Togo : La Cour d’appel de Lomé maintient Honoré Sitsopé Sokpor, alias Affectio, en prison malgré les appels à sa libération

Lomé, 26 février 2025 – La lutte pour la liberté d’expression au Togo a connu un nouveau revers ce mercredi avec la décision de la Cour d’appel de Lomé de rejeter la demande de mise en liberté provisoire d’Honoré Sitsopé Sokpor, plus connu sous son pseudonyme « Affectio ». En effet, cet activiste, devenu une figure emblématique pour ses prises de position audacieuses, reste derrière les barreaux, au grand dam de ses défenseurs et des organisations de droits humains qui espéraient un dénouement plus clément.

Arrêté le 12 janvier 2025 dans des circonstances controversées, Affectio avait été placé en détention deux jours plus tard à la prison civile de Lomé, accusé d’« atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». À l’origine de cette incarcération : un poème intitulé « Fais ta part », publié sur sa page Facebook. Dans ce texte, l’activiste évoque un « cri contre l’arbitraire et l’oppression » et appelle ses compatriotes à agir pour « fissurer les murs de ce pouvoir austère ». Pour les autorités togolaises, ces mots constituent une incitation à la révolte, un chef d’accusation que les avocats d’Affectio jugent infondé et dépourvu de preuves tangibles.

Honoré Sitsopé Sokpor : une audience sous haute tension

Par ailleurs, ce mercredi matin, la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Lomé s’est penchée sur la demande de liberté provisoire formulée par la défense. Menée par Me Apevon Dodji, l’équipe d’avocats a plaidé avec vigueur, mettant en avant des irrégularités dans la procédure et l’absence de fondements solides dans le dossier. Ils ont proposé des alternatives, telles qu’un contrôle judiciaire ou une libération sous caution, pour garantir la présence d’Affectio à son procès tout en respectant ses droits fondamentaux. Mais leurs arguments n’ont pas convaincu les juges, qui ont décidé de maintenir la détention provisoire, confirmant ainsi le jugement initial rendu le 14 janvier.

« Nous nous attendions à cette issue, compte tenu du climat actuel, mais nous ne baissons pas les bras », a déclaré Me Apevon Dodji à la sortie de l’audience. « Nous allons explorer toutes les voies légales possibles pour obtenir sa libération et prouver son innocence. » Cette détermination reflète la frustration croissante de ceux qui voient dans cette affaire une tentative d’intimidation contre les voix dissidentes.

Une arrestation qui fait des vagues

L’arrestation d’Affectio avait déjà suscité une onde de choc au Togo. Selon des témoins, le 12 janvier, des policiers en civil l’auraient appréhendé au carrefour La Pampa, dans le quartier d’Adidogomé à Lomé, dans une opération qualifiée de « guet-apens » par ses proches. Violenté puis conduit à la gendarmerie nationale de Djidjolé, il avait ensuite été présenté au parquet du Tribunal de Grande Instance avant d’être écroué. Les organisations de la société civile, dont le mouvement citoyen Lucha, ont dénoncé une détention arbitraire, soulignant que le poème incriminé relève de la liberté d’expression, un droit garanti par la Constitution togolaise.

« Aucun citoyen ne devrait finir en prison pour avoir écrit un texte », s’est indigné un internaute sur les réseaux sociaux, où le mot LibérezAffectio a pris de l’ampleur ces dernières semaines. Pour les partisans de l’activiste, cette affaire illustre une répression accrue sous le régime de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. Ils accusent le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour museler les critiques, dans un pays où les tensions politiques restent vives depuis les manifestations massives de 2017-2018.

Le gouvernement campe sur ses positions.

Face à cette mobilisation, les autorités togolaises restent inflexibles. Dans une déclaration succincte, un porte-parole du ministère de la Justice a défendu la décision de la Cour, affirmant que la détention d’Affectio est « nécessaire pour préserver l’ordre public et la sécurité nationale ». Le gouvernement considère que les écrits de l’activiste, en appelant à « briser les chaînes de l’injustice », franchissent la ligne rouge entre la critique légitime et l’incitation à la violence. Une interprétation contestée par les défenseurs des droits humains, qui rappellent que le président Gnassingbé lui-même a reconnu, dans son message de fin d’année 2024, les difficultés socio-économiques traversées par le Togo – des réalités que le poème d’Affectio ne faisait qu’évoquer.

