Sommet UE-UA: le Sénégal veut « une déclaration forte »

A l’issue de la rencontre, Dakar attend une « déclaration forte, moins politique et plus engageante ».L’Union européenne et l’Union africain organisent leur sixième sommet les 17 et 18 février à Bruxelles (Belgique). Pour Me Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, ce sommet doit être plus efficace pour les deux organisations.

« L’autre chose (c’est de) nous dire, que cette déclaration finale qui va sanctionner le sommet doit être forte, courte, moins politique et plus engageante. Elle doit lier les pieds et les mains de l’Europe et de l’Afrique ensemble dans ce qu’elles vont faire », a dit Me Sall, recevant jeudi soir à Dakar, des Commissaires de l’UE en visite au Sénégal qui assure la présidence de l’UA pour la période 2022-2023.

Poursuivant, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a estimé que « nous allons vers un sommet extrêmement important pour lequel nous allons redéfinir la forme de notre partenariat avant d’aborder les questions de fond parce que nous voulons que ce sommet soit beaucoup plus efficace que les précédents ».

« C’est pour cela que nous avons pensé qu’ensemble, avec vous, ce format de table-ronde est quelque chose de pragmatique pour nous permettre d’arriver à ces résultats », a-t-elle ajouté.

Selon elle, « l’Europe doit avoir une grande initiative pour l’Afrique pour nous permettre de nous décloisonner, de faire tomber les barrières, de faire passer les personnes et les biens dans toutes les frontières sans que cela ne soit une difficulté ».

De son côté, la vice-présidente exécutive de la commission européenne, Margarette Vestager a magnifié le partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne, promettant que l’UE continuera d’accompagner l’Afrique afin qu’elle relève les défis de l’heure.

En prélude au Sommet UE-UA, des Commissaires européens conduits par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, sont en visite à Dakar du 9 au 11 février 2022. L’objectif est d’échanger avec les autorités sénégalaises, la jeunesse sénégalaise, la société civile et le secteur privé autour des principaux défis et enjeux de la relance socio-économique du Sénégal.

Les deux parties ont également échangé autour des priorités du partenariat UE-Sénégal ainsi que sur les priorités de l’agenda sénégalaise vis-à-vis la présidence de l’Union Africaine.

Recevant la délégation, hier jeudi, le président Macky Sall a plaidé pour un « partenariat rénové » avec l’UE. « Compte tenu de la proximité géographique, l’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler ensemble », a dit Macky Sall.

Burkina : le lieutenant-colonel Damiba déclaré «président»

Le Conseil constitutionnel burkinabè annonce reconnaître le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba comme le nouveau président du Faso, a appris jeudi 10 février APA.

C’est officiel ! Ayant pris « pris acte » de la démission du président Roch Marc Christian Kaboré et de la vacance de pouvoir, le Conseil constitutionnel du Burkina Faso a décidé que la fonction de « chef de l’Etat » est dévolue au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, à compter du 24 janvier 2022.

Cette date coïncide au renversement du régime du président Kaboré par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par cet officier de 41 ans, ancien commandant de la troisième région militaire nommé par Roch Marc Christian Kaboré.

Selon des sources médiatiques, la juridiction a notifié mercredi sa décision au nouveau « chef de l’État » et « chef suprême des armées », même si la date de sa prestation de serment n’a pas été précisée. Selon une source judiciaire, elle devrait intervenir rapidement, expliquant qu’elle doit être « fixée d’un commun accord » entre la présidence et le Conseil constitutionnel.

Le président du MPSR avait justifié son coup de force par « l’incapacité manifeste » du président Kaboré à enrayer les attaques terroristes qui frappent le Burkina Faso depuis 2016. Avec la reconnaissance dans ses nouvelles fonctions par le Conseil constitutionnel, Damiba devient officiellement le président d’une transition jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.

Après la survenue du coup d’Etat, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) et l’Union africaine ont suspendu le Burkina Faso de leurs instances, sans plus de sanctions, demandant à la junte un calendrier « raisonnable » pour ce « retour à l’ordre constitutionnel ».

Le 5 février dernier, un décret de Paul-Henri Sandaogo Damiba a annoncé que le pays comptait se doter, dans un délai deux semaines, d’un projet de Charte de Transition et d’un projet d’agenda électoral, « assorti d’une proposition de durée de la transition et des modalités de mise en œuvre ».

Burkina: installation de la Commission technique de la Transition

Au Burkina Faso, le chef de la junte a installé mardi 8 février la Commission technique chargée de l’élaboration de l’agenda de la Transition.Deux semaines après le coup de force qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, les militaires burkinabè, désormais au pouvoir, avaient tardé à annoncer le calendrier de la transition qu’ils voudraient mener. C’est chose faite depuis hier.

Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, chef des putschistes, a mis en place la commission technique qui doit tracer les contours de la transition. Elle doit proposer dans les quinze prochains jours, un projet de charte, un agenda et la durée de la transition.

« Les sillons que vous allez tracer sont les premières esquisses du portrait de notre futur Burkina Faso », a lancé le lieutenant-colonel Damiba aux 15 membres de cette commission, qu’il appelle à faire preuve de patriotisme et mettre au centre de leurs travaux l’intérêt supérieur de la nation.

Le chef de l’Etat burkinabè a invité dès lors la commission à axer prioritairement sa réflexion sur la restauration de l’intégrité du territoire, la consolidation de la paix par le retour progressif des déplacés internes, la bonne gouvernance et le retour à un ordre constitutionnel nouveau. Selon le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, les récents événements offrent aux Burkinabè cette formidable opportunité de repenser ses fondements.

Créée le 3 février dernier, cette commission est composée de journalistes, de juristes, d’enseignants-chercheurs, d’anthropologues, d’économistes et de militaires. Ils travailleront de manière bénévole, « dans un esprit patriotique et de dévouement à la nation ».

Le Burkina Faso suspendu de la Francophonie

La décision fait suite au coup d’Etat du 24 janvier 2022.Le Conseil permanent de la Francophonie (CPF) s’est réuni en session extraordinaire ce mardi 8 février 2022 à Paris, par visio-conférence, sous la présidence de la Secrétaire générale, Louise Mushikiwabo.

Il a notamment examiné la situation au Burkina Faso suite au coup d’Etat militaire perpétré le 24 janvier 2022. Evoquant sa récente condamnation du coup d’Etat militaire au Burkina Faso, la Secrétaire générale a rappelé que la prise du pouvoir par la force est une atteinte aux engagements pris par les États et gouvernements membres de la Francophonie dans la Déclaration de Bamako.

Dans une résolution adoptée à l’unanimité, le CPF a condamné ces événements et décidé, conformément aux dispositions de la Déclaration de Bamako, de suspendre le Burkina Faso des Instances de la Francophonie. La résolution maintient toutefois les programmes de coopération multilatérale francophone en soutien au processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique ainsi que ceux bénéficiant directement aux populations civiles.

Le CPF exige la libération immédiate et sans condition du Président Roch Marc Christian Kaboré et invite le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, au pouvoir) à garantir le respect des droits et des libertés fondamentales de toutes et tous.

Le Conseil a demandé à la Secrétaire générale de mobiliser la Francophonie en vue d’accompagner, aux plans politique et technique, le processus de transition et de retour à l’ordre constitutionnel au Burkina Faso.

Le déficit de démocratie et de sécurité dans l’espace francophone sera à l’ordre du jour des discussions de la 40e Session de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF), qui se tiendra le 16 mars 2022 à Paris.

Procès Sankara : 30 ans de prison requis contre Blaise Compaoré

Le parquet militaire burkinabé a requis mardi trente ans de prison ferme contre l’ex-président Blaise Compaoré, accusé d’être le principal commanditaire de l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, en 1987.Actuellement en exil en Côte d’Ivoire, l’ex-chef de l’Etat burkinabè (1987 – 2014) est jugé par contumace dans le procès de l’assassinat de Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’État le 15 octobre 1987. Le Parquet militaire a demandé au tribunal de le reconnaître coupable « d’attentat à la sûreté de l’Etat », de « recel de cadavre » et de « complicité d’assassinat ».

Chassé du pouvoir par la rue en 2014, Blaise Compaoré vit depuis en Côte d’Ivoire et est le grand absent de ce procès, ses avocats ayant dénoncé « un tribunal d’exception ». Douze des quatorze accusés étaient présents à ce procès où l’écrasante majorité avait plaidé non coupables.

Trente ans de prison ont également été requis contre le commandant de sa garde, Hyacinthe Kafando, l’autre grand absent du procès, en fuite depuis 2016. Il est soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara et ses collaborateurs.

