange au soulagement

« Wahou! Je suis heureuse, cette fois c’est la bonne », se réjouit Hanna Piers, en dansant dans un hall de Tel-Aviv où sont réunis des partisans du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a revendiqué la victoire aux législatives après deux scrutins sans vainqueur.

Peu après l’annonce des premières estimations, c’est la satisfaction du but finalement atteint qui a dominé dans l’immense salle où sont rassemblés un millier de partisans du Likoud, sur le point de réaliser son meilleur score sous Benjamin Netanyahu.

Après deux élections sans vainqueur, en avril et septembre dernier, le Likoud est crédité d’environ 37 sièges par les sondages à la sortie des urnes, voire de 60 sièges avec ses alliés de droite, ce qui place le parti au seuil de la majorité.

« Finalement nous avons obtenu ce que nous voulions », se félicite Mme Piers, 37 ans.

« Cette fois-ci il n’y aura pas de nouvelles élections », renchérit Lidan Aton, 32 ans, tout sourire. « Je ressens une immense satisfaction, finalement nous avons réussi », lâche Ran Carmi Buzaglo, un adhérent actif du Likoud.

Quelques minutes avant la diffusion des sondages à la sortie des urnes, il avait parcouru l’immense salle en courant, drapeau israélien à bout de bras, clamant à qui voulait l’entendre que cette fois, c’était « la bonne ».

– Le 61 magique –

Au rassemblement du Likoud, la sono à fond diffuse de la musique pop israélienne orientale, des jeunes dansent en criant « Bibi, roi d’Israël » et en agitant des drapeaux du parti et d’Israël.

Les adhérents suivent de près l’évolution des résultats dans l’espoir de voir le bloc de droite – qui comprend les formations ultra-orthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah et de la droite radiale Yamina – atteindre, voire franchir, le nombre magique de 61 sièges, seuil de la majorité à la Knesset, le Parlement.

Gavriel Gaoui, 47 ans, membre du comité central du Likoud, est « persuadé d’atteindre 61, voire même 62 sièges ». « Historiquement les résultats définitifs nous donnent toujours un peu plus de sièges que les sondages de sortie des urnes », dit-il.

Mais certains, comme Lidan Aton, pensent qu’il faudra « voler » quelques sièges à « Bleu-Blanc » ou à Israël Beiteinou, parti de droite nationaliste laïque, grâce à la défection de leurs députés, pour parvenir à la majorité.

– Mince espoir –

La ferveur qui s’est emparée des partisans du Likoud tranche avec le long silence qui a accueilli les résultats de Benny Gantz dans la salle de réception située sur le port de Tel-Aviv, dont l’ancien chef d’état-major a fait son QG pour la soirée.

Les yeux rivés sur les grands écrans de télévision, la poignée de militants ayant fait le déplacement guettent le moindre changement dans les estimations.

La musique entraînante qui tourne en boucle depuis le début de soirée contraste avec l’ambiance pesante qui règne dans la salle.

Mais si la déception est de mise, l’espoir reste permis. Pour Katty Rojtman, porte-parole francophone du parti, « les résultats peuvent changer pendant la nuit, nous attendons les résultats définitifs ».

« En 2013, on s’est endormi avec le Parti travailliste et on s’est réveillé avec le Likoud », se rappelle-t-elle. « Alors on pourrait espérer s’endormir avec le Likoud et se réveiller avec Kahol-Lavan (Bleu-Blanc)… »

Sénégal: premier cas confirmé de nouveau coronavirus

Le Sénégal a annoncé lundi son premier cas de nouveau coronavirus, sur un Français qui a séjourné en France en février avant de revenir au Sénégal et qui a été mis en quarantaine à Dakar.

Il s’agit du deuxième cas confirmé en Afrique subsaharienne après le Nigeria, qui concernait un Italien lui aussi de retour de son pays.

« Les résultats des tests effectués par l’Institut Pasteur de Dakar se sont avérés positifs », a dit devant la presse le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.

« A ce jour l’état du patient ne suscite aucune inquiétude majeure », a-t-il ajouté.

Le patient, un homme marié et père de deux enfants qui vit au Sénégal depuis plus de deux ans avec sa famille, a séjourné en France la deuxième quinzaine de février à Nîmes (sud) et dans une station de ski non-précisée de la région Auvergne-Rhône-Alpes (sud-est), a dit le ministre.

Rentré le 26 février au Sénégal, il a consulté, avec une fièvre de 39 degrés, un mal de gorge et des maux de tête. La structure médicale qui l’a reçu a contacté la cellule d’alerte sénégalaise mise en place contre le coronavirus, a dit le ministre.

Le patient a été mis en quarantaine dans le centre de traitement du service des maladies infectieuses et tropicales d’un hôpital de Dakar.

« Le dispositif de surveillance et de riposte au Covid-19 est renforcé et tous les moyens sont mis en oeuvre pour circonscrire la maladie », a ajouté le ministre. Il a appelé la population à la « sérénité » et a dit avoir « parfaitement confiance » dans le système de santé national.

En dehors du Sénégal et du Nigeria, les seuls concernés à ce jour en Afrique subsaharienne, quelques cas ont été enregistrés dans le nord du continent, en Algérie et en Egypte.

La possibilité d’une propagation du virus en Afrique et la faculté à faire face de pays aux systèmes de santé précaires sont un sujet de préoccupation pour l’Organisation mondiale de la Santé.

L’émissaire de l’ONU en Libye jette l’éponge

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a écrit le diplomate libanais sur son compte Twitter.

A New York, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que le secrétaire général « a reçu un message de M. Salamé, exprimant son intention de quitter son poste de représentant spécial pour la Libye ».

