Les migrations climatiques en Afrique de l’Ouest et dans le bassin du lac Victoria risquent de saper les efforts de développement du continent selon un communiqué parvenu jeudi à APA.D’ici 2050, l’Afrique pourrait devenir la région du monde la plus durement touchée par les dérèglements du climat. A cette date, le continent noir compterait 86 millions selon la nouvelle série de rapports Groundswell Africa, publiée hier par la Banque mondiale. A la veille de la 26e session de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 26), l’institution financière tire la sonnette d’alarme.
En effet, l’analyse des données des pays d’Afrique de l’Ouest et du bassin du lac Victoria, notent qu’en l’absence de mesures concrètes, des foyers de migration climatique pourraient apparaître dès 2030, avant de s’étendre et de s’intensifier par la suite.
Cette situation forcerait 32 millions de personnes en Afrique de l’Ouest à migrer à l’intérieur de leur pays d’ici 2050. Les estimations sont encore plus élevées pour la région du bassin du lac Victoria qui risque de compter 38,5 millions de migrants internes sur la même période.
« Des éleveurs nomades sillonnant le Sahel aux pêcheurs qui bravent les océans, l’histoire de l’Afrique de l’Ouest est celle d’une région marquée par les migrations climatiques. Au cours des prochaines années, les Africains seront confrontés à des difficultés sans précédent à cause de la hausse des températures, de l’irrégularité des précipitations, des inondations et de l’érosion côtière », souligne le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du centre, Ousmane Diagana, cité par la note.
« Cette série de rapports identifie les stratégies d’actions climatiques prioritaires pour aider les pays à évoluer vers un développement vert, résilient et inclusif et créer des moyens de subsistance durables pour tous les Africains », informe-t-il.
Les effets graduels du changement climatique, comme la pénurie d’eau, la baisse de productivité des cultures et des écosystèmes, l’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête, contraindront de plus en plus les populations à migrer. Certains territoires deviendront moins hospitaliers sous l’effet du stress thermique, des événements météorologiques extrêmes et de la perte de terres.
D’autres, en revanche, pourraient devenir plus attrayants en raison des changements induits par le climat, comme la hausse des précipitations. S’ils ne sont pas maîtrisés, ces bouleversements risquent non seulement d’entraîner des flux migratoires, mais aussi d’accentuer les vulnérabilités existantes et d’aggraver la pauvreté et les situations de fragilité, conflit et violence.
Les auteurs du rapport notent que les mouvements migratoires dépendront de l’interaction entre les effets graduels du changement climatique, la dynamique démographique et le contexte socioéconomique de chaque pays. L’ampleur des migrations climatiques internes pourrait toutefois être réduite de 30 % dans la région du lac Victoria et de 60 % en Afrique de l’Ouest grâce à des mesures immédiates et concertées pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et favoriser un développement vert, inclusif et résilient.
« Les investissements dans la résilience et l’adaptation sont à même de promouvoir les industries vertes, et lorsqu’ils sont associés à des investissements dans la santé, l’éducation, l’économie numérique, l’innovation et les infrastructures durables, ils offrent également un formidable potentiel pour créer des emplois adaptés aux défis climatiques et stimuler la croissance économique », affirme le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe, Hafez Ghanem.
« Dans le cadre de ces efforts, il est essentiel de mettre l’accent sur l’autonomisation des femmes afin d’améliorer le capital humain et de bénéficier du dividende démographique, car ces aspects seront des composantes importantes du renforcement de la résilience climatique dans les années à venir », ajoute-t-il.
L’ampleur et la trajectoire des migrations causées par les facteurs climatiques obligeront les pays à prendre des mesures vigoureuses et transformatrices axées sur la neutralité carbone ; le contexte local en intégrant la question des migrations climatiques internes dans des plans de développement anticipateurs, écologiques, résilients et inclusifs sur l’ensemble du continent africain.
Ces mesures porteront aussi sur les données à travers l’investissement dans la recherche et les outils de diagnostic pour mieux comprendre les facteurs des migrations climatiques internes et, partant, de mettre en place des politiques ciblées ; et les populations en investissant dans le capital humain pour permettre aux citoyens d’occuper des emplois productifs et durables adaptés aux défis climatiques.