Par ailleurs, vingt ans de prison ont été requis contre le général Gilbert Diendéré, un des chefs de l’armée lors du putsch de 1987 et principal accusé présent. Il purge déjà une peine de 20 ans, pour une tentative de putsch en 2015.

Plusieurs peines d’emprisonnement ferme – de trois à vingt ans – ont également été requises contre cinq accusés et une de onze ans avec sursis. Enfin, le parquet a requis l’acquittement, « pour faits non constitués », pour trois accusés et pour « prescription » pour les deux derniers.

Jeune capitaine burkinabè qui prit le pouvoir en 1983, à 33 ans, Thomas Sankara est considéré comme un héros africain. Plus de trois décennies après sa dissipation, son discours anti-impérialiste et révolutionnaire continue de fasciner beaucoup de jeunes du continent.

Burkina: Une commission va établir une charte et un agenda de transition

Jeudi, la Cédéao a demandé aux nouvelles autorités de fournir un agenda pour un retour à l’ordre constitutionnel dans « un délai raisonnable ».La junte militaire qui a pris le pouvoir au Burkina-Faso, le 24 janvier, a annoncé, samedi, la mise en place d’une commission chargée d’élaborer un projet de charte et un agenda de la transition censée rétablir rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. 

Selon un décret signé par le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte au pouvoir à Ouagadougou, et chef de l’Etat, cette commission est composée de quinze membres, dont des juristes, des sociologues, des économistes et des officiers. Dans un délai de « deux semaines, à compter de son installation, la commission doit remettre aux autorités « un projet de charte et d’agenda assorti d’une proposition de durée de la transition et des modalités de mise en œuvre ».

La commission qui est « indépendante et à l’abri des pressions et manœuvres contraires à l’intérêt général » exercer sa mission dans « un esprit patriotique et un dévouement absolu à la nation », précise le décret. Ses membres travaillent à titre « bénévole », ajoute le texte qui prévoit que la commission doit, toutefois, consulter « les forces vives de la nation ». 

Depuis le 24 janvier dernier, protestant contre l’incurie du pouvoir pour faire face à l’insécurité qui frappe, depuis plusieurs années, le pays confronté à d’incessantes attaques de groupes jihadistes, les militaires ont déposé le président élu, Roch Marc Christian Kaboré.

En réaction à ce putsch, le troisième en moins d’une année dans la sous-région, après ceux survenu en mai au Mali et en septembre en Guinée-Conakry, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) avait suspendu, le 24 janvier, le Burkina Faso de ses instances. Lors d’un sommet tenu jeudi dernier à Accra (Ghana), l’organisation a décidé de ne pas ajouter de nouvelles sanctions contre le Burkina-Faso. Mais elle demandé aux nouvelles autorités de fournir un agenda pour un retour à l’ordre constitutionnel dans « un délai raisonnable ».

Vendredi, la junte de Ouagadougou a déclaré « prendre note » de la demande de l’organisation sous-régionale.

La position de la Cedeao sur le Burkina Faso à la Une en Afrique

Le Burkina Faso qui échappe aux sanctions de la Cedeao après le coup d’Etat militaire et l’élimination du Cameroun en demi-finale de la CAN 2021 sont les deux sujets phares traités par plusieurs médias africains visités par APA ce vendredi.« Sommet CEDEAO sur les juntes sous-régionales: Le Burkina échappe aux sanctions », titre Mourya La Voix du Niger qui rend compte, dans un style fleuri, des points saillants de cette réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la sous-région.

« Comme toujours lors d’un sommet de chefs d’Etat, il faut tendre l’oreille lors de la lecture du communiqué final, mais, surtout, il faut la dresser vers les coulisses ou fuitent parfois l’essentiel venant du … huis clos intégral, c’est-à-dire le cénacle entre les présidents et chefs de gouvernement. Hier au raout d’Accra de la CEDEAO, consacré aux 3 pays désormais dirigés par un pouvoir kaki, le Mali, la Guinée et le Burkina, plus la Guinée-Bissau qui a échappé le 1er février d’être le 4e, hier à cette réunion donc, bruissaient déjà en fin de matinée que sur le Burkina, la CEDEAO, serait magnanime, compte tenu de « l’ouverture» du lieutenant-colonel Damiba, mais aussi parce que ce coup d’Etat qualifié d’ultime recours a pris un bon pli », explique le site nigérien.

Le Pays note que la Cedeao a eu une « attitude bienveillante » « vis-à-vis du Burkina ». Cependant, c’est « une indulgence qui ne doit pas être prise comme un  blanc-seing
», prévient le quotidien burkinabè.

Sidwaya, le quotidien national pousse un ouf de soulagement et indique à sa Une que le « Burkina (est) épargné de nouvelles sanctions »

A propos de cette décision sur le Burkina, Wakatsera se demande si « la Cedeao se rapproche-t-elle enfin des peuples ». « Pour son deuxième sommet, cette fois-ci en présentiel, sur le Burkina, la CEDEAO ne respectera pas, en toute logique, le parallélisme des formes. Comme si elle jouait un match décisif de la Coupe d’Afrique des nations qui bat son plein au Cameroun, la CEDEAO, dans un contrepied parfait, a dérouté ses détracteurs en épargnant le Burkina de sanctions additionnelles à la suspension du pays de ses instances », a indiqué le journal ouagalais.

Sur un autre sujet, Camfoot fait remarquer que l’élimination du Cameroun, pays organisateur de la CAN 2021, hier en demi-finale devant l’Egypte, ne passe pas encore. Le site camerounais rapporte des passes d’armes entre Lions Indomptables.  Après que le capitaine Vincent Aboubakar a justifié la défaite (0-0, 1-3 tab) par l’égoïsme de ses coéquipiers, Karl Toko Ekambi a réagi vigoureusement : « Il dit ce qu’il veut ».

Quoi qu’il en soit, c’est un « rêve brisé » pour le Cameroun qui voulait remporter le sacre à domicile, d’après le quotidien sportif sénégalais Stades, rapportant que le match entre Lions Indomptables et Pharaons était « très fermé ».

L’Egypte retrouve ainsi le Sénégal en finale, « un avant-goût des barrages du Mondial 2022 » et une opposition entre Mohamed Salah et Sadio Mané, stars de Liverpool et leaders techniques de leurs sélections, ajoute Stades.

Vox Populi note que les Lions seront « à l’épreuve des Pharaons » dimanche prochain en finale. Par ailleurs, « l’Egypte demande le report de la finale à lundi », souligne ce journal qui rapporte les statistiques des confrontations entre les deux finalistes. « 12 rencontres depuis Caire 86 : 4 victoires pour les Lions, 6 victoires pour l’Egypte et 2 nuls ».

Mais de toute façon, Le Soleil indique que les Lions ont atteint une « nouvelle dimension » avec la star Sadio Mané qui s’est transformé en « leader technique et social ».

Cédéao : les décisions majeures du sommet d’Accra

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des État de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pris plusieurs décisions majeures dans les différentes crises politiques qui secouent certains pays d’Afrique de l’Ouest.L’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé de maintenir la suspension du Burkina Faso de toutes les structures de l’Institution sous-régionale jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel.

Dans le communiqué publié à l’issue du Sommet extraordinaire d’Accra, au Ghana, le jeudi 3 février 2022, les dirigeants de la Cédéao ont demandé aux autorités militaires du Burkina Faso de mettre en place les institutions de la transition, d’adopter un calendrier de transition et de faciliter le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Ils ont instruit la Commission de la Cédéao d’assurer un engagement continu avec les nouvelles autorités à travers la mise en place d’un mécanisme de suivi, incluant l’Union africaine et les Nations unies, en vue d’accompagner le processus de transition.

Sur la situation politique en République de Guinée, la Conférence a pris note de la récente mise en place du Conseil National de Transition (CNT), en tant qu’organe législatif et a exprimé sa préoccupation quant à l’indisponibilité du calendrier de transition requis cinq mois après le coup d’Etat, tel que demandé par la Session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao tenue le 16 septembre 2021.

En conséquence, « l’Autorité décide de maintenir toutes les sanctions déjà imposées à la Guinée et de demander à l’Autorité de transition de fournir à la Cédéao un calendrier acceptable pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’organisation sous-régionale « réaffirmer sa disponibilité à accompagner la Guinée vers le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais », indique le communiqué.

S’agissant de la situation politique en République du Mali, les chefs ouest-africains ont salué les conclusions de la 1057ème réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tenue le 14 janvier 2022 entérinant toutes les décisions et sanctions de la Cédéao à l’égard du Mali.