Honoré Sitsopé Sokpor : une bataille juridique et symbolique

Alors que le délibéré de ce mercredi marque un coup dur pour la défense, l’affaire Affectio est loin d’être close. Ses avocats envisagent de porter le dossier devant des instances régionales, comme la Cour de Justice de la CEDEAO, déjà saisie par le passé dans des cas similaires au Togo. En parallèle, les appels à une mobilisation citoyenne se multiplient avec des rassemblements prévus devant le Palais de la Cour d’appel dans les prochains jours.

Pour beaucoup, Honoré Sitsopé Sokpor incarne désormais une lutte plus large : celle d’un peuple aspirant à s’exprimer librement dans un contexte de restrictions croissantes. Entrepreneur, père de famille et cyberactiviste, cet homme discret devenu symbole malgré lui continue de susciter l’admiration de ses soutiens. « Affectio n’est pas à sa place en prison », clament-ils, déterminés à faire entendre leur voix.

En attendant de nouveaux développements, l’activiste reste enfermé, son poème résonnant comme un défi lancé à un système qui, pour l’heure, refuse de plier. À Lomé, la bataille pour sa liberté dépasse désormais les murs de la prison, devenant un test pour la démocratie togolaise et ses promesses encore fragiles.

 

Togo : Dix ans de prison pour quatorze manifestants, un verdict contesté

Dans une atmosphère lourde d’attente et de crispation, la Cour d’assises de Lomé a rendu, dans la nuit du lundi 3 au mardi 4 février, un verdict qui résonne comme une onde de choc dans le paysage politique togolais. En effet, quatorze personnes, détenues depuis 2018, ont écopé de dix ans de réclusion pour « complot contre la sécurité intérieure de l’État » et « groupement de malfaiteurs ». De plus, le procès, expédié en une journée après six ans d’incarcération préventive, a soulevé une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits humains, dénonçant une parodie judiciaire aux allures de règlement de compte politique.

Un procès sous haute tension, un verdict implacable

D’ailleurs, les faits remontent à décembre 2018, lorsqu’un vent contestataire soufflait sur le Togo. Les manifestations, menées par l’opposition et la société civile, revendiquaient une réforme constitutionnelle pour limiter le nombre de mandats présidentiels. En réponse, les autorités avaient proscrit tout rassemblement, imposant une chape de plomb sur la contestation.

C’est dans ce contexte que les accusés ont été arrêtés et détenus sans procès durant six longues années. En conséquence, la justice leur reproche d’avoir bravé l’interdiction en participant à ces rassemblements, bien que les preuves matérielles demeurent lacunaires. À l’issue du procès, la justice a également condamné quatre autres accusés en fuite à vingt ans de réclusion et a émis un mandat d’arrêt international contre eux.

Un dossier marqué par des zones d’ombre et des allégations de torture

Pour la défense, ce verdict est entaché d’irrégularités. Darius Atsoo, avocat des condamnés, ne mâche pas ses mots : « Cette cour d’assises a manqué tout simplement d’audace. » « Elle n’a pas su tirer les conséquences des tortures subies par les accusés. »

Par ailleurs, un autre point crucial, c’est que plusieurs témoignages font état de sévices physiques et psychologiques infligés aux détenus durant leur incarcération. Un argument que la justice togolaise a balayé d’un revers de main, au grand dam des observateurs internationaux.

Le cas d’Abdoul Aziz Goma : un symbole de l’intransigeance judiciaire

Parmi les condamnés, une figure retient particulièrement l’attention : Abdoul Aziz Goma, binational irlando-togolais, arrêté en décembre 2018. Son tort ? Avoir, selon les autorités, financé l’hébergement de jeunes manifestants sans même avoir participé aux manifestations.

En effet, depuis son arrestation, sa détention est dénoncée par plusieurs instances internationales, notamment par la rapporteuse spéciale des Nations unies, Mary Lawlor, qui fustige une « détention arbitraire » assortie de « traitements inhumains ». Sa situation médicale est préoccupante, souffrant d’une pathologie neurologique sévère, aggravée par ses conditions d’incarcération.

