Agadazi : une nomination stratégique au cœur des relations franco-togolaises

Par un décret présidentiel scellé le 13 février 2025, le chef de l’État togolais, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a…

Par un décret présidentiel scellé le 13 février 2025, le chef de l’État togolais, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a opéré une mue significative dans l’échiquier diplomatique en désignant le Colonel Ouro-Koura Agadazi comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République française. En effet, cette décision, émanant d’une proposition ministérielle et ancrée dans la Constitution du 6 mai 2024, incarne une transition calculée, mariant expérience militaire, acuité agronomique et finesse diplomatique.

Agadazi  : un agronome-stratège à la barre

En plus, l’ascension du Colonel Agadazi, haut gradé aux épaulettes chamarrées, ne relève point du hasard. Entre 2012 et 2018, cet architecte de la réforme agraire a piloté le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Hydraulique, insufflant une modernisation sans précédent au secteur rural. Son mantra : transformer le sillon en socle de souveraineté alimentaire.

Après son départ du gouvernement, il a irrigué ses compétences au Programme national d’investissement agricole (PNIASA), puis à l’Agence nationale de sécurité alimentaire (ANSAT), où il a aussi dompté les aléas des marchés céréaliers, assurant un approvisionnement stratégique et une régulation méticuleuse. Distingué par le Prix africain du développement en 2022, son parcours épouse une logique de continuum : des champs togolais aux arènes diplomatiques.

Un chassé-croisé institutionnel

Cette nomination scelle également un ballet protocolaire singulier. Le Colonel Madjoulba Batossie Calixte, dont le mandat d’ambassadeur se superposait à son portefeuille ministériel à Lomé (Sécurité et Protection civile), cède désormais son bicorne parisien. Une dualité fonctionnelle rare, révélatrice des équilibres politico-militaires du régime. Sur la plateforme X, l’intéressé a salué cette passation avec une déférence numérique, qualifiant son successeur de « pilier incontesté de l’édifice national ».

Diplomatie et gastronomie : Agadazi ,le soft power des céréales

Pourquoi Paris ? La France, historiquement pivot des relations africaines de Lomé, demeure un partenaire agroéconomique clé. En propulsant Agadazi, le Togo mise sur un ambassadeur capable de transcender les protocoles pour tisser des alliances concrètes. Par ailleurs, ses compétences en sécurité alimentaire pourraient fertiliser des coopérations innovantes, transformant les enjeux agricoles en leviers d’influence. Dans un monde où la faim côtoie les crises climatiques, un tel profil incarne une « gastronomie diplomatique » : nourrir les populations tout en cultivant l’amitié bilatérale.

Perspectives : entre Sillon et Sceau

Si les ambassades sont souvent perçues comme des théâtres d’apparat, celle d’Agadazi s’annonce comme un laboratoire d’actions tangibles. Face aux défis migratoires, sécuritaires et commerciaux, sa mission consistera à conjuguer pragmatisme militaire et nuance agronomique. Pour la France, accueillir un tel stratège pourrait réactiver des synergies endormies, notamment dans l’innovation agricole et la gestion des ressources.

En somme, cette nomination n’est pas une simple rotation de poste, mais un geste géostratégique, où le Togo parie sur l’expertise multisectorielle pour redéfinir son dialogue avec l’Hexagone. À l’heure où les diplomates se muent en artisans de résilience, Agadazi incarne cette évolution : un soldat-laboureur, semant les grâces d’une coopération renouvelée.

 

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