« L’Autorité regrette l’indisponibilité d’un nouveau calendrier conforme aux décisions de l’Autorité » En conséquence, « l’Autorité décide maintenir toutes les sanctions imposées au Mali conformément à sa décision du 9 janvier 2022 ». Elle exhorte encore « les autorités maliennes à proposer d’urgence à la Cédéao un calendrier électoral acceptable en vue de permettre la levée progressive des sanctions ».

« Par ailleurs, la Cédéao réaffirme sa disponibilité à travailler en liaison avec l’Union africaine et les Nations unies pour apporter l’appui technique nécessaire aux autorités du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali dans la mise en œuvre des calendriers approuvés », conclut le communiqué.

Les dirigeants de la Cédéao ont également examiné les mémorandums sur les situations politiques au Mali et en Guinée présentés par le président de la Commission de la Cédéao Jean-Claude Kassi Brou. L’Autorité a salué la qualité des rapports et des mémorandums et a pris note des recommandations qu’ils contiennent. Le communiqué note que l’Autorité a été informée par Suzi Carla Barbosa, Ministre d’Etat des Affaires étrangères, de la Coopération Internationale et de la diaspora de Guinée-Bissau, des circonstances entourant la tentative de coup d’Etat en Guinée Bissau le 1er février 2022.

« L’Autorité a fermement condamné la tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau et a exprimé sa solidarité avec le Président Umaro Sissoco Embaló et le peuple de Guinée-Bissau. Compte tenu de ces récents développements, l’Autorité décide de déployer une force en vue de soutenir la stabilisation du pays » indique le communiqué. « L’Autorité décide en outre de maintenir les composantes militaire et policière de la Mission de la Cédéao en Gambie (ECOMIG) afin de consolider la stabilité dans le pays » ajoute le communiqué.

Les dirigeants ouest-africains ont également affirmé son engagement à rester ferme pour la protection de la démocratie et de la liberté dans la région et réitère leur position résolue à faire respecter le principe de tolérance zéro pour l’accession au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels, tel qu’inscrit dans le protocole additionnel de la Cédéao de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance

Burkina : de nouvelles têtes pour gérer la sécurité

Le chef de la junte militaire a placé de nouveaux hommes à la tête de l’état-major de l’armée et la gendarmerie.Remue-ménage au sein des forces armées burkinabè. Près de deux semaines après son coup d’Etat contre le président Roch Marc Christian Kaboré, le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, a signé mercredi 2 février plusieurs décrets de nomination à la tête des instances chargées de la sécurité et la gestion de l’ordre public.

Le colonel-major David Kabré devient ainsi le nouveau chef d’état-major général des armées (CEMGA). Il a participé à la transition sous Isaac Zida (2014-2015) en tant que ministre des Sports. A son nouveau poste, il remplace le général Gilbert Ouédraogo, démis de ses fonctions il y a deux jours, et a comme adjoint le colonel-major Célestin Simporé.

Le troisième décret nomme le colonel Adam Neré chef d’état-major de l’armée de terre (CEMGAT) alors que le lieutenant-colonel Evrard Somda est le nouveau chef de la Gendarmerie nationale. Le commandement de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers (BNSP) est quant à lui confié au lieutenant-colonel Naon Daba.

Ce jeudi 2 février, au lendemain de la défaite (3-1) de l’équipe nationale en demi-finale de la CAN 2021 contre le Sénégal, plusieurs journaux burkinabè se sont fait l’écho du réaménagement intervenu au sein des forces armées. Reprenant les propos du président du directoire Mouvement populaire Sauvons le Burkina Faso, Marcel Tankoano, le journal privé Le Quotidien indique que « le président Damiba n’a plus droit à l’erreur dans la gestion du pouvoir d’Etat ».

Par ailleurs, le président du MPSR a annoncé la dissolution des collectivités territoriales et leur placement sous délégations spéciales. Et le couvre-feu en place depuis le coup d’État du 24 janvier 2022 est levé mais les événements festifs sont toujours interdits après minuit durant la semaine et après deux heures du matin le week-end.

Enfin, le lieutenant-colonel Damiba a signé un dernier décret pour officialiser la réouverture des frontières terrestres du Burkina Faso.

Présents à Accra ce jeudi 3 avril pour un sommet extraordinaire, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao n’ont pas décidé de nouvelles sanctions contre Ouagadougou. Après le putsch du 24 janvier dernier, le Ghanéen Nana Akufo-Addo et ses homologues ouest-africains avaient pris la décision politique d’exclure le Burkina Faso de ses instances.

La Cédéao épargne le Burkina de nouvelles sanctions

Les chefs d’Etat ouest africains n’ont pas décidé de nouvelles sanctions contre Ouagadougou.Ouf de soulagement pour la junte militaire qui a pris le pouvoir au Burkina Faso ! Réunie en sommet extraordinaire ce jeudi 3 février 2022 à Accra, au Ghana, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pas décidé de nouvelles sanctions contre ce pays d’Afrique de l’Ouest, après le putsch du 24 janvier dernier.

Toutefois, l’organisation sous-régionale a demandé au chef de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo de donner un chronogramme assez raisonnable permettant d’aller aux élections.

Lors d’un sommet virtuel des chefs d’Etat le 28 janvier 2022, la Cédéao avait exclu le Burkina Faso de ses instances.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a annoncé dans la soirée de mercredi, la levée du couvre-feu instauré après la prise du pouvoir. En vigueur depuis le 24 janvier et la chute de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré, le couvre-feu instauré sur toute l’étendue du territoire de 21 heures à 4 heures, a été levé bien que certaines restrictions restent en place selon un communiqué du chef de l’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo, lu à la télévision publique.

« Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), président du Faso, chef de l’État, informe l’opinion publique nationale de la levée totale de la mesure de couvre-feu à compter de ce jour, 2 février », indique le communiqué.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a également procédé à des changements à la tête de la hiérarchie militaire.

L’Union africaine préoccupée par les coups d’Etat

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a exprimé son inquiétude face aux menaces croissantes pour la sécurité du continent liées aux changements anticonstitutionnels.S’adressant au Conseil exécutif à l’ouverture de la 40ème Session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), le Président de la Commission Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le continent a été touché par une série de conflits qui ont déstabilisé un grand nombre de personnes. « La paix et la sécurité ont été sérieusement menacées dans de nombreuses régions du continent avec l’augmentation des coups d’Etat militaires, des conflits intra-étatiques et l’expansion des groupes meurtriers dans de nombreux Etats africains », a déclaré M. Mahamat.

Le président a imputé les problèmes d’insécurité croissante à la gouvernance politique, économique et sociale déficiente sur le continent. Il a reconnu que la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement affectent dangereusement le continent qui doit faire face à la pandémie de la Covid-19 et et au changement climatique.

Selon M. Mahamat, les déplacements et les migrations restent les problèmes majeurs du continent, alors que les crises économiques frappent l’Afrique de plein fouet. S’exprimant à cette occasion, Vera Songwe, Sous-secrétaire des Nations unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a souligné un certain nombre de risques auxquels l’Afrique est confrontée.

« L’Afrique, comme le reste du monde, doit renforcer sa résilience face à un certain nombre de menaces, notamment le changement climatique, les risques de cyber-sécurité, les pandémies et les maladies infectieuses, la faible gouvernance et les conflits », a-t-elle déclaré.

Selon Mme Songwe, ces risques s’inscrivent dans le sillage de la dépression, des niveaux élevés de chômage et d’un espace civique de plus en plus fermé. Par ailleurs, Vera Songwe a indiqué que l’Afrique avait mis en commun ses risques et, s’appuyant sur 20 ans de solidarité, elle a créé la Plateforme africaine de fournitures médicales pour accéder aux équipements de protection.

Les Lions du Sénégal à la Une de la presse africaine

La qualification du Sénégal à la finale de la CAN 2021 de football, pour la deuxième fois d’affilée après sa victoire mercredi 3-1 contre le Burkina Faso, est largement commentée par les médias africains ce jeudi.« Foot de bonheur », jubile L’Observateur en Une. « C’est le match le plus abouti ; Ce groupe dégage une force collective ; L’esprit de 2002 renaît à travers cette génération », indiquent d’anciens internationaux dans le quotidien sénégalais.

Stades note que « les Lions foncent sur le titre rêvé », saluant leur esprit de conquête et le « coaching gagnant » d’Aliou Cissé. Le journal sportif ajoute que l’équipe nationale du Sénégal se qualifie pour la troisième fois de son histoire à la finale de la Coupe d’Afrique des nations, après 2002 et 2019 qu’elle avait malheureusement perdues. Malgré cette deuxième finale de suite, Le Quotidien prévient qu’ils sont « si proches et si Lions (NDLR : loin) de la coupe ».

