L’horizon technologique africain se redessine à la faveur d’un dialogue inédit entre deux phares de l’innovation ouest-africains. En effet, jeudi, l’hôtel des institutions togolaises a servi de théâtre à une concertation d’envergure, où Cina Lawson, ministre de l’Économie Numérique et de la Transformation Digitale du Togo, a accueilli son homologue ivoirien, Kalil Konaté, et sa suite. Loin d’être un simple échange protocolaire, cette rencontre a cristallisé les ambitions d’une Afrique unie par les fils invisibles du progrès numérique.
Un modèle togolais érigé en étendard
Sous le prisme d’une pédagogie appliquée, le Togo a dévoilé les arcanes de sa mutation digitale, érigée en laboratoire continental. Par ailleurs, la délégation ivoirienne a été initiée à un écosystème où la cybervigilance – néologisme désignant une sécurité numérique proactive – côtoie des systèmes d’identification biométrique à la capillarité remarquable. « Notre approche est holistique : chaque citoyen, connecté et identifié, devient un maillon actif de la chaîne de valeur numérique », a exposé Mme Lawson, insistant sur l’imbrication entre infrastructures critiques et inclusion sociale.
La connectivité, qualifiée de « sang numérique » par les experts locaux, s’étend désormais aux zones les plus enclavées, portée par des partenariats public-privé audacieux. Quant à la digitalisation des services publics, elle transcende la simple automatisation : plateformes unifiées, interfaces intuitives et recours à l’intelligence prédictive (une déclinaison de l’IA axée sur l’anticipation des besoins des citoyens) en font un modèle de sobriété efficace.
Data et diplomatie : les nouveaux leviers panafricains
En outre, l’entretien a mis en exergue la valorisation data-centrique, où les informations, jadis dormantes, deviennent un bien commun stratégique. Le Togo a illustré comment l’analyse algorithmique des données agricoles a optimisé les rendements dans la région des Savanes, un cas d’école présenté comme transférable. « La donnée est le nouvel or noir africain. » « Encore faut-il en maîtriser l’extraction et le raffinage », a métaphorisé Kalil Konaté, saluant une gouvernance numérique à triple détente, transparente, éthique et lucrative.
Les deux nations envisagent désormais une coopération articulée autour de cybercorridors sécurisés, facilitant les étransactions transfrontalières, et d’un incubateur commun dédié aux startups agritech. Cette alliance, teintée de réalisme ambitieux, s’appuie sur un constat partagé : l’autonomie technologique du continent passera par des synergies micro-régionales avant de s’épanouir à l’échelle macro.
Vers une archipelisation numérique africaine ?
Au-delà des ententes techniques, c’est une philosophie commune qui émerge. Les deux ministres ont plaidé pour une solidarité algorithmique, concept novateur où les États mutualiseraient leurs avancées en open source, tout en protégeant leurs souverainetés numériques. « L’Afrique ne doit pas être un consommateur passif de technologies exogènes, mais un coconcepteur de solutions endogènes », a martelé Cina Lawson, rappelant que le Togo a réduit de 40 % ses importations logicielles grâce à des développements locaux.
En guise de conclusion, les délégations ont esquissé une feuille de route incluant des ateliers de cyberrésilience conjoints et une mutualisation des compétences en intelligence artificielle distributive. Cette collaboration, à la fois terrienne et virtuelle, incarne une nouvelle grammaire diplomatique où le code informatique se mue en lexique de l’unité.
L’Afrique à l’heure des confluences numériques
Si les mots ont un poids, ceux échangés le jeudi pèseront lourd dans la balance technologique africaine. En tissant des réseaux de confiance et d’expertise, le Togo et la Côte d’Ivoire écrivent une page où le progrès numérique n’est ni un mirage ni un luxe, mais le terreau d’une renaissance collective. À l’ère des géants du numérique globalisés, l’Afrique semble avoir choisi de répondre par la densité de ses maillages locaux, preuve que la fragmentation peut engendrer la force, pourvu qu’elle soit orchestrée avec clairvoyance.