Décès du dernier maréchal soviétique, figure du putsch anti-Gorbatchev

Le dernier maréchal de l’Union soviétique, Dmitri Iazov, impliqué dans le putsch contre Mikhaïl Gorbatchev et la répression du mouvement indépendantiste en Lituanie en 1991, est décédé mardi à 95 ans, selon les agences russes.

« Le 25 février, le maréchal de l’URSS Dmitri Timofeïevitch Iazov est décédé à Moscou après une longue maladie », ont indiqué les agences, citant un communiqué du ministère russe de la Défense.

Ministre de la Défense de l’URSS entre 1987 et 1991, il a participé au putsch manqué contre le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en août 1991, un an après s’être vu attribuer le grade de maréchal. Une tentative de coup d’Etat de communistes conservateurs, opposés à ses réformes de l’Union soviétique.

Les putschistes avaient alors assuré que M. Gorbatchev était « incapable d’assumer ses fonctions pour raisons de santé ». Ils avaient proclamé l’état d’urgence pour six mois, le rétablissement de la censure et avaient fait entrer les chars dans Moscou.

Le coup a échoué et les putschistes ont été arrêtés trois jours plus tard, mais ces événements ont scellé le sort de l’Union soviétique, affaiblie par les indépendantistes dans les républiques et qui sera finalement dissoute en décembre 1991.

Arrêté avec les autres putschistes, Dmitri Iazov sera libéré de prison en 1993 et amnistié en 1994.

Après son décès, il ne reste qu’un seul putschiste encore en vie, Oleg Baklanov, qui était vice-président du Conseil de défense auprès du président soviétique au moment du putsch.

En 2019, Dmitri Iazov a par ailleurs été condamné à dix ans de prison par contumace par la justice lituanienne pour avoir participé à la répression en janvier 1991 du mouvement indépendantiste en Lituanie, alors république soviétique, qui avait fait 14 morts et plus de 700 blessés.

En tant que ministre de la Défense, il a aussi été au coeur d’une répression sanglante de janvier 1990 en Azerbaïdjan, Janvier Noir, qui a fait de nombreux morts civils.

Mais en Russie, il est resté une figure révéré. Le 4 février dernier, il recevait encore une décoration « pour services rendus à la patrie » en raison de son engagement en faveur des vétérans des mains du puissant ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

Il a aussi été décoré par le président Vladimir Poutine, qui lui a remis l’ordre de l’Honneur en 2004 et l’ordre Alexandre Nevski en 2014.

Moscou a aussi dénoncé sa condamnation en Lituanie.

Primaires démocrates: Sanders en pole position, Biden sous pression

Les candidats à la primaire démocrate se retrouvent pour un nouveau débat mardi en Caroline du Sud, quatre jours avant un vote crucial qui offrira à Joe Biden une dernière chance de revenir dans la course et d’enrayer la dynamique victorieuse de Bernie Sanders.

M. Sanders est jusqu’ici le grand vainqueur de ces primaires, après avoir obtenu samedi 46,8% des suffrages dans le Nevada, loin devant l’ancien vice-président américain.

Mais son avance illustre la fracture au sein du parti, entre les partisans du sénateur « socialiste » autoproclamé et les tenants d’un discours jugé plus rassembleur destiné à l’électorat conservateur.

A Charleston, il affrontera six candidats lors de ce dixième rendez-vous avec les téléspectateurs (20H00 locales, 01H00 GMT mercredi): Joe Biden, Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Tom Steyer et Elizabeth Warren.

A 78 ans, M. Sanders sera dans le viseur de ses adversaires modérés –Biden, Bloomberg, Buttigieg, Klobuchar– qui devraient de nouveau l’attaquer sur son programme trop radical à leurs yeux, le financement jugé flou d’une assurance santé universelle, ou sur ses récents commentaires sur Fidel Castro.

Dimanche, il a notamment salué le « programme massif d’alphabétisation » lancé par le père de la révolution cubaine, tout en assurant condamner « la nature autoritaire du régime ».

Joe Biden a condamné une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro. Michael Bloomberg a rappelé le « sombre héritage » laissé par le dictateur.

Mais l’élu du Vermont, qui bénéficie d’une armée de militants fidèles, s’est révélé un tribun hors pair depuis le début de la campagne.

« Les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », a-t-il ainsi affirmé dimanche sur CBS.

Joe Biden joue gros lors de ce débat. L’ex-bras droit de Barack Obama espère faire un bon score en Caroline du Sud, cet Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate.

Après deux piteux scores dans l’Iowa et le New Hampshire, l’ancien vice-président âgé de 77 ans a relevé la tête dans le Nevada. Mais il a déçu lors des précédents débats où il s’est présenté comme le seul capable de battre Donald Trump en novembre.

– L’inconnue Steyer –

Son avance de près de quinze points dans les sondages en Caroline du Sud a fondu en quelques semaines et il se retrouve talonné par Bernie Sanders.

« Si vous gagnez la Caroline du Sud de manière décisive, vous préparez le +Super Tuesday+ et vous devenez le grand favori », a pronostiqué dimanche l’influent élu noir Jim Clyburn en référence aux scrutins organisés dans quatorze Etats le 3 mars.

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, qui s’est illustré lors des récents débats, s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote, selon une moyenne réalisée par le site RealClearPolitics.

Derrière, l’ancien maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg ainsi que les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar sont à la traîne.

M. Buttigieg, 38 ans, est le premier homosexuel à avoir une chance de décrocher l’investiture après de bons scores aux deux premiers scrutins. Mais il manque de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale à la mairie et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle.

Après une première apparition ratée la semaine dernière, le milliardaire Michael Bloomberg retrouve l’estrade même s’il ne participe pas au vote samedi.

Troisième des sondages nationaux, l’ancien maire de New York, âgé de 78 ans, entrera dans la course lors du « Super Tuesday » après avoir puisé plus que n’importe quel autre candidat à une présidentielle américaine dans sa fortune personnelle pour faire campagne.

M. Bloomberg a déjà mis en garde contre une éventuelle investiture de M. Sanders, une « erreur fatale » qui fera selon lui réélire Donald Trump.

Depuis l’Inde où il est en visite officielle, le président américain s’est aussi invité dans le débat, en assurant lundi que les démocrates ne « laisseront pas gagner » Bernie Sanders.

Coronavirus: la pandémie menace, les marchés s’affolent

L’épidémie de pneumonie virale a atteint un « plateau » en Chine mais le monde reste menacé de pandémie, a averti l’OMS, alimentant mardi une nouvelle journée de panique sur les marchés financiers.

Avec cinq nouveaux pays touchés et une brusque hausse des bilans en Iran, en Corée du Sud et en Italie, la journée de lundi a été rude pour les Bourses mondiales, Wall Street essuyant sa plus forte chute depuis plus de deux ans.

Alors que plus de 2.000 cas de contamination, dont plus de 30 mortels, ont désormais été enregistrés hors de Chine, la journée de mardi ne s’annonce pas meilleure, Tokyo ayant déjà perdu 3,3% sur la séance.

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre sur un marché de Wuhan (centre), le bilan humain de mardi s’avérait cependant moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.

Le nombre quotidien de nouvelles contaminations est en revanche reparti à la hausse à 508 contre 409 la veille, même s’il reste très inférieur aux chiffres enregistrés il y a encore une semaine.

– Retour des voitures –

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la situation en Chine est globalement en voie d’amélioration.

Selon l’agence spécialisée de l’ONU, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan et ses 11 millions d’habitants.

Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, n’en a pas moins averti que le monde restait menacé de pandémie, à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a-t-il déclaré lundi à Genève.

En dehors de la région de Wuhan, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal en Chine, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d’un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l’épidémie n’aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l’Education.

– Reflux en Corée –

Ailleurs dans le monde, l’OMS juge « très préoccupante » l’augmentation soudaine de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

Après un pic de 231 nouvelles contaminations annoncées lundi, la Corée du Sud a connu un reflux, avec 60 nouveaux cas répertoriés mardi. Deuxième foyer mondial derrière la Chine, la Corée du Sud compte désormais 893 patients contaminés, dont huit mortellement.

Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils pourraient « réduire » un exercice militaire prévu au printemps avec l’armée sud-coréenne. Quelque 37.000 soldats américains sont stationnés dans ce pays.

Le Japon, qui a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot contaminé Diamond Princess, a décidé de reporter sept matches de football qui devaient se jouer mercredi.

– « Mission impossible » suspendue –

En Europe, l’Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de communes du Nord.

Le tournage prévu à Venise du prochain volet de « Mission Impossible », avec Tom Cruise en vedette, a été suspendu.

Rome organise mardi après-midi une réunion des ministres de la Santé de pays voisins (France, Suisse, Autriche, Slovénie, Croatie, Allemagne ainsi que l’UE) afin de déterminer « des lignes d’action communes » face à l’épidémie.

La Commission européenne a fait savoir qu’elle ne souhaite pas dans l’immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l’intérieur de l’UE.

– L’OMS en Iran –

En Iran, une équipe d’experts de l’OMS est attendue dans la journée, au lendemain de l’annonce d’un bilan de 12 morts, le plus lourd en dehors de la Chine.

Inquiets de la contagion, l’Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec l’Iran.

Cinq pays de la région ont annoncé lundi de premiers cas de contamination: Afghanistan, Bahrein, Koweit, Irak et Oman.

Aux Etats-Unis, l’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie. Jusqu’à présent, 53 cas de coronavirus ont été recensés dans ce pays, parmi lesquelles 39 personnes rapatriées de Chine et du Diamond Princess.

burs-bar/lch

Une ex-journaliste au coeur de la joute pour le vote éthiopien en Israël

« Egalité! » clame Pnina Tamano-Shata, première femme née en Ethiopie à siéger au Parlement israélien et qui hérite d’une mission de taille pour les élections: rallier les voix d’une minorité « discriminée » pour chasser du pouvoir le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Après deux duels au coude-à-coude lors des précédentes élections, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud (droite), et son rival Benny Gantz, à la tête de la formation « Bleu-Blanc » (centre), misent sur des minorités pour gagner le « vote de plus » pouvant les départager lors du scrutin du 2 mars.

Et cette campagne de séduction bat son plein chez les quelque 140.000 Israéliens d’origine éthiopienne, dont 50.000 sont nés en Israël.

Collier de perles et veston beige, Mme Tamano-Shata, ex-journaliste de la première chaîne israélienne et aujourd’hui élue du parti « Bleu-Blanc », fait son entrée dans un petit café de Hadera, ville au nord de la métropole de Tel-Aviv où vivent des milliers d’Israéliens d’origine éthiopienne.

Non loin, au pied d’un immeuble défraîchi d’un quartier populaire, des habitants observent nerveusement la ronde d’une voiture de police. La mort, en juin 2019, de Solomon Teka, un Israélien d’origine éthiopienne de 19 ans, tué par un policier qui n’était pas en service, a suscité la colère au sein de la communauté.

– Du Likoud à « Bleu-Blanc » –

« Il y a plus d’Ethiopiens en prison, plus de brutalité policière, plus de pauvreté et un taux de suicide élevé » dans la communauté éthiopienne, tonne Mme Tamano-Shata, le poing serré, pour qui mettre fin aux « discriminations » est une priorité nationale.

« Ma génération a hérité de la responsabilité de se battre sans relâche pour être acceptée par la société israélienne et pour affirmer que nous ne sommes pas différents, que nous sommes égaux », déclare à l’AFP l’élue de 38 ans, arrivée en Israël à l’âge de trois ans.

A l’époque, au début des années 1980, la famine sévit en Ethiopie. Sur les chaînes de télévision occidentales, le groupe Band Aid et des tubes comme « We are the world » inondent les écrans pour venir en aide aux enfants d’Ethiopie.

Avec sa mère enceinte, son père et ses soeurs, Pnina Tamano-Shata migre vers un camp au Soudan voisin, d’où des milliers de juifs éthiopiens seront ensuite, comme elle, secrètement exfiltrés vers Israël dans le cadre de « l’opération Moïse » (1984-1985).

« Depuis des générations, nous rêvions de Jérusalem. Je suis née dans un petit village sans électricité, et ma famille a compris que le temps était venu » de se rendre en Israël, explique-t-elle, énumérant la traversée du désert, la famine et l’insalubrité des camps soudanais.

Mais une fois en Israël, les difficultés continuent, déplore Avi Yossef, un juif éthiopien de 35 ans, né dans un camp de réfugiés au Soudan.

« Avant que les gens te connaissent, ils voient ta couleur (de peau) », dit-il. « Tu as toujours besoin de prouver qui tu es, même si tu parles parfaitement hébreu, que tu es juif et que tu as grandi ici ».

« Habituellement, on vote pour le Likoud puisque c’est le parti qui a ramené les Ethiopiens en Israël. Mais aux dernières élections, on a voté pour le parti ‘Bleu-Blanc’, où il y avait deux représentants de la communauté », poursuit-il.

– « Présidente d’Israël » –

Ces dernières semaines, le Likoud a coopté un ancien député « Bleu-Blanc » d’origine éthiopienne Gadi Yevarkan, en lui assurant un siège au Parlement et le gouvernement a autorisé le « rapatriement » de 400 Ethiopiens.

« Bibi (surnom du Premier ministre), les immigrants éthiopiens ne sont pas à vendre, hormis peut-être un », a répliqué une campagne du parti Bleu-Blanc en référence à M. Yevarkan.

La communauté éthiopienne qui vote traditionnellement pour le Likoud se sent « trahie » par « l’inaction » du gouvernement en matière d’égalité des chances, d’où le report récent de voix vers « Bleu-Blanc », explique Alon Burstein, chercheur ayant travaillé sur la politisation des Ethiopiens en Israël.

Selon lui, le vote de cette communauté pourrait être déterminant dans l’élection qui s’annonce une nouvelle fois serrée.

Le Likoud et le parti « Bleu-Blanc » doivent chacun « aller chercher deux sièges de plus », soit l’équivalent d’un peu moins de 2% des voix, pour s’imposer, dit-il.

Un siège au Parlement représentant environ 40.000 voix, les 80.000 électeurs d’origine éthiopienne pourraient ainsi faire pencher la balance et permettre la formation d’une coalition gouvernementale.

Pnina Tamano-Shata, elle, rêve de devenir ministre dans le prochain gouvernement et, un jour même, « présidente d’Israël ».

Arménie: l’ex-président Sarkissian devant la justice pour corruption

Le procès de l’ancien président arménien Serge Sarkissian, accusé de détournements de fonds publics, doit débuter mardi dans la capitale arménienne, près de deux ans après un soulèvement populaire qui l’avait chassé du pouvoir.

Agé de 65 ans, Serge Sarkissian a été inculpé en décembre et il lui est interdit de quitter le territoire de cette ancienne république soviétique du Caucase. En cas de condamnation, il risque jusqu’à huit ans de prison.

Selon les procureurs, l’ex-dirigeant a participé à l’élaboration d’un mécanisme dans lequel une entreprise privée a vendu du carburant à un prix bien supérieur au marché à un programme d’aide agricole du gouvernement arménien.

Les bénéfices de cette combine, près de 489 millions de drams (946 millions d’euros au taux actuel), ont été reversés à de hauts fonctionnaires et hommes d’affaires impliqués, affirment les procureurs.

Alors que l’accusation n’a fourni aucun élément prouvant que Serge Sarkissian ait touché directement une partie de cet argent, ce dernier, et son parti politique, ont dénoncé une affaire « fabriquée visant à faire taire l’opposition » et mettant en danger la démocratie.

L’enquête visant M. Sarkissian — qui faisait profil bas depuis sa démission en 2018 — l’a remis sur le devant de la scène et sous les critiques du Premier ministre, Nikol Pachinian, qui lui a succédé.

Né dans la région séparatiste du Haut-Karabagh, toujours en guerre contre l’Azerbaïdjan voisin, Serge Sarkissian a occupé diverses hautes fonctions de l’Etat avant de devenir président entre 2008 et 2018.

– Révolte populaire –

En avril 2018, sa tentative d’accéder au poste de Premier ministre, dont les pouvoirs venaient d’être renforcés, s’est heurtée à un important mouvement d’opposition qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Cette tentative de M. Sarkissian, qui arrivait au terme de son deuxième mandat présidentiels, a cristallisé la frustration de la population de ce pays pauvre de près de 3 millions d’habitants, à l’économie fragile, où la corruption gangrène de nombreux secteurs.

Après plusieurs semaines d’une mobilisation pacifique menée par Nikol Pachinian, alors député, le mouvement a poussé au départ M. Sarkissian, dont la démission a été célébrée par des milliers de personnes en liesse dans les rues d’Erevan.

Depuis, Nikol Pachinian a été élu Premier ministre et mène une croisade contre la corruption.

Après avoir commencé sa carrière au Parti communiste, Serge Sarkissian s’est fait connaître en rejoignant, à la fin des années 1980, les séparatistes arméniens combattant contre l’armée azerbaïdjanaise dans le Haut-Karabagh.

Ce conflit, non résolu, a fait plus de 30.000 morts. Le long du front, les échanges de tir meurtriers sont encore fréquents.

En 2008, l’élection de M. Sarkissian a été suivie d’échauffourées entre la police et des militants d’opposition dénonçant un vote truqué. Ces affrontements, parmi les pires de l’histoire récente arménienne, ont fait dix morts, dont deux policiers.

Pendant ses deux mandats, Serge Sarkissian a joué un jeu d’équilibriste entre l’Occident et Moscou, l’ancienne capitale du temps de l’URSS.

En 2013, après une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, il a finalement refusé de signer un accord d’association avec l’Union européenne, pourtant négocié de longue date, et a opté pour un ralliement à l’Union économique eurasiatique soutenue par le Kremlin.

Au début de son premier mandat, Serge Sarkissian a également tenté, en vain, de normaliser les relations entre Erevan et la Turquie, mises à mal par la question du génocide des Arméniens par les Ottomans lors de la Première guerre mondiale.

Un autre ex-président arménien, Robert Kotcharian, fait également face à des poursuites criminelles. Il est soupçonné d’avoir truqué l’élection de 2008 en faveur de son successeur, Serge Sarkissian.

Harvey Weinstein ou la chute d’un producteur de cinéma visionnaire

Il était un producteur de cinéma visionnaire, faiseur d’Oscars, donateur du parti démocrate. Sa condamnation lundi pour agressions sexuelles, qui lui fait risquer jusqu’à 29 ans de prison, confirme la descente aux enfers d’Harvey Weinstein, considéré comme l’incarnation du prédateur sexuel par le mouvement #MeToo.

L’accession au gotha d’Hollywood de ce fils d’un diamantaire new-yorkais avait pris des années, il devint paria en quelques jours. En octobre 2017, le New York Times et le New Yorker publient les témoignages de femmes, actrices ou mannequins pour la plupart, accusant le producteur de les avoir agressées sexuellement, puis de les avoir parfois payées pour se taire.

Trois semaines après, plus de 80 femmes, dont des célébrités comme Ashley Judd, Angelina Jolie, Salma Hayek ou Léa Seydoux, l’avaient accusé de harcèlement ou d’agressions allant du baiser forcé au viol, à New York, Los Angeles, Cannes, Paris, Londres ou Toronto, sur plus de trois décennies.

Harvey Weinstein, 67 ans, marié deux fois et père de cinq enfants, a eu beau maintenir que ses relations étaient toutes consenties, le #MeToo était né: ce mouvement a dénoncé les abus sexuels présumés de centaines d’hommes de pouvoir.

Celui qui était la coqueluche des festivals du 7e art est banni de l’Académie du cinéma qui remet les Oscars. Les plaintes contre lui au civil se multiplient.

Le 25 mai 2018, il est inculpé à New York, mais pour deux agressions seulement, une en 2006 et l’autre en 2013. Les images du producteur menotté font le tour du monde.

En liberté surveillée jusqu’à son procès, il fait profil bas pendant des mois.

Peu avant le début du procès en janvier, il donne une rare interview, qui suscitera un tollé.

« J’ai fait plus de films réalisés par des femmes et sur des femmes que n’importe quel producteur (…) J’étais le premier! J’étais le pionnier! », déclarait-il au New York Post.

Lorsque six femmes commencent à témoigner contre lui fin janvier, il semble confiant, assis aux côtés de ses avocats.

Au fil des audiences, il lâche parfois quelques mots ou quelques sourires narquois aux journalistes. Après d’ultimes hésitations, il ne témoignera néanmoins pas, pour ne pas risquer de s’incriminer.

Lundi, après avoir été déclaré coupable d’agression sexuelle et de viol — mais exonéré d’accusations plus graves qui auraient pu lui valoir la perpétuité –, M. Weinstein, qui a paru physiquement affaibli pendant le procès, se déplaçant souvent avec un déambulateur, n’a montré aucune émotion.

Les huissiers l’ont emmené après le prononcé du verdict, et il n’a fait aucune déclaration. Son avocate Donna Rotunno, habituée aux déclarations controversées, a assuré qu’il avait pris le verdict « comme un homme ».

– Roi des Oscars –

Beaucoup d’accusations contre Harvey Weinstein datent des années 1990 ou du début des années 2000, les grandes années de Miramax, le studio qu’il créa en 1979 avec son frère cadet Bob (Mira pour leur mère Miriam, Max pour leur père).

Après « Sexe, mensonges et vidéo », de Steven Soderbergh, encensé par la critique en 1989, Miramax produit le premier succès de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction » (1994), puis « Le Patient anglais » (1997, neuf Oscars) ou « Shakespeare in Love » (1998, sept Oscars).

Les frères Weinstein revendent Miramax à Disney dès 1993, mais y travaillent jusqu’en 2005, année où ils lancent The Weinstein Company, qui produira encore de grands succès, comme « Inglourious Basterds » de Tarantino (2009), « Le Discours d’un roi » (2010) ou « The Artist » (2011).

De 1990 à 2016, le producteur, surnommé « Harvey les ciseaux » pour ses interventions féroces au montage, décrocha 81 fois les célèbres statuettes d’Hollywood.

Lors de la cérémonie des Golden Globes en 2012, Meryl Streep le qualifia, en riant, de « Dieu ».

Aujourd’hui, s’il inspire Hollywood, c’est comme personnage maléfique: un thriller inspiré du scandale, « The Assistant », est sorti fin janvier et au moins un autre est en gestation, produit par Brad Pitt.

Un temps, sa fortune était évaluée entre 240 et 300 millions de dollars, et il contribuait généreusement aux campagnes de candidats démocrates, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Si ses avocats ont obtenu un pré-accord de 25 millions de dollars pour solder la plupart des plaintes déposées contre lui au civil, sans qu’il ait à verser un centime, l’argent lui file désormais entre les doigts.

Il a vendu depuis deux ans cinq de ses propriétés, pour 60 millions de dollars, selon l’accusation.

La Weinstein Company a disparu: mise en faillite, ses actifs ont été rachetés par le fonds d’investissement Lantern.

Il doit payer les pensions alimentaires de ses ex-femmes — la deuxième, la styliste Georgina Chapman, l’a quitté après le scandale — et des millions de dollars d’honoraires à ses avocats.

Mais il n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ses avocats, qui ont affirmé tout du long que la médiatisation de son dossier le condamnait d’avance, ont promis lundi de faire appel.

Syrie: 9 combattants prorégime tués par des bombardements turcs à Idleb

Neuf combattants du régime syrien ont été tués lundi par des bombardements turcs à Idleb où les forces de Damas avancent dans le cadre de l’offensive qu’elles mènent contre ce dernier bastion jihadiste et rebelle de Syrie avec le soutien de la Russie.

Des rebelles soutenus par la Turquie voisine sont parvenus à récupérer la localité de Nayrab, au sud-est de la ville d’Idleb, alors que l’artillerie turque tuait neuf combattants des forces du régime dans le secteur, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Un total de 94 combattants ont été tuées sur plusieurs fronts lundi dans la région d’Idleb, a d’autre part indiqué l’Observatoire. Parmi eux figurent 41 prorégime ainsi que 53 combattants jihadistes et rebelles alliés, selon la même source.

Plus tôt, l’Observatoire avait fait état de la mort de cinq civils, tués dans le secteur de Jabal al-Zawia par des frappes aériennes de l’allié russe du régime dans le sud de la province d’Idleb, où les combats se concentrent notamment à l’ouest de la grande ville de Maaret al-Noomane, a précisé l’OSDH.

La progression du régime a lieu au sud de l’autoroute stratégique M4, qui relie la grande ville d’Alep à la province côtière de Lattaquié, deux bastions du pouvoir de Bachar al-Assad, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

A terme, l’objectif est de reconquérir les tronçons de cette autoroute qui traversent Idleb, pour l’instant tenus par les jihadistes et les rebelles, selon M. Abdel Rahmane.

« Ces dernières 24 heures, les forces du régime ont progressé et conquis 10 localités et villages » au sud de la M4, a-t-il affirmé.

« Les unités de l’armée syrienne poursuivent leur progression dans le sud d’Idleb », a confirmé l’agence de presse officielle Sana, rapportant la conquête dimanche et lundi d’au moins sept villages et localités.

Le régime a lancé son offensive en décembre dans le nord-ouest et près de 900.000 personnes ont été déplacées par les violences, d’après l’ONU, qui a prévenu lundi que les combats se rapprochaient « dangereusement » de leurs campements, risquant de provoquer un « bain de sang ».

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent encore plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

La reprise des combats à Idleb intervient alors que ces dernières semaines les opérations se concentraient sur l’ouest de la province d’Alep.

Les forces gouvernementales ont reconquis tous les secteurs insurgés autour de la ville d’Alep. Elles ont également repris dans son intégralité une autre autoroute reliant la deuxième ville du pays à Damas.

Pour reconquérir l’autoroute M4, le régime devra « lancer des opérations contre Ariha et Jisr al-Choughour », deux villes qui se trouvent sur cette voie, prévient M. Abdel Rahmane.

Pour des experts, la bataille de Jisr al-Choughour risque de s’avérer particulièrement ardue pour le régime. La ville est dominée par les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Le Sénégal en avance pour la part de l’éolien dans son mix énergétique

L’éolien devrait représenter plus tôt que prévu une part significative du mix énergétique du Sénégal, avec la production à plein régime prévue en mai du premier parc de turbines à dimension industrielle du pays, a-t-on appris lundi auprès de l’entreprise qui mène le projet.

Le parc éolien de Taïba Ndiaye (ouest), présenté par ses promoteurs comme le plus grand projet du genre en Afrique de l’Ouest, a été officiellement inauguré lundi par le président sénégalais Macky Sall. En réalité, 16 éoliennes injectent déjà depuis décembre 50 mégawatts dans le réseau national de la société nationale d’électricité, la Senelec, a-t-on appris auprès de l’entreprise britannique Lekela.

A terme, 158,7 mégawatts seront livrés par 46 turbines s’élevant jusqu’à 180 mètres de haut, l’équivalent d’un immeuble de 60 étages, dans cette zone rurale proche de l’Atlantique.

Or le projet est en avance sur le calendrier « et la totalité des 158 mégawatts sera sur le réseau au mois de mai », a affirmé dans un message transmis à l’AFP le directeur général de Lekela Senegal, Massaer Cissé. En octobre, Lekela se fixait 2020 pour horizon.

Le président sénégalais a présenté le parc comme un moyen d’atteindre l’objectif de fournir l’électricité à tous dans le pays et de combattre le réchauffement climatique.

Taïba Ndiaye « permettra d’éviter le rejet de 300.000 tonnes de gaz carbonique par an. Avec la dynamique que nous avons lancée depuis 2014, nous en sommes désormais à 22% d’énergie renouvelable disponible sur l’ensemble de notre réseau national », a-t-il déclaré.

Le parc alimentera avec 450.000 mégawattheures par an près de deux millions de Sénégalais, sur une population de 15 millions. M. Sall a évoqué la possibilité d’un nouveau contrat pour augmenter encore ces capacités.

Le mégawattheure correspond à la quantité d’énergie produite en une heure par un mégawatt.

Le développement énergétique est un chapitre capital du Plan Sénégal Emergent (PSE) élaboré par le pouvoir et qui vise à transformer l’économie du pays en croissance pour le mettre sur la voie de l’émergence d’ici à 2025.

Dans un pays où la pauvreté affecte environ 40% de la population, la part de ceux qui ont accès à l’électricité est chiffrée à plus de 60%, mais avec une forte disparité aux dépens des campagnes. Le pouvoir compte élargir l’accès à une électricité bon marché, augmenter les capacités de production et rééquilibrer le mix, où le pétrole et le charbon importés prédominent lourdement.

Avec son ensoleillement et plus de 500 km de côte, le Sénégal dispose d’un potentiel d’énergie propre appréciable. Avec le fonctionnement à plein régime de Taïba Ndiaye, l’éolien représentera la moitié de l’énergie renouvelable disponible au Sénégal, à côté du solaire.

Lekela a par ailleurs des projets éoliens en opération en Afrique du Sud, et à différents stades d’avancement, également en Afrique du Sud en Egypte et au Ghana.

Une tempête de sable et de poussière recouvre la Mauritanie et le Sénégal

Visibilité de moins de 100 m, voitures au ralenti roulant avec leurs phares anti-brouillard allumés et des silhouettes fantomatiques circulant dans des rues quasi désertes: la capitale mauritanienne Nouakchott a été recouverte lundi d’un épais nuage de sable et de poussière, qui s’est étendu jusqu’au Sénégal.

« C’était une ambiance fin du monde, avec des silhouettes noyées dans la poussière », a constaté une journaliste de l’AFP, selon qui les vendeurs de rue étaient notamment nettement moins nombreux que d’habitude dans la capitale de ce vaste pays sahélien.

« La prudence est requise, surtout chez les transporteurs qui empruntent les grands axes routiers en raison de la possibilité de formation de petites dunes de sable provoquées par les tempêtes », a déclaré à l’AFP le directeur des prévisions de l’Office national de la météorologie, Sidi Ould Mohamed Lemine.

Ces conditions, provoquées par une zone de basse pression sur Nouakchott, le Sud et l’Est de la Mauritanie, perdureront jusqu’à mercredi, a-t-il ajouté, en recommandant la prudence aux personnes atteintes de maladies respiratoires, aux enfants et aux personnes âgées.

Une « couche dense de poussière » est également apparue lundi après-midi sur le nord du Sénégal, voisin de la Mauritanie, selon les services météorologiques sénégalais, qui prévoient à partir de mardi une « densification de la poussière » et une « visibilité fortement réduite ». Elle va progressivement toucher l’ensemble du territoire sénégalais jusqu’à jeudi, selon les même sources.

Les huit aéroports de l’archipel espagnol des Canaries, au large du Maroc, ont en revanche rouvert lundi, après avoir été fermés dimanche en raison d’une tempête de sable d’une ampleur exceptionnelle.

Le chef du gouvernement régional des Canaries, Angel Victor Torres, a évoqué un « week-end cauchemardesque », en assurant que cela avait été la pire tempête de sable ayant frappé les Canaries en quatre décennies.

Cameroun: la présidence rejette des « propos surprenants » d’Emmanuel Macron

La présidence camerounaise s’est offusquée lundi soir des « propos surprenants » du chef d’Etat français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » sur son homologue camerounais Paul Biya.

« La présidence de la République du Cameroun rejette (…) les propos surprenants du président de la République française », a écrit son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans un communiqué.

Le président camerounais « est comptable de son action devant le seul peuple camerounais souverain et non devant un dirigeant étranger, fut-ce un ami », a-t-il assuré, indiquant que pour accomplir sa mission, le chef de l’Etat camerounais « n’a pas besoin, pour ce faire, de pression extérieure ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Brésil: 150 meurtres en cinq jours dans un Etat sans police militaire

L’Etat brésilien de Ceara (nord-est), où la police militaire s’est mutinée pour obtenir de meilleurs salaires, a enregistré 147 assassinats en cinq jours, soit cinq fois plus que la moyenne quotidienne, ont annoncé lundi les autorités.

Ces homicides ont eu lieu entre mercredi et dimanche, en pleine période de Carnaval au Brésil. Ils sont cinq fois plus nombreux que la moyenne de six meurtres par jour, enregistrés dans cet Etat depuis le début de l’année, selon le secrétariat pour la sécurité de Ceara.

Les policiers militaires (PM), un corps de maintien de l’ordre qui dépend des autorités de chaque Etat, ont interdiction de faire grève.

Mais après deux mois de négociations salariales infructueuses, des groupes de mutins ont lancé mardi l’occupation de casernes, ont attaqué plusieurs patrouilles et se sont mis en grève. Des voitures de police ont été volées et des installations ont été détruites.

Conséquence, le nombre d’assassinats sur la voie publique a grimpé en flèche.

Mercredi, le sénateur de centre-gauche Cid Gomes a été blessé par balles après avoir tenté, aux commandes d’une pelleteuse, de briser un piquet de grève de policiers mutinés à Sobral, ville située à 230 km de Fortaleza, la capitale de cet Etat.

Après avoir été hospitalisé, l’ex-ministre de l’Education du gouvernement de l’ancienne présidente Dilma Rousseff (2011-2016) est chez lui en convalescence.

Face à cette situation, le président Jair Bolsonaro a décidé vendredi l’envoi de 2.500 militaires et effectifs de la Garde nationale pour renforcer la sécurité à Ceara.

Lors d’une visite dans l’Etat, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Sergio Moro, a dit souhaiter que « la situation se résolve le plus vite possible ».

Selon les médias locaux, 200 policiers militaires ont été suspendus pour leur participation à la mutinerie et 37 ont été incarcérés pour désertion.

Avec une population de quelque 8,8 millions d’habitants, l’Etat de Ceara avait été paralysé il y a un an par plus de 200 attaques de la part de factions criminelles, mécontentes du durcissement des conditions de détention dans les prisons de l’Etat.

Libye: les deux camps rivaux annoncent « suspendre » leur participation aux pourparlers de Genève

Les deux camps rivaux libyens invités par l’ONU à des pourparlers politiques mercredi à Genève ont annoncé séparément avoir suspendu leur participation au dialogue, invoquant des raisons différentes.

Le Parlement basé dans l’Est du pays qui appuie le maréchal Khalifa Haftar a annoncé qu’il ne participerait pas à la réunion parce que la mission de l’ONU en Libye (Manul) n’a pas approuvé la totalité de ses 13 représentants.

Son rival, le Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a indiqué de son côté qu’il préférait attendre qu’un progrès soit réalisé dans les négociations militaires.

« C’est à la lumière des conclusions (des discussions militaires) que le Haut conseil d’Etat décidera s’il prend part ou non au dialogue politique ».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la Manul a indiqué néanmoins que la date du lancement du dialogue politique sera maintenue.

« Le dialogue politique libyen sera maintenu comme prévu, le 26 février. De nombreux participants sont déjà arrivés à Genève et nous espérons que tous les (autres) participants invités emboîteront le pas », a déclaré Jean El Alam.

« Si la mission onusienne insiste pour organiser la réunion politique à la date prévue avant de connaître les conclusions du dialogue militaire, le Haut conseil d’Etat ne se considère pas tenu par les conclusions du dialogue politique », a par ailleurs déclaré lundi lors d’une conférence de presse le président du Conseil Khaled el-Mechri.

Une Commission militaire conjointe constituée de dix hauts responsables militaires – cinq pour chaque camp – s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève et elle est parvenue à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

« Les deux parties ont convenu de présenter le projet d’accord à leurs dirigeants respectifs pour de nouvelles consultations et de se réunir à nouveau le mois prochain pour reprendre les discussions », a indiqué la Manul dans un communiqué.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le GNA reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est, qui a lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Cameroun: des centaines de jeunes manifestent devant l’ambassade de France contre des propos de Macron

Des centaines de jeunes Camerounais ont manifesté dans le calme lundi devant l’ambassade de France à Yaoundé, s’indignant de propos du président français Emmanuel Macron, qui a promis samedi de mettre la « pression » à son homologue camerounais Paul Biya, a constaté un journaliste de l’AFP.

Entre 400 et 600 jeunes, selon une estimation de la police et de la gendarmerie, s’étaient mobilisés à l’entrée de l’ambassade de France, chantant et dansant à la gloire de M. Biya, tout en s’insurgeant contre l’attitude de M. Macron.

De nombreux gendarmes et policiers étaient également présents pour éviter tout débordement, et la foule s’est dispersée vers 14H00 (13H00 GMT), selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

La plupart des manifestants portaient des drapeaux du Cameroun tandis que d’autres brandissaient des pancartes hostiles au président français.

« M. Macron, le Cameroun n’est pas un Dom-Tom » (départements et territoires français d’Outre-Mer), « M. Macron mêle-toi de tes oignons », pouvait-on lire sur certaines pancartes.

« Nous sommes ici pour riposter aux propos de Macron parce qu’il a manqué de respect à notre patriarche (Paul Biya) », a expliqué un manifestant, Souley Aboubakar, président d’une des associations des jeunes partisans de M. Biya, à l’origine de ce rassemblement.

« Il (M. Macron) est un président de la République. Il doit être respecté, mais il doit respecter notre président », a-t-il ajouté. « Nous ne sommes pas une province de la France. Le Cameroun est un Etat souverain, indépendant depuis 1960 », a-t-il poursuivi, invitant M. Macron à présenter « des excuses ».

Samedi, M. Macron avait promis à un activiste camerounais qui l’avait interpellé à Paris, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, de mettre « le maximum de pression » sur M. Biya pour que cessent « des violences au Cameroun qui sont intolérables ».

Le 14 février peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balle et brûlé des habitants.

Selon l’ONU, qui a demandé une enquête indépendante et impartiale, 15 enfants dont neuf âgés de moins de cinq ans, font partie des 23 victimes, dans la partie anglophone du pays.

L’armée camerounaise qui évoque « cinq victimes » a assuré que le drame était le résultat d’un « malheureux accident », après l’explosion de plusieurs contenants de carburant au cours d’échanges de tirs entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés.

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains d’exactions contre des civils dans ces deux régions.

Sollicitée, l’ambassade de France n’a pas réagi.

Nigeria: enquête sur une vidéo montrant un lamantin traîné dans la rue

Le ministère nigérian de l’Environnement a ordonné une enquête à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant un lamentin – gros mammifère aquatique herbivore appartenant à une espèce protégée -, trainé dans une rue, qui a suscité l’indignation des organisations protectrices de l’environnement.

Sur cette vidéo dont la date n’est pas connue, mais partagée sur Twitter samedi, un groupe de jeunes hommes trainent le mammifère ligoté et gigotant dans une rue poussiéreuse.

La vice-ministre de l’Environnement a condamné dimanche sur Twitter cette « vidéo très dérangeante et désagréable » tournée dans le delta du Niger (sud), selon elle, appelant à une « campagne de sensibilisation dans les régions côtières pour protéger les lamantins ».

« Il est triste que les lamantins restent l’un des mammifères marins les plus intensément chassés », a-t-elle déploré, ajoutant que les autorités locales avaient été mobilisées pour tenter de retrouver le lamantin de la vidéo.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il y a quelque 10.000 lamantins sur les côtes ouest-africaines, mais leur population décline rapidement.

Bien que la chasse au lamantin soit interdite au Nigeria, elle demeure pratiquée, ce mammifère étant recherché pour sa viande, son huile et ses organes, utilisés dans la médecine traditionnelle.

La pauvreté généralisée dans le delta du Niger, où les populations locales sont largement exclues des bénéfices des immenses richesses pétrolières de leur région, alimente la criminalité et la chasse illégale.

De plus, les fuites d’hydrocarbures y ont endommagé le milieu naturel de la faune aquatique, dont les lamantins.

Selon la Société nigériane de préservation de la Nature, les agences gouvernementales font rarement respecter la législation sur les espèces protégées.

Canada: la police démantèle un premier barrage ferroviaire en terre autochtone

La police canadienne a démantelé lundi un barrage autochtone qui paralyse depuis des semaines un axe ferroviaire crucial, alors que Justin Trudeau tente de mettre fin à une crise provoquée par la protestation contre un projet de gazoduc.

Les barrages qui ont essaimé dans tout le pays, en soutien à la nation Wet’suwet’en de Colombie-Britannique opposée à la construction d’un gazoduc sur son territoire ancestral, « doivent être levés maintenant », avait prévenu vendredi le Premier ministre. Il avait alors laissé la porte ouverte à une intervention policière faute de déblocage rapide.

Plusieurs dizaines de policiers sont intervenus lundi matin sans violence sur l’un des principaux barrages du pays: celui situé sur la réserve mohawk de Tyendinaga, près de Belleville (Ontario), à environ 200 km au nord-est de la métropole Toronto.

Le barrage de Tyendinaga est situé sur un axe stratégique pour le trafic ferroviaire entre l’est et l’ouest du Canada, ainsi qu’avec le nord des Etats-Unis.

Après une brève échauffourée avec quelques manifestants, filmée par l’un d’eux et diffusée sur les réseaux sociaux, la police a interpelé plusieurs personnes.

La police de l’Ontario « a la responsabilité légale de faire respecter l’injonction et nous avons commencé à le faire ce matin », a-t-elle indiqué dans un communiqué, alors qu’un ultimatum aux manifestants avait expiré dimanche à minuit.

« Tous les manifestants sont encouragés à quitter le site de façon pacifique », a ajouté la police, précisant que « le recours à la force ne se fera qu’en dernier recours ».

Les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en à l’origine du mouvement devaient se réunir dans la journée en Colombie-Britannique pour décider de la suite à lui donner.

– Le spectre d’Oka –

Samedi, alors qu’ils visitaient un autre barrage en territoire mohawk, à Kahnawake, près de Montréal, plusieurs d’entre eux avaient réitéré leurs demandes, préalables à toute négociation avec le gouvernement: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral en Colombie-Britannique et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

La mise en garde de Justin Trudeau n’a pas semblé dissuader les manifestants: si un barrage au sud de Montréal a été levé par la police vendredi soir, d’autres ont fleuri depuis pendant le weekend en Saskatchewan ou à Vancouver, dans l’ouest) du pays.

Lundi matin, quelques heures après l’intervention policière à Tyendinaga, des membres de la communauté mohawk de Kahnawake, qui bloquent également des voies sur leur territoire depuis plusieurs semaines, ont brièvement perturbé la circulation sur un pont menant à Montréal.

Dans la capitale Ottawa, plusieurs centaines de personnes ont défilé et dansé dans les rues lors d’une manifestation spontanée, a constaté l’AFP.

« Il est absolument essentiel que ces barricades soient levées », a réaffirmé lundi le ministre de la Sécurité publique Bill Blair, en marge d’une réunion d’urgence convoquée par Justin Trudeau à Ottawa.

Pour autant, « nous restons engagés à mettre en oeuvre le processus de réconciliation, mais ce sont deux questions distinctes », a-t-il ajouté.

Un Justin Trudeau à bout de patience avait durci le ton vendredi face aux manifestants. Il avait exigé la levée immédiate de tous ces barrages qui affectent l’économie canadienne, tout en appelant à une reprise du dialogue et une issue « pacifique » à cette crise.

M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat, marche sur des oeufs.

Pressé d’agir vite par l’opposition conservatrice, le dirigeant libéral veut éviter que la crise ne dégénère en cas d’incident lors d’une intervention policière, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières décennies.

Il y a trente ans, la crise d’Oka au Québec, qui avait mobilisé les Mohawks en raison de l’agrandissement controversé d’un terrain de golf, avait fait un mort du côté des forces de l’ordre.

Cinq ans plus tard, c’est un militant autochtone qui avait été tué par balle par la police lors d’une intervention dans le parc provincial d’Ipperwash en Ontario.

Virus: l’OMS évoque un risque de « pandémie », mais recul de l’épidémie en Chine

Le directeur général de l’OMS a appelé lundi le monde à se préparer à une « éventuelle pandémie » du nouveau coronavirus, en jugeant « très préoccupante (…) l’augmentation soudaine » de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

L’épidémie a en revanche reculé en Chine, d’où a surgi le nouveau coronavirus fin décembre et où 77.000 personnes ont été contaminées depuis.

Les experts de la mission conjointe de l’OMS qui se sont rendus dans plusieurs provinces chinoises, dont à Wuhan, épicentre de l’épidémie, ont en effet constaté que l’épidémie du Covid-19 a atteint en Chine « un pic, suivi d’un plateau, entre le 23 janvier et le 2 février, et qu’elle n’a cessé de décliner depuis lors », a déclaré à la presse le chef de l’agence spécialisée des Nations unies, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Cela devrait donner aux pays l’espoir que ce virus peut être contenu », a-t-il insisté, saluant une fois de plus les mesures drastiques prises par la Chine où des dizaines de millions de personnes vivent confinées depuis des semaines.

Ailleurs dans le monde, l’épidémie de pneumonie virale s’est accélérée lundi, avec des bilans en forte hausse de la Corée du Sud à l’Iran, qui enregistrent désormais le plus grand nombre de cas de contamination et de décès en dehors de la Chine.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie, ndlr), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« L’augmentation soudaine du nombre de cas en Italie, en Iran et en Corée du Sud est très préoccupante », a ajouté le patron de l’OMS, qui doit se rendre mardi à Téhéran avec des experts.

En Europe, l’Italie, qui compte désormais cinq morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de villes du Nord.

L’Italie, passée de 6 à 219 cas en quatre jours, est le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Nous devons comprendre la dynamique de l’épidémie en Iran. Cela va prendre quelques jours, une équipe arrive en Iran demain », a expliqué aux médias le Dr Michael Ryan, directeur du Programme pour les urgences de l’OMS.

Scientifiquement parlant, la mission conjointe qui s’est rendue en Chine a également permis de montrer « qu’il n’y a pas eu de changement significatif dans l’ADN du coronavirus », a indiqué le Dr. Tedros.

Quant au taux de mortalité en Chine, il est de 0,7%, et se situe entre 2 et 4% à Wuhan, a-t-il détaillé.

Les experts ont également constaté que les personnes qui ont été contaminées mais ne souffrent pas de symptômes graves ont un temps de guérison d’environ deux semaines, tandis que ceux qui sont sévèrement atteints se rétablissent dans un délai de trois à six semaines, a-t-il expliqué.

Précurseur à la base de militants inégalée, les atouts-clé de Bernie Sanders

Il a une base de militants que ses rivaux lui envient, un discours pour réduire les inégalités devenu un must pour tous les démocrates, et une capacité à débattre et résister aux attaques personnelles: voici les principales qualités qui ont fait de Bernie Sanders le favori de la course à l’investiture démocrate.

– Précurseur

Doyen de la course à 78 ans, le sénateur du Vermont, « socialiste » revendiqué, défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70.

Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment. Il prône aussi un « +New Deal+ vert », vaste plan de relance de l’économie alliant justice sociale et lutte contre le changement climatique.

Depuis sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton en 2016, le parti démocrate a évolué dans sa direction, et « les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », disait-il dimanche sur CBS.

« Si les grands partis refusent de prendre les décisions nécessaires pour changer les inégalités économiques dans ce pays, il ne faut pas s’étonner que les électeurs se tournent vers des candidats plus extrêmes idéologiquement », dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.

-Base enthousiaste

Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base électorale « très dévouée », que tous ses rivaux lui envient, souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington. Seul Donald Trump peut se targuer d’une base aussi fidèle, selon plusieurs analystes.

Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, à l’image du soutien actif que lui apporte la jeune élue du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Sa victoire haut la main samedi dans le Nevada, première primaire du calendrier organisée dans un Etat où les minorités constituent une part importante de l’électorat, a confirmé l’élargissement de sa base.

Ses partisans sont aussi très généreux, et ont permis au sénateur de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).

Utilisant avec dextérité les réseaux sociaux, ils peuvent s’avérer redoutables contre les détracteurs de leur héros. Les critiques contre les méthodes de ces « Bernie bro(thers) » vont d’ailleurs crescendo: le jeune candidat centriste Pete Buttigieg a pour la première fois épinglé publiquement M. Sanders sur ce point lors du dernier débat démocrate mercredi dernier.

– Infatigable

Fort de ses 40 ans d’expérience, et malgré une crise cardiaque qui aurait pu sonner le glas de sa campagne en octobre, Bernie Sanders enchaîne les meetings à travers le pays – où il harangue souvent la foule pendant plus d’une heure – à un rythme endiablé.

Depuis sa victoire dans le Nevada, Bernie Sanders porte désormais son attention vers la prochaine primaire en Caroline du Sud samedi avec l’espoir de l’emporter, ce qui lui donnerait un avantage certain pour le « Super mardi » du 3 mars, rendez-vous clé des primaires avec 14 Etats qui désigneront leur candidat.

– Fin communicateur anti-élite

Depuis 40 ans qu’il défend ses idées « socialistes », dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.

Avec sa dénonciation de Wall Street et son appel à changer « un système corrompu », sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri, et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, selon M. Barker.

Il partage avec le président un discours anti-élite et une spontanéité qui fait qu' »ils n’ont pas besoin de demander leur avis à un +focus group+ avant de s’exprimer », souligne Jim Campbell, politologue à l’université de Buffalo.

Lors du débat de mercredi dernier, Bernie Sanders a réussi à sortir quasi-indemne d’attaques contre son passé « communiste », émanant du milliardaire new-yorkais Michael Bloomberg, ou contre ses idées présentées comme « clivantes » par Pete Buttigieg.

Donald Trump l’a aussi déjà attaqué plusieurs fois sur son « socialisme » qui, pour beaucoup d’Américains, rime avec le communisme honni de la Guerre froide. Le président a ainsi rappelé son voyage avec sa femme à Moscou en 1988, ou sa défense à la même époque du régime sandiniste au Nicaragua.

Ces attaques font que beaucoup de démocrates modérés doutent que Bernie Sanders puisse emporter la présidentielle face à Trump en novembre.

Mais plusieurs sondages indiquent qu’il peut gagner. Un tout récent sondage CBS News/YouGov le voit ainsi devancer légèrement Trump au plan national, et d’autres sondages le prédisent gagnant dans des Etats-clé comme le Michigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie.

Harvey Weinstein jugé coupable d’agression sexuelle et de viol

Le producteur déchu Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol, mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict en demi-teinte qui constitue cependant une victoire pour le mouvement #MeToo.

Reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 25 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l’acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Au final, le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement « prédateur ».

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, près avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

– Témoins discrédités

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.

« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. »

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d’Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d’obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

« Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix » au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu’en fait d’opportunités, elles n’avaient quasiment rien obtenu du magnat d’Hollywood.

L’accusation a aussi rappelé qu’aucune des deux femmes n’avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu’elles n’avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders y a aussi ses fidèles

Bernie Sanders, grand favori pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de novembre, a fait de Wall Street sa bête noire. Mais même au coeur de la finance new-yorkaise, ce socialiste revendiqué a ses fans.

Surfant sur une dynamique favorable avec sa nette victoire dans le Nevada samedi et plusieurs sondages nationaux récents qui le placent largement devant ses rivaux, le sénateur de 78 ans apparaît comme le grand favori pour obtenir l’investiture démocrate et défier Donald Trump en novembre.

Son projet de taxer les riches et de resserrer le contrôle des banques et du système financier effraye des barons des marchés new-yorkais, tels l’ex-PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein ou le gestionnaire de fonds Leon Cooperman, qui a jugé mardi que Bernie Sanders était plus dangereux que le coronavirus pour les marchés financiers. Le milliardaire Warren Buffett a lui affirmé, lundi sur la chaîne CNBC, qu’il voterait « certainement » pour l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, accusé par Bernie Sanders de vouloir acheter la nomination démocrate avec sa fortune personnelle.

Mais d’autres acteurs du secteur accueillent avec enthousiasme la montée en puissance du sénateur du Vermont.

« Je ne suis pas Lloyd Blankfein, je travaille dans une entreprise familiale et je dois payer ma facture de santé à la fin du mois », explique Wade Black, un des membres fondateurs de la société d’investissement Scarsdale Equities, depuis son bureau du Rockefeller Center, au coeur de Manhattan.

Pour ce souriant quadragénaire démocrate qui dit avoir viré plus à gauche avec l’âge, les opinions à Wall Street sont bien plus diverses que certains clichés ne le laissent entendre.

« Beaucoup des gens qui y travaillent sont de simples salariés, ils ne sont pas payés comme les dirigeants de fonds spéculatifs. Il y a des employés de banque, du personnel administratif. Ce serait choquant qu’ils ne reflètent pas la diversité d’opinions qui existe aux Etats-Unis », insiste-t-il.

Un avis auquel souscrit Daniel Alpert, 61 ans, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Westwood Capital.

« Wall Street s’est rajeunie. On ne sait pas vraiment ce que les jeunes pensent, car ils sont muselés. Les plus âgés qui sont restés occupent aujourd’hui des postes de direction, mais ne font que répéter le même refrain », décrit M. Alpert.

Le creusement des inégalités rend selon lui le message de Bernie Sanders plus audible dans l’ensemble de la société américaine, y compris le monde de la finance.

– Soutien financier –

Il n’y a eu aucun sondage qui permette d’avoir une idée précise de la proportion d’employés du secteur qui soutiennent M. Sanders.

Mais selon le Center for Responsive Politics, qui comptabilise les donations politiques de groupes de campagne et de particuliers supérieures à 200 dollars, Bernie Sanders a touché 1,7 million de dollars du secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier depuis le début de sa campagne il y a un an, sur un total de 108 millions collectés au 31 décembre 2019.

Une somme loin de celles provenant du même secteur qu’ont perçues ses rivaux démocrates Pete Buttigieg (4,4 millions) et Joe Biden (4,1 millions), sur une ligne plus modérée, ou Donald Trump (2,7 millions).

Les contributions issues de fonds spéculatifs, de groupes d’investissement privés ou de sociétés de capital-risque sont en revanche quasi-nulles pour le sénateur socialiste revendiqué, se targuant de dépendre essentiellement des dons modestes de particuliers.

Wade Black a lui versé « environ 400 dollars » pour la campagne de Bernie Sanders, disant contribuer sous le coup de l’émotion lorsqu’il estime que le candidat est injustement attaqué.

– Menace pour les marchés? –

Si Bernie Sanders s’en prend régulièrement à Wall Street et à la haute finance, opposant la classe dominante des 1% aux 99% restants de la population, ses soutiens dans ce secteur ne se sentent pas pour autant visés.

« Il parle des grandes banques d’investissement, comme Goldman Sachs ou Bank of America. Elles exercent un pouvoir immense, encore plus qu’en 2008 » lors de la crise financière mondiale, souligne M. Black.

Dans son programme, Bernie Sanders propose de démanteler ces établissements, « trop grands pour faire faillite » et de mettre fin à ce qu’il qualifie d’impunité pour leurs dirigeants.

Pour plusieurs milliardaires américains, ce projet de réforme et d’autres mesures dans la même veine font courir le risque d’un effondrement boursier si le sénateur accédait à la Maison Blanche.

« On avait dit la même chose pour Donald Trump. Le marché a chuté au lendemain de son élection avant de se reprendre. Tout cela est grotesque », balaie Dan Alpert.

Allemagne: une voiture fonce dans un défilé de carnaval, « plusieurs blessés »

Plusieurs personnes ont été blessées lundi lorsqu’une voiture a foncé dans un défilé de carnaval dans le centre de l’Allemagne, a annoncé la police, sans pouvoir préciser pour l’heure s’il s’agissait d’un acte délibéré.

Le conducteur du véhicule « a été arrêté », a précisé la police, alors qu’une partie de l’Allemagne célèbre le « lundi des roses », le point culminant des festivités du carnaval.

La police a dans la foulée annoncé sur Twitter l’annulation « par mesure de précaution » de tous les défilés de carnaval dans l’Etat-région de Hesse.

Selon des médias locaux, un break Mercedes gris métallisé a foncé dans la foule à Volkmarsen, près de Kassel, et au moins dix personnes ont été blessées, dont des enfants.

Selon le quotidien Bild, le nombre de blessés s’élevait à « plus de trente, dont environ un tiers grièvement ».

« Il est encore trop tôt » pour déterminer si le conducteur a délibérément foncé dans la foule, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la police, qui n’a pas voulu non plus donner d’indications sur la gravité des blessures.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

De nombreuses victimes gisaient au sol et ont été prises en charge par des équipes de secours déployées en masse dans cette commune de 7.000 habitants, situé dans l’Etat régional de Hesse.

– Vigilance –

Selon des témoins cités par les médias locaux, le véhicule a percuté la foule vers 14h30 (13h30 GMT).

Des photos publiées par les médias montraient une voiture Mercedes arrêtée devant l’entrée d’un parking de supermarché.

De nombreux véhicules de police et des pompiers ont investi les alentours de ce supermarché. Un hélicoptère a également atterri dans la zone, selon le quotidien local Hessische Niedersächische Allgemeine.

L’origine des faits n’est pas encore établie mais ils interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi dernier par une double fusillade raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Depuis cette date, les autorités allemandes ont déjoué neuf tentatives d’attentat de ce type, dont deux en novembre 2019, selon des chiffres de l’Office fédéral de police criminelle.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète tout autant les autorités, avec le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier célèbrent actuellement le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Traditionnellement le lundi des roses consiste en un défilé de chars dans les rues des grandes villes comme Cologne, Düsseldorf ou Mayence.

Le carnaval est très suivi dans les régions à majorité catholique.

Le Botswana s’inquiète de la hausse du braconnage visant ses rhinocéros

Les autorités du Botswana ont tiré lundi la sonnette d’alarme à propos de la forte recrudescence des cas de braconnage visant leurs rhinocéros sauvages, dont près de 10% de la population a disparu au cours de l’année écoulée.

Au moins 46 d’entre eux ont été tués depuis avril dernier pour leurs cornes dans la seule réserve de Moremi (nord), a déclaré à l’AFP le directeur adjoint du ministère en charge de la Vie sauvage, Moemi Batshabang.

« Le braconnage a augmenté dans des proportions inquiétantes dans ce secteur », a ajouté M. Batshabang.

S’il accueille la plus importante population d’éléphants au monde, le Botswana ne recense plus aujourd’hui sur son territoire qu’un faible nombre de rhinocéros – blancs ou noirs – évalué entre 400 et 500 spécimens, selon ses statistiques.

La plupart ont élu domicile dans le célèbre delta de la rivière Okavango (nord), où se trouve la réserve de Moremi.

Les autorités du pays d’Afrique australe redoutent qu’au rythme actuel de la chasse illégale, leur population de rhinocéros soit entièrement rayée de la carte d’ici 2021.

Comme dans le reste du continent, le braconnage se nourrit de la forte demande pour leurs cornes, composées de kératine comme les ongles humains, issue de la Chine et du Vietnam notamment, où la médecine traditionnelle leur prête la faculté de soigner le cancer ou l’impuissance sexuelle.

Au marché noir, le kilogramme de cornes de rhinocéros se monnaie jusqu’à 60.300 dollars (55.000 euros).

En renforçant ses moyens de lutte contre braconniers et trafiquants, l’Afrique du Sud, qui abrite 80% de la population mondiale, a réussi à réduire de 23% le nombre de ses rhinocéros tués en 2019, selon les statistiques officielles.

Tanzanie: un journaliste libéré après avoir plaidé coupable de crimes économiques

Un journaliste d’investigation tanzanien, Erick Kabendera, dont la détention depuis sept mois a suscité une vive réprobation internationale, a été libéré lundi après avoir plaidé coupable de crimes économiques.

M. Kabendera travaille pour des médias nationaux et étrangers, comme The East African, dont le siège est au Kenya. Il a publié plusieurs analyses critiques sur la vie économique et politique dans la Tanzanie du président John Magufuli.

Il avait d’abord été détenu pour être interrogé sur sa nationalité avant que les charges ne soient transformées en sédition. Puis ces charges ont été abandonnées et finalement M. Kabendera a été inculpé en août 2019 de crimes économiques et blanchiment d’argent.

Il était détenu depuis et son procès a été reporté 11 fois. Il s’était même vu refuser d’assister aux funérailles de sa mère en janvier.

L’arrestation et les poursuites engagées contre ce journaliste indépendant réputé ont été pour beaucoup d’observateurs révélatrices de l’érosion de la liberté de la presse en Tanzanie depuis l’élection de M. Magufuli fin 2015.

M. Kabendera a plaidé coupable des chefs d’accusation de blanchiment d’argent et de non-paiement de 173 millions de shillings (69.000 euros) d’impôts.

Il a été libéré après avoir payé une amende de 250.000 shillings (100 euros) pour avoir omis de payer des impôts, mais doit encore verser 100 millions de shillings (39.933 euros) d’amende pour blanchiment d’argent.

Le journaliste a déclaré qu’il « appréciait le soutien de tous ».

« J’ai traversé des moments difficiles et finalement je suis libre. Je ne m’y attendais pas mais je suis reconnaissant pour tout le soutien », a-t-il dit.

Son avocat Jebra Kambole a précisé que l’amende restante serait payée en plusieurs versements.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient dénoncé la « lente érosion » des droits en Tanzanie, citant l’exemple de M. Kabendera.

Reporters sans frontières (RSF), qui classe la Tanzanie de M. Magufuli parmi les régimes prédateurs de la liberté de la presse, et Amnesty International, entre autres, ont réclamé la libération de M. Kabendera.

Depuis l’élection de M. Magufuli, des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables de l’opposition arrêtés et poursuivis, des journaux fermés et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort, après avoir critiqué le gouvernement.

Surnommé le « bulldozer », M. Magufuli a fermé des journaux, interdit des rassemblements de l’opposition, mis un terme aux retransmissions en direct des sessions parlementaires et utilisé la loi sur les cybercrimes pour emprisonner les critiques.

Soudan du Sud: la voie de la paix reste pavée d’obstacles

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son vieux rival Riek Machar partagent à nouveau tant bien que mal le pouvoir, mais la marche vers la paix sera encore longue et périlleuse pour leur pays, après six années d’une guerre civile destructrice.

Chef de la principale rébellion au Soudan du Sud, M. Machar est redevenu samedi vice-président, pour la troisième fois depuis l’indépendance en 2011 et conformément à un accord de paix conclu en 2018.

Il a donné l’accolade à M. Kiir, auquel l’oppose pourtant une inimitié viscérale à l’origine de tous les maux récents de leur pays, et qui a pour sa part proclamé « la fin officielle de la guerre ».

« C’est une étape cruciale, mais ce n’en est qu’une dans le très long parcours qui attend le Soudan du Sud pour sortir du conflit », souligne pour l’AFP Alan Boswell, expert auprès de l’International Crisis Group (ICG).

« Les Sud-Soudanais restent très sceptiques quant aux chances de voir ces deux dirigeants travailler ensemble et non l’un contre l’autre », ajoute-t-il.

L’annonce jeudi d’un accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est intervenue que sous forte pression internationale et à quelques heures de la date butoir fixée au 22 février, après le report des deux échéances précédentes.

Pour y parvenir, les deux leaders ont dû se résoudre à des concessions de dernière minute, saluées par les partenaires internationaux.

La proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, a ainsi contribué à débloquer la situation. Même si son choix d’y ajouter trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), dans des régions pétrolières, a été initialement mal accueilli par M. Machar.

– De nombreux motifs de dissension –

Et ce dernier a en retour pris le risque de sacrifier à sa sécurité personnelle, en acceptant qu’elle soit confiée aux troupes présidentielles.

Mais les motifs de dissension restent nombreux. Les deux camps continuent par exemple à maintenir leurs propres forces armées, le projet de créer une armée nationale unifiée forte de 83.000 hommes n’ayant guère avancé.

« C’est la confusion totale pour ce qui est des dispositions sécuritaires », observe M. Boswell. « Les deux camps gardent l’essentiel de leurs forces en réserve et ils ont recruté abondamment pour garnir leurs rangs ».

La situation pourrait dès lors facilement « échapper à tout contrôle », met en garde l’analyste.

Pour Luuk van der Vondervoort, chercheur au European institute of peace, la question est avant tout de savoir s’il y aura « un véritable partage du pouvoir », car « la dernière fois, ça n’avait pas été le cas ».

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

– La reconstruction prendra « des générations » –

Un précédent accord de paix avait permis la nomination de M. Machar comme vice-président en 2016. Mais l’expérience n’avait duré que quelques semaines et s’était soldée par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Pour M. Van der Vondervoort, il revient à la communauté internationale de maintenir l’impulsion. « Il faut avoir conscience que derrière toutes les images publiques et la rhétorique de la réconciliation, derrière les accolades et les sourires, cet accord n’a été rendu possible que par la pression continue de la région et des États-Unis ».

Cinq postes de vice-présidents ont été attribués, dont celui de premier vice-président confié à M. Machar, et les négociations se poursuivent pour la composition du gouvernement.

Certains observateurs veulent voir une lueur d’espoir dans l’apparente volonté de M. Kiir et Machar de faire des compromis.

« Pour l’instant, nous ne savons pas ce qui se passera car (M. Machar) n’a pas encore pris ses fonctions (…). Mais s’ils continuent à faire des compromis, alors nous verrons de bonnes choses se passer dans ce pays », estime Abraham Kuol Nyoun, professeur en sciences politiques à l’université de Juba.

La guerre civile a contraint plus de quatre millions de personnes à fuir leur foyer. Et, à l’écart des marchandages politiques, quelque 190.000 personnes continuent à vivre dans des camps placés sous protection de l’ONU, trop apeurés pour rentrer chez eux.

Des villes et villages entiers ont été détruits par ce brutal conflit ethnique et pour M. Boswell la reconstruction du pays prendra « des générations ».

« Recréer une identité nationale et favoriser le pardon national prendra beaucoup, beaucoup de temps », ajoute-t-il, remarquant que neuf ans après l’indépendance les leaders sud-soudanais doivent encore convaincre leur peuple que le « Soudan du Sud peut être viable et aller de l’avant ».

Accusé du meurtre de son ex-femme, le Premier ministre du Lesotho devant la justice

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane s’est présenté lundi à la surprise générale devant la justice de son pays pour y répondre des rocambolesques accusations du meurtre de son ex-épouse qui agitent le royaume depuis des semaines.

Officiellement en Afrique du Sud depuis vendredi dernier pour des « raisons médicales », M. Thabane, 80 ans, a fait une apparition inattendue en début de matinée devant un tribunal de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Il était accompagné de sa deuxième femme Maesaiah Thabane, 42 ans, épousée deux mois après la mort de la première et déjà inculpée de complicité du meurtre de sa rivale.

A l’issue d’une brève audience, le dossier a été renvoyé devant la Haute Cour du Lesotho sans que le Premier ministre Thabane ne soit formellement inculpé.

Son avocat, Qhalehang Letsika a plaidé qu’il ne pouvait pas l’être tant qu’il dirigeait le gouvernement.

« Mon client ne peut pas être poursuivi tant qu’il exerce ce mandat mais il n’est pas au-dessus des lois », a-t-il expliqué, ajoutant que ses fonctions actuelles « lui assurent l’impunité ».

La juge en charge du dossier, Phethise Motanyane, a convenu que la situation était exceptionnelle et préféré renvoyé l’affaire devant l’instance supérieure. « Je dois avouer que ce dossier est inédit dans notre pays », a-t-elle commenté.

La date de l’audience devant la Haute Cour n’a pas été annoncée.

L’affaire déstabilise le sommet de ce petit pays coincé au cœur de la puissante Afrique du Sud depuis des mois.

– Remous politiques –

Elle a véritablement éclaté en janvier, lorsque le chef de la police a révélé dans un courrier rendu opportunément public qu’un appel passé sur le téléphone portable du Premier ministre avait été localisé sur les lieux du meurtre de sa femme.

Lipolelo Thabane, 58 ans, a été tuée par balle en juin 2017 à Maseru, deux jours avant l’investiture de son époux.

Sous la pression de l’opposition et de son propre parti, le Congrès de tous les Sothos (ABC), Thomas Thabane a annoncé quelques jours plus tard qu’il allait démissionner d’ici juillet.

Interrogé une première fois par la police sur les circonstances de cet assassinat, le chef du gouvernement avait été convoqué vendredi devant le tribunal de Maseru pour y être inculpé.

Mais il s’est alors fait porter pâle, officiellement en déplacement en Afrique du Sud pour des raisons médicales « d’urgence ». Son entourage a alors fait savoir qu’il ne serait pas prêt à comparaître avant le 27 février.

Son départ inopiné à l’étranger a un temps poussé les autorités à envisager l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.

Sur le front politique, le principal parti d’opposition, le Congrès démocratique, a formellement déposé vendredi dernier devant le Parlement une motion de défiance contre le Premier ministre et son gouvernement.

Si elle obtient une majorité des voix des parlementaires, il devra démissionner ou proposer au roi Letsie III la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections.

Le Lesotho a une longue histoire d’instabilité politique, illustrée par des coups d’Etat militaires en 1986 et 1991.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de sa population de 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Foot: Adebayor a fait ses grands débuts au Paraguay sous le maillot d’Olimpia

L’attaquant togolais Emmanuel Adebayor, ancien joueur d’Arsenal et de Manchester City, a fait dimanche ses grands débuts dans le Championnat du Paraguay de football sous le maillot d’Olimpia.

Adebayor, 35 ans, est entré en jeu en début de seconde période du choc entre Olimpia et Cerro Porteno, en remplacement du vétéran paraguayen Roque Santa Cruz, son ancien coéquipier à Manchester City et grand ami.

La rencontre s’est soldée par un nul 1-1. Si Adebayor, chaleureusement accueilli par les supporters d’Olimpia, est resté muet, il a bien failli offrir la victoire à sa nouvelle équipe d’une tête qui a rasé la transversale du but de Cerro Porteno.

Le Togolais formé au FC Metz, finaliste de la Ligue des champions 2004 avec Monaco, était sans club depuis décembre et la résiliation de son contrat avec le club turc de Kayserispor.

Il est également passé par le Real Madrid et Tottenham.

Le Club Olimpia, une des formations de la capitale Asuncion, a remporté les quatre derniers titres de champion du Paraguay et pointe après six journées à la 4e place du tournoi d’ouverture avec 11 points, soit cinq de moins que le leader, Libertad.

Olimpia dispute également la Copa Libertadores et affrontera en phase de poules les Brésiliens de Santos, le club argentin de Defensa y Justicia et les Equatoriens de Delfin.

Afrique du Sud: des femmes porteuses du VIH stérilisées de force dans des hôpitaux (rapport)

Une cinquantaine de Sud-Africaines porteuses du VIH ont été stérilisées de force dans des hôpitaux en Afrique du Sud, a révélé lundi une enquête qui fait état de nombreuses violations de leurs droits et appelle à une action gouvernementale.

Cette enquête a été lancée en 2015 lorsque deux organisations de défense des droits des femmes ont approché la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) avec 48 cas documentés de stérilisation forcée.

La CGE avait réuni des témoignages sous serment de plaignantes faisant état de ces stérilisations.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », a déclaré la cheffe du CGE, Keketso Maema, citée dans ce rapport publié lundi.

« Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », selon les termes du document.

Tous les cas mentionnés dans le rapport ont eu lieu entre 2002 et 2015.

Des enquêteurs ont découvert que du personnel hospitalier menaçait de refuser de prodiguer à ces femmes des soins médicaux si elles ne signaient pas ces formulaires.

Certaines des plaignantes, selon ce rapport, ont déclaré avoir reçu ces formulaires alors qu’elles vivaient des moments de « douleur extrême » au cours desquels elles ne pouvaient pleinement comprendre le contenu de ces formulaires et ce qu’elles étaient en train de signer.

Toutes ces femmes ont accouché par césarienne, facilitant une intervention chirurgicale de stérilisation.

Elles ont été nombreuses à tomber en dépression après avoir découvert qu’elles ne pourraient plus avoir d’enfants, et certaines ont été abandonnées par leur conjoint.

– Pas de questions –

Une de ces victimes a déclaré aux enquêteurs qu’elle avait découvert tardivement que ses trompes de Fallope – une des parties constituantes de l’appareil génital féminin et dont le rôle est indispensable dans le processus de reproduction – avaient été sectionnées après un accouchement.

Elle a appris ce qui lui était arrivé plusieurs années après avoir consulté un médecin privé pour comprendre son infertilité nouvelle.

Après son accouchement, elle était restée à l’hôpital pendant une période anormalement longue pour être soignée pour une infection de sa cicatrice après une césarienne.

« Elle (…) n’a jamais été informée de ce qui lui était arrivé », selon les termes du rapport, citant des extraits de son témoignage.

Une autre plaignante a du signer les formulaires et au moment où elle demandait à l’infirmière pourquoi elle devait le faire, celle-ci lui a répondu: « Vous les gens porteurs du VIH vous ne vous posez pas de questions quand vous faites des bébés ».

« Pourquoi posez-vous des questions maintenant, vous devriez être stérilisés, les personnes vivant avec le VIH, vous aimez faire des bébés, et ça nous ennuie. Signez les formulaires et partez ».

La commission a conclu que ces femmes ont été exposées à des violations graves des droits humains et subi « des traitements dégradants ». En outre, elle accuse le personnel hospitalier d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

Ce rapport a été communiqué au ministère sud-africain de la Santé, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Le nombre total de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud est passé d’environ 4,64 millions en 2002 à 7,97 millions en 2019, selon des statitisques gouvernementales.

En 2019, 13,5% de la population totale en Afrique du Sud était séropositive.

Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, et a remporté un quatrième mandat au terme d’une élection à nouveau contestée par l’opposition.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le Vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Faure Gnassingbé, après avoir été propulsé au pouvoir par l’armée à la mort de son père en 2005, a remporté sa première élection quelques mois plus tard, au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, pour cette quatrième élection, le chef de l’Etat a voulu montrer une image de réconciliateur, proche du peuple.

« La vérité vient d’éclater après l’annonce des résultats qui nous placent loin devant nos adversaires », a déclaré brievement le président sortant le soir de sa victoire, costume taillé sur mesure et casquette bleue marquée d’un F, comme « Faure », sur la tête.

Selon les chiffres officiels, le candidat d’Unir (Union pour la république), le parti au pouvoir, a remporté 72,36% des suffrages, un score inédit, avec un taux de participation de 76% bien plus élevé qu’en 2015 (61%), mais l’opposition a dénoncé de nombreuses fraudes et irrégularités.

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat.

« L’intimidation (des opposants, ndlr), c’est plus une réputation qu’une réalité (…) En tous cas je ne me sens pas l’âme d’un dictateur », a-t-il insisté lors d’un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, depuis le palais présidentiel à Lomé en amont de l’élection.

– « Sans passion » –

Pendant cette campagne, le chef de l’Etat de 53 ans s’est adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier. Toutefois, sa grande réserve était encore palpable et sa voix était basse dans ses discours.

Car si l’exercice du pouvoir est bien rôdé après quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP un de ses collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

« Il est indéchiffrable », ajoute un de ses proches. « Il est très difficile de savoir ce qu’il pense. C’est un homme qui gouverne sans passion (…), il ne fait jamais rien dans l’émotion ou la précipitation ».

Féru de religion, il prie beaucoup et s’est rendu au sanctuaire de la Vierge à Lourdes, dans le sud-ouest de la France, ces derniers mois, selon son entourage.

– Stabilité –

Célibataire, « Faure » est également connu pour être un homme à femmes, et aurait plusieurs enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

Un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Ces dernières années, le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années et la moitié de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté.

Mais le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Alors qu’il visitait en campagne électorale les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

Lors de manifestations massives en 2017 et 2018, des dizaines, voires des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander sa démission.

Mais le pouvoir a tenu bon et le parlement a finalement voté une révision constitutionnelle en 2019 permettant au chef de l’Etat de se représenter pour deux mandats de cinq ans supplémentaires en 2020 et 2025.

Centrafrique: un procès historique ravive des blessures du conflit

Dans ces allées bordées d’arbres immenses et d’élégantes bâtisses tombées en décrépitude, le temps s’est comme arrêté. A Bangassou, petite cité somnolente du sud-est de la Centrafrique, ne subsistent que les vestiges d’un passé florissant, et les traumatismes d’un des pires massacres qu’a connu ce pays à l’histoire tourmentée.

En mai 2017, une colonne de miliciens chrétiens anti-balaka a déferlé sur cette ville, jusqu’alors relativement épargnée par la guerre civile qui ravageait le reste du pays depuis 2013, et tué au moins 72 civils musulmans et 12 Casques bleus en quelques jours, selon l’ONU.

Les assaillants accusaient leurs victimes civiles de complicité avec la rébellion Séléka, une coalition à dominante musulmane qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013 et plongé la Centrafrique dans une spirale d’affrontements intercommunautaires.

Pour ce massacre, cinq chefs de ces milices anti-balaka ont été condamnés le 7 février aux travaux forcés à perpétuité à Bangui, pour crimes contre l’humanité. Un verdict historique dans un pays rompu à l’impunité.

Depuis la signature d’accords de paix locaux en 2018, musulmans et chrétiens arpentent librement les rues.

– Crimes contre l’humanité –

Et à Tokoyo, le quartier majoritairement musulman ravagé par les pillards, la vie reprend péniblement son cours. Depuis dix mois, Baba Kété, un grand commerçant de la région, est revenu vivre dans les ruines de sa propriété détruite en 2017, à quelques pas de la mosquée ravagée et du marché désormais occupé par les étals des chrétiens.

M. Kété veut croire que la réconciliation sera plus facile qu’ailleurs dans cette région où chrétiens et musulmans sont issus des mêmes ethnies et souvent des mêmes familles. « On a confiance, les gens ont compris », assure-t-il.

Mais à ce jour, seuls 145 déplacés ont pu regagner leurs foyers. Le reste de la communauté musulmane, environ 2.000 personnes, habite toujours le « petit séminaire », en face de la cathédrale, où ils avaient trouvé refuge en 2017 sous la protection des Casques bleus de la mission de maintien de la paix de l’ONU, la Minusca, et subi un siège de plusieurs mois.

Entassés dans ce camp de fortune sur une propriété de l’église catholique, ces déplacés continuent d’alimenter les rumeurs les plus folles. “Tant qu’ils resteront là, il n’y aura pas de véritable paix”, pense l’évêque de Bangassou, monseigneur Aguirre.

Le verdict n’a pas dissipé les inquiétudes des uns et des autres.

« Ce n’était pas la justice, plutôt une salle de théâtre », siffle Ali Idriss, chef du camp, pour qui « ceux qui ont encadré et fabriqué les anti-balakas sont toujours là ».

– Impunité pour les notables –

Un rapport d’experts de l’ONU souligne la responsabilité de plusieurs notables locaux dans l’organisation des massacres. Aucun n’a encore été poursuivi.

« Si on rentre au quartier, ils vont s’organiser pour nous tuer encore », s’inquiète Ismaïl Dicky, un habitant du camp.

Parmi les personnalités citées dans le rapport de l’ONU, figure le sultan de Bangassou, Maxime Takama. « C’est toute la population qui devrait être condamnée », balaye son représentant, Antoine Zangandou, d’une voix râpeuse.

« Une majorité de la population était favorable à l’arrivée des anti-balaka », affirme le père Serge Ikaga, curé de la paroisse de Tokoyo, ajoutant: « Beaucoup de gens pensent que si les anti-balaka n’étaient pas rentrés dans la ville, alors c’étaient les Sélékas ».

Pour les experts de l’ONU, ce sont des notables chrétiens qui ont manipulé la population et soutenu les milices anti-balaka, dans le but, notamment, de s’emparer des biens des riches commerçants musulmans.

– « Désarmer les coeurs » –

Trois ans après les tueries, « il faut encore désarmer les coeurs », insiste le père Serge. « On évite de parler de ces événements ».

Car les chrétiens s’estiment tout aussi victimes des évènements de 2017, accusant notamment les déplacés du site d’avoir détruit plusieurs maisons autour du petit séminaire.

« Ils sont victimes de quoi ? C’est de la malhonnêteté ! » s’emporte Ali Idriss.

En attendant, « il y a beaucoup de mécontents » parmi les chrétiens, assure Christian Kotalimbora, coordinateur de la société civile régionale. Et s’ils approuvent les peines infligées aux cinq chefs de milice, la plupart ne comprennent pas la condamnation de 23 complices à de lourdes peines lors du procès à Bangui.

« Ces accusés sont presque tous nos parents. On était traumatisés et abandonnés par l’Etat », argue M. Kotalimbora.

Un abandon dénoncé par les deux communautés: à Bangassou, comme ailleurs en Centrafrique, l’absence des forces de l’ordre et de toute perspective pour les jeunes ont joué un rôle déterminant dans la crise.

Au Sahel, l’exception mauritanienne face au jihadisme

A des kilomètres de la première ville, au fond de la seule tente d’un campement en plein désert de Mauritanie, trône une radio VHF. Qu’un étranger passe par ici, et les habitants actionnent l’appareil pour prévenir les autorités.

C’est un modeste mais efficace maillon du dispositif sécuritaire qui, mêlé à un travail sur les esprits, préserve la Mauritanie de la menace jihadiste alors que celle-ci ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts à intervalles réguliers, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011.

« Il faut remonter aux années 2005 pour comprendre », explique un diplomate occidental. L’expansion de groupes islamistes en Algérie, voisin du nord, touche alors de plein fouet la Mauritanie, théâtre de plusieurs attentats.

En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, prend le pouvoir par la force. Un an plus tard, il est élu président.

Les partenaires occidentaux sont circonspects, mais pragmatiques: en raison du nombre substantiel de Mauritaniens dans les groupes jihadistes naissants dans le nord du Mali, « la France a très vite compris que la menace jihadiste pouvait s’étendre à la Mauritanie », selon un ancien coopérant français, tenu comme d’autres sources à cacher son identité.

Paris, et Washington dans une moindre mesure, envoient des formateurs encadrer les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

– Bataille des idées –

Aujourd’hui, des dizaines de checkpoints jalonnent chaque axe routier. Une immense région jouxtant le Mali a été classée « zone militaire » où les civils n’ont pas le droit de circuler. « Toute voiture qui y circulerait serait repérée et contrôlée. Cette mesure a permis le repérage de bandes armées de trafiquants de cannabis qui ont subi des bombardements de l’armée de l’air par le passé », souligne Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Dakar.

Au même moment, Nouakchott engage la bataille des esprits. Un dialogue est organisé en 2010 entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n’est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle.

« Nous avons vu à cette époque une forte baisse des recrutements jihadistes », explique M. Koné, par ailleurs ancien directeur des renseignements de la gendarmerie mauritanienne. « Les gens sont moins sensibles aux idées radicales, les populations collaborent plus avec l’Etat », continue-t-il.

L’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien chef d’état-major et ex-bras droit du président Aziz, louait en janvier cette « ouverture spirituelle » fondée sur « l’ancrage des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre pour déstructurer et détruire les fondements religieux de l’action des terroristes ».

Au travail idéologique et sécuritaire s’est greffée la création de villes ex nihilo, synonymes d’activité économique et de services de proximité, quand les groupes jihadistes prospèrent dans d’autres pays sur l’absence de l’Etat.

Ainsi sont nées en plein désert Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.

– Pacte secret ? –

« Il s’agit d’occuper le terrain, de dire aux populations nomades qui n’avaient pas de sentiment d’appartenance étatique: +Votre pays s’occupe de vous, vous protège, vous soigne, éduque vos enfants+ », analyse Isselmou Ould Salihi, journaliste mauritanien spécialiste des questions jihadistes.

L’immunité mauritanienne aux attaques ainsi que des déclarations américaines ont nourri les interrogations sur l’existence d’un pacte de non-agression secret entre Nouakchott et jihadistes.

Les Etats-Unis ont affirmé avoir trouvé en 2011, dans la cache pakistanaise où a été tué l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, des documents faisant état d’une tentative de rapprochement entre le groupe et Nouakchott en 2010.

« Rien n’a jamais permis de corroborer ces rumeurs, elles sont fausses », oppose une source proche du pouvoir.

Le diplomate occidental interrogé par l’AFP abonde: « Pas de deal mais des relations tribales évidentes et historiques entre habitants du nord du Mali et de la Mauritanie ».

La Mauritanie prend cette semaine la présidence tournante du G5 Sahel coordonnant la coopération de cinq pays de la sous-région sur la sécurité et le développement. « La Mauritanie est un acteur qui a pu venir à bout du terrorisme en 2011. Nous attendons beaucoup de leur présidence », explique une source française.

L’opposition appelle les Togolais à contester la rélection du président, ses électeurs se disent « résignés »

L’opposition a appelé les Togolais à « défendre la vérité des urnes », au lendemain de la victoire contestée du président sortant Faure Gnassingbé reconduit pour un quatrième mandat, mais le pays était très calme, les partisans de l’opposition se disant « résignés ».

Faure Gnassingbé, 53 ans, a été reconduit à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest lors d’un scrutin aux chiffres officiels « inédits », tant par son score (72% des voix) que par le taux de participation de 77%.

C’est la première fois que des résultats officiels sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin, et la Commission électorale indépendante (Ceni) a « pris tout le monde de court », selon un diplomate missionné dans le pays.

« Les observateurs internationaux n’avaient même pas encore fait leurs déclarations », note cette source, estimant qu’il était « impossible de compiler et centraliser physiquement -des quelque 9.000 bureaux de vote du pays- sans système électronique ».

« Il ne s’est pas embêté avec des résultats au coude à coude », analyse cet observateur, « il a voulu faire passer le message que c’est lui le patron ».

La situation commençait à se crisper quelques heures avant cette annonce: les deux camps s’étaient d’ores et déjà déclarés vainqueurs, et le candidat outsider de l’opposition, Agbéyomé Kodjo, crédité de 18% des suffrages selon les résultats officiels, dénonçait des fraudes et des irrégularités.

Dès lundi matin, un appel de l’opposant à « défendre la vérité des urnes » circulait à travers le pays, sur l’application de messagerie Whatsapp, sans guère rencontrer d’écho.

A Lomé, quelques véhicules de l’armée et des forces de l’ordre patrouillaient dans les rues, tandis que la population se rendait au travail et vaquait à ses occupations ordinaires.

Les Togolais étaient descendus par dizaines de milliers dans les rues en 2017 et 2018 pour demander la démission de Faure Gnassingbé, dans des manifestations réprimées dans le sang.

Mais le pouvoir a tenu bon et en 2019, le Parlement votait une révision de la Constitution lui permettant de se présenter pour un quatrième et cinquième mandats.

– ‘Fatigués’ –

Les électeurs de l’opposition se sont dit « déçus » voire « trahis » par l’opposition historique de l’Alliance nationale pour le changement, qui a remporté un score très faible (4%), mais de manière générale beaucoup ne croient plus à l’alternance et sont résignés après plus d’un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Dans les quartiers de Lomé acquis à l’opposition, on échangeait, mais d’une manière générale, les gens se disent « fatigués ».

« Chaque jour, c’est toujours le même qui gagne, nous on voulait le changement mais cela ne peut pas arriver ici », explique Caleb, un commerçant partisan de « Kodjo », à l’AFP.

« Même si Kodjo appelle à descendre dans la rue je ne crois pas que j’irai. On a manifesté mais rien ne change, je vais pas mettre ma vie en danger », a-t-il ajouté.

« Les résultats sont faux mais nous sommes résignés. Qu’est-ce qu’on peut faire? Si tu sors dans la rue on te tue, on te frappe », renchérit Dodji, le client d’un restaurant de rue qui prenait son café lundi matin.

De son côté, le président sortant n’a pas fait pour l’instant de discours à la nation, mais a fêté sa victoire avec ses supporters dans un « village présidentiel », construit à Lomé à l’occasion de la campagne électorale.

Il est apparu en costume gris clair et casquette bleue estampillée d’un F pour « Faure », et a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée pour célébrer (…) la démocratie ».

« La vérité vient d’éclater (…). Ceux qui voulaient s’agiter se sont agités, mais nous sommes restés calmes », a-t-il déclaré sous les applaudissements des partisans d’Unir (Union pour la république).

Lundi matin, sur son compte officiel Twitter, les internautes pouvaient lire un bref message: « Merci pour la confiance renouvelée. Oui, allons-y ».

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.