Contre le Burkina Faso hier, Le Soleil a suivi le leader technique du groupe sénégalais, en l’occurrence Sadio Mané, qui a livré une prestation « taille patron ». Saluant « un mental retrouvé », le quotidien national sénégalais est sous le charme de la « maîtrise collective (des Lions) qui a dérouté les Etalons » du Burkina.

En finale, le Sénégal retrouvera soit le Cameroun  soit l’Egypte, deux équipes qui doivent s’affronter ce soir à 19h GMT. Quel que soit l’adversaire, « nous sommes prêts », prévient le sélectionneur Aliou Cissé dans Walf Quotidien où le capitaine burkinabè, Bertrand Traoré, dit espérer « que le Sénégal va remporter ce trophée ».

« Victoire du Sénégal face au Burkina Faso en demi-finale finale de la CAN », titre l’Agence d’information du Burkina (AIB), notant que les Etalons ont été battus mercredi soir au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé par les Lions du Sénégal.

« C’est la 3e fois que le Burkina Faso perd une demi-finale de CAN après celles de 1998 et de 2017 », souligne le média burkinabè là où son compatriote Wakatsera indique que « les Lions sénégalais mangent du cheval burkinabè pour une finale royale! ».

« CAN 2021: le Sénégal en finale en venant à bout du Burkina Faso 3-1 », note de son côté Abidjan.net alors que Maliweb reprend les propos de l’entraineur sénégalais : « Remporter la Coupe quel que soit l’adversaire ».

Potentiel adversaire du Sénégal en finale dimanche prochain, le Cameroun a « le trophée en ligne de mire », d’après Cameroon-Tribune. Le capitaine des Lions Indomptables, Vincent Aboubakar, affirme dans Maliweb que son homologue égyptien « Mohamed Salah ne (l)’impressionne pas ».

Cedeao : le Burkina, sujet brûlant du sommet extraordinaire à Accra

Le coup d’Etat perpétré le 24 janvier 2022 par des militaires au Burkina Faso, sera au menu du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’ouvre ce jeudi à Accra.Pas de répit pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors qu’elle est pleinement engagée dans le dossier malien, la crise politique au Burkina Faso oblige les chefs d’Etat de l’organisation à se réunir en urgence pour prendre des mesures à l’égard de Ouagadougou.

C’est le prétexte du sommet extraordinaire qui s’ouvre ce jeudi à Accra dans la capitale ghanéenne sans le Mali, la Guinée et désormais le Burkina Faso suspendu à son tour des instances de l’organisation sous-régions après le putsch du 24 janvier dernier contre le président démocratiquement élu Roch Marc Christian Kabore. 

Le dossier burkinabé sera d’ailleurs la priorité des chefs d’Etat et de gouvernements lors de ce sommet extraordinaire. Plusieurs dirigeants dont Alassane Ouattara ont annoncé leur présence.

La Cedeao va faire le point sur la mission envoyée à Ouagadougou  après le putsch avant de prendre les premières mesures. Tout devrait se jouer selon plusieurs sources diplomatiques sur « la durée de la transition au Burkina Faso ». Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat, a montré sa volonté de travailler avec la Cedeao. Mais l’organisation sous-regionale veut avant tout des gages et cherchera à obtenir une transition courte au Burkina Faso, ce qu’elle n’a pu obtenir au Mali. 

Le Mali et la Guinée, deux autres pays frappés par des coups d’Etat ces derniers mois, seront aussi au menu des discussions. La Cedeao avait déjà prononcé des sanctions contre ces deux pays à des degrés divers. 

Burkina : Damiba lève le couvre-feu et chamboule l’armée

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a annoncé dans la soirée de mercredi, la levée du couvre-feu instauré après la prise du pouvoir.En vigueur depuis le 24 janvier et la chute de l’ex-président Roch Marc Christian Kabore, le couvre-feu instauré sur toute l’étendue du territoire de 21 heures à 4 heures, a été levé bien que certaines restrictions restent en place selon un communiqué du chef de l’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo, lu à la télévision publique. « Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, président du Faso, chef de l’État, informe l’opinion publique nationale de la levée totale de la mesure de couvre-feu à compter de ce jour, 2 février », indique le communiqué.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui dirige désormais le Burkina Faso a également procédé à des changements à la tête de la hiérarchie militaire.

La France va-t-elle quitter le Mali ?

La France se donne quinze jours pour décider de l’avenir de sa présence militaire au Mali.La France n’a pas vocation à s’éterniser au Mali, ont souvent répété les responsables politiques français. L’ancienne puissance coloniale, dont plusieurs milliers de soldats sont engagés depuis 2013 contre les groupes jihadistes actifs sur le territoire malien et dans les pays voisins, va-t-elle enfin retirer ses troupes de la région ?

S’il ne lui manquait qu’un alibi pour prendre une telle décision, que beaucoup d’observateurs ne cessent d’envisager en raison de l’enlisement manifeste de l’armée française sur le terrain et de la dégradation des relations entre Paris et Bamako, l’expulsion de l’ambassadeur de France par les autorités maliennes, mardi 31 janvier, pourrait lui en fournir.

 « La situation ne peut pas rester en l’état », a déclaré mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, donnant ainsi le sentiment que la France envisage désormais toutes les hypothèses y compris un retrait de ses troupes du Mali.

D’ici la mi-février, « on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place » et « pour prévoir une adaptation », a déclaré Gabriel Attal sur Franceinfo commentant le renvoi du diplomate français par le Mali, en réaction aux récentes déclarations jugées par Bamako « hostiles » des ministres français des Armées et des Affaires étrangères.

L’expulsion de l’ambassadeur français ; Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, est inédite dans l’histoire des relations entre le Mali et la France. Elle marque une nouvelle étape dans la tension née entre les deux pays suite à la prise du pouvoir à Bamako à partir d’août 2020 par une junte de colonels qui depuis ne semble pas pressée d’organiser un retour à l’ordre constitutionnel.

Invoquant la souveraineté nationale, la junte entend se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.

Durant les premiers mois après la prise du pouvoir par l’armée à Bamako, Paris s’était pourtant montré conciliant vis-à-vis des putschistes maliens. Mais les rapports entre les deux parties se sont brusquement dégradés lorsqu’en mai dernier les colonels qui avaient entre-temps installé un président et un premier ministre à la tête d’un gouvernement de transition avaient décidé de débarquer les deux hommes confiant la présidence de l’Etat au chef de la junte, le colonel Assimi Goita.

La crise s’est, ensuite, aggravée quand quelques jours plus tard, la France a brandi la menace de retirer ses militaires engagés depuis 2013 au Mali et au Sahel dans le cadre d’une opération de lutte contre les groupes jihadistes, avant de se rétracter finalement pour annoncer une simple réduction de ses troupes et une restructuration de son dispositif militaire sur le terrain.

Évoquant alors « un abandon en plein vol », les autorités de Bamako avaient, dans la foulée, menacé de faire appel à d’autres partenaires extérieurs, donnant ainsi crédit à ce qui n’était à l’époque qu’une simple rumeur comme quoi elles souhaiteraient solliciter la Russie pour l’envoi d’éléments appartenant à la très sulfureuse compagnie militaire privée russe Wagner, accusée d’exactions en Syrie, en Libye et en Centrafrique. La France qui n’a jamais caché son hostilité à une telle perspective n’avait, depuis lors, cessé de mettre en garde Bamako et Moscou contre cette éventualité qui, depuis peu, serait devenue finalement une réalité, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales en poste au Mali.

Les sorties musclées de responsables des deux pays, devenues quasi quotidiennes ces dernières semaines, n’ont pas contribué à apaiser la tension.

Commentant mercredi dernier, les sanctions prises contre la junte par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s’était livrée à une attaque virulente contre la ministre française des Armées, Florence Parly et la France, qu’il a accusée de chercher à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Le colonel malien avait alors sommé Mme Parly de se taire.

Burkina: Premières mesures majeures de la junte

Le lieutenant-colonel Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le lundi 31 janvier 2022, par le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso le 25 janvier, a annoncé plusieurs décisions majeures. 

Selon cette déclaration qui précise que  le MPSR assure la « continuité de l’État en attendant la mise en place d’une Transition », la suspension de la Constitution est levée et celle-ci est rétablie dans ses articles qui ne contredisent par »l’Acte fondamental » mis en place par les militaires pour organiser le pouvoir en attendant l’adoption d’une «charte de la transition ». 

Le lieutenant-colonel Cyprien Kaboré a également déclaré que le président du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba est officiellement investi des charges de président du Faso, chef de l’Etat et chef suprême des Armées.