« Le secrétaire général a toujours fait pleinement confiance au travail de M. Salamé et aux grands efforts qu’il a déployés pour ramener la paix en Libye. Le secrétaire général discutera avec M. Salamé de la manière d’assurer une transition en douceur afin de ne pas perdre de les acquis déjà atteints », a ajouté M. Dujarric.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté M. Salamé dans son annonce, évoquant notamment le sommet international sur la Libye organisé fin janvier à Berlin et les pourparlers inter-libyens qu’il avait récemment lancés sur trois volets, politique, militaire et économique.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis, il a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

– Efforts partis « en fumée » –

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus de discussions a été mis à mal après une attaque surprise lancée le 4 avril par le maréchal Haftar contre la capitale, le jour où le secrétaire général de l’ONU était en visite en Libye.

Le pays était alors à quelques jours d’une conférence inter-libyenne longuement préparée par l’ONU. M. Salamé avait regretté que tous ces efforts partent en fumée » quelques jours après le début des combats aux portes de la capitale.

« Nous avons travaillé pendant un an entier à la préparation de quelque chose qui n’a pas de précédent en Libye, c’est-à-dire une conférence nationale réunissant tout le monde (…) Et voilà que ces efforts partent en fumée », avait déclaré l’émissaire onusien dans une interview à l’AFP.

La conférence était appelée à établir une feuille de route pour sortir le pays du chaos mais elle avait été annulée après l’assaut.

M. Salamé a essayé par la suite d’unifier la position de la communauté internationale sur la Libye, après avoir constaté que les divisions et les ingérences étrangères compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Il a ainsi réuni les puissances mondiales et les principaux pays concernés par le conflit lors d’un sommet à Berlin où des engagements de non ingérences et de relance du processus politique ont été pris.

Vendredi à Genève, il s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite des négociations inter-libyennes même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

Né en 1951, M. Salamé a passé la majeure partie de sa carrière en tant que professeur de relations internationales à la prestigieuse université française de Sciences politiques à Paris.

Il a été ministre de la Culture au Liban de 2000 à 2003 et a ensuite travaillé comme conseiller auprès de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et de la mission des Nations unies en Irak.

Crise migratoire en Turquie : à Lesbos, en Grèce, « l’île n’en peut plus »

Sur le port de Mytilène, du linge sèche à côté d’une baraque installée à la hâte pour des migrants fraîchement débarqués sur l’île grecque de Lesbos depuis que la Turquie a ouvert les portes de l’Europe, provoquant la colère de la population locale.

« Les seules personnes qu’on voit ce sont des réfugiés », confie, las, Giannis Palassis, un retraité de 76 ans rencontré dans les rues escarpées de Mytilène, en ce lundi férié en Grèce.

Selon lui, Mytilène ne peut pas se convertir en « refuge » pour tous. « Ce sont des êtres humains eux aussi, mais l’île n’en peut plus. On souffre ».

Depuis la décision d’Ankara d’ouvrir ses frontières aux exilés en route pour l’Europe, quelque 1.300 migrants sont arrivés en 24 heures sur les cinq îles de la mer Egée, et en particulier à Lesbos, où la grande majorité des embarcations de fortune ont échoué.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants de l’île s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention fermés sur leurs îles, ces nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère dimanche.

Des groupes d’habitants ont violemment repoussé un canot chargé de migrants, l’empêchant d’accoster au port de Thermi aux cris de « rentrez en Turquie ». Avant de s’en prendre à des membres d’ONG et à plusieurs journalistes.

Sur le macadam du port, 300 réfugiés campent lundi, faute d’avoir été conduits dans le camp de réfugiés de Moria, qui déborde avec ses 19.000 demandeurs d’asile pour 2.800 places.

« Nous cherchons un endroit pour dormir, pour le moment nous sommes dehors pendant la nuit et les enfants ont froid », a confié à l’AFP l’Afghan Ahlan Khali, 21 ans, venu avec la famille de sa soeur.

D’autres ont passé la nuit, sans couvertures, sur la plage de Skala Sykamineas, dans le nord-est de l’île, a constaté un photographe de l’AFP.

Barrages filtrants, routes coupées, voitures vandalisées: les habitants de l’île continuent de protester lundi contre cette nouvelle vague migratoire.

Principale « conséquence de la réaction de la population locale », selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR): les réfugiés ne peuvent plus être conduits vers les centres d’enregistrement et d’hébergement et sont livrés à eux même sur le port et au nord de l’île, où ils ne reçoivent qu’une aide humanitaire.

« Le processus (de prise en charge, ndlr) est retardé et nous ne connaissons pas les conséquences », a déploré auprès de l’AFP Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR en Grèce.

Moria a été le théâtre d’affrontements entre policiers et demandeurs d’asile dont plusieurs centaines ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de vie dans ce camp, l’un des plus surpeuplés d’Europe.

Entre les oliviers qui bordent les chaussées de la ville, des blocs de pierre et des morceaux de bois jonchent le sol, vestiges des affrontements entre migrants et forces de l’ordre.

« Le village de Moria a beaucoup souffert, personne ne partage le fardeau des îles grecques », estime le gouverneur de la région le gouverneur de l’Egée du Nord Kostas Moutzouris, sans excuser pour autant les violences.

– « Jamais vu ça » –

« Je n’ai jamais vu ça », confie Efi Latsoudi, qui travaille dans le camp d’accueil pour réfugiés PIKPA. « J’ai été menacée, on m’a forcé à partir sous les yeux de la police », s’indigne-t-elle, précisant que des groupes d’insulaires menacent quiconque entend s’approcher des plages pour venir en aide aux migrants débarquant sur les côtes.

Deux voitures appartenant au camp d’accueil ont été vandalisées, ajoute-t-elle, et un centre d’accueil inoccupé des migrants a été partiellement incendié dimanche par des groupes d’habitants furieux.

« La situation reste très confuse », estime Gianluca Rocco, chef de mission en Grèce pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). « Les traversées sont de plus en plus risquées et on ne peut pas augmenter les capacités d’accueil sur les îles », avertit-il.

Un petit garçon est mort lundi matin dans le naufrage d’une embarcation de migrants au large de Lesbos, selon la police portuaire.

