Lomé, le 24 octobre 2024 – Les autorités togolaises ont porté un coup d’État aux trafiquants d’ivoire. En effet, dans une opération conjointe menée par l’Office central de répression du trafic illicite des drogues et du blanchiment (OCRTIDB), le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) et EAGLE-Togo, deux individus ont été arrêtés en flagrant délit de détention et de trafic d’ivoire.
Le 18 octobre dernier, Ignatius A. et Nibang L. ont tenté de vendre illégalement une cargaison contenant trois grandes défenses d’éléphants, quarante-et-une sculptures en ivoire et treize dents d’Hippopotames. Ils ont habilement dissimulé les produits de la faune dans des sacs à céréales et les transportaient par taxi, mais la police les a arrêtés en cours de route.
Placés en garde à vue à l’OCRTIDB, les deux présumés trafiquants ont reconnu les faits qui leur sont reprochés. Par la suite, ils ont été déférés devant le procureur de la République près le tribunal de Lomé et écroués à la prison civile de Lomé le 22 octobre 2024. Ils encourent une peine allant d’un à cinq ans d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre cinquante millions de francs CFA.
Trafique d’Ivoire : Un fléau tenace
Cette arrestation vient s’ajouter à une série d’actions menées par les autorités togolaises pour lutter contre le braconnage et le trafic d’espèces protégées. En effet, le pays a instauré un code forestier et renforcé les mesures de protection de la faune et de la flore à travers son nouveau Code pénal. L’article 761 du Code pénal prévoit des sanctions sévères, allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et cinquante millions d’amendes, pour la commercialisation illégale d’espèces animales protégées.
Malgré les efforts déployés, le Togo reste confronté à un défi majeur entraînant une perte alarmante de plus de 80 % de sa population d’éléphants en dix ans, soulignant l’urgence de mesures plus efficaces contre le braconnage, car le pays est devenu une plaque tournante du trafic d’ivoire en Afrique de l’Ouest.
Selon les experts, la demande internationale pour l’Ivoire, associée à la faiblesse des contrôles aux frontières, alimente ce commerce illégal qui met en péril la survie des éléphants. Les inventaires fauniques ont révélé une diminution drastique des populations d’éléphants au cours des dernières années.
Une coopération renforcée
La réussite de cette opération est le fruit d’une collaboration étroite entre les différentes parties. Le coordinateur d’EAGLE-Togo s’est aussi félicité pour cette union des forces pour lutter contre le trafic de faune transnational.
« Cette opération témoigne une fois encore de la détermination des autorités togolaises à lutter ensemble contre le trafic de faune transnational et démanteler les réseaux de trafic d’ivoire qui opèrent impunément entre le Togo, le Bénin, le Burkina et le Nigéria », a-t-il déclaré.
Trafique d’Ivoire : Des enjeux environnementaux et économiques
Le braconnage et le trafic d’ivoire ont des conséquences désastreuses sur les écosystèmes et l’économie locale. Les éléphants jouent un rôle essentiel dans la régénération des forêts et la dispersion des graines. Leur disparition entraîne une perte de biodiversité et des déséquilibres écologiques.
Par ailleurs, le commerce illégal d’espèces sauvages alimente des réseaux criminels transnationaux et prive les communautés locales de revenus issus du tourisme durable. Face à cette urgence, EAGLE-Togo se mobilise dans une opération d’envergure, illustrant la coopération transnationale entre le Togo, le Bénin, le Burkina et le Nigéria pour éradiquer le trafic d’ivoire et protéger l’héritage naturel africain.
Perspectives pour un Togo sans braconnage
Les autorités togolaises ont réaffirmé leur engagement à intensifier la lutte contre le braconnage et le trafic d’Ivoire. Ils envisagent de prendre de nouvelles dispositions afin de renforcer la surveillance des frontières, d’améliorer la coopération régionale et de sensibiliser les populations aux problématiques de la préservation de la faune.
Au-delà des actions répressives, il est essentiel de s’attaquer aux causes profondes du braconnage. Cela implique de créer des alternatives économiques pour les communautés locales, de renforcer les institutions et de promouvoir un développement durable. La protection des éléphants est un enjeu de société qui nécessite des solutions à long terme.