Lomé, 28 février 2025 – La capitale togolaise s’est faite l’écrin d’un moment charnière pour l’avenir des Très Petites et Moyennes Entreprises (TPME) hier, jeudi. Dans une salle où planaient autant d’espoirs que d’attentes, le Groupement Togolais des Petites et Moyennes Entreprises (GTPME) et le Réseau Togolais pour la Promotion de l’Entrepreneuriat (RTPE), épaulés par la coopération allemande GIZ, ont dévoilé aux autorités un document aussi précieux qu’un phare dans la brume : le Livre Blanc des TPME. Ce recueil, fruit d’une réflexion collective, ambitionne de désentraver les chaînes qui freinent ces entités représentant 80 % du tissu entrepreneurial togolais pour leur insuffler une vigueur nouvelle et une compétitivité à la hauteur de leur rôle vital.
Un miroir tendu aux réalités
Sous les lustres de l’hôtel Sarakawa, où s’est tenu l’événement, les représentants du GTPME et du RTPE n’ont pas mâché leurs mots. Les TPME, ces artisans de l’économie nationale, ploient sous des fardeaux aussi divers qu’écrasants : accès famélique au financement, infrastructures chancelantes, formation en berne et une digitalisation qui tarde à prendre racine. « Elles sont le cœur battant de notre pays, mais ce cœur s’essouffle », a lancé Vignon Aboki, président du GTPME, d’une voix où perçait une urgence teintée de foi. Ce Livre Blanc, loin d’être une simple litanie de doléances, se veut un levier pour transcender ces écueils, un appel à une synergie entre l’État et le secteur privé.
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Le constat est limpide : avec 80 % des entreprises togolaises classées comme TPME, selon le recensement de l’INSEED en 2019, elles génèrent plus de 60 % des emplois et contribuent à hauteur de 40 % au PIB. Pourtant, leur potentiel reste bridé. La GIZ, partenaire de longue date via des initiatives comme ProDigiT, a apporté son expertise pour ciseler ce document, qui ne se contente pas de diagnostiquer, mais propose des remèdes concrets : allégements fiscaux ciblés, guichets de financement simplifiés et une poussée vers le numérique pour rivaliser sur les marchés régionaux, notamment dans le cadre de la ZLECAf.
Le Livre Blanc : une boussole pour l’avenir
La présentation de ce Livre Blanc n’avait rien d’un rituel formel. Elle a résonné comme un cri de ralliement, un pacte implicite entre les acteurs présents, ministres, entrepreneurs, bailleurs internationaux, pour redessiner l’horizon des TPME. « Nous ne demandons pas la charité, mais des outils pour voler de nos propres ailes », a martelé une entrepreneuse de Kara, venue témoigner des embûches qui jalonnent son quotidien. Le document, structuré autour de cinq axes : financement, formation, accès aux marchés, infrastructures et digitalisation, trace une voie claire pour que ces entreprises ne soient plus des survivantes, mais des conquérantes.
Les chiffres récents parlent d’eux-mêmes : sur les 119 000 unités économiques recensées en 2019, une majorité végète dans l’informel, freinée par des lourdeurs administratives et un manque criant de visibilité. Le Livre Blanc propose ainsi une refonte des mécanismes d’appui, s’inspirant de succès régionaux comme le modèle rwandais de guichets uniques. La GIZ, par la voix de sa cheffe de projet Bettina Maier Neme, a salué cette démarche comme « une pierre angulaire pour une économie togolaise plus résiliente ».
Un écho dans les coulisses du pouvoir
Face à cette feuille de route, les autorités n’ont pas joué les spectateurs impassibles. Le ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la Consommation Locale, Kayi Mivedor-Sambiani, a pris la parole pour réaffirmer l’engagement du gouvernement, en écho à la Feuille de Route 2020-2025 impulsée par le président Faure Gnassingbé. « Ce Livre Blanc n’est pas un vœu pieux, mais un miroir que nous acceptons de regarder pour agir », a-t-elle assuré, promettant une étude minutieuse des recommandations. Des murmures dans l’assistance laissaient toutefois poindre un prudent scepticisme : les promesses tiendront-elles face aux vents contraires des priorités budgétaires ?
L’événement s’est achevé sur une note d’optimisme teintée de réalisme. Les experts partagent une vision commune : les TPME sont une force motrice pour le Togo. Le défi consiste désormais à transformer les recommandations de ce Livre Blanc en actions concrètes. Alors que le Togo ambitionne de se positionner comme un acteur économique majeur en Afrique de l’Ouest, ces petites entreprises qui tissent son quotidien pourraient bien être les clés de son essor.