Deux hauts responsables militaires ont aussi été démis de leurs fonctions par la junte. Le chef d’Etat-major général des Armées, le général de brigade Gilbert Ouédraogo, nommé en octobre dernier par le président récemment déchu, Christian Marc Roch Kaboré, a été relevé de ses fonctions et le patron des Renseignements, le colonel François Ouedraogo n’est plus le directeur général de l’Agence nationale des Renseignements (ANR), poste qu’il occupe depuis le 9 mars 2016.

Cedeao : quelle solution face aux putschs en Afrique de l’Ouest ?

Les récents bouleversements qui ont brouillé le paysage politique de l’Afrique de l’Ouest remettent directement en question la crédibilité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).L’institution dont beaucoup pensent qu’elle n’est bonne que pour donner des coups d’épée dans l’eau et faire des menaces de sanctions est à bout de souffle et devient la cible d’une partie des populations. En l’espace de quelques mois, la Cedeao a suspendu trois de ses Etats membres, le Mali, la Guinée, et le Burkina Faso confrontés à des coups d’Etat militaires. Un coup sévère porté au processus démocratique selon l’organisation régionale.

Le premier pays à subir les foudres de l’organisation est le Mali en 2020, la Guinée en septembre 2021 et plus récemment, le Burkina Faso. Dans ces trois pays minés par des crises multiformes, des présidents civils ont été écartés au profit de militaires. Une situation qui a mis l’organisation ouest-africaine désormais composée de 12 membres, dans l’embarras pour trouver les réponses appropriées et pas nécessairement cohérentes à ces crises.

Les juntes qui dirigent ces trois pays font l’objet de sanctions de la part de la Cedeao pour avoir renversé des gouvernements démocratiquement élus. Mais ces coups d’Etat de l’avis de certains experts politiques sont une réponse à la mal gouvernance et l’incapacité des dirigeants déchus à faire face à la crise sécuritaire, comme c’est le cas au Mali et au Burkina Faso.

Naturellement, la Cedeao, qui regroupe 15 pays, a tenté dès le début d’asseoir son autorité avec sa panoplie de sanctions. Mais à l’évidence, ces mesures n’ont fait renforcer un sentiment nationaliste au niveau des Etats sanctionnés.

Elle est depuis lors entrée en scène avec des sanctions contre les nouveaux dirigeants militaires qui, à des degrés divers, l’ont prises au mot en prenant des mesures de représailles contre elle, laissant les observateurs se demander si la Cedeao a vraiment les moyens de faire face à ce nouvel assaut contre la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Après que la Cedeao a annoncé des sanctions à l’encontre des nouveaux hommes forts de Bamako pour avoir voulu porter à cinq ans une courte transition politique, le régime militaire a non seulement condamné « les sanctions abusives » de l’organisation avant de fermer à son tour ses frontières aux pays membres de la Cedeao.

Une défiance assumée par la junte malienne qui vient saper l’autorité du groupement régional ouest-africain. Les chefs d’Etat de l’organisation surpris par la riposte du Mali, a momentanément envisagé de revenir sur sa politique volontarisme mais sans impact réel, à en croire le récit de certains cercles au sein de l’organisation pour expliquer cet apparent changement d’opinion.

Beaucoup estiment qu’une Cedeao divisée et intrinsèquement minée par des intérêts géopolitiques disparates défendus par ses membres ne peut pas imposer de sanctions comme moyen sérieux, voire crédible, de mettre au pas les transgresseurs en son sein, sans risquer de diviser davantage ses rangs.

Par exemple, alors que les jeunes démocraties dans les petits pays membres comme la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau soutiennent les sanctions pour des raisons évidentes visant à dissuader les coups d’Etat dans leur propre pays, les régimes militaires en Guinée et au Mali voisin se soutiennent les uns les autres. En effet, ces deux voisins se considèrent comme les gardiens l’un de l’autre face à une organisation régionale dont ils se sentent de plus en plus isolés et détachés.

Cette solidarité mutuelle entre le colonel guinéen Mamady Doumbouya et le malien Assimi Goita ne peut que s’étendre au lieutenant-colonel burkinabé Paul-Henri Damiba qui a gagné le droit d’entrer dans leur club exclusif grâce à son coup d’Etat du 24 janvier 2022.

Déjà discréditée avant même d’avoir eu le temps d’être mise en œuvre, la politique unique de la Cedeao pour gérer les conséquences des coups d’Etat en Guinée, au Mali et au Burkina Faso a montré qu’elle était déconnectée des politiques qui ont précipité les interventions des militaires dans ces pays.

En Guinée, l’insistance de l’ancien président Alpha Condé à se maintenir au pouvoir après avoir épuisé ses deux mandats constitutionnels a fourni le prétexte à Doumbouya pour agir.

Au Mali et au Burkina Faso, l’instabilité prolongée causée par des insurrections a poussé les citoyens à descendre dans la rue pour demander la fin des gouvernements en place, jugés incapables de faire face aux crises.

Selon les observateurs, le seul espoir pour le bloc régional d’avoir plus de poids sur les trois pays en défaut de démocratie est de revoir sa copie d’élaborer des politiques spécifiques à chaque pays, en fonction de leur situation politique au moment des coups d’Etat. Mais un bloc aussi divisé que la Cedeao le reconnaîtra-t-il pour agir en conséquence ?

L’Union africaine suspend le Burkina Faso

L’Union africaine a suspendu le Burkina Faso de toute participation aux activités de l’organisation panafricaine jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans le pays.La décision de l’UA, qui compte 55 États, a été annoncée ce lundi 31 janvier dans un tweet du Conseil de paix et de sécurité. Après le coup d’Etat du 24 janvier 2022 contre le président Roch Marc Christian Kaboré renversé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) réuni ce lundi a « décidé de suspendre le Burkina Faso de toute participation à toutes les activités de l’Union africaine jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays » peut-on lire sur le message.

Le président de l’Union africaine Moussa Faki Mahatma dit suivre avec « préoccupation la situation très grave au Burkina Faso ». Il a exhorté l’armée à « s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays ».

L’Organisation en pleine réforme sera dirigée à partir de février par le sénégalais Macky Sall, qui en assurera la présidence tournante pour un an à la place du président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, en poste depuis février 2021.

Créée le 9 juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud pour prendre le relais de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, 1963-1999), l’UA veut s’inscrire dans cette vision « d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens ».

Auparavant, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 15 États, avait décidé lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etats le vendredi 28 janvier par visioconférence, de suspendre le Burkina Faso de ses instances après le Mali et la Guinée.

Le Burkina Faso suspendu de la Cedeao

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pour l’instant pas décidé d’autres sanctions contre le pays des Hommes intègres.Le Burkina Faso, où un coup d’État s’est produit le 24 janvier 2022, rejoint le Mali et la Guinée sur la liste des pays suspendus des instances de la Cedeao. La décision a été prise ce vendredi à l’issue d’un sommet virtuel de l’organisation sous régionale.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a par ailleurs demandé la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres officiels arrêtés.

Elle a en outre décidé d’envoyer samedi à Ouagadougou une mission des chefs d’état-major des armées de la Cedeao. Celle-ci sera suivie lundi d’une mission ministérielle, avant la tenue d’un nouveau sommet le 3 février à Accra, en présence cette fois des chefs d’État de la région.

La ton monte entre Bamako et Paris après le retrait du Danemark

Le Danemark va rapatrier ses soldats face aux exigences du gouvernement de la transition malienne.« Les généraux au pouvoir ont envoyé un message clair où ils ont réaffirmé que le Danemark n’était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison nous avons décidé de rapatrier nos soldats », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod après une réunion au Parlement à Copenhague.

Le chef de la diplomatie danoise s’indigne de cette décision prise par le régime de la transition malienne. « Nous sommes là à l’invitation du Mali. Les généraux ont retiré cette invitation (…) parce qu’ils ne veulent pas d’un plan rapide de retour à la démocratie », dit-il.

Le gouvernement malien de transition avait réitéré « avec insistance » dans un communiqué publié dans la soirée de mercredi à jeudi, le départ des troupes danoises arrivées dans le cadre de la mission militaire européenne Takuba. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maîga, martelait qu’en entrant sur le territoire malien, le Danemark n’a pas respecté le « protocole additionnel applicable aux partenaires européens » de la force Takuba, qui exigerait de signer au préalable un accord bilatéral avec Bamako.

Le Colonel Maîga a ensuite répondu à Florence Parly, ministre française des Armées accusée de vouloir diviser les Maliens. « Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État », a rétorqué le colonel Maïga avant de l’inviter de « faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence ».