Afghanistan : les talibans annoncent mettre fin à la trêve partielle, premier attentat

Les talibans ont annoncé lundi mettre un terme à la trêve partielle instaurée le 22 février et reprendre leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, deux jours seulement après la signature d’un accord historique avec les Etats-Unis.

Un attentat, non revendiqué, a été rapporté au même moment. L’explosion d’une moto piégée durant un match de football a tué au moins trois civils et en a blessé onze autres, a déclaré à l’AFP Sayed Ahmad Babazai, le chef de la police de la province de Khost (Est).

Les trois tués sont trois frères, a indiqué Abdul Fatah Wakman, le président de la fédération de football de Khost.

A Washington, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré : « Nous ne savons pas exactement qui est responsable pour l’instant.

« Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan », a-t-il ajouté.

L’attentat intervient après neuf jours de trêve partielle, durant lesquels le nombre d’attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

La période de réduction des violences « a pris fin et nos opérations vont revenir à la normale », a déclaré lundi à l’AFP Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.

« Conformément à l’accord (américano-taliban), nos moudjahidines n’attaqueront pas les forces étrangères, mais nos opérations continueront contre les forces du gouvernement de Kaboul », a-t-il poursuivi.

La commission militaire du mouvement a diffusé un document, transmis à l’AFP par une source talibane, demandant à ses combattant de relancer leurs opérations contres les forces afghanes.

Dans la province de Badghis (Nord-Ouest), « les talibans ont commencé à attaquer les positions de l’armée (…) vers 15H00 (10H30 GMT). Un soldat a été tué et un autre blessé », a rapporté un haut gradé.

« Nous attendons des talibans qu’ils soient sérieux en ce qui concerne leurs obligations », a réagi le Général américain Austin Scott Miller, soulignant que « Les Etats-Unis ont été très clairs sur leurs attentes. Le niveau de violence doit demeurer bas ».

– ‘Levier’ –

Michael Kugelman, analyste au Wilson Center, un centre de recherche américain indépendant, s’est dit « pas surpris » par la reprise des attaques. « La violence est un levier pour les talibans (…) qu’ils exploitent pour renforcer leur capacité à négocier en vue des discussions inter-afghanes », souligne-t-il.

Dimanche, le président afghan Ashraf Ghani avait annoncé la prolongation de la trêve partielle au moins jusqu’au début des discussions inter-afghanes, prévu pour le 10 mars, et « ce pour but d’atteindre un cessez-le-feu complet ».

Mais il avait également rejeté l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés, de la négociation duquel son gouvernement a toujours été tenu à l’écart, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Cette mesure est « un prérequis pour les discussions inter-afghanes », a toutefois rappelé Zabihullah Mujahid, illustrant les difficultés à venir pour que Kaboul et les insurgés parviennent à un compromis.

« La position de Ghani montre que les Américains n’ont pas fait les préparations nécessaires avant de signer l’accord », a réagi une autre source talibane, basée au Pakistan.

D’après l’accord de Doha, un éventuel cessez-le-feu n’est par contre qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent, comme le souhaite Ashraf Ghani.

Depuis la signature de l’accord, les talibans ont été vus se réjouir en public de leur « victoire » contre les Etats-Unis.

Dans le Laghman, une province frontalière de Kaboul, 3.000 habitants et combattants talibans se sont réunis lundi pour célébrer un « accord de fin de l’occupation » ou encore la « défaite » de Washington.

Les militants se sont aussi engagés à continuer leur offensive contre le gouvernement de Kaboul jusqu’à la remise en place d’un « gouvernement islamique ».

En vertu de l’accord de Doha, les Américains et leurs alliés s’engagent à retirer toutes leurs troupes d’Afghanistan sous 14 mois si les insurgés respectent les termes de l’accord, dont l’ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.

Pete Buttigieg de nouveau candidat en 2024? Ou en 2052?

Pete Buttigieg, alias « Mayor Pete », a fait irruption avec fracas sur la scène politique américaine. Il pourrait y occuper une place de choix dans les années à venir. A condition de réussir à séduire au-delà de l’électorat blanc.

« Presque personne ne connaissait mon nom et presque personne ne pouvait le prononcer »: entre le lancement de sa campagne, le 14 avril 2019, et la fin de cette dernière, le 1er mars 2020, le chemin parcouru par ce maire trentenaire ouvertement gay d’une ville moyenne de l’Indiana est spectaculaire.

Fort en particulier d’une victoire dans le caucus de l’Iowa devant le vétéran Bernie Sanders, il peut espérer un parcours politique au-delà de sa ville natale de South Bend dont il fut maire pendant huit ans.

« Pete donne le sentiment que ce n’est pas pour lui la fin mais le début », résumait David Axelrod, l’un des artisans de la victoire de Barack Obama en 2008.

Dans son discours de renoncement à l’investiture démocrate dimanche soir, l’ex-candidat de 38 ans a promis de tout faire pour que l’Amérique ait « un président démocrate en janvier ». Et il a clairement laissé entendre qu’il faudrait compter avec lui.

Le jeune homme pressé, passé par Harvard, Oxford et le cabinet de conseil McKinsey, affiche avec aplomb de très grandes ambitions, un trait qui agace ses nombreux détracteurs dans son propre camp qui ironisent sur son côté « premier de la classe ».

Clairement positionné sur un créneau « centriste » au sein du parti démocrate, dans la droite ligne de Barack Obama, il sait que ce champ devrait s’ouvrir en grand.

L’ancien vice-président Joe Biden, lui aussi sur cette posture, s’est replacé dans la course à l’investiture. Mais il a 77 ans. Et, s’il l’emportait, certains évoquent déjà la possibilité qu’il ne fasse qu’un mandat.

– « Sans fortune personnelle » –

Pour l’heure, Pete Buttigieg, qui aime à rappeler qu’il s’est lancé « sans fortune personnelle », n’a depuis janvier plus aucun mandat électif. Pour la suite, il n’a livré aucune piste, et n’a aucune certitude.

