Dans les préfectures de Yoto et de Bas-Mono, ainsi que dans les localités d’Amegnran et de Klologo, le quotidien des Togolais sera, une fois encore, rythmé par une pause énergétique. Le mercredi 16 avril , la Compagnie Énergie Électrique du Togo (CEET) procédera à des interruptions programmées de la fourniture d’électricité, entre 7 h et 16 h, pour entreprendre des travaux de maintenance sur le réseau. Cette annonce, relayée par la compagnie publique, s’inscrit dans un effort continu pour fiabiliser un service vital, mais elle ravive aussi les murmures d’exaspération dans un pays où les coupures de courant, loin d’être une anomalie, tissent la trame du quotidien. Sous la présidence de Faure Gnassingbé, ces interruptions, bien que nécessaires, interrogent la résilience d’un système énergétique en quête de robustesse.
CEET à l’œuvre, usagers à l’arrêt : la maintenance pénible du réseau togolais
La CEET, dans un communiqué empreint de sobriété, a détaillé l’opération : des interventions techniques visant à renforcer les infrastructures électriques, essentielles pour garantir la stabilité du réseau. Ces travaux, programmés en journée pour minimiser les perturbations nocturnes, toucheront des zones rurales et périurbaines, où l’accès à l’électricité reste un enjeu crucial. La compagnie a enjoint les abonnés à débrancher leurs appareils électriques durant ces heures, une précaution destinée à protéger les équipements contre d’éventuelles surtensions au moment de la remise en service.
Ces opérations, décrites comme régulières par la CEET, s’inscrivent dans une logique de prévention. Le réseau togolais, vieillissant par endroits, exige des mises à niveau fréquentes pour répondre à une demande croissante, portée par l’urbanisation et l’essor des petites entreprises. Pourtant, l’annonce de ces coupures, bien qu’accompagnée de promesses d’amélioration, suscite une lassitude palpable. certaines voix s’élèvent, déplorant un « éternel recommencement » dans un pays où l’électricité, bien que plus accessible qu’il y a une décennie, reste un luxe capricieux pour beaucoup.
Objectif Lumière pour tous en 2030 : un rêve éclairé par des coupures ?
Le Togo, sous la houlette de Faure Gnassingbé, ambitionne de faire de l’accès universel à l’électricité un pilier de sa feuille de route nationale, avec un objectif de couverture totale d’ici 2030. Des initiatives comme le programme Cizo, qui promeut l’électrification rurale via des kits solaires, ou les investissements dans des centrales thermiques et solaires témoignent de cette volonté. La CEET elle-même a multiplié les projets de modernisation, incluant le remplacement de lignes obsolètes et l’extension du réseau dans des zones reculées.
Les coupures du 16 avril, bien que circonscrites, rappellent les fragilités persistantes du système. Les zones ciblées – Yoto, Bas-Mono, Amegnran et Klologo – incarnent ces territoires où l’électricité, lorsqu’elle est disponible, transforme les perspectives : éclairage pour les écoliers, réfrigération pour les commerçants, connectivité pour les jeunes entrepreneurs. Mais chaque interruption, même planifiée, freine ces dynamiques, mettant en lumière le fossé entre les ambitions affichées et la réalité du terrain.
Les coupures, mal nécessaire pour un bien durable ? La patience mise à rude épreuve au Togo
La CEET, consciente des enjeux, présente ces travaux comme un mal nécessaire pour un bien durable. En renforçant le réseau, la compagnie espère réduire les pannes imprévues, qui, bien plus que les coupures programmées, exaspèrent les abonnés. Les efforts de maintenance s’accompagnent d’un appel à la patience, un message qui résonne difficilement dans un contexte où l’électricité est perçue comme un droit fondamental. Les recommandations de la CEET – débrancher les appareils, limiter les usages pendant les interruptions – traduisent une volonté de protéger les usagers, mais elles soulignent aussi la précarité d’un service encore en gestation.
Le Togo, à l’instar de nombreux pays ouest-africains, navigue dans une équation complexe : moderniser un réseau hérité de l’ère coloniale tout en absorbant une demande exponentielle. Les partenariats internationaux, notamment avec la Banque mondiale et des investisseurs privés, ont permis d’injecter des fonds dans le secteur, mais les résultats tardent à se traduire en une continuité irréprochable. Les coupures, qu’elles soient à Yoto ou ailleurs, deviennent ainsi un miroir des défis structurels, mais aussi de la détermination à les surmonter.
Le secteur électrique, baromètre de la gouvernance : entre critiques et espoirs
L’annonce des travaux du 16 avril, loin d’être un simple incident technique, reflète les paradoxes d’un Togo en transition énergétique. La CEET, en s’engageant dans ces chantiers, pose les jalons d’un réseau plus robuste, mais elle doit composer avec l’impatience d’une population lassée des promesses différées. Sous le regard attentif de Faure Gnassingbé, le secteur électrique reste un baromètre de la gouvernance, où chaque coupure alimente autant les critiques que les espoirs d’un avenir mieux éclairé.