De son côté, la ministre danoise de la Défense a indiqué que le rapatriement des soldats allait « prendre un peu de temps ». Si un calendrier précis ne peut être établi à ce stade, l’armée danoise juge qu’il faudra « plusieurs semaines » pour ramener hommes et matériel au Danemark, précise-t-elle dans un communiqué.

Le Drian : « la situation ne peut pas perdurer »

Alors qu’on frôle l’incident diplomatique entre Paris et Bamako, Jean-Yves Le Drian soutient que la « situation en l’état actuel ne peut pas perdurer au Mali » faisant planer le spectre d’un changement de dispositif au Sahel. « Vu cette situation, vu la rupture du cadre politique et du cadre militaire (au Mali), nous ne pouvons pas rester en l’état », a déclaré le chef de la diplomatie française sur la radio RTL.

« Ce n’est pas uniquement une décision française, c’est une décision collective et donc nous avons engagé des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européens pour savoir comment on peut adapter notre dispositif en fonction de la nouvelle situation », a-t-il ajouté

« Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation », a martelé le colonel Maîga qui apporte la réplique au chef de la diplomatie française.

A peine lancée, Takuba vacille. La Task-force qui doit remplacer Barkhane, l’opération militaire menée par la France au Sahel est déjà dans l’impasse. Lancée en mars 2020 à Liptako Gourma, dans la partie sud-ouest du Niger, Takuba doit étendre son domaine d’intervention au Burkina Faso et au Mali. Elle a pour mission d’assister et de former l’armée malienne, en coordination avec les partenaires du G5 Sahel, de la Minusma et les missions de l’UE.

Après avoir annoncé la fin de Barkhane en juin 2021, La France s’ensable véritablement dans le dossier malien. Paris estime pourtant qu’un retrait au Sahel serait présenté comme une faillite militaire et politique en Afrique notamment par les jihadistes, et laisserait le champ libre à la Russie qui se déploie actuellement au Mali et lorgne le Burkina Faso.

« Roch Kaboré a démissionné sous la menace des militaires » (Cedeao)

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) « condamne fermement le coup d’Etat militaire au Burkina Faso » et annonce « un sommet extraordinaire dans les prochains jours pour examiner la situation ».L’organisation régionale dans un communiqué publié ce mercredi 26 janvier 2022, note que « malgré les appels de la communauté régionale et internationale au calme et au respect de la légalité constitutionnelle, la situation au Burkina Faso est caractérisée par un coup d’Etat militaire ce lundi 24 janvier 2022 ». La Cedeao de dénoncer que « la démission du président Roch Marc Christian Kaboré » a été obtenue « sous la menace, l’intimidation et la pression des militaires après deux jours de mutinerie ».

La Cedeao estime que ce coup d’État marque ainsi « un recul démocratique majeur pour le Burkina Faso ». En conséquence, l’organisation intergouvernementale annonce « un sommet extraordinaire de la Cedeao dans les prochains jours pour examiner la situation » dans cet Etat d’Afrique de l’Ouest secoué depuis quelques années par une crise sécuritaire en lien avec la menace jihadiste qui se répand au Sahel.

Dans la journée du lundi  24 janvier, le président de la Commission de la Cedeao, Jean Claude Kassi Brou, avait appelé au calme avant de prévenir les militaires qu’ils seraient responsables de ce qui arrivera de l’intégrité physique du président Roch Marc Christian Kaboré.

Depuis lundi, le Burkina Faso est présidé par une junte militaire dirigée par Paul-Henri Sandaogo Damiba, au nom du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Le nouveau régime a annoncé dans un discours à la télévision publique, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, ainsi que la suspension de la Constitution. Les militaires ont aussi annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes à compter du même jour à minuit jusqu’à nouvel ordre. Le MPSR, s’est ensuite engagé au « retour à un ordre constitutionnel » dans « un délai raisonnable ».

Ce coup d’Etat des militaires est le troisième putsch en huit mois en Afrique de l’Ouest. Au Mali, le colonel Assimi Goïta qui avait destitué en août 2020, le président élu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a écarté en mai 2021 le président et le Premier ministre de transition qu’il avait cooptés quelques mois auparavant. En Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, chef des forces spéciales de l’armée, a lui aussi renversé le président Alpha Condé le 6 septembre dernier. Les juntes au pouvoir dans ces deux pays sont depuis soumises à de fortes pressions internationales pour l’organisation d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, ce qu’elles ne semblent pas pour l’instant pressées de concrétiser.

Burkina Faso : pluie de condamnations après le putsch

La communauté internationale a réprouvé le coup d’État militaire survenu au pays des Hommes intègres.Des États-Unis à la France, en passant par les Nations Unies, l’Union africaine ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), la posture est la même. Le coup d’Etat perpétré ce lundi 24 janvier au Burkina Faso, avec l’arrestation du président Roch Marc Christian Kaboré et plusieurs autres dirigeants, a entraîné une pluie de condamnations de la part de pays et organes internationaux.

Dans un communiqué diffusé ce mardi, la Cédéao « condamne fermement ce coup de force des militaires qui marque un recul démocratique majeur pour le Burkina Faso. » Elle annonce qu’elle tiendra un sommet extraordinaire dans les prochains jours pour examiner cette situation.

« Très clairement, comme toujours, nous sommes au côté de l’organisation régionale qu’est la Cédéao pour condamner ce coup d’État militaire », a déclaré de son côté le président français, Emmanuel Macron.

L’ONU, les États-Unis et l’Union européenne leur ont emboité le pas et demandé la « libération immédiate » du président Roch Marc Christian Kaboré. Le sort du président renversé reste en effet très confus. Depuis l’avènement du putsch, il n’a pas réapparu et ne s’est pas exprimé en public.

Sa vie ne serait cependant pas en danger et il serait sous la protection des militaires dans un lieu tenu secret. Et comme son ami guinéen, Alpha Condé renversé lui aussi par un coup d’Etat le 05 septembre dernier, il n’aurait pas l’envie de sortir du pays.

Par ailleurs, des doutes subsistent sur sa démission. La lettre manuscrite, signée en son nom et diffusée sur les antennes de la télévision nationale n’a pas été authentifiée.

Burkina : Qui est Paul-Henri Sandaogo Damiba, l’homme fort des putschistes

Agé de 41 ans, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’est emparé du pouvoir au Burkina Faso en déposant le président Roch Kaboré.En septembre 2015, cet officier supérieur d’infanterie des Forces armées burkinabè s’était opposé à la tentative de coup d’Etat avortée contre le gouvernement de Michel Kafando. Sept ans plus tard, Paul-Henri Sandaogo Damiba passe à l’acte en renversant le président Roch Marc Christian Kaboré réélu pour un second mandat en novembre 2020.

Qu’est-ce qui a bien pu motiver ce loyaliste à prendre le pouvoir par la force ? Selon un groupe de militaires apparus à la télévision publique, la « détérioration du contexte sécuritaire » et « l’incapacité manifeste du pouvoir » à y faire face, constituent autant de facteurs qui menacent « les fondements de la nation ». 

Portés par des manifestants qui avaient brûlé dans la journée de samedi le siège du parti au pouvoir le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), la junte dit n’avoir pas eu d’autre choix que de prendre ses « responsabilités » en mettant fin lundi en début d’après-midi, « aux fonctions du président de la république ». Un nouveau putsch dans cet Etat du Sahel, secoué depuis 2015 par une crise sécuritaire en lien avec la menace jihadiste qui se répand au Sahel.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a pris le pouvoir le 24 janvier au nom du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Un coup d’Etat parachevé après un week-end agité marqué par l’arrestation du chef de l’exécutif dans la nuit du dimanche à lundi. Le président déchu a démissionné dans une lettre manuscrite relayée par la télévision publique pour dit-il préserver « l’intérêt supérieur de la nation ».

La colère au sein des troupes était perceptible depuis la sanglante attaque d’Inata en novembre par des jihadistes qui avait une cinquantaine de morts dans les rangs des militaires. Les soldats dénoncent l’incapacité du pouvoir à faire face à la menace jihadiste. Dimanche, quelques heures avant leur prise du pouvoir, ils exigeaient le départ des chefs de l’armée et des « moyens adaptés » pour lutter efficacement contre les groupes jihadistes dans la bande du Sahel.

Paul-Henri Sandaogo Damiba à la tête de ce coup d’Etat, est diplômé de l’école militaire de Paris. Le lieutenant-colonel figure parmi les officiers étrangers diplômés de la 24ème promotion de l’école de guerre de Paris en 2017. Il est aussi titulaire d’un Master 2 en sciences criminelles du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris et d’une certification d’expert de la Défense en management, commandement et stratégie.