En cas de victoire d’un démocrate le 3 novembre face à Donald Trump, il peut espérer un poste de choix au sein du gouvernement.

S’il veut trouver une place au Congrès, à la Chambre des représentants ou au Sénat, la partie s’annonce délicate dans son Etat de l’Indiana, très conservateur, d’où est originaire le vice-président Mike Pence, même s’il pourrait tenter sa chance lors des élections de mi-mandat en 2022.

Et s’il veut croire encore à un destin national, le chemin à parcourir reste encore long.

Sa décision de jeter l’éponge dans la course à l’investiture est intervenue trois jours après son revers lors de la primaire de Caroline du Sud où il est arrivé en quatrième position. Un chiffre a retenu l’attention: il n’a, selon les sondages réalisés par NBC à la sortie des urnes , obtenu que… 3% du vote noir.

Il n’a, de fait, pas réussi à convaincre cet électorat traditionnel des démocrates qu’il comprenait ses inquiétudes et qu’il avait pleinement pris la mesure de ses luttes, passées et à venir. Or en l’absence d’appui solide parmi ces derniers, son horizon politique restera bouché.

Au moment où la primaire démocrate prend la forme d’un combat entre trois septuagénaires – Bernie Sanders, Joe Biden, Michael Bloomberg – certains s’interrogent déjà: « Mayor Pete » se lancera-t-il une nouvelle fois à l’assaut de la Maison Blanche?

Lors de son discours dimanche soir, certains de ses partisans ont chanté « 2024!2024! ». Le jeune candidat a esquissé un sourire, mais n’a pas réagi. L’équation politique de la décennie qui s’ouvre est pleine d’inconnues, mais M.Buttigieg a une certitude: il a du temps devant lui.

« S’il était candidat à la Maison Blanche en 2052, Pete Buttigieg serait toujours plus jeune que la quasi-totalité des candidats encore en course dans cette campagne », relevait malicieusement Matt Viser du Washington Post.

L’émissaire de l’ONU en Libye Ghassan Salamé annonce sa démission

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a annoncé lundi sur son compte personnel Twitter sa démission pour des « raisons de santé » après près de trois ans à son poste.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a-t-il écrit.

Une source proche de M. Salamé a confirmé à l’AFP l’authenticité de l’annonce, sans donner d’autres détails.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté le diplomate libanais qui a souhaité « la paix et la stabilité » en Libye.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Vendredi à Genève, M. Salamé s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite du processus de négociations inter-libyens, facilité par les Nations unies et qui porte sur trois aspects – politique, militaire et économique – même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

« Nous poursuivons notre ligne de conduite malgré les tergiversations de ces cyniques », a assuré Ghassam Salamé, vendredi.

Primaire démocrate: Biden doublement requinqué avant le « Super Tuesday »

Requinqué par sa large victoire en Caroline du Sud et l’abandon surprise de son jeune rival modéré Pete Buttigieg, Joe Biden espère désormais émerger du « Super Tuesday » comme le seul candidat en mesure de faire barrage à Bernie Sanders dans la primaire démocrate pour la présidentielle.

Mais avant de réduire la course démocrate à la Maison Blanche à un duel entre deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis devra composer lors de la « super » journée électorale de mardi avec un troisième concurrent: Mike Bloomberg.

Ce dernier, qui compte parmi les dix hommes les plus riches de la planète, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud) à se prononcer dans la primaire.

L’homme d’affaires new-yorkais de 78 ans, qui a déjà dépensé en publicités politiques plus d’un demi-milliard de dollars, un record, joue gros, pour son entrée en lice, dans les 14 Etats appelés à voter mardi au cours du « Super Tuesday ».

Une contreperformance marquée tuerait quasiment sa campagne dans l’oeuf et laisserait Joe Biden comme seul rempart modéré à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », a d’ailleurs affirmé dimanche Joe Biden au lendemain de son large succès en Caroline du Sud, se posant une fois de plus, du haut de ses années d’expérience politique, comme le candidat le plus à même de déloger Donald Trump de la Maison Blanche.

« Le +Super Tuesday+ est une question de dynamique, et elle est avec nous », a insisté lundi sur CNN Kate Bedingfield, l’une des responsables de son équipe de campagne.

Revanchard — « Les médias et les analystes nous avaient enterrés » –, l’ancien bras droit de Barack Obama a aussi réservé une pique à Mike Bloomberg, un temps affilié au parti républicain avant de virer de bord: « Le parti démocrate veut un démocrate (…) pas un ancien républicain ».

– « Bon timing » –

Joe Biden, qui faisait campagne lundi au Texas, pourrait également profiter dans une certaine mesure du retrait de Pete Buttigieg, qui chassait sur les mêmes terres modérées que lui.

C’est en tout cas le constat fait dimanche soir à chaud par Donald Trump. « Pete Buttigieg arrête. Toutes ses voix du +Super Tuesday+ iront à Joe l’endormi. Bon timing », a écrit le président sur Twitter. « Les démocrates commencent pour de vrai à sortir Bernie du jeu ».

Encore inconnu il y a un an, « Mayor Pete », ancien maire d’une ville moyenne de l’Indiana, avait progressivement percé, au point de remporter début février le premier vote de la primaire, dans l’Iowa.

Mais ses mauvais résultats dans le Nevada et en Caroline du Sud ont mis en lumière sa difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir et hispanique, et le trentenaire homosexuel a déclaré se retirer au nom du « rassemblement » nécessaire pour battre Donald Trump dans les urnes le 3 novembre.

Selon la société d’analyse Morning Consult, le report de ses voix serait équivalent entre Bernie Sanders, Joe Biden et Mike Bloomberg.