Un verdict qui interpelle, une justice sous surveillance

En somme, au-delà des condamnations, ce procès pose une question fondamentale : la justice togolaise a-t-elle su garantir un procès équitable ou s’est-elle transformée en un outil de répression politique ? Pour Esso-Dong Kongah, Directeur Exécutif du Centre de Documentation et de Formation sur les Droits de l’Homme (CDFDH), la réponse est sans appel : « Ce procès aurait pu être une opportunité pour rétablir une forme de justice. » Or, les débats ont mis en lumière des lacunes sur les preuves et des vices de procédure. « Nous aurions souhaité une relaxation pure et simple. »

À l’heure où le Togo tente de redorer son image sur la scène internationale, ce verdict risque de raviver les critiques sur le respect des libertés fondamentales et des droits humains. Loin de refermer la page de la contestation, cette décision pourrait bien aussi devenir un nouveau foyer de tension dans un pays où la quête de justice reste un combat quotidien.

Lomé : Le MMLK exhorte le gouvernement à libérer les détenues politiques

Lomé, le 10 décembre 2024 À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) a saisi l’opportunité de réitérer son appel à la libération des détenus politiques au Togo. Dans un communiqué rendu public ce jour, le mouvement a notamment réclamé la libération des personnes incarcérées dans le cadre des manifestations d’août 2017 et d’autres affaires à caractère politique.

Pour le MMLK, cette demande s’inscrit dans une démarche de paix, de réconciliation et de consolidation de l’unité nationale. « Le Togo doit se réconcilier avec toutes ses filles et tous ses fils », a souligné le mouvement. La libération de ces détenus serait, selon eux, un geste fort et symbolique en faveur d’un dialogue inclusif et d’un avenir apaisé pour le pays.

Le MMLK rappelle les recommandations de la CVJR

Le MMLK a également rappelé l’importance des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Le mouvement considère que la mise en œuvre efficace de ces recommandations est indispensable pour tourner définitivement la page des crises passées et construire un Togo démocratique et prospère.

Des droits fondamentaux toujours bafoués ?

Par ailleurs, le mouvement a exprimé sa tristesse face à l’absence de garantie complète des droits fondamentaux au Togo. Le MMLK a notamment pointé du doigt les restrictions imposées à l’exercice des libertés publiques et a appelé à leur levée immédiate.

Un appel à la communauté internationale

Le MMLK a aussi lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle se montre plus vigilante sur la situation des droits de l’homme au Togo. Le mouvement a souligné l’importance d’un soutien international en faveur de la démocratie et de l’État de droit dans le pays.

En somme, les droits de l’homme sont universels et inaliénables, comme l’a dit Martin Luther King : « Notre but ultime n’est pas de vivre dans un monde séparé, mais de vivre ensemble dans un monde fraternel. » En appelant à la libération des détenus politiques, le MMLK invite les autorités à poser un geste fort en faveur de la réconciliation nationale, comme le disait Mahatma Gandhi : « La liberté ne peut exister sans la justice. »

Togo : Un nouveau souffle pour la justice de proximité

Lomé, le 3o septembre 2024  Le Togo franchit une nouvelle étape dans sa quête d’une justice plus accessible et plus proche des citoyens. Huit nouvelles maisons de justice vont bientôt voir le jour dans des régions souvent dépourvues de services judiciaires de proximité. En effet, cette annonce, faite par le ministre de la Justice, Mipamb Nahm-Tchougli, lors des journées d’immersion à Sanguéra, marque une avancée significative dans la réforme du système judiciaire togolais.

Ces nouvelles infrastructures, qui s’ajouteront aux 16 déjà existantes, seront appliquées dans des zones rurales et reculées, comme Ségbé, Djagblé, Aképé, Kougnohou et dans la région des Savanes. Pour les habitants de ces régions, souvent éloignés des tribunaux et confrontés à des difficultés pour faire valoir leurs droits, cette initiative est une véritable bouffée d’oxygène.

Une justice à portée de main

Les maisons de justice, nées en 2018, ont pour mission de régler les petits litiges à l’amiable, grâce à la médiation et à la conciliation. Elles offrent ainsi une alternative plus rapide et moins coûteuse aux procédures judiciaires classiques. En 2023, plus de 4500 affaires ont été traitées dans ces structures, témoignant de leur succès et de la confiance qu’elles inspirent aussi aux citoyens.