Un parcours riche qui facilite sa montée en puissance au sein de l’armée. Il atterrit en 2011 au Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne de l’ex président Blaise Compaoré finalement dissoute en 2015 après la tentative de coup d’Etat avortée contre Michel Kafando. Un échec que le président de la transition entre juillet 2014 et novembre 2015, doit en grande partie au nouveau chef des putschistes et d’autres officiers qui s’étaient démarqués pour empêcher le coup de force du général Gilbert Diendéré, proche de Blaise de Compaoré et patron historique du régiment de sécurité présidentielle (RSP), actuellement en prison.

Début décembre, le président Kaboré chamboule la hiérarchie militaire et confie au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba le poste stratégique du responsable du dispositif antiterroriste du pays. Une décision prise après l’attaque d’Inata en novembre qui avait fait 57 morts, dont 53 gendarmes. Spécialiste des questions terroristes, il est l’auteur d’un livre, un « essai sur le terrorisme » publié en juin dernier et intitulé Armées ouest-africaines et terrorisme : Réponses incertaines ?, dans lequel il analyse les stratégies antiterroristes au Sahel et leurs limites.

Ses nombreuses casquettes de commandant de la troisième région militaire du pays, responsable du dispositif antiterroriste et chef de la sécurité à Ouagadougou, suffiront-elles à sortir le Burkina Faso de cette crise politique et sécuritaire ?

L’Afrique du Sud condamne le putsch au Burkina Faso

Le ministre sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Naledi Pandor, s’est dit « choqué » mardi par la prise du pouvoir par les militaires du Burkina Faso.Le diplomate juge la situation « extrêmement préoccupante car l’Afrique de l’Ouest a connu un certain nombre de coups d’Etat » en l’espace de huit mois. « J’ai été choqué hier par ce qui se passait au Burkina Faso et on est très inquiet que cette région ne devienne pas une région de coups d’Etat », a déclaré le ministre.

La réaction du ministre est intervenue après que les militaires burkinabés ont annoncé dans une déclaration télévisée qu’ils avaient arrêté le président Roch Kaboré lundi dans la capitale, Ouagadougou, mettant ainsi fin à son second mandat.

Les militaires ont également annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et l’Assemblée nationale et fermeture des terrestres et aériennes lors d’une discours à la télévision publique.

L’armée a déclaré que la prise de contrôle avait été effectuée sans violence et que les personnes détenues y compris le président Roch Marc Christian Kaboré se trouvaient dans un lieu sûr, ajoutant qu’elle avait été faite au nom du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).

« Le MPSR, qui comprend toutes les sections de l’armée, a décidé de mettre fin au mandat du président Kaboré aujourd’hui », a déclaré le communiqué lundi. Le MPSR a indiqué qu’il proposerait un calendrier pour un retour à l’ordre constitutionnel « dans un délai raisonnable, après consultation des différentes composantes de la nation ». Anciennement Haute-Volta, le Burkina Faso est un producteur d’or et a connu de nombreux coups d’Etat depuis son indépendance de la France en 1960.

Les militaires ont renversé des gouvernements au cours des 18 derniers mois au Mali et en Guinée, et ont pris le pouvoir au Tchad l’année dernière après que le président Idriss Deby soit mort en combattant des rebelles sur le champ de bataille dans le nord du pays, selon des rapports de presse. M. Pandor a toutefois conservé un optimisme prudent quant à la possibilité que le prochain sommet de l’Union africaine se concentre sur la paix et la sécurité dans la région.

« Je pense que nous devons avoir le souci de soutenir la démocratie et de faire taire les armes sur le continent africain et j’espère que nous consacrerons beaucoup de temps à l’UA pour discuter de la manière dont nous assurons la paix et la sécurité ».

Burkina Faso : destitution du président Roch Marc Christian Kaboré

Des militaires annoncent avoir pris le pouvoir à Ouagadougou.Après le Mali et la Guinée, le Burkina Faso est le troisième pays de la sous-région à connaitre un coup d’Etat en l’espace de quelques mois. Des militaires regroupés au sein du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) ont ainsi mis fin ce lundi 24 janvier à la présidence de Roch Marc Christian Kaboré.

Dans une déclaration signée par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et lue à la télévision nationale, le MPSR a annoncé avoir déposé le chef de l’Etat, suspendu les principales institutions du pays, fermé les frontières et mis en place un couvre-feu.

« Une décision prise dans le seul but de permettre à notre pays de se remettre sur le bon chemin et de rassembler toutes ses forces afin de lutter pour son intégrité territoriale, son redressement et sa souveraineté », affirment les mutins dans leur déclaration.

Candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à l’élection présidentielle de 2015, Roch Marc Christian Kaboré a été élu dès le premier tour pour un mandat de cinq ans avec 53,49 % des voix. En 2020, il a été réélu pour un second mandat dès le premier tour avec 57,87 % des voix.

Économiste de formation, il a exercé plusieurs fonctions ministérielles, avant de diriger la Primature de 1994 à 1996.

Putsch au Burkina : le président Kaboré arrêté

Le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré a été arrêté selon plusieurs sources sécuritaires par des militaires.C’est une tentative de coup d’Etat qui se passe au Burkina Faso depuis quelques heures. Le président de la république est arrêté et détenu par des soldats. Selon plusieurs médias locaux, le chef de l’État serait détenu dans le camp militaire de Karpala, à Ouagadougou. Des militaires encagoulés ont pris position ce lundi 24 janvier au matin à Ouagadougou devant le siège de la télévision nationale du Burkina Faso, selon l’Agence France-Presse.

En début de matinée, des soldats ont pris place devant la Radio télévision burkinabè (RTB), un signe annonciateur d’un coup d’Etat en cours. Une déclaration doit être lue à la télévision d’Etat dans les prochaines heures selon des sources militaires.

Les événements ont débuté par une série de mutineries dans plusieurs camps militaires, dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 janvier 2022. Un couvre-feu a été décrété dimanche soir à partir de 19h00 et jusqu’à 04h30 GMT lundi dans tout le pays. Les écoles resteront fermées lundi et mardi, indique un communiqué du gouvernement.

La situation a dégénéré à Ouagadougou dans la journée de samedi où des manifestants ont brûlé le siège du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès. Dans la nuit de samedi à dimanche, des tirs à l’arme lourde et à l’arme automatique ont été entendus à Ouadougou, la capitale, dans les camps militaires de Sangoulé Lamizana et Baba Sy.

Ce coup d’Etat en cours, s’il se confirme, serait le troisième en huit mois en Afrique de l’Ouest. Au Mali, le colonel Assimi Goïta a pris le pouvoir en mai 2020 en renversant le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta. Il a perpétré un second coup de force en renversant le président de la transition Bah N’daw en août. En Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, chef des forces spéciales de l’armée, avait renversé le 6 septembre dernier, le président Alpha Condé, actuellement à Abu Dhabi pour des soins.

Burkina Faso : tirs à l’arme lourde et tentative de coup d’État

Le gouvernement burkinabé confirme les tirs dans plusieurs casernes militaires mais dément la prise de pouvoir par l’armée.Selon Alkassoum Maïga, « des informations véhiculées dans les réseaux sociaux tendent à faire croire à une prise de pouvoir par l’armée en ce jour 23 janvier 2022 », a indiqué porte-parole du gouvernement.

Avant d’ajouter : « le gouvernement, tout en reconnaissant l’effectivité de tirs, dans certaines casernes, dément ces informations et appelle les populations à rester sereines ». Le porte-parole du gouvernement soutient que l’Etat burkinabé réaffirme sa confiance en « son armée qui demeure républicaine ».

La nuit de samedi à dimanche a été agitée à Ouagadougou où des tirs à l’arme lourde ont été entendus au Camp Sangoulé Lamizana et Baba Sy. Plusieurs personnes avaient confirmé la prise de pouvoir par l’armée avant que l’information ne soit démentie par le gouvernement tôt le matin. A l’heure actuelle, c’est le flou encore à Ouagadougou, où la situation peut encore évoluer.

Ces incidents interviennent quelques heures après la dispersion d’un rassemblement interdit à Ouagadougou lancé par le mouvement « Sauvons le Burkina Faso ». 

Cette tentative présumée de coup d’Etat intervient deux mois après l’attaque sanglante à Inata par des jihadistes où l’armée avait perdu 53 de ses hommes. La pire attaque jamais enregistrée au sein des troupes qui avait entraînée un vent de contestation des militaires contre le pouvoir de Roch Marc Christian Kabore.

Par ailleurs, le ministre de la Défense le Général Aimé Barthélémy Simpore a formellement démenti à la télévision d’Etat, l’arrestation du président de la république et d’autres dirigeants des institutions par les militaires.