A la veille du « Super Tuesday », les sondages étaient largement favorables au sénateur du Vermont. Le socialiste autoproclamé — un terme très marqué à gauche aux Etats-Unis — y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

Seule la Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden, globalement mieux placé dans les intentions de vote que Mike Bloomberg, lequel a dégainé lundi une nouvelle publicité de campagne visant ses rivaux démocrates, sans en nommer un en particulier.

« Aucun autre démocrate n’a créé plus de 450.000 emplois », y avance l’ancien maire de New York. « Aucun autre démocrate n’a montré autant de résistance au lobby des armes. Aucun autre démocrate n’a mon bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Aucun autre démocrate ne battra Donald Trump ».

Bissau: démission d’un des deux présidents rivaux après des « menaces de mort »

Le « président intérimaire » investi par le camp donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau, Cipriano Cassama, a renoncé dimanche à la fonction de chef d’Etat à la suite de « menaces de mort », moins de 48 heures après sa désignation, dans une déclaration à la presse.

« Compte tenu des menaces de mort sur ma personne et mes gardes de corps, j’ai décidé de renoncer à la charge de président intérimaire pour laquelle j’ai été nommé, pour éviter un bain de sang en Guinée-Bissau et la confrontation » entre des forces de sécurité, a déclaré dimanche Cipriano Cassama, un responsable du PAIGC, formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

« Je crains pour mon intégrité physique. Ma vie et celle de ma famille (sont) en danger. Je n’ai aucune condition de sécurité. Hier (vendredi) soir, ils (des soldats) sont venus chercher tous mes corps de sécurité », a-t-il ajouté, tout en affirmant conserver sa fonction de chef de l’Assemblée nationale.

La renonciation de M. Cassama n’est pas partagée par le PAIGC, selon une responsable de cette formation.

« Nous n’acceptons pas cette démission de Cipriano Cassama. C’est comme s’il a renoncé à son pays. Pour nous, le combat continue », a déclaré dimanche à la presse la ministre de l’Administration territoriale et deuxième vice-présidente du PAIGC, Mme Maria Odete, sans plus de précision.

La Guinée-Bissau avait depuis vendredi deux présidents rivaux, une situation née de la confrontation, toujours en cours, entre les deux candidats au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le candidat du PAIGC, l’ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, conteste toujours la victoire à la présidentielle attribuée par la Commission électorale à un autre ex-Premier ministre, l’opposant Umaro Sissoco Embalo.

Il avait refusé cette semaine d’accorder sa caution à l’investiture de M. Embalo, donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55%. M. Pereira, crédité de 46,45%, et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte les votes.

M. Cassama avait été désigné vendredi soir comme « président intérimaire » par 54 députés du PAIGC, sur un total de 102 à l’Assemblée nationale.

Sans attendre une décision de la Cour suprême, M. Embalo s’était fait quelques heures auparavant investi président de la République et s’est installé au palais présidentiel à Bissau.

M. Embalo a investi samedi le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam qu’il avait nommé vendredi, après avoir démis le même jour le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), reconnu par la communauté internationale. La formation du gouvernement de M. Nabiam était attendue dimanche.

La Guinée-Bissau est plongée depuis son indépendance dans une instabilité chronique dans laquelle l’armée joue un grand rôle.

Le pays est l’un des plus pauvres de la planète. Les narcotrafiquants utilisent son territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

Mali: six soldats tués à Mondoro, attaquée pour la troisième fois en 6 mois (nouveau bilan)

Six soldats maliens ont été tués et 10 blessés dimanche dans une attaque de présumés jihadistes à Mondoro, une localité du centre du Mali déjà visée en septembre et le mois dernier, a indiqué lundi l’armée malienne.

Les Forces armées maliennes (FAMa) « déplorent 6 morts, 10 blessés et des engins endommagés » lors de cette attaque, qui a eu lieu vers 22H00 (GMT et locales), a indiqué l’armée sur Twitter.

Lors de leur riposte, « les FAMa ont détruit deux colonnes de véhicules et de motos terroristes », ainsi que « deux sites de regroupement des terroristes ». « Les frappes aériennes déclenchées dans la nuit ont permis de vite infliger d’importantes pertes humaines et matérielles chez les GAT (groupe armé terroriste) », selon la même source.

Les assaillants ont « attaqué un check-point avant de le détruire » et ont « utilisé des lance-roquettes pour tirer sur les véhicules de l’armée garés », a indiqué à l’AFP un élu de Mondoro.

« Les échanges de tirs ont duré environ une heure », puis « l’aviation malienne est venue pour bombarder les positions des jihadistes. Je ne connais pas le nombre de jihadistes tués, mais il y a des victimes », a ajouté cet élu s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Une association locale s’est inquiétée lundi d’un possible départ des militaires de Mondoro, où un soldat avait été tué et trois blessés le 14 février. Le camp de Mondoro, ainsi que celui de Boulkessi, proches de la frontière avec le Burkina Faso, avaient déjà été frappés en septembre par une double attaque jihadiste durant laquelle au moins 40 soldats avaient été tués.

« Selon des informations, des militaires menacent de quitter Mondoro après l’attaque. S’ils mettent à exécution cette décision, les terroristes vont prendre le contrôle non seulement de Mondoro, mais de tout le cercle de Douentza », a déclaré à l’AFP Oumar Ongoïba, un responsable de l’Association pour le développement de Mondoro (ADM), en soulignant le caractère stratégique de la zone.

L’attaque de septembre contre Mondoro et Boulkessi, l’un des plus graves revers de l’armée malienne depuis des années, avait été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, avec lequel le président malien Ibrahim Boubacar Keïta envisage notamment de négocier.

Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

RDC: des bouchons dans la lutte anti-corruption

« Renouveau de la justice » ou impossible lutte anti-corruption ? Les autorités congolaises jurent qu’elles iront jusqu’au bout d’une enquête sur des « abus » dans le financement des grands travaux publics lancés par Félix Tshisekedi il y a un an jour pour jour.

