Au Sénégal où 75% de la population a moins de 35 ans, entre 200 mille et 300 mille demandeurs d’emploi arrivent chaque année sur le marché sans que la majorité ne trouve du travail.La problématique de l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes a motivé la tenue d’un Conseil présidentiel jeudi 22 avril à Diamniadio, près de Dakar. A l’issue de cette cérémonie de près de dix heures, le président Macky Sall a annoncé la validation d’un Programme d’Urgence pour venir à bout du chômage des jeunes. Il doit être finalisé avant le 30 avril prochain.
Ce programme tourne autour de neuf points. Selon le président de la République, le gouvernement prendra les dispositions nécessaires pour le recrutement des 65.000 jeunes à partir du mois de mai, en tenant compte des spécificités de chaque terroir et des « exigences » d’inclusion. Il devra également, a-t-il ajouté, accélérer la mise en œuvre des projets à fort potentiel d’emplois.
Par ailleurs, le président Sall note la poursuite du projet de construction des centres de formation professionnelle dans les 45 départements du pays là où le budget de la Convention Etat-Employeurs sera porté de 1 à 15 milliards FCFA. Il appelle à travailler en synergie et en complémentarité pour une meilleure rationalisation des moyens et l’efficacité des résultats.
Dans ce cadre, il déclare la « tolérance zéro » contre la lenteur et la bureaucratie, s’adressant notamment aux agences publiques travaillant sur la problématique de l’emploi et l’insertion professionnelle.
Un programme, un coût
« Le programme que nous venons d’adopter a un coût. L’Etat le prendra en charge conformément aux orientations que j’ai données », a dit le chef de l’Etat. Il a rappelé au public ses messages à la nation des 8 mars et 3 avril derniers où il avait annoncé une réorientation des allocations budgétaires à hauteur de 450 milliards « au moins sur trois ans », soit d’ici la fin de son mandat en cours. Il dit vouloir répondre aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel.
Ce conseil présidentiel a été convoqué à la suite des émeutes de mars dernier. Une affaire de mœurs débouchant sur la garde à vue de l’opposant Ousmane Sonko a servi de prétexte à plusieurs manifestants dans le pays pour exprimer leur « mal-vivre » socio-économique, exacerbé par la Covid-19.
Macky Sall a salué en revanche « l’esprit constructif et solidaire qui a animé » les débats de ce conseil présidentiel où il a directement recueilli les doléances et recommandations des représentants des jeunesses des 14 régions du pays et de sa diaspora.
Les partenaires techniques et financiers de l’Etat ainsi que les forces vivent de la nation ont pris part aussi à la cérémonie. Dans son intervention, l’artiste Youssou Ndour a invité Macky Sall « à faire plus » et le secteur privé « à jouer sa partition ». Il recommande en outre aux jeunes à ne pas refuser de multiplier les opportunités de stages.
Au-delà de la problématique de l’emploi, le président Macky Sall a surtout appelé les jeunes « à gagner la bataille pour la revitalisation des valeurs humaines, citoyennes, civiques, patriotiques ».
« Ce qui s’est passé dernièrement, si le Sénégal n’était pas un pays démocratique, croyez-moi le bilan aurait été catastrophique. Il n’est pas possible dans un pays, de se réveiller de tout détruire sans conséquence. Quelque démocrate que nous soyons, il y a des limites que tout le monde doit respecter », a-t-il martelé, prévenant que « cela ne peut plus se passer ».