« C’est une révolution silencieuse qui est en train de se produire dans nos campagnes », confie un habitant de Djagblé. « Avant, pour un petit différend avec un voisin, il fallait se rendre dans une grande ville, perdre du temps et de l’argent. Maintenant, la justice viendra à nous. »

Un enjeu de paix sociale

En se rapprochant de la justice des citoyens, le gouvernement togolais vise à renforcer la paix sociale et la cohésion nationale. Par ailleurs, les questions foncières ou les différends familiaux provoquent souvent des conflits locaux qui peuvent dégénérer rapidement si on ne les résout pas de manière rapide et équitable. Les maisons de justice offrent ainsi un cadre neutre et sécurisé pour trouver des solutions consensuelles, entraînant ainsi l’escalade des tensions.

Un défi à relever

Si l’initiative est louable, elle ne va pas sans poser de défis. La formation des médiateurs, la sensibilisation des populations et l’équipement des maisons de justice sont autant d’éléments essentiels pour assurer le succès de ce projet à long terme. Le gouvernement devra également veiller à garantir la pérennité de ces structures en leur allouant les moyens nécessaires.

Un modèle à suivre

L’expérience togolaise pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés aux mêmes enjeux. En mettant sur la justice de proximité, le Togo montre la voie à suivre pour rendre la justice plus accessible et plus efficace, au bénéfice de tous les citoyens.

L’extension du réseau des maisons de justice au Togo marque une avancée significative dans la quête d’une justice plus accessible et plus humaine. En offrant une alternative aux procédures judiciaires classiques, ces structures contribuent également à renforcer le lien de confiance entre les citoyens et les institutions. Si les défis restent nombreux, notamment en termes de financement et de formation, l’enthousiasme des populations et l’engagement des autorités laissent présager un avenir prometteur.

La famille Agba est toujours détenue au Togo

Lomé, 22 août 2024 – Au Togo, la famille de l’opposant politique Bertin Sow Agba, décédé le jeudi 18 mai 2023, se trouve toujours derrière les barreaux dans des circonstances troublantes. Dame Françoise Agba veuve de Bertin Agba, gravement malade, et ses enfants étaient rentrés à Lomé pour participer aux cérémonies de deuil. Cependant, ils ont tous été arrêtés par les services de renseignement togolais et inculpés d’un complot imaginaire contre l’État.

La famille de Bertin Agba, l'opposant défunt, a été arrêtée à Lomé sous l'accusation de conspiration fictive contre le gouvernement Arrestation et accusations

Le régime de Faure Gnassingbé les accuse d’avoir financé des attaques djihadistes au nord du Togo, une accusation d’autant plus absurde que la famille Agba est chrétienne et financièrement ruinée. Le pire dans cette affaire, c’est qu’une des personnes arrêtées détient la nationalité française. Selon la famille Agba, l’ambassade de France au Togo n’a même pas daigné fournir une assistance consulaire.

Relations diplomatiques en question

En bref, cette situation soulève des questions sur les relations diplomatiques entre la France et le Togo, surtout après la rencontre de vendredi dernier entre Emmanuel Macron et Faure Gnassingbé, où la France a salué la « richesse de sa relation » avec le régime togolais.

La famille de Bertin Agba, l'opposant défunt, a été arrêtée à Lomé sous l'accusation de conspiration fictive contre le gouvernement Qui est Bertin Sow Agba ?

Bertin Sow Agba, natif de Kouméa, mort à 54 ans, notable opposant politique et homme d’affaires, a trouvé refuge en Afrique du Sud en 2013, où il a vécu pendant une dizaine d’années. Malgré son statut de réfugié, il a continué à gérer ses affaires, ignorant qu’il restait une cible. Son décès inattendu, survenu après un repas entre amis, a fait polémique, certaines théories suggérant un acte politique, d’autres un conflit.

Un Entrepreneur prospère

Avant sa mort, Bertin Sow Agba était un entrepreneur prospère, propriétaire d’une entreprise de sécurité et possédant des biens immobiliers et des jets privés. Son parcours l’a mis en relation avec l’Emirati Abbas al Yousef, qui l’accuse d’une escroquerie massive. À la suite de ces accusations, l’Agence nationale de renseignement (ANR) a détenu Agba qui, après sa libération sous caution, a fui vers l’Afrique du Sud en 2013. Malgré un mandat d’arrêt international, il a échappé à la justice jusqu’à sa mort, entourée de mystère et de spéculations.