Le 2 mars dernier, 36 jours après son investiture, le nouveau président de la République démocratique du Congo ouvrait une enveloppe de 300 millions de dollars pour construire ou réparer des routes, des maisons ou des ponts dans le cadre d’un « programme d’urgence des 100 jours ».

Un an après, aucun « saut-de-mouton » n’a été inauguré à Kinshasa.

Ces ponts par dessus la chaussée, mis en chantier pour aérer le trafic automobile, sont la vitrine des retards et des ratés du programme des « 100 jours », sur fond de détournements de fonds présumés.

A cause des travaux, la circulation est même pire qu’avant aux grands carrefours. Les automobilistes sont piégés dans des goulets d’étranglement à l’approche des palissades bleues occupant les deux-tiers de la chaussée.

C’est le cas sur la route de l’aéroport international de Ndjili, encombrée par trois chantiers de « sauts-de-mouton » dont certains ont à peine commencé.

« Des trajets de 30 minutes prennent maintenant une heure, voire une heure trente », tempête Junior Shaba, conducteur de mini-bus pris dans un embouteillage sur le boulevard du 30-juin.

« Ils ont bouffé l’argent! », s’énerve son collègue Bob Yundula.

Après une descente sur le terrain mi-février, le chef de l’État a demandé une information judiciaire.

– « Manipulations » –

En conseil des ministre le 20 février, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende a souhaité que cette enquête marque « le début du renouveau » de la justice en RDC, « pour un véritable État de droit ».

Le président Tshisekedi a fait de la lutte anti-corruption une priorité, à la demande pressante des bailleurs de fonds de la RDC, les États-Unis et le FMI en tête.

Les choses ne semblent pas aussi claires. Le chef de l’État a déploré que « certains magistrats en charge des dossiers soient l’objet de menaces et de manipulations » lors du dernier conseil des ministres vendredi.

Le parquet et la défense ne communiquent pas sur l’enquête en cours. Au moins trois patrons de société, un Congolais et deux étrangers implantés depuis très longtemps en RDC, sont en détention provisoire.

Le directeur général de l’Office des routes (OR, une entreprise publique), Mutima Sakrini, est soupçonné de mauvaise gestion dans l’attribution et le suivi des travaux des 100 jours.

Deux prestataires de service, l’Américain David Blattner et le Libanais Jamal Sammih, sont accusés d’avoir encaissé de l’argent public sans exécuter les travaux dans les délais contractuels de trois mois.

Leur défense est très discrète. Le dossier ne connaitra « aucune suite judiciaire », affirme un avocat qui se présente comme le conseil de M. Blattner.

Le chef de l’État a aussi déploré que « certaines personnes interpellées soient victimes de mauvais traitements dans l’unique but d’extorquer des aveux ».

Le parquet a aussi entendu les responsables de l’entreprise chinoise China Railways Engineering Company (CREC 7), qui construit au moins un « saut-de-mouton » à Kinshasa.

– Marché attribué « autour d’un verre » –

Là, c’est l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhu Jing, qui s’est lui-même chargé du plaidoyer de la défense sur Twitter: « L’entreprise chinoise a bien respecté les délais de construction fixés par les autorités congolaises. C’est à elles de choisir le moment opportun pour la mise en circulation ».

Les marchés ont été passés sans appel d’offre, de gré à gré, « autour d’un verre », déplore le député Claudel Lubaya. Cette procédure du gré à gré n’est cependant pas illégale en RDC.

Les volontés anti-corruption du chef de l’État n’ont pas que des soutiens au sein même de la présidence de la République et son cabinet pléthorique (plus de 100 conseillers).

L’attribution des marchés publics a été coordonnée par le propre cabinet du chef de l’État, dirigé par un allié du président, Vital Kamerhe.

Le nom de M. Kamerhe avait été cité par l’Inspection des Finances en septembre dans l’affaire dite des 15 millions de dollars, qui auraient disparus des caisses du Trésor public.

Le chef de l’État avait confirmé l’ouverture d’une enquête judiciaire. Une enquête dont plus personne n’a entendu parler depuis.

M. Tshisekedi gouverne aussi en coalition avec les forces de son prédécesseur Joseph Kabila, qui ont gardé la majorité au Parlement.

En septembre, le nouveau ministre des Finances José Sele (venu du camp pro-Kabila) avait déjà demandé des « audits » sur le financement du programme des 100 jours et des « sauts-de-mouton ».

Des « sauts-de-moutons » qui doivent désormais être livrés au 31 mai 2020 d’après le dernier Conseil des ministres. Ou peut-être pour les célébrations du 30-juin qui marqueront le 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.

Afrique du Sud: la police évacue des migrants qui veulent quitter le pays

La police sud-africaine a évacué dimanche plusieurs centaines de migrants au coeur d’un imbroglio juridique, qui campaient depuis quatre mois sur une place du centre de la très touristiques ville du Cap (sud-ouest).

Ces migrants venus d’autres pays africains sollicitent l’aide du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour quitter l’Afrique du Sud, où ils ne sentent pas en sécurité depuis une vague de violences xénophobes qui a fait au moins 12 morts et d’importants dégâts en septembre dernier.

Après avoir été expulsés des locaux du HCR au Cap, ils occupent depuis octobre une église et une place sur laquelle ils avaient installé un campement de tentes.

Sollicitée par la municipalité, la justice a ordonné le mois dernier leur expulsion.

Dimanche, la police a donc investi la place, procédé à l’expulsion des réfugiés et au démantèlement de leurs installations de fortune, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Nous ne sommes pas des animaux ! Nous ne sommes pas des cafards », « Dieu va vous punir pendant des générations », « où est la Nation arc-en-ciel ? », ont crié des migrants en colère.

Mais la plupart ont obtempéré sans incident majeur et évacué les lieux, au moins provisoirement.

« Nous n’avons aucun endroit où aller », s’est plainte Falone Manok, une mère de quatre enfants âgée de 28 ans venue de République démocratique du Congo (RDC).

