Sous la mélodie évocatrice de Jean-Louis Aubert proclamant la conclusion, l’année 2023 s’efface, laissant derrière elle un cortège d’énigmes pour l’avenir. Ports et Corridors, marquant une pause bienvenue pendant les fêtes, renouera avec ses lecteurs dès le 4 janvier.
Cette période introspective incite à scruter les douze derniers mois, émaillés d’inquiétudes quant à l’état du monde. L’influence grandissante de la géopolitique se fait sentir, les menaces pesant sur les navires dans le détroit de Bab el Mandeb préfigurant une période complexe dans les semaines à venir.
L’attaque contre le Galaxy Leader, perpétrée par les milices houthis en raison de ses liens avec des intérêts israéliens, révèle l’émergence de nouveaux risques régionaux. Sur les réseaux sociaux, les experts débattent du détournement des Ultra Large Container Ships (ULCC) vers le sud de l’Afrique.
Dans ce contexte, l’impact sur la logistique s’avère palpable. Bien que les marchandises des fêtes aient échappé à ces perturbations, la logistique inverse ne sera pas épargnée. Les surcharges inédites dans les semaines à venir, résultant du déroutement des navires, imposeront des coûts supplémentaires aux armateurs. Ce rallongement des routes engendrera de nouveaux blanks sailings et des escales annulées pour rétablir la régularité des lignes.
Cependant, l’année 2023 ne peut être réduite à ces événements. Des développements positifs ont ponctué cette période, tels que l’intégration de l’activité portuaire de Bolloré dans le giron de MSC et la cession de l’activité logistique au groupe CMA CGM. Du côté des ports, l’éolien à La Rochelle, Port La Nouvelle et Nantes Saint-Nazaire ouvre de nouvelles perspectives logistiques.
Le continent africain poursuit sa transformation économique portuaire, avec des ports comme Tema bénéficiant de prêts pour leur développement, et MSC consolidant la position de Lomé en tant que hub. Kribi reçoit ses premières marchandises sous le statut de la Zlecaf, confirmant l’ouverture de l’Afrique de l’Ouest et du Centre vers un vaste marché.
En France, le monde portuaire a fait preuve de résilience malgré une année difficile, marquée par des mouvements sociaux et une baisse du trafic. Les projets de réindustrialisation à Dunkerque et l’investissement de 900 millions d’euros de MSC à Port 2000 au Havre illustrent cette résilience.
La logistique a connu sa part de défis, avec l’incendie du roulier Fremantle Highway soulevant des interrogations sur le transport de véhicules électriques par navire. La consolidation s’est poursuivie, avec des acquisitions notables par des armateurs tels que Hapag Lloyd.
En ce qui concerne les vracs secs, la Russie a mis fin aux corridors humanitaires depuis les ports ukrainiens en juillet, impactant le transport des céréales. Le conflit persistant en Ukraine a conduit le pays à devenir sans littoral, exportant ses céréales par voies terrestres.
Dans le secteur pétrolier, la COP 28 de Dubaï a écarté la possibilité d’une « sortie des énergies fossiles », mais la transition vers la fin de celles-ci reste un enjeu majeur dans la logistique portuaire et maritime, avec l’entrée en vigueur de l’European Trading System (ETS).
Alors que 2023 s’efface, la décarbonation demeure au cœur des préoccupations pour 2024, marquée par la fin des consortiums le 1er avril et l’obligation de guichets uniques portuaires avec la convention FAL 46. La digitalisation, perçue comme un levier de développement du commerce extérieur en Afrique, confirme l’ère du numérique.
En cette période de changements majeurs, les acteurs du secteur, d’armateurs à commissionnaires, sont appelés à repenser la logistique avec de nouveaux paradigmes. Ports et Corridors continuera d’informer sur ces évolutions en 2024. En attendant, nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année, que vous soyez à Paris, Lomé, Abidjan, Kinshasa, Nouméa, La Réunion, Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Tanger, Marseille, Sète, La Rochelle ou Le Havre.