 

CEDEAO : Lomé au cœur d’une révolution judiciaire numérique

Lomé, 11 juin 2024 – La capitale togolaise, Lomé, vibre au rythme d’un événement majeur qui marque un tournant décisif dans l’histoire de la justice au sein de l’espace CEDEAO. Depuis le début de la semaine, des juristes et des professionnels du droit émis des pays francophones de l’organisation régionale se rassemblent pour une formation spécialisée sur l’ECMS, un système électronique avant-gardiste destiné à révolutionner la gestion des affaires judiciaires.

Vers une modernisation de la justice dans l’espace CEDEAO

En effet, cette initiative, inaugurée par le ministre de la justice togolais, Mipamb Nahm-Tchougli, témoigne de l’engagement des États membres de la CEDEAO vers une modernisation profonde de leurs systèmes judiciaires. Au cœur de cette rencontre, l’accent est mis sur la digitalisation des procédures judiciaires, un pas de géant vers une Cour de Justice plus accessible et plus efficace.

En plus, les participants à cette formation intensive explorent les subtilités de l’ECMS et ses implications pour l’avenir du droit dans la région. L’adoption de décisions judiciaires sous format électronique et l’établissement de délais précis pour l’exécution des décisions commerciales et les jugements sur les demandes provisoires figurent parmi les points clés des discussions.

La reconnaissance juridique des documents électroniques : un enjeu crucial

En outre, le ministre Nahm-Tchougli a mis en lumière l’importance capitale de la reconnaissance juridique des documents électroniques et des signatures numériques. Selon lui, ces technologies avancées sont essentielles pour répondre aux enjeux de preuve électronique et pour renforcer la sécurité juridique des procédures. Cette reconnaissance est un pilier fondamental pour la confiance dans le système judiciaire et pour la protection des droits des justiciables.

Le Togo, fer de lance de la transformation numérique en Afrique de l’Ouest

Parallèlement à cet atelier de formation, le Togo poursuit résolument son chemin vers la transformation numérique. Le gouvernement togolais, doté d’une vision claire et ambitieuse, œuvre pour numériser une grande partie de ses services publics. L’objectif est audacieux mais réalisable : atteindre 75% de démarches administratives digitalisées d’ici trois ans. Ce projet s’inscrit dans une stratégie globale de modernisation et d’efficacité, visant à faciliter la vie des citoyens et à promouvoir une administration plus transparente et plus réactive.

Un carrefour d’échange et un signal fort de l’engagement de la CEDEAO pour la justice 

Finalement, cet atelier de trois jours à Lomé n’est pas seulement un symposium de formation. Il constitue un carrefour d’échange d’idées, un incubateur de stratégies pour l’avenir et un signal fort de l’engagement de la CEDEAO envers l’innovation juridique. Les retombées de cette rencontre ne manqueront pas de se faire sentir sur le long terme, tant pour les professionnels du droit que pour les citoyens des États membres, qui bénéficieront d’un système judiciaire plus accessible, plus rapide et plus juste.

 

Droits de l’homme : Rapport sur la lutte contre les disparitions

Le Secrétariat d’État à la justice, à l’éducation civique et aux rapports avec les organes constitutionnels a tenu, en ce jour du 3 mai 2024, dans l’enceinte de l’établissement hôtelier La Concorde à Lomé, une séance de travail nationale consacrée à l’examen du rapport préliminaire du Togo concernant l’application de la convention mondiale pour la sauvegarde de tout individu contre les enlèvements arbitraires.

 Rapport sur les mesures prises contre les disparitions forcées, reflétant son adhésion aux normes internationales des droits de l'homme.Processus d’adhésion aux normes internationales

Dans l’optique de satisfaire aux engagements internationaux, notamment ceux découlant de la Convention mondiale pour la sauvegarde de tout individu contre les enlèvements arbitraires, ratifiée volontairement le 21 juillet 2014, le département ministériel en charge de la justice a orchestré diverses réunions et séminaires avec les parties prenantes, dans l’objectif de rédiger le rapport préliminaire sur les actions menées par le Togo pour honorer ses responsabilités en vertu de ladite Convention. Dans la poursuite de cette démarche, les délégués des organes constitutionnels, ainsi que les membres de la Commission interdépartementale de rédaction des rapports et de suivi des recommandations en matière de justice (CIRR) et les acteurs de la société civile ont collaboré pour finaliser le document proposé.