« Je leur ai dit (au HCR) que je n’étais pas en sécurité ici en Afrique du Sud, que je voulais aller ailleurs », a-t-elle ajouté, « mais depuis j’attends ».

« On ne peut pas laisser la situation perdurer car elle a un impact sur le commerce local », a justifié l’élu du Cap chargé de la sécurité, JP Smith. « Et on ne peut pas fournir de logement d’urgence (aux migrants) eu égard aux besoins non satisfaits des Sud-Africains en la matière », a-t-il ajouté.

L’Afrique du Sud accueille 268.000 réfugiés et demandeurs d’asile, selon le gouvernement. Ils viennent pour la plupart de Somalie, d’Ethiopie, du Zimbabwe, du Nigeria et de RDC.

Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud, qui accueille des millions de migrants, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%), la pauvreté et des inégalités criantes.

Algérie/corruption: procès en appel d’ex-hauts dirigeants

Le procès en appel de plusieurs anciens hauts dirigeants politiques et grands patrons, condamnés pour corruption, s’est ouvert dimanche devant la Cour d’Alger, a indiqué l’agence officielle APS.

Une vingtaine d’accusés, ex-responsables politiques, riches patrons et hauts fonctionnaires, avaient été condamnés en décembre lors du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après le départ du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue.

Prévu initialement le 12 février, le procès avait été reporté une première fois au 26 février puis une seconde fois à la demande des avocats de la défense.

Il concerne diverses malversations dans le secteur de l’industrie algérienne de montage automobile dont l’octroi d’avantages à certains patrons et le financement électoral « occulte » de M. Bouteflika, chef de l’Etat durant 20 ans.

Candidat à un 5e mandat en avril 2019, M. Bouteflika a été contraint de démissionner le 2 avril face à un mouvement de contestation populaire inédit.

En première instance, Ahmed Ouyahia, 67 ans, quatre fois Premier ministre dont trois sous la présidence Bouteflika, a écopé de 15 ans de prison. Abdelmalek Sellal, 71 ans, qui dirigea le gouvernement de 2014 à 2017 et quatre campagnes électorales de M. Bouteflika, a été condamné à 12 ans de prison.

Dimanche, M. Ouyahia a rejeté toutes les charges retenues contre lui. « Je ne me suis rendu coupable d’aucun abus de fonction, je n’ai ni reçu de pots-de-vin ni blanchi de l’argent », a-t-il dit, ajoutant toutefois « avoir oublié de déclarer quelques biens », selon APS.

M. Sellal a également rejeté les charges à son encontre, appelant à faire comparaître M. Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013, comme témoin. Il a affirmé avoir mis en oeuvre « le programme du président, adopté par le Parlement, et dont le premier responsable est l’ancien président qui devrait comparaître comme témoin ».

Le procès en appel reprend lundi.

En première instance également, les ex-ministres de l’Industrie Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi ont écopé de 10 ans d’emprisonnement, l’ancienne préfète Nouria Yamina Zerhouni de cinq ans.

Ex-président du Forum des chefs d’entreprises, principale organisation patronale et PDG du n°1 privé du BTP algérien, Ali Haddad, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes de M. Bouteflika, a été condamné à sept ans de prison.

Trois autres riches hommes d’affaires, Ahmed Mazouz, Hassen Arbaoui et l’ancien vice-président du FCE Mohamed Bairi, tous propriétaires d’usines de montage de véhicules, ont écopé respectivement de sept, six et trois ans de prison.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés. Parmi eux l’ancien ministre de l’Industrie Bouchouareb Abdessalem (20 ans de prison).

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang.

Au Malawi, l’armée en dernier rempart de l’ordre constitutionnel

Ce fut l’une des images fortes de la longue crise politique qui a précédé l’annulation pour fraude de l’élection présidentielle de mai 2019 au Malawi: l’armée dans la rue pour assurer la protection de manifestants hostiles au gouvernement.

Pendant les six mois qui ont suivi le scrutin contesté, le pays a été le théâtre de violences entre la police et les partisans de l’opposition, qui dénonçaient la réélection à leurs yeux frauduleuse du président sortant Peter Mutharika.

La Cour constitutionnelle leur a donné raison début février en annulant, une décision historique, la présidentielle pour cause d' »anomalies systématiques et graves ».

Un nouveau scrutin est prévu le 19 mai prochain.

L’an dernier, les premières semaines de la contestation électorale ont été marquées par des heurts entre des manifestants et la police qui ont fait au moins 2 morts, dont un policier.

C’est dans ce contexte explosif que l’armée est sortie de ses casernes le 19 juillet 2019 pour apaiser les tensions, sans que l’on sache clairement qui le lui a ordonné.

« L’armée met son savoir-faire à la disposition des autorités civiles, que ce soit la police ou un autre service », avait justifié l’année dernière le chef d’état-major des Forces de défense du Malawi (MDF), le général Vincent Nundwe.

Son intervention avait été peu goûtée du président Mutharika, qui avait dans la foulée nommé trois nouveaux généraux à des postes-clés de l’état-major.

– ‘Respect constitutionnel’ –

Une forme de pression qui n’a guère ému le général Nundwe.

« Je me dois de faire respecter ce qui est inscrit dans la Constitution », avait-il expliqué. « Que le peuple manifeste, après tout c’est son droit le plus strict. Mais il ne doit pas empiéter sur les droits des autres ou détruire de biens ».

L’article 160 de la loi fondamentale malawite stipule que « les MDF doivent faire respecter et protéger l’ordre constitutionnel de la République et aider les autorités à accomplir leurs fonctions telles que définies par la Constitution ».

« Les MDF protégeront tout le monde, sans aucune considération tribale ou de quelque autre sorte », insiste l’officier supérieur.

Sur un continent où les hommes en treillis sont souvent associés aux coups d’Etat et à la répression, le rôle de tampon joué par ceux du Malawi a surpris à l’étranger.