Le 8 janvier dernier, une dizaine de militaires et des civils avaient été arrêtés pour des suspicions de coup d’Etat par l’Etat burkinabé.

Af’Sud : lancement d’une unité de production de vaccins

L’usine va fabriquer des vaccins contre la Covid-19 et d’autres maladies.L’Afrique est en passe de devenir autonome en matière de production de vaccins. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a inauguré ce mercredi une unité de fabrication de vaccins contre le nouveau Coronavirus et d’autres types de maladies.

L’usine connue sous le nom de NantSa veut renforcer l’empreinte pharmaceutique globale du continent africain dans un secteur dominé par les acteurs des pays développés. Ce qui a poussé le dirigeant sud-africain à parler d’« une étape importante dans la marche de l’Afrique vers la santé, le progrès et la prospérité ».

« C’est entre les murs de cette installation, grâce aux réseaux qui sont en train d’être construits, grâce aux compétences avancées qui sont en train d’être développées, et grâce aux autres initiatives sur notre continent, que notre vision de la fabrication de vaccins, de diagnostics et de médicaments en Afrique prendra progressivement forme », a déclaré M. Ramaphosa.

L’usine de fabrication de vaccins est située à Brackengate, au Cap, et a été ouverte conjointement par M. Ramaphosa et Patrick Soon-Shiong, un scientifique de renommée mondiale spécialisé dans les technologies de la santé qui dirige la société NantWorks LLC.

« Ce lancement permettra à l’Afrique de ne plus dépendre d’autres régions et organisations pour approvisionner sa population en vaccins et autres médicaments indispensables », a ajouté le chef de l’Etat de la Nation arc-en-ciel.

Selon lui, l’Afrique ne doit plus être le dernier continent à avoir accès aux vaccins contre les pandémies. « L’Afrique ne devrait plus aller quémander des vaccins au monde occidental. Nous nous débrouillerons seuls. Nous sommes déterminés à le faire et cette installation en est la preuve », a-t-il encore dit.

L’événement a coïncidé avec une cérémonie de lancement officiel de la Coalition pour accélérer l’accès de l’Afrique aux soins de santé avancés (Coalition AAAH), qui vise à accélérer la production locale de produits pharmaceutiques, biologiques et de vaccins pour l’Afrique.

« La coalition concrétise notre ferme conviction que l’Afrique doit exploiter ses compétences et ses ressources et identifier les possibilités de collaboration entre plusieurs pays », a conclu Cyril Ramaphosa.

Sahel : une décennie marquée par une hausse des réfugiés

Le nombre des personnes déracinées a été multiplié par dix depuis 2013, passant de 217.000 à un niveau alarmant de 2,1 millions fin 2021, affirme l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.Ces dernières années, la situation sécuritaire s’est lamentablement détériorée au Sahel. Elle a contraint de nombreuses personnes à fuir leurs foyers. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés  (HCR), le nombre de réfugiés dans les pays du Sahel central, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, s’élève désormais à 410.000. La majorité des réfugiés de la région ont fui les violences au Mali, théâtre d’un conflit qui a débuté en janvier 2012.

En 2021, soutient l’organisme onusien, une recrudescence d’attaques violentes dans toute la région a entraîné le déplacement de près de 500.000 personnes. Cela sans compter les chiffres du mois de décembre 2021 qui ne sont pas encore connus.

D’après le HCR, citant des estimations de ses partenaires, les groupes armés auraient mené plus de 800 attaques meurtrières l’année dernière. Ces violences ont entraîné le déracinement de quelque 450.000 personnes dans leur pays et forcé 36.000 autres à fuir dans un pays voisin.

Rien qu’au Burkina Faso, informe-t-il, le nombre total de déplacés internes est passé à plus de 1,5 million à la fin de 2021. Six personnes déplacées sur dix dans le Sahel sont désormais des Burkinabés.

Au Niger, le nombre de personnes déplacées dans les régions de Tillabéri (sud-ouest) et Tahoua (sud-ouest) a augmenté de 53% au cours des 12 derniers mois. Au Mali voisin, plus de 400.000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente, poursuit le HCR.

Dans le même temps, la situation humanitaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger se détériore rapidement dans un contexte de crises sur plusieurs fronts, déplore le HCR. A en croire ce dernier, l’insécurité en est le principal moteur, aggravée par l’extrême pauvreté, la pandémie de Covid-19 et l’aggravation des effets de la crise climatique. Les températures dans la région augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale.

Par ailleurs, le HCR signale d’autres risques comme la violence sexuelle et sexiste, le difficile accès aux personnes dans le besoin, les attaques contre les humanitaires…

Face à cette situation, le HCR appelle la communauté internationale à prendre des mesures fortes et à ne ménager aucun effort pour soutenir les pays du Sahel central en vue de rétablir la paix, la stabilité et le développement dont la région a besoin de toute urgence.

A en croire l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, plus d’un tiers de ses besoins financiers pour le Sahel central n’ont pas été satisfaits en 2021. Pour organiser une réponse efficace en 2022 au Burkina Faso, au Niger et au Mali, elle dit avoir besoin de 307 millions de dollars.

Manifestations contre la Cedeao au Mali : Assimi Goïta teste sa popularité

Le chef de l’Etat malien va tester sa popularité ce vendredi après avoir invité ses compatriotes à sortir pour protester contre les sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.Cette journée de mobilisation appelée par le chef de la transition malienne le colonel Assimi Goïta, sera scrutée par la Cedeao et la France

Pour Assimi Goïta qui a appelé tous les Maliens à sortir pour dénoncer les sanctions de la Cedeao, c’est un test grandeur nature pour son règime qualifié « d’illégitime » par ses détracteurs. Si l’appel à la manifestation est suivi par les Maliens, le tombeur d’Ibrahim Boubacar Keïta en tirera profit dans son bras de fer avec la Cedeao. Le nouvel homme fort de Bamako a décidé d’appliquer la « réciprocité » à ses voisins d’Afrique de l’Ouest après les sanctions. Il s’est ensuite tourné vers la Russie et d’autres partenaires pour contenir les jihadistes.

Récemment, Moscou en guise de soutien a bloqué avec la Chine un texte de la France appelant les Nations unies à soutenir les sanctions de la Cedeao contre le Mali. Un soutien de la Russie en faveur de la junte qui a obtenu carte blanche au sortir des Assises de la refondation pour conduire la transition jusqu’en 2027. La réussite de cette manifestation donnerait à coup sûr du poids à la position des militaires contre la Cedeao après les sanctions. Elle pourrait aussi surtout redessiner une nouvelle géopolitique dans cette région où la France avait jusque-là dicté le tempo dans son pré-carré. A contrario, si les Maliens décidaient de ne pas sortir massivement, ils enverraient un message fort aux militaires dans cette période de transition mouvementée.

De son côté, la Cedeao scrute de près l’évolution de cette journée de manifestation au Mali. L’Organisation régionale a prononcé de lourdes sanctions contre la junte malienne comme la fermeture des frontières et le gel des avoirs financiers du Mali. Elle doit désormais faire face à une levée de boucliers des Organisations non gouvernementales et des mouvements citoyens qui menacent de « braver l’embargo contre le Mali si la Cedeao persiste à punir le Mali pour des considérations politiques ». Ces organisations sont convaincues que « la priorité doit d’être combattre la lutte contre le terrorisme et les forces obscurantistes qui endeuillent le Mali ». Taxée souvent d’être un « syndicat de chefs d’Etat » en lieu et place d’une « Cedeao des peuples », l’organisation mise sur pied en 1975, tentera dans cette crise malienne de préserver sa crédibilité souvent mise à mal.

Enfin la France qui considère la situation au Mali et au Sahel comme « une affaire africaine et européenne ». Selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, « Il y a une fuite en avant, un appel confirmé à une milice extérieure (la société paramilitaire Wagner, ndr) ». Le chef de la diplomatie française considère « le calendrier de transition inacceptable » et pense que la junte est en train de « confisquer la démocratie des Maliens ». Mais sur le terrain, la réalité est bien différente, car le sentiment antifrançais s’est exacerbé en Afrique de l’Ouest. 

Au Mali, au Sénégal et plus récemment au Tchad, des jeunes s’en prennent aux symboles de la présence française en Afrique lors des manifestations. Fin novembre, un convoi militaire français de ravitaillement à destination de Gao au Mali avait été pris pour cible.  Dans ce contexte assez tendu, Paris mise-t-elle sur une explosion sociale au Mali pour faire plier militaires ?  En soutenant les sanctions de la Cedeao, la France espère faire reculer la junte où à défaut l’amener à plus de souplesse dans cette crise.