Évaluation de la protection des droits fondamentaux

Cette initiative représente également pour le Togo une opportunité d’apprécier la sauvegarde des droits fondamentaux, en général, et la prévention des enlèvements arbitraires, en particulier. À cet effet, les participants ont été divisés en deux collectifs. Le premier, regroupant l’ensemble des organes constitutionnels, s’est penché sur les données générales. Le second, constitué des représentants de la magistrature, des forces armées, de la sécurité, etc., s’est attelé à l’examen des clauses du rapport.

 Rapport sur les mesures prises contre les disparitions forcées, reflétant son adhésion aux normes internationales des droits de l'homme.Allocution inaugurale

Lors de son allocution inaugurale, M. ODIE Kossi N’Kpako, Conseiller technique du ministre de la justice, a affirmé que le Togo qualifie les enlèvements arbitraires de crimes contre l’humanité. Il a évoqué l’article 29 de la Charte des Nations Unies, qui stipule que chaque nation signataire doit soumettre un exposé sur ses démarches conformément à la Charte dans un délai de deux ans après son activation pour ladite nation.

Il a rappelé aux participants que la notion d’enlèvements arbitraires s’interprète comme « la capture, la rétention, la séquestration ou toute autre forme de privation de liberté par des agents étatiques ou par des entités ou des collectifs agissant sous l’égide, l’appui ou l’approbation de l’État, suivie par la négation de la reconnaissance de la privation de liberté ou par la dissimulation du devenir de l’individu absent ou du lieu de sa détention, le soustrayant de ce fait à la sauvegarde de la loi ».

M. Akpaou Abdoul-Gafaou, directeur de la législation et de la sauvegarde des droits fondamentaux, a mis en exergue l’importance de la réunion qui signe l’achèvement d’un processus initié depuis longtemps. Il a mis l’accent sur la portée du rapport préliminaire qui dresse un panorama des réglementations juridiques du Togo dans ce domaine. Il a également encouragé les participants à rester impliqués et actifs dans cette initiative.

L’essor de la justice de proximité au Togo

Un système judiciaire en plein essor, en effet, en 2023, le Togo a témoigné d’une avancée remarquable dans la promotion de la justice de proximité. Les Maisons de Justice (MDJ), piliers de cette initiative, ont enregistré une hausse notable de 17 % des saisines, avec 4.513 requêtes traitées, contre 3.857 l’année antérieure. Cette progression est le reflet d’une efficacité accrue et d’une rapidité d’action qui caractérisent désormais ces institutions.

Résolution amiable : un succès chiffré de la justice de proximité

Le succès de ces MDJ se mesure également par les résultats tangibles obtenus dans la résolution des conflits. Grâce à l’intervention de ces structures, plus de 80 millions de francs CFA ont été récupérés sur les 120 millions dus, selon les données fournies par le ministère de la Justice et de la Législation. Ces chiffres illustrent l’impact positif de la justice de proximité sur la société togolaise.

Sous la houlette de Mipamb Nahm-Tchougli, le ministère de la Justice et de la Législation voit dans ces résultats un indicateur prometteur de la stratégie gouvernementale visant à rapprocher la justice des citoyens. Cette approche vise à instaurer une justice accessible et efficace pour tous.

Les maisons de justice : un relais judiciaire essentiel

Depuis leur instauration en 2018, les maisons de justice jouent un rôle crucial en agissant comme intermédiaires entre les juridictions traditionnelles et les citoyens. Elles facilitent la résolution de litiges mineurs par la conciliation ou la médiation, contribuant ainsi à désengorger les tribunaux.

À l’heure actuelle, le Togo compte 17 maisons de justice, dont 16 sont pleinement opérationnelles. Le prochain objectif stratégique est d’atteindre une couverture intégrale du territoire national, assurant ainsi une justice de proximité pour chaque citoyen togolais.