« Les images récentes de soldats protégeant des manifestations de l’opposition sont contraires à l’image que beaucoup d’Africains se font de l’armée », note Nathan Chiume, un analyste politique établi aux Etats-Unis.

A l’inverse, l’armée malawite s’est déjà plusieurs fois distinguée dans un rôle de protection des institutions.

En 1993, un an avant l’avènement de la démocratie, ses soldats avaient démantelé l’aile paramilitaire du président de l’époque, Hastings Kamuzu Banda (1966-1994).

En 2012, ils étaient à nouveau intervenus à la mort brutale du président Bingu wa Mutharika. Le gouvernement de l’époque essayait alors d’empêcher la vice-présidente Joyce Banda de prendre le pouvoir, conformément à la Constitution. L’armée l’a vite contraint à obtempérer.

– ‘Confiance’ –

« Les MDF ont permis à la démocratie et à l’Etat de droit de s’imposer », se souvient Mme Banda. « Elles ont joué un rôle essentiel en apportant la justice au nom des pauvres et des sans-voix au Malawi », ajoute l’ex-cheffe de l’Etat.

Selon elle, les manifestations des derniers mois n’auraient pas eu lieu sans la confiance de l’opposition en « ses » militaires.

« Les MDF sont une institution sur laquelle le peuple du Malawi a toujours pu compter », confirme le principal adversaire du régime, Chakwera. « Ces derniers mois, les soldats ont maintes fois créé un environnement sûr qui a permis aux citoyens d’exercer leur droit à manifester pacifiquement ».

Officiellement, le camp de Peter Mutharika s’est réjouit du rôle joué par les militaires pendant la récente crise.

« (Ils) se sont toujours comportés de façon professionnelle », note le porte-parole du gouvernement Mark Botomani, « nous avons une des armées les plus disciplinées de la région ».

En coulisses toutefois, les partisans du président sortant ne cachent pas une certaine exaspération.

« Je ne pense pas que l’armée ait formellement outrepassé son rôle », juge l’un d’eux, Joshua Khan, mais « elle aurait dû empêcher les manifestations. Il y a eu des morts ! » « Les marches pacifiques sont devenues violentes et les MDF ont semblé d’accord avec ça », déplore-t-il.

Malgré ces critiques, les deux camps restent persuadés que l’armée saura garder sa neutralité lors du nouveau scrutin à venir, malgré les inévitables tensions.

« Les MDF resteront impartiales », assure le général à la retraite Marcel Chirwa. « Elles barreront la route du pouvoir à tout parti considéré comme un ennemi des citoyens », ajoute-t-il, « mais rentreront dans leurs casernes (…) sitôt la menace écartée ».

Nigeria: 50 personnes tuées dans une attaque de « bandits » dans le Nord

Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche lors d’une attaque de bandits armés dans trois villages de l’Etat de Kaduna, dans le Nord du Nigeria, ont indiqué lundi la police locale et des habitants.

Une centaine d’hommes armés, soupçonnés d’appartenir à un gang spécialisé dans le vol de bétail et les kidnappings, ont attaqué les villages de Kerawa, Zareyawa et Marina dans le district d’Igabi, tirant sur des habitants, pillant et incendiant des maisons, selon la police locale.

« Le commandement de la police a reçu un rapport sur ces attaques et nous avons envoyé des hommes dans la zone pour rassembler davantage d’informations », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat, Mohammed Jalige.

Un député de Kaduna et des habitants ont quant à eux fait état d’au moins 50 corps retrouvés, un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir.

« Jusqu’à présent, 50 corps ont été retrouvés mais le chiffre n’est pas définitif et devrait très probablement augmenter car les opérations de secours sont toujours en cours », a déclaré le député Zayyad Ibrahim.

Les bandits ont attaqué les villages au moment où les fidèles sortaient des mosquées après la prière, tirant au hasard sur la population, a déclaré M. Ibrahim, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de la région.

Un chef du village de Kerawa, Dayyabu Kerawa, a assuré que « 51 victimes » avaient été « enterrées » dimanche après-midi après l’attaque, la présentant comme des représailles aux opérations menées par l’armée dans la région.

« Les attaques étaient une réponse aux opérations militaires en cours contre les cachettes des bandits dans la forêt » voisine, a affirmé M. Kerawa. « Les bandits ont accusé les habitants des villages ciblés de fournir des informations sur leurs cachettes aux militaires ».

Le mois dernier, 21 personnes, dont 16 membres d’une famille, avaient été tuées lors d’une attaque similaire contre le village de Bakali, dans le district voisin de Giwa.

Cette partie de l’Etat de Kaduna est devenue ces dernières années un repaire de bandits spécialisés dans le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, qui ont forcé des milliers d’habitants à fuir leurs foyers.

En février, les autorités nigérianes ont affirmé avoir tué 250 bandits lors d’une opération visant leurs cachettes dans les forêts de l’Etat de Kaduna.

Dans une déclaration lundi, le sénateur de l’Etat de Kaduna, Shehu Sani, a dénoncé le « silence » et l' »inaction » des autorités face à l’insécurité qui ravage le nord du pays, région la plus pauvre et la moins éduquée, soulignant le sentiment d’abandon des populations.

« Les homicides et les enlèvements sont devenus monnaie courante dans les états de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger », a déclaré Shehu Sani. « Les gouverneurs du Nord continuent de faire l’autruche, craignant de s’opposer au gouvernement fédéral et de prendre des mesures indépendantes pour protéger leur peuple ».

« Le Nord est devenu une région d’enterrements sans fin et de deuil perpétuel », a-t-il dit. « Les bandits du Nord sont devenus l’Etat, ils imposent des amendes et des taxes, envoient des avis, contrôlent les territoires ».

Le sénateur assure que « l’insécurité omniprésente dans le Nord est renforcée et entretenue par le silence (…) de ses élites autant que par l’inaction